JOURNAL DÏPRBSIT DI L'ARRONDISSEMENT.
No 2916.
29me année.
LE CHEMIN DE FER D'YPRES.
Les journaux de Bruges annoncenl que
la compagnie du chemin de fer de la
Flandre occidentale a déjà fait des prépa
ratifs pour commencer les travaux sur la
ligue de Bruges Courtrai. Sur une partie
de oette ligne les arbres sont coupés et les
jalons sont placés. De semblables prépa-.
ratifs n'ont pas eu lieu encore sur la ligne
d'Ypres Courtrai. On a conclu de ces
faits que cette dernière ligne serait ajour
née; elle l'eut été peut être, si le pouvoir
communal s'était chargé seul de soigner
les intérêts de la ville; car nous ne sachions
pas qu'il ait fait aucune démarche offi
cieuse auprès de la société du chemin de
fer pour la déterminer par des raisons
puisées dans son intérêt bien entendu,
commencer immédiatement les travaux
sur la ligne d'Ypres. Il est heureux que le
gouvernement ait suppléé cette négli
gence. Nous apprenons que Mr Malou,
ministre des Finances a eu dernièrement
une entrevue avec un des directeurs du
chemin de fer des Flandres, et qu'il l'a
convaincu de l'utilité de commencer si
multanément toutes les sections de cette
grande ligne. On dit que le ministre des
travaux publics a parlé dans le même
sens. Nous savons d'ailleurs, que le gou
vernement a engagé toutes les compagnies
UN DAUPHIN DE FRANCE.
concessionnaires des chemin de fer, votés
dans la dernière session, pousser vigou
reusement les travaux pendant cet hiver,
afin de procurer du travail aux ouvriers
pauvres, pour qui la saison est très mena
çante. Il est donc probable que les travaux
commenceront bientôt sur notre ligne, et
que l'achèvement de notre chemin de fer
ne sera point ajourné.
Rémercions le gouvernement <le sa sol
licitude, et félicitons-nous d'avoir Brux
elles des représentants toujours prêts
réparer les oublis de l'autorité locale.
Nous avons publié dans notre dernier n#
deux arrêtés remarquables touchant la
libre entrée des substances alimentaires.
Le gouvernement en les portant a usé d'un
pouvoir extra-constitutionnel, dont tout le
monde a approuvé l'emploipareeque
dans les circonstances extraordinaires, il
faut appliquer l'axiome de droit: salus
populi suprema lex. Le salut du peuple est
la loi souveraine.
Les impots et les droits de douane, sont
fixés par le pouvoir législatif. Les minis
tres n'ont en main que le pouvoir exécutif.
Il ne leur appartient pas d'abroger de leur
propre autorité des droits fixés par la
chambre. Voyant cependant le besoin
urgent du pays, et prévenant en quelque
sorte le vœu populaire, les ministres ont
supprimé les droits dont étaient frappées
plusieurs substances alimentaires; mais
ils ont convoqué en même temps les cham
bres, afin que celles-ci sanctionassent une
mesure prise de leur volonté présumée et
la complétassent par d'autres dispositions,
que le gouvernement leur proposera.
Il n'y a qu'une voix dans le pays entier
pour louer la prévoyance des ministres,
et applaudir l'u ti le mesure qu'ils on t prise.
Après l'heure de retraite, le cabarelier
Samyn de Moorslede et un de ses habitués
quelque peu en train, se mirent jouer
une partie de cartes. La discorde s'y mêla,
et les deux joueurs s'étant empoignés,
Samyn perdit l'équilibre, fut renversé
entre les chaises, et se cassa la jambe.
Traduit pour ce fait en police correction
nelle, le nommé Soetaert a été condamné
un mois d'emprisonnement.
Dimanche dernier a eu lieu Dunker-
qne, avec la plus grande solennité, l'inau
guration de la statue de Jean Bart.
Voici le contenu d'une lettre qu'un ca
tholique d'Angleterre écrit un desesamis
Bruges, le 5 septembre
Le mouvement vers la religion catho
lique est ici très-grand. Il ne s'agit plus
seulement de conversions de quelques in
dividus,maisce sont des paroisses entières
qui retournent la fois catholique. Voici
ce qui a eu lieu dernièrement Bridge-
On s'abonne A Vprn, Grand'-
Place, Us vis-A-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX. DE L'ABOWSENEKT,
par trimestre,
Pour Yprèsfr. 4DO
Pour les autres localités ASD
Prix d'un numéro
Tout ce qui concerne la rédao-
tion doit être adressé A l'Éditeur A
Ypres. Le Propagateur paratt
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
I» centimes par ligne. Les ré
clames, SS centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
TPP.3S, 13 Septembre.
(laite et On.)
Le Meurs, Capet, dissipa les derniers doutes, cl, il faut le
dire, les discours du prince étaient asses habilement arrangés
pour capter la crédulité de gens qui ne demandaient qu'A être
abusés.
