JOIMALIIH (T M ÏAMMHSSIIINT.
No 2908.
Samedi, 16 Août 1845.
29me année.
L'&QKI Pli An©Li®.
vérité et justice.
7FR.SS, 16 Août.
M. Malou^ Ministre des finances, est en
ville depuis deux jours. Quelle satisfaction
et quelle gloire pour ses respectables pa
rents, de recevoir leur fils revêtu des plus
éiuinentes dignités dès le début de sa car
rière! Quel bonheur, quel juste motif de
fierté surtout de savoir qu'il doit sa rapide
élévation plus encore l'éducation forte
et vertueuse qu'ils lui ont départie, qu'à
l'étendue de ses talents! Ils voient courbés
devant lui la flatterie qu'il méprise, et l'hy
pocrisie qu'il sait bien démêler: ils voient
l'envie silencieuse dessécher de dépit. Jeu
nes gens sachez désormais que la religion
qui commande l'humilité, donne néan
moins accès toutes les positions sociales,
et rend capable de soutenir le faix de tou
tes les grandeurs. Pour nous, nous nous
unissons tous les catholiques, tous
les hommes modérés, tous les patriotes
qui sont restés fidèles au drapeau de 1850,
tous ceux qui mettent la reconnaissance
au-dessus de l'esprit de parti, pour offrir
au nouveau ministre les plus sincères
hommages. Il saura prouver qu'il n'est
aucunement nécessaire de prendre un
abonnement au spectacle pour siéger di
gnement aux conseils du Roi, et qu'on
(suite et fin.)
peut très bien allier les plus hautes fonc
tions une rigide observance du culte.
Les Cuirassiers sont partis ce matin
huit heures.
L'opinion du pays se manifeste par les
majorités aux élections générales, et non
point par les coteries de quelques localités.
La majorité constitutionnelle se trouve là
où le- corps électoral" l'a placée, et nulle
ment où des mécontents et des brouillons
la veulent par leurs conjectures ou leurs
hypothèses. Le corps électoral ayant en
voyé la Chambre des représentants une
minorité bien faible de libéraux exagérés,
et une grande majorité de libéraux mo
dérés, il est impossible que le libéralisme
exagéré occupe exclusivement le pouvoir;
le Roi ne pourrait le lui confier sans violer
toutes les règles de notre droit public. Les
organes du parti brouillon sont si convain
cus que la majorité ne leur est pas acquise,
qu'ils font de la dissolution des chambres
et d'un bouleversementélectoral violent, la
condition indispensable de leur avènement
au pouvoir. Ils n'ont pas la majorité, mais
ils prétendent la conquérir, et comment?
En excitant les passions, en violentant
les consciences, en inventant l'un ou l'au-
tre épouvantail imaginaire, tels que la
dîme et la main morte, en trompant les
électeurs.Voilà leur but et l'objet de leurs
désirs. Le pays n'a rien gagner ces ré
volutions factices qui ne peuvent s'accom
plir qu'au profit de quelques ambitions
déçues, et au détriment de la prospérité
publique. Les déclamations devenues bana
les, qu'on lance contre le parti clérical, les
rétrogrades etc., ne dissimuleront jamais
le vide et le ridicule de certaines préten
tions. L'audace, les récriminations, les in
jures, ne pourront jamais tenir lieu, aux
yeux du public, de la supériorité que dou-
nent la vérité et le bon droit.
LE TANDEM ALIQUANDO,
ou le silence rompu du collège communal.
Les vacances du collège communal com
menceront mercredi 20 août. Nous avions
annoncé queM.Metzdorf quittait le collège
dès le commencement du mois. Ensuite
nous avons rectifié cette assertion. M. Metz-
dorf nous écrit pour réclamer une seconde
rectification, que nous insérons sur sa de
mande: M. Metzdorf ue partira que le 20
août; et ni la commission du collège, ni
le conseil communal n'ont fait de vives in
stances pour l'y retenir. Prenez y garde,
On s'abonne Ypres, Grand'-
Place 44> vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'IBOXIEHEMI,
par trimestre,
Pour Ypresfr. 4
Pour les autres localités 4S*
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le HKRC4EDI
de chaque semaine.
PRIX DES IXSERTIOXS.
Il centimes par ligue. Les ré
clames, SS centimes la ligne.
Tremblante, agitée tout la fois de joie et de douleur, d'es
pérance et de découragement, la tendre mére se jette sur l'aire
des aigles; son enfant y est étendu sur un lit d'os sanglants, an
milieu des restes hideux d'animaux déchirés. Mort, certai
nement mort! Pouvait-elle en douter Cependant il est entier
encore; ses membres délicats, sa douce petite figure, un bec,
une griffe horrible les ont ménagés; leslanges qui l'enveloppent,
ils sont dans le même état que tout l'heure, qu'au moment
où elle l'avait déposé au milieu des prairies. Molly, avec an
xiété, et comme si elle eut craint de troubler son repos, retire
doucement l'enfant; il lui semble sentir un mouvement léger;
elle n'ose y croire et tremble plus encore quand un faible gé
missement vient frapper son oreille inquiète.
