JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N° 2937. 29me année. L'Adresse est votée, elle est votée une immense majorité. Nous ne croyons pas exagérer en disant que jamais l'opposition n'a été plus complètement battue; elle a été battue par le nombre comme par la raison, et sur quelque terrain qu'elle ait porté le débat, dans le passé, dans le pré sent, dans l'avenir même, partout elle n'a recueilli qu'échecs. Le nombre! peu de dis cussions se sont terminées par un vote plus décisif; nos adversaires même recon naîtront que cette fois la majorité n'a pas marchandé son appui, et que tout, chez elle, a été franc, loyal, digne du paysqu'elle représente, digne d'elle-même. Ce ne sont pas des noms propres, ce n'est pas un intérêt de position, ce ne sont ni la possion ni un sordide calcul qui l'ont décidée: non. Les principes seuls, ces grands principes sur lesquels notre na tionalité s'est fondée, l'ont fait agir. Elle a vu que c'était au nom de l'union qu'on lui demandait son concours, et que ce concours, elle ne le donnait que pour for tifier une politique modérée et conciliante sans laquelle l