Voici comment il racontait lui-même ses infortunes
Je ne me suis pas évadé du Temple, disait-il, j'en suis sorti
le plus naturellement du monde. Un comité royaliste s'était
organisé; son but était de me sauver-, M. de Frotté, un de ses
membres,se présenta A M. Dussault, mon médecin, devint son
élève et eut ainsi ses entrées au Temple; un jour il me prit,
me conduisit dans un cabiuet placé sous la flèche de la tour,
et me recommanda le plus profoud silence; on me substilua
un enfant malade, condamué par la faculté; deux jours après,
cet enfant mourut et ou l'enterra comme le dauphin; après sa
mort, il n'y avait plus de prisonniers au Temple toute sur
veillance cessa donc, et je sortis sans rencontrer le moindre
municipal; cependant le bruit de cette ruse se répandit dans
uu certain, monde; il fallait dépister les recherches de la
police le comité royaliste imagina alors d'envoyer des faux
dauphins sur toutes les routes du royaume, on prit une dou
zaine d'enfants de mou âge; on leur confia une partie de mes
secrets de famille, et on les expédia, l'un A Bordeaux, l'autre
eu Vendée, le troisième en Allemague, eto Ce sont ces enfants
qui,devenus hommes plus tard, ont essayé de continuer le rôle
qu ils avaieut été chargée de jouer; c'est là l'explication in
croyable des faux dauphin3.
L'histoire n'était pas mal trouvée Naundorf la complétait
des substances alimentaires.
en disant qu'en i B14» les Rois alliés connaissaient parfaitement
son existence et que le* sacrifices imposés ta France furent
d'autant plus grands, que Louis XVill n'était pas l'héritier
légitime de la couronne et qu'il avait étouffé les scrupules des
souverains coalisés sous l'or de la nation.
Parlait-on du duc de Beiry devant Nanndorf, il répondait
intrépidement que ce prince avait voulu plusieurs fois lui
rendre la couronne et qu'il était mort victime de sa loyauté.
Un jour, dans le journal qu'il publiait, en i835, Naundorf
fit insérer une lettre adressée au Roi Louis-Philippe et portant
ces deux mots mon cousis. Dans celte lettre Naundorf disait
que daus la nuit du 10 août, le Roi son père avait caché des
sommes considérables et des diamants d'un giand prix dans
une des caves des Tuileries, et il se faisait fort de retrouver ce
trésor. Sans contredit le Roi Louis-Philippe n'eut aucune con
naissance de cette lettre et de oette offre mais le soir même
M. Alexandre Delaborde, aide-de-camp du Roi vint trouver
Nauudorf dans son hôtel, rue de Bourgogne, n° ta, resta plu
sieurs heures enfermé avec lui la conversation eut lieu eu
allemand, langue que M. Delaborde parlait fort bien; ces mes
sieurs paraissaient être paifaitement d'accord, et au moment
où ils se séparèreut on entendit l'aide-de-camp du château
dire en bon français Naundorf qu'il viendrait très-incessam
ment le chercher pour le conduire aux Tuileries.
11 est inutile de dire que M. Delaborde ne revit plus Naundorf.
A ces circonstances s'en joignirent d'autres, dont l'auteur de
cet article a été le témoin, et qui méritent d'être rapportées.
Naundorf était table; il dînait en compagnie de plusieurs
persouurs; une daine, la mère de l'un des convives, qui arri
vait de la pruvince, et qui n'avait jamais vu le prétendu duo
de Normandie, fut fort étonnée d'apprendre qu'elle se trouvait
eu présence du roi légitime de France.
mouvement religieux en angleterre.
p—
■I Monsieur, lui dit-elle, je n'ai jamais vu le dauphin; mais
une dame de mes amies m'a raconté qu'elle avait eu l'occasion
d'approcher plusieurs fois près de lui, dans son enfance, et
qu'elle avait remarqué qu'il avait, au milieu de la mâchoire
inférieure, deux dents, deux incisives aussi étroites et aussi
puintuesque les deux dents de lapin, u
Naundorf abaissa immédiatement sa lèvre inférieure, et
montra A la société ébahie les deux dents de lapin demandées,
A quelques jours de 1A. une autre dame fort riche, madame
la comtesse de voulut voir le duc de Normandie; elle lui
fut présentée et lui dit qu'elle avait souvent joué, A Versailles,
avec le dauphin; Naundorf répondit aussitôt qu'il la recon
naissait mais cette reconnaissance fit peu d'impression sur
la visiteuse. Si vous êtes le fils de Marie-Antoinette, répli
quait-elle, vous devez vous rappeler un petit nom d'amitié que
vous me donniez dans nos jeux d'enfauts. Le royal rejeton
hésita quelques minutes; madame riait de son embarras.
Ce petit nom, disait-elle, il est impossible que vous l'ayez
oublié.
Attendez, attendez, je me rappelle, je crois me rappeler.
Vous croyez!... Oh! ma mémoire, non; je ne trouve
rien... Ce nom!... mais vous y tenez donc beaucoup! Oh
essentiellement... Que sais-je, moi! Je vous appelais ma
petite amie Non, ce n'est pas cela. Mon cœur
Vous n'y êtes pas, fit en riant la comtesse; tenez, voulez-vous
m'en croire, changeons de conversation.
Et eu effet, on parla de toute autre chose, de la pluie, du
beau temps, oependant Naundorf ne se mêlait pas A l'entretieu
ordinairement il avait une paresse de vrai prince, et on voyait
ce soir-IA que son esprit suait sang et eau sa bouche marmot
tait des syliabes inintelligibles ce fut uue soirée très-manssade
enfui, madame la comtesse se leva, prit son chapeau et se