DE L'ÉTAT DES ROUTES.
Le Progrès, sans autorisation aucune
de qui que ce soit, se permet de démentir,
mais seulement en partie, un articulet du
numéro du 27 de ce journal, où était
nommé M. l'échevin Vanden Peereboom,
et qui parlait de la possibilité d'une fusion
prochaine entre le collège communal, dont
l'état fâcheux et décrépit préoccupe tout
le monde, et la vigoureuse institution de
S'-Vincent. Les Amateurs effrénés de la
Danse s'empressent de mettre leur veto
ce projet, et bien qu'encore abasourdis
de tous les bals qui se sont suivis pendant
le mois d'août, ils affectent de se montrer
encore résolus combattre outrance,
plutôt que de souffrir qu'un prêtre catho
lique mette le pied leur école protégée.
L'ombre seule d'une soutane les met au
désespoir. Comment! nos enfants ne pour
raient plus fréquenter le bal ni la comédie?
on les obligerait étudier la religion en
même temps que la mythologie? on les
ferait assister au salut le dimanche? ils ne
pourraient plus lire ni l'Observateur, ni le
Juif-Errant,ni\es romans de M.P.?Jamais,
jamais le jésuitisme n'imposera ce joug
la jeune génération d'Ypres, s'écrie-t-on
en chœur, jamais!
Peut-être, cependant, MM. les Effrénés
du Progrès, peut-être!.... Le christianisme
sorti d'une élable, a su monter sur le trône
des Césars, et arborer la croix victorieuse
sur les débris des faux dieux du Capitole:
comment son influence ne parviendrait-
elle pas franchir leperrondu VieuxSémi-
naire, quand le moment en sera venu Le
temps qui a emporté la tombe du colonel
de Jonghe, balayera sans plus de peine les
derniers vestiges de la tyrannie calviniste.
L'opinion publique, désabusée des jon
gleries du libéralisme la mode, s'asso
ciera de plus en plus au mouvement
catholique, et la force ascendante de
l'esprit religieux, sans se soucier des cla
meurs d'un tas méprisable de baladins
efféminés.
Répondant leur digne interprète, et
le repoussant du pied, le peuple dira: Va-
t'en, Progrèsva annoncer ceux qui se
courbent jusqu'à toi, aux valets du libéra
lisme de Verhaegen, de Sue et de Voltaire,
que la proscription de l'autorité spirituelle
catholique, dans l'enseignement est une
infamie, une trahison noire et abominable
des intérêts de la patrie; et que les efforts
d'un, ou de plusieurs, ou de tous les mem
bres de l'administration communale, pour
rémédier ce malheureux état de choses
qu'ils ont trouvé en arrivant au pouvoir,
et qu'ils n'ont point créé, ne sont et ne peu-
vent être qu'un sujet d'éloges, et non
point de blâme, comme tu l'insinues insi
dieusement.
La semaine dernière, un vol a été com
mis sur la route de Pilkem. Des malfaiteurs
sont entrés en plein jour dans une maison
située près le cabaret le Pislap, ont saisi la
femme par la gorge et ont voulu la forcer
déclarer ou se trouvait son argent. Ces
gens n'avaient pas d'épargnés. Cependant
les voleurs n'ont pas voulu partir les mains
vides. Ils ont pris la montre du mari et
quelques ustensiles de ménage.
Passé huit jours, le Progrès prétendait
que M. Malou n'a pour lui que les gens
inintelligents. Dimanche il avançait que le
Collège Communal possède les sympathies
de la partie intelligente de la population.
Otez les inintelligents qui reconnaissent les
talents de M. Malou, et les inintelligents qui
n'admirent pas le Collège, que reste-t-il
d'intelligent en ville? progrès de l'intel
ligence! intelligence du ProgrèsSi obtus
que nous sommes, nous comprenons du
moins le joli compliment que l'urbanité li
bérale adresse la cité et la population
dont elle prend tant cœur les intérêts.
