On écrit de Thielt, le 6 novembre
a Les toiles se vendent si vil prix qu'on
se sent fendre le cœur en songeant au sort
réservé nos tisserands et nos fileuses.
Aussiqu'on examine en détail l'état pi
toyable où se trouvent la plupart de ces
braves gens; que l'on prenne connaissance
des alliments dont ils sont contraints de se
nourrir, de leurs privations et de leurs
souffrances en général, et l'on sera con
vaincu combien il est urgent qu'il soit pris
des mesures pour éviter une famine avec
toutes ses suites.
On nous écrit de Gand, le 8 novembre:
Les nouvelles qui parviennent ici des
environs de cette ville sontpeu rassurantes.
Des bandes de mendiants et de malfaiteurs
rôdent nuitamment dans les campagnes et
exigent des aumônes forcées des malheu
reux cultivateurs. La nuit dernière un
incendie que l'on a de bonnes raisons d'at
tribuer la malveillance a détruit une fer
me Baelegem, près de la route de Gram-
mont Gand.
On lit dans le Journal des Petites Af
fiches de Louvain: Mardi dernier, 4 no
vembre, un banquet a été donné YHôtel
de Suède, par le corps universitaire, l'oc
casion du onzième anniversaire de l'instal
lation de l'Université catholique Malines.
Pendant le dîner une collecte a été faite
par un des professeurs, dont le produit,
qui monte 240 fr., sera distribué aux
pauvres par les soins de MM. les étudiants
qui se réunissent sous les auspices de saint
Vincent-de-Paul.
La messe annuelle pour les bienfai
teurs de l'Université a été célébrée le mê
me jour dans l'église de Saint-Pierre. Les
professeurs et un grand nombre d'étudiants
y ont assisté, ainsi que les élèves du collège
delà Haute-Colline.
On écritde Rome YUnivers de Paris:
Mgr. di San-Marzano est nommé nonce
apostolique Bruxelles. Ce prélat distin
gué et le fils du comte de San-Marzano qui,
sous l'empire, remplit avec honneur les
emplois importants auxquels l'avait appelé
la confiance de Napoléon, et qui, plus tard,
fut nommé en Sardaigne ministre des af
faires étrangères. On assure que Mer Pecci
est nommé archevêque de Pérouse.
Le mardi 11 novembre, jour de l'ou
verture des Chambres, il a été célébré
St.-Jacques-sur-Caudenberg, 9 heures
du matin, une messe du Saint-Esprit
pour implorer les lumières et les béné
dictions du Ciel sur les travaux de la
législature.
Vendredi malin MM. le juge d'ins
truction Sponoghe, le procureur du Roi et
un docteur légiste, se sont transportés
Dieghem pour y procéder une instruction
au sujet de l'attaque faite dans la nuit du
5 au 6 sur un ouvrier de la papeterie de M.
Champagne. Il résulte de leurs informa
tions que l'ouvrier en question, âgé de 60
ans, est parti de Bruxelles mercredi vers
trois heures; qu'il était porteur de 1,700
fr. noués dans un mouchoir; qu'avec cet
argent, qu'il tenait ainsi découvert, il a
visité, au faubourg, cinq cabarets, et que
chaque fois il a mis son mouchoir en évi
dence sur les tables; que vers cinq heures
et quart, étant dans un sentier isolé et non
sur la grand'route, un demi quart de lieue
de la chaussée, où il portait imprudemment
sur les épaules le mouchoir qui contenait
l'argent, il fut accosté par deux hommes
(et non pas trois) qui lui enlevèrent l'argent,
et prirent la fuite après avoir porté au
vieillard deux coups de bâton et un coup
de pied sur la tête, qui l'étendirent pendant
quelques secondes sans connaissance sur
le chemin.
Dans la nuit du 5 au 6 le meunier
Corneille Pul, âgé de 40 ans, né et demeu
rant Turnhout, a assassiné son propre
fils. Voici quelques circonstances qui ont
accompagné ce meurtre atroce
L'infanticide s'est levé vers minuit et a
enlevé du lit son pauvre enfant âgé de 5
ans seulement, et au moyen d'un couteau
de table lui a coupé la gorge; immédiate
ment après son crime, le père barbare,
s'est rendu la chambre d'un certain Ha-
nagraft boutiquier, qu'il avait chargé de
la surveillance de sa maison, et lui a fait
le récit horrible du crime qu'il venait de
commettre; demandant encore, ce qu'il
lui restait faire ou de se constituer entre
les mains de la justice; ou d'ensevelir dans
la grange le cadavre du malheureux en
fant; ou de fuir, llanagraft pamé de frayeur,
feignit d'accéder au désir du meurtrier et
d'aller voir la grange, mais il saisit cette
occasion pour courir informer la justice,
qui n'a point tardé de se rendre sur les
lieux. Le coupable s'était échappé et mal
gré les poursuites les plus minutieuses, on
n'est pas encore parvenu le découvrir.
On a trouvé sur l'escalier le corps de la
victime baigné dans son sang.
Il y avait désunion parmi les époux et
depuis quelque temps, la femme Pul était
séparée de son mari et habitait la maison
de son père, d'où quinze jours auparavant,
le meurtrier était venu arracher l'enfant.
