JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 2933
29me année.
vérité et justice.
?P3iS!S, 12 Novembre.
Dimanche, M.Tpropriétaire, allait
sur le soir de Voormezeele Wytschate,
encompagniede trois jeunes gens. Chemin
fesant, prèsde l'endroit nomméDiependael,
il fut parlé d'une attaque nocturne qui y
avait eu lieu quelques jours auparavant,
et dans laquelle celui qui on avait de
mandé la bourse ou la vie, avait, grâce
ses avantages musculaires, donné son
brusque interlocuteur non l'un ou l'autre
de ces deux, mais une partie de ce qu'il
méritait. Bernart, jeune mitron vigoureux,
et qui tenait un terrible fouet, dont la
mancbe noueux lui servait de canne, s'é
cria que si quelque brigand se trouvait
l'enlour, il n'avait qu'à se présenter, qu'il
l'arrangerait aussi. A quoi M.Tsortant
un pistoletajouta que celte réserve pour
rait venir propos en pareil cas. Mais au
même instant le coup partit, et alla frap
per Bernart au coté. Le malheureux fit en
core quelques pas, et tomba ensuite en se
lamentant, baigné dansson sang. M.T
bien que terrifié de cette catastrophe sou
daine, eut encore la présence d'esprit de
faire quérir de suite en ville M. le docteur
Uammelrath. M. Vanalleynesétantsurvenu
avec sa voiture,on transporta leblessédans
une maison voisine; M. Uammelrath, tou
jours prompt se trouver où le devoir
UNE LIVRE DE SUCRE.
l'appelle, arriva sur-le-champ, et parvint
extraire la balje, qui après avoir labouré
les intestins, s'était logée contre la colonne
vertébrale. Vains efforts de l'art! le jeune
homme a succombé l'hémorrhagie dans
l'après midi du Lundi. Il a pu recevoir
heureusement les secours de l'église, mais
pas le Saint viatique, parce qu'il vomissait
continuellement du sang. 11 n'a montré
aucune impatience contre M. T..,de
sespéré d'être la cause involontaire de
cette mort fatale. Bernart était, dit-on,
le fils d'un forgeron Zonnebeke.
Un crime affreux a été commis Cour-
trai le 1er novembre courant.
Le sieur De Meitere, cultivateur, est
mort la suite d'une vive altercation qu'il
avaiteueavec son fils. Après l'enterrement
des soupçons s'étant élevés sur la cause de
cette mort, le cadavre a été exhumé et les
médecins légistes y ont découvert des tra
ces de blessures graves occasionnées par
l'explosion d'une arme feu déchargée
dans le bas ventre. Avant-hier le fils De
Mettere, après avoir subi un interrogatoire
en présence du corps, a été mis en état
d'arrestation comme prévenu de parricide.
La prévention est fondée sur les déclara
tions formelles d'un témoin qui affirme
qu'une lutte sanglante a eu lieu entre le
père et le fils, et qu'elle a duré plus de
trois quart d'heure au bout desquels cet
enfant dénaturé a tué son père d'un coup
de fusil. Depuis ce fatal événement la veuve
De Mettere se trouve dangereusement ma
lade.
Un médecin de la Flandre Occiden
tale, M. De Fia, de Ruddevoorde, vient de
communiquer la société de médico-chi
rurgicale de Bruges, qu'ayant pratiqué des
incisions sur les têtes de pavots blancs du
pays, il a obtenu un opium indigène, qu'il a
employé avec le même résultat que l'opium
exotique. Si cette observation se vérifie,
ce sera encore un impôt de moins que nous
payerons l'étranger.
Il parait, dit la Dunkerquoiseque
plusieurs ennemis acharnés du parapluie
ont sérieusement formé le projet d'établir
Londres une compagnie pour couvrir
tous les trottoirs de cette capitale de légers
et transparents verandahsfixés d'un côté
aux maisons, et de l'autre des baguettes
placées de distance en distance le long des
trottoirs. De cette manière, les heureux
habitants pourront sortir, quelque temps
qu'il fasse, sans crainte d'être mouillés.