La foule s'est portée en masse la ker
messe de S'-Jean. Elle ne paraissait aucu
nement inquiète de l'hiver menaçant dont
la nuit chaque soir plus hâtive nous ap
prend les approches.il est vrai qu'en ville,
les plus rudes épreuves sont réservées,
moins l'ouvrier qui vit au jour le jour
et de la charité publique, qu'au bourgeois
honnête et l'artisan, réduits leurs
propres ressources, souvent avec une fa
mille nombreuse. Or ce n'est pas cette
classe qui prend le plus de part aux joies
bruyantes d'Hoogezieken.
Une fièvre typhoïde qui passé quel
ques mois s'était manifestée dans la direc
tion de Vlamertinghe, a paru maintenant
Langhemarck.
Durant cet été, un nombre consi
dérable de polissons sont presque journel
lement allés nager l'étang de Dickebuseh,
malgré les défenses qui existent cet
égard. Outre que les gambades indécentes
de ces gamins enlèvent aux familles un
1 a
vient d'accuser réception au conseil communal,
de la pétition adressée par les principaux habitants
de cette ville au gouvernement, afin d'obtenir que
la Société concessionnaire du chemin de fer de la
Flandre centrale fut obligée de commencer les
travaux sur la section d'Ypres a Courtrai, en même
temps qu'elle les commençait sur la section de
Courtrai Bruges. Le ministre a promis de faire
ce qui dépendrait du gouvernement pour que les
vœux des habitants soient accomplis. Il ajoute
que M. le ministre des finances h qui la pétition
a été remise pendant son séjour k Ypres, a vive
ment appuyé la demande.
Nous appelons l'attention de l'autorité compé
tente sur le pitoyable état de quelques routes de
nos environs. La saison la plus favorable pour les
réparer passe, et l'on ne s'aperçoit d'aucun pré-
paratif, qui puisse faire espérer qu'elles seront
réparées avant l'hiver. L'état consacre tous les ans
des sommes assez fortes a l'entretien des routes,
afin que les voyageurs qui contribuent par l'impôt
des barrières au bon état des voies de communica
tion, puissent facilement circuler. 11 faut que les
employés subalternes surveillent l'emploi de ces
sommes, et exigent rigoureusement des entrepre
neurs l'exécution du contrat qu'ils ont conclu.
Nous savons que les formalités innombrables qui
précèdent ces entreprises retardent quelquefois les
travaux jusqu'à une époque, où ils deviennent
presque inutiles, cause du mauvais temps; mais
il appartient aux autorités chargées de veiller au
bon état des routes de prendre les précautions
nécessaires pour que les entreprises soient faites
d'assez bonne heure pour que les travaux puissent
s'exécuter eu temps opportun.
Jamais nous n'avons vu la route de Menin en
aussi mauvais état qu'elle l'est aujourd'hui, surtout
en partant de la ville. Espérons que nos observa
tions ne seront pas perdues, mais qu'elles engage
rons les personnes que la chose concerne k donner
les soins convenables k nos voies de communication.
Monterez! dit l'infant au capitaine des gardes, metlez-
vgus leur poursuite, et si l'obscurité vous les dérobe, prenez
du moins des mesures pour les atteindre demain matin. Vous,
docteur, je vous confie Juan Moraiez et vous enjoint de con
sidérer sa vie comme aussi précieuse que la mienne.
A ces mots, les princes s'éloignèrent, laissant le pilote sous
l'empire d'une espèce d'halluciuation. La vérité qu'on lui
avait révélée lui apparaissait encore confusément. Son caractère
répugnait si énergiquement la trahison, qu'il n'en concevait
pas la marche sinueuse; sa destinée présentait des mystères
qui confondaient son entendement. Un naufrage lui avait
ouvert une source de fortune; les manœuvres dont le but
était sa perte, avaient précisément son triomphe pour résultat,
et son ennemi même venait de le mettre en présence de l'in
fant. Le cours de ces événements lui semblait dirigé par une
main nuisible, et il s'agenouilla avec reconnaissance devant la
toute-puissance divine.
Le soir même, il reçut de l'Infant le présent de cent ducats
et d'un habit magnifique. Le lendemain, don Henri lui remit
des lettres de noblesse et le bievet de capitaine de vaisseau.
