JOURNAL D APRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
N° 2925.
29me annce.
7PB.ES, 15 Octobre.
DES ÉLECTIONS COMMUNALES.
Les prochaines élections communales
commencent préoccuper le public. Ce
qui prédomine dans l'attente générale, c'est
le désir de voir triompher la modération,
avec le calme et la dignité qui conviennent
des citoyens libres, usant de leurs droits.
Les réunions tumultueuses, où l'intrigue
improvise une majorité factice, tombent
dans le discrédit, de même que les impor-
tunités domicile, et les recommandations
suppliantes ou impératives de candidats.
Un progrès sensible se manifeste dans les
mœurs électorales on aime plus peser
les raisons pour et contre par soi-même,
on comprend mieux l'importance de son
vote, on ne voudra plus le déposer dans
l'urne par complaisance, mais uniquement
pour le bien-être de la Patrie.
Toutefois, la résolution de se déterminer
dans les choix par leur valeur réelle, et
non par des suggestions passionnées de
parti, n'exclut pas l'utilité de se concerter
et de s'entendre: elle en augmente au con
traire la nécessité, afin de faire ressortir
le mérite, l'aptitude et la capacité.
11 faut le reconnaître, il ne se présente
aucun mode plus convenable de recueillir
les opinions mesure qu'elles se font jour,
de constater celles qui prévalent, et de ral
lier autour d'elles toutes les dissidences
particulières qui entraveraient un succès,
que d'avoir recours la presse.
Dans les scrutins soi-disant prépara-
LES PONTONS D'ANGLETERRE.
toires, quelques noms arrêtés d'avance
entre quelques personnes, sont subitement
proposés la foule, souvent composée en
partie de gens affîdés; ces noms circulent
de bouche en bouche, aucun temps de ré
flexion n'est donné, l'entraînement et ltj
vacarme du moment enlèvent la presque
unanimité, et les résultats de cette comé
die sont proclamés comme l'expression
immuable du vœu commun.
Les sollicitations particulières de porte
en porte ne sont pas de meilleur aloi. Six
ou huit chefs-de-file se donnent le mot
d'ordre et se mettent en campagne seuls
ou par couple. Ils se disent les envoyés de
telle assemblée, les représentants de telle
opinion; chez le boutiquier, ils font es
pérer des chalands, chez le fournisseur ils
font sonner haut leur influence, chez le
rentier, ils louent l'ameublement, et la
mine genliledes enfants; puis ils déroulent
leur pate-nôtre électorale, et finissent par
décliner les noms qu'ils préconisent, et
glisser un billet dans la main. Tousse
rez fidèle, n'est-ce pas? L'électeur, moi
tié par lassitude, moitié par égards pour
ses visiteurs, donne sans examen une as
surance, qu'ils croit ensuite être eu quel
que sorte obligatoire pour lui.
Les propositions par la voie des jour
naux n'ont aucun de ces inconvénients,
et se suffisent elles-mêmes.
Elles laissent chacun le temps de se
consulter soi-même, et de n'écouter au
cune autre considération que sa conscience
et l'amour du bien. C'est en ce sens que
nous avons accueilli les notes ei-apres
qu'on nous a transmises, et que nous pu-
blions avec une entière impartialité.
Vous nous obligerez, MM. les Re'dac-
teurs, en insérant dans vos colonnes les
noms de quelques citoyens honorables,
qui, d'après l'état des opinions, parais-
sent avoir des chances de succès aux
élections qui nous appelleront bientôt
aux comices communaux. Ce sont
MM. ERNEST DEGHEUS, Juge,
VANDENDRIESSCHE, Fabricant de
Rubans,
SARTEL, Avocat,
HENRI IWEINS, Juge-suppléant,
AUGUSTE VANDENPEEREBOOM
Propriétaire,
VANALLEYNES SCHOCKEEL, Tan
neur.
Énoncer ces noms, c'est faire suffisam-
ment leur éloge. Ils dispensent de tout
autre tous sont haut placés dans l'es-
time publique. L'âme de cette coinbi-
naison, c'est la modération, que chacun
souhaite de voir regner enfin d'une
manière durable. A cet effet le talent,
l'activité, la franchise, les vertus civi-
aues, prêteront leur appui la légitime
influence du commerce, de l'industrie
et des intérêts positifs. Les exagérations
de parti ou de coterie pourraient seules
y perdre, et par conséquent trouver, ce
nous semble, y contre dire.
On s'abonne Tprea, Graud'-
Place, »4, vis-à-vis de la Garde, et
chei les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'tnOXXEnEXf,
par trimestre,
Pour Vpresfr. 4
Pour les autres localités 4S©
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tion doit être adressé l'Éditeur
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clames, 14 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
évasi©x.