On s'abonne Ypres, Grand'-
Place, SI, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'SBOMEHEXr,
par trimestre,
Pour Ypresfr. I
Pour les autres localités tl
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES IKSERTI«\S.
9 centimes par ligue. Les ré
clames, S* centimes la ligne.
Dans un des grands salons du palais de Ver
sailles, un soir, après le souper royal, Louis XVI
était debout devant une table de marbre, et après
avoir enlevé le couvercle doré d'un des sucriers
en porcelaine du service, il prit deux morceaux
de sucre qu'il laissa tomber dans une tasse de
café bouillantet il s'amusait considérer les
petites bulles jaunâtres qui couronnaient sa tasse a
mesure que le sucre fondait, et que des parcelles
d'air s'échappaient ainsi de leur prison M. de
Maurepas s'approcha du roi.
M. de Maurepas s'approcha du roi, et, après
que Louis XVI eut avalé quelques gorgées de son
café, il lui dit
Comment V. M. trouve-t-elle son café, ce
soir
Excellent, monsieur.
Oui, c'est un moka dont le parfum est déli
cieux; mais V. M. lui trouve-t-elle sa saveur accou
tumée? Le parfum en est irréprochable mais le
M. Dasonville, vicaire a Mouscron, est nommé
en la même qualité h Dottignies. M. Muller vicaire
h Dottignies, le remplace a Mouscron.
M. Van Roozeboom, vicaire a Moeu, passe a
Isenberghe; il est remplacé 'a Moen par M. Messely.
M. D'Hondt, vicaire a Isenberghe, remplace M.
Messely a Ouckene.
sucre dont s'est servi V. M. a-t-il convenablement
adouci l'âcreté du calé
Louis XVI avait un caractère obstiné et un
esprit timide; il redoutait la plaisanterie, et,sem
blable en cela b son aïeul Louis XIV, il ne crai
gnait rien tant qu'un bon mot dont il aurait été le
but ou l'occasion il regarda donc son ministre
avec des yeux indécis; puis, réfléchissant sa
propre position et aux habitudes courtisanesques
de son ministre, il répondit résolument
Que voulez-vous dire, monsieur? En vou
lez-vous notre maître Queux? et savez-vous un
meilleur café que le mien
Non, Sire; mais permettez-moi encore une
question. V. M. a mis denx morceaux de sucre
dans sa tasse; b combien croit-elle que reviennent
ces deux morceaux?
Ah c'est une leçon d'économie, s'écria le
roi. Eh bien j'en serai ravi; parlons économie
VoyonsLe sucre coûte quatre livres six sous
six deniers a Paris; je suppose que, dans une livre
de sucre, il y a quatre-vingts morceaux pareils a
ceux qui sont dans ma tasse de café cela fait un
peu plus d'un sou le morceau or, comme je suis
roi de France, et qu'en cette qualité je paie tout
plus cher que mes sujets, mes deux morceaux de
sucre doivent me revenir a six sous, ou b huit tout
au plus.
Ces deux morceaux de sucredit M. de
Maurepas, ne coûtent rien b V. M. c'est un hom
mage d'un de ses sujets; maisb lui, ils coûtent un
louis chaque.
Vous nous faites un conte, M. de Maurepas,
dit le roi quatre-vingts louis un livre de sucre
Si tout celui que l'on mange au château coûtait
aussi cher, il me faudrait vendre le domaine de
Rambouillet seulement pour en mettre dans la
bouillie dê M. le dauphinExpliquez-vous
donc, monsieur.
Volontiers, Sire; mais auparavant, que V.
M. veuille bien examiner ce sucre.
M. De Maurepas prit le sucrier de porcelaine,
il en renversa le contenu sur la table de marbre,
il compta les morceaux, il y en avait quarante trois.