Moi, noble! moi, capitaine s'écria Moraiez; Pépita ne
le croira pas, et c'est pourtant la vérité, attestée parla signature
de Juan ier, revêtue du sceau royal. Prince! j'espére un jour
me faire tuer votre service.
Trêve de compliments, senor, dit l'Infant; pendant que
vous reposiez, j'ai veillé, j'ai pris des informations, j'ai appris
tout ce qui vous concernait. Nuuez d'Alvadro, abusant des
pouvoirs que je lui avais délégués, a mis la voile cette nuit
même; il s'agit d'enlever ce traître la gloire de la découverte.
Parlez doue! Deux caravallcs sont mouillées dans la rade de
Sagrus; l'une sera commandée par don Juan-Gonzalvo Zarco.
l'autre par vous. Je vous ai adjoint ce brave gentilhomme, par
ce que, il y a deux ans, il a reconnu 1 île de Puerlo-Sauto, si
tuée, selon toutes les probabilités, dans le voisinage de celle
que nous appelerous Madère. Allez faire vos adieux votre
famille, et tenez-vous prêt monter votre bord dans trois
heures. Allez! j'ai donné ordre de mettre un cheval votre
disposition, a
Trois heures après, la feinme et les enfants de Moraiez sui
vaient des yeux le navire qui l'emportait vers des pays inconnus.
I,es deux caravelles arrivèrent Puerto-Santo, où ils trou
vèrent les Portugais que Juan-Gonzalvo Zarco avait laissés
dans sou précédent voyage. Moraiez consulta sescartes et recon
nut que l'île de Madère devait être être au sud-ouest. Aucune
terre n'apparaissait dans oette direction; seulement ou voyait
des nuées compactes, persistantes, s'élever de la mer jusqu'au
ciel.
Madère est là, dit l'ancien pilote Juan Gonzalvo; ces
nuées ne sont que les émanations de ses bois immeuses.
Les deux aventuriers mirent courageusement la voile, et,
domptant les terreurs des matelots, ils abordent Madère, dont
ils prirent possession le 8 juillet jour de la Ste-Élisabeth,
au nom du roi Juan ier et du prince don Henri, chevalier et
grand-maître de t'urdie du Christ. Us déba'quèreut auprès
d'une langue de terre qu'ils nommèrent la pointe St-Laurent,
et leur premier soin fut d'aller visiter le tombeau de Masham
et d'Anne Dorset.
Cinq jours après l'arrivée des Portugais, le temps qui les
avail favorisés Jurant toute la traversée éprouva une variation
soudaine. La mer devint houleuse, battit avec fracas les rochers
de la côte, et de gros nuages chargés de tonnerre couvrirent
les cieux d'un voile épais.
Nos caravelles sont dans une baie sûre, dit Moraiez, mais
malheur aux bâtiments qui naviguent cette heure siuistre!
Nous avons abordé ici les premiers la caravelle de Nuuez d'Al
vadro doit être en mer, et, malgré son infamie, je ue puis
ra'empéoher de le plaindre et de prier pour lui.
En ce moment, les vigies placées dans les hunes signalèrent
un vaisseau en vue. Les deux commandants quittèrent la ca
bane où ils étaient réunis, et, eu arrivant sur le pont, distin
guèrent peu de distance un navire que ballotait l'ouragan.
n Ce ne peur être que la caravelle de Nunez s'écria Zarco.
Portons-lui secours, dit Moraiez.
C'est impossible, reprit Zarco; nous ne pourrions mettre
les chaloupes au large sans exposer la vie de nos hommes.
D'ailleurs, voyez, le uavire a touché un récif, et voici les nau
fragés qui se disputent les débris de la quille et de la mâture.
Peut-être sauverons-nousquelques victimes, dit Moraiez.
Au rivage! mes enfants.' Apportez des câbles, des planches,
des tonneaux vides! Et se jetant dans sa chaloupe avec plu
sieurs matelots, il débarqua l'endroit où les lames qui défer-
laieut devaient pousser les restes de l'équipage et du vaisseau.
Mais ses efforts furent infructueux, la mer avait tout englouti,
et le seul cadavre qu'il parvint retirer des flots en furie fut
celui de Nuuez d'Alvadro.
Émile de la Bédollière.