Quand on considère le rapprochement qui s'est depuis peu
opéré entre les Français et les Anglais, que l'on voit les deux
nations vivre pour ainsi dire en famille, on a peine conce
voir un système de cruauté qui, dans les guerres de la Répu
blique et de l'empire, s'est accompli envers nos prisonniers.
Quels déchirants souvenirs que ceux qui se rattachent ces
prisons flottantes sur lesquelles ils subissaient toutes les mi
sères humaines, où l'on étudiait tous les moyens de les tour
menter, de les faire eu quelque sorte mourir peti* feu! (i)
Chez In plupart, le désespoir, poussé sou comble, leur faisait
invoquer la mort. D'autres, plus calmes et plus réfléchis, domp
taient le malheur pour rêver les moyens d'évasion. Ce n'était
pas un effort ordinaire que de les combiuer et surtout d'en
rendre l'exécution possible. Mais fou sait que le prisonnier
(i) Tandis que l'Angleterre exerçait des rigueurs inouïes
envers les prisonniers français, ceux de leur nation éprouvaient
un traitement bien diflféreut sur notre territoire. A Verdun,
ils étaient l'objet de la plus tendre sollicitude, des atteutious
les plus délicates du comte de Meulan, commandant le dépôt.
Aussi étaient-ils si touchés de sa noble et généreuse conduite
leur égard, que dès que le traité d'Amiens fit cesser leur
captivité, ils s'empresserent tous d'un commun accord lui
olhir une magnifique épée en témoiguage de leur estime et
de leur reconnaissance.
dont toute l'imagination est exclusivement tendue vers les
moyens de s'évader, lui douue un développement iuconnu
dans toutes les autres positions de la vie.
Parmi les moyens d'évasiou qu'essayèrent les prisonniers,
il en est un qui réussit mieux que les autres: c'était l'aliénation
mentale. Ou renvoyait eu Frauce les iudividus atteints de folie,
après la visite d'une commission qui constatait la situation
mentale du malade. Il n'y avait donc qu'à feindre un genre
quelconque de folie, et si l'ou parvenait ne passe démentir,
soutenir le caractère quelquefois pendant des mois entiers
la liberté était au bout.
Uu piisouuier eu dunua un singulier exemple. Il simulait
la folie du cheval, la monomauie de l'équitationet c'était
plaisir de le voir pendant les journées entières galoppant sur
des bâtons, cavalcadaut sur les bancs avec uu sang-froid si
imperturbable et une si grande vérité que l'autorité, avertie,
crut devoir envoyer la commission. C'était la dernière, mais
la plus'difficile épreuve. Dès que la commission, ayant eu tète
son président eu uniforme, parut dans le préau, où notre com
patriote avait été conduit, celui-ci s'avança avec la plus plai*-
santé gravité vois le président, lui passa doucement la main
sur l'épaule, et avant qu'on pût soupçonner sou intention, il
selança sur sou dos, lui talonnant si vigoureusement les reins
et l'étreignant des genoux avec tant de force, que le malheu
reux président, contraint céder, fournit une charge aux
applaudissemens de tous les spectateurs. L'eu peuse bien que
la folie fut jugée sérieuse, et que son renvoi fut décidé.
Quelquefois, après tant de peines, tant de coutraiute, une
En proposant d'imiter le ge'ne'reux exemple des
autorite's et des habitans aises d'Iseghemnous
circonstance imprévue venait compliquer la situation, comme
il arriva un prisonnier qui vit encore.
C'était Lanty, de Saint-Malo, le brave, l'intrépide corsaire,
que plusieurs évasions successives des canlonnetneus avaient
amené dans les prisons. a peine y fut-il entré, que son plan
fut fait.
Il commença pour montrer quelques signes d'égarement,
qui s'augmentèrent bientôt au point qu'un jour, apercevant
un four allumé, il s'y précipita la tête la première. Il avait
pris ses précautions. Due couverture qu'il jeta sur sa tête et
qui disparut dans le four l'avait en partie préservé; mais il agit
avec tant d'adresse et de vivacité, qu'on ne s'en aperçut pas,
et il resta constaté que Lanty avait pris uu four allumé pour
là rivière.
Dès-lors sa folie attira l'attention; dès-lors aussi elle devint
complète.
Homme, il était entré dans le four; il en sortit coq. Je ne
plaisante pas c'était un coq, uu véritable coq, raide, bouffi,
glorieux, ayant toutes les allures, les gestes, les intonnations
du bipède; il fallait qu'il eût fait de cette nature une étude
profeude, car jamais imitation ne fut si parfaite. Tous les
jours, la première heure, Lanty chaulait, et tous les coqs du
voisinage répondaient leur nouveau camarade.
Quand lu colère semblait l'agiter, ses cheveux se dressaient
comme des plumes; il ne dormait plus que sur un pied, il ne
mangeait plus que du grain il faisait un amalgame si grotes
que et si bien entendu des habitudes de l'homme et de celles