Dernièrement, un voyageur en quit
tant le chemin de fer de Glasgow Edim
bourg, s'aperçoit que son portefeuille, con
tenant 900 liv. sterl., lui manque. Il prend
des informations au débarcadère. On lui
dit qu'un individu que l'on crayait être son
domestiqueparce qu'il était descendu
après lui, venait de se remettre en route
immédiatement. Des soupçons viennent au
voyageur, qui demande que l'on chauffe
sur-le-champ pour courir après le voleur;
un convoi spécial est mis sa disposition.
Le convoi part, vole, et une descente
aperçoit le convoi qui avait eu de l'avance.
Le chauffeur siffle avec force. Le convoi
qui avait l'avance prend un évitement
pour laisser passer le nouveau convoi, qui
arrive le premier la station. Au débar
cadère on se saisit du voleur, qui avait en
poche le portefeuille. Le propriétaire,
charmé de ravoir son argent, offre une
magnifique récompense au chauffeur qui
la refuse. Alors, le voyageur généreux re
met au directeur 100 liv. sterl., qu'il le
prie d'accepter pour les frais de son con
voi spécial, en faisant accepter une récom
pense son chauffeur. Les directeurs ont
renvoyé les 100 liv. sterl., en déclarant
qu'ils ne feraient pas payer le convoi et
qu'ils récompenseraient l'honnête et actif
chauffeur.
Relations commerciales de la Belgique
avec la Chine.
Un journal de Bruxelles a annoncé que
la Belgique jouirait désormais, dans les
ports de la Chine ouverts au commerce
européen, de toutes les faveurs accordées
aux nations qui ont conclu des traités avec
le céleste empire. Nous sommes en mesure
de confirmer cette nouvelle, dont il sera
sans doute fait mention dans le discours
de la Couronne. C'est M. de Lannoy, con
sul belge Manille, qui a été chargé des
négociations ouvertes dans ce but avec les
Autorités chinoises. Grâce au succès qu'il
a obtenu, notre pavillon sera placé dans
ces parages lointains sur le même pied que
Si ce nombre, vous ajoutez. Sire, dit-il,
les deux morceaux fondus dans votre tasse, cela
fera quarante cinq c'est-h-dire une valeur de
1,080 livres. Et que Y. M. regarde bien ce sucre,
comme il est brillant, léger! qu'elle le goûte;
quelle saveur exquise, quelle douceur comme il
fond dans la bouche sans laisser d'arrière-goût....
Eh bien, dit le roi, que la mauvaise humeur
commençait a gagner, mais que les cheveux blancs
de M. de Maurepas retenaient encore; eh bien
ce sucre est doux, c'est tout simple voulez-vous
qu'il soit amer comme chicotin?
Y. M. ne devinerait jamais avec quoi on a
fait ce sucre.
Louis XVI n'était pas un ignorant, il avait
quelques connaissances en chimie, et il savait une
partie des miracles qu'elle peut opérer. Il recula
d'un pas et craignit que sa dignité ue fût compro
mise si son ministre venait a lui citer quelque
substance fâcheuse.
C'est du sucre de cannes, M. de Maurepas
mais parlons d'autre chose.... Le parlement....
Sire, c'est du sucre de betteraves.
De betteraves Qu'est-ce que c'est que la
betterave, monsieur
Sire, dit une petite duchesse qui avait écouté
toute cette conversation et qui e'piait le moment de
se faire remarquer, sire, ce sont de petites tranches
rouges de je ne sais quoi, que mes gens font mari
ner dans le vinaigre et qu'ils mangent dans leur
salade.
Le roi se prit k rire.
Sire, dit M. de Maurepas d'un air radieux,
la betterave est une racine pivotante, k pétales;
elle est commune en France. Monsieur le frère de
V. M. l'aime beaucoup, et on en fait du sucre.
Cependant cette conversation du roi avec son
ministre avait ému tous les assistans. On n'avait
pas osé s'approcher, de peur d'être indiscret et de
troubler quelque secret d'état mais on n'avait pas
perdu un mouvement des deux interlocuteurs. On
avait vu le ministre montrer au roi sa tasse de café
puis renverser le sucrier sur la table de marbre, et
examiner avec soin chaque morceau de sucre. Un
courtisan se détacha il passa dans la salle de jeu
de la reine, et il dit k l'oreille d'un de ses intimes
que le roi venait d'être empoisonné dans son café.
Vous in'éponvanlez, dit ce courtisan dévoué;
et moi qui en ai pris, et probablement de la même
cafetière
Calmez-vous, M. le marquis; ce n'est pas le
café qui a été empoisonné, c'est le sucre, et le roi
seul a mis la main dans le sucrier préparé. Nous
aurons une régence; je vais faire ma cour k la gou
vernante du dauphin.
Le biuit court de bouche il arriva jtisqu'k la
reine. Marie-Antoinette se leva, épouvantée; elle
jeta les caries sur la table, et passa dans le salon
où Louis XVI s'entretenait encore avec M. de
Maurepas.
Sire, Sire dit-elle.
Qu'avez-vousmadame, lui dit le roi avec
plus de douceur qu'il n'en mettait d'ordinaire
dans ses paroles, qui vous amène auprès de nous?—
Vous êtes pâle, madame.
(l,a snlte an prochain n°)