Il vit, il vit, mon eufant vit! s'écrie-t-elle avec un rire
convulsif et les yeux immobiles et l'instant même comme
égarée par la joie, comme elle l'avait été par la douleur, elle le
serre sur son cœur oppressé. Les larmes lui manquent... Molly,
avec un sentiment qu'aucune laugue ne peut rendre, se pen
che sur son oœur nourrisson, etl'eufant, ignorant les dangers
qui le menaçaient, se presse contré elle plein de chaleur et de vie.
Mais alors la forte tensiou des nerfs, qui seule avait pu la
rendre capable d'acoomplir un tel acte d'héroïsme, vint se
relâcher. Molly fut rendue elle-même, et bientôt on ne con
nut qu'avec trop d'évidence les dangers qui l'entouraient, qui
se pressaient de toutes parts autour d'elle. Alors seulement elle
sent toute l'horreur de son abandon, et de nouveau tout son
sang se glace dans ses veines. Comment jamais descendre de
ce roc escarpé comment jamais retourner près des hommes?
s'écria-t-elle en frisonnant. Dieu qui m'a soutenue jusqu'ici
ue me laissera pas mourir aveo mon enfant. voulut-elle ajou
ter avec une pieuse confiance et pour se rassurer elle-même;
mais ses forces étaient épuisées, son esprit, fatigué par les
efforts inouïs qa'effe avait faits, par les angoisses, les impres
sions violentes qu'elle venait d'éprouver, ne pouvait plus se
ranimer l'espérance.
Elle se hasarde jeter un regard au-dessous d'elle, un frisson
la rejette en arrière. Immédiatement devant elle, élevée et
unie comme une leur, est la pente du rocher, puis des écueils
et des abimes; puis eu bas, des centaines d'individus, peine
visibles l'oeil, s'agitant, courant ça et la. Nul d'eux n'est en
état de l'assister dans sa détresse. Ou fond de la vallée loin
taine un son soutenu s'élevait jusqu'à elle. Est-ce le murmure
de la cascade? Sont-ce des voix humains Là, ce ruban vert
qa'elle distingue faiblement, c'est la vallée là, ces buissons,
ce sont les vieux ormes qui ombragent la cabane de sa mère,
et dans cette eabane est le beroeau de sou eufant Hélas il ue
le recevra plus pendant son sommeil, et le pied d'une mère ue
l'y beroera plus.
Ici, ici, mourir de défaillance, et quand la source de la
vie tarira dans mon sein, mon pauvre enfant délaissé mourra
donc aussi! et là, ces ailes terribles, ces becs, ces yeux, ces
griffes épouvantables, ils reviendront, ils déchireront l'en
fantet je ne pourrai plus le défendre, s'écria-t-elle dans
son désespoir, et ma pauvre mère dans son lit de douleur, qui
la soutiendra quand je ne serai plus?
u Dieu i> murmura distinctement une voix, du moins lui
sembla-t-il entendre ainsi. Ce fut pour Molly la voix d'un
ange elle leva les yeux comme s'il allait lui apparaître sous
une forme visible; mais autour d'elle tout était désert, tout
était immohile. Un tronc de racine seul, brisé, décomposé
depuis longtemps, se détacha eu ce moment du rocher et en
entraîna quelques parties. Émue par le pressentiment de ce
qui l'attendait elle-même, occupée de son propre sort. Molly
le suivit dans sa chute elle le vit glisser doucemen t le long de
la paroi du roc, et, une assez longue distance, a'arréter retenu
par une faible saillie.
A oette vue, une puissance surnaturelle semble l'encoura
ger; elle s'est levée avec enthousiasme; son enfant est suspendu
son cou; un mouchoir l'y tient fortement attaohé; un in
stinct l'a guidée sans doute, car la volonté n'a point été consultée.
Pour l'instant, du moins, l'objet de la sollicitude est garanti.
Elle n'hésiste point lea yeux demi fermés, elle se dirige
aussi bien qu'elle peut sur la voie que le tronc lui trace, et
glisse après lui le long du rocher. Quelques minutes s'écoulent,
l'angoisse de la mort semble les oumpter. Un léger tertre, sou
tenu par quelques racines, arrête la chute de la oourageuse
mère son pied y trouve peine un appui. De débiles arbustes,
sortis du fond des crevasses, s'élèvent au-dessus du bord elle
s'y soutient demi oourbée. Une hardiesse nouvelle l'anime,
et bientôt elle s'écbappe du haut de cette eapace et se sent
emportée toujours plus bas. Ses doigts sont devenus autaut de
liens de fer; ils s'attachent la ronce épineuse, la tige de bou
leaux presque nains, la bruyère, la moindre touffe d'herbe.
Cependant rien autour d'elle ne lui échappe, rien n'égale sa
circonspection ses oôtés, une pierre se détache et tombe.
Molly prête l'oreille sa chute, et l'abime au-dessus duquel
elle est suspendue De rend plus de son. 11 faut se détourner,
se diriger d'un autre côté; elle y parvient; mais non pas sans
effort. Le gravier qui fuit sous ses pas semble rouler plus lente
ment, elle le suit sans hésiter; elle ne sent point, quelque
violente qu'elle soit, la commotion causée par une masse de
roc contre laquelle ses pieds viennent heurter ses membres,
son corps entier, tout eu elle semble s'être endurci contre la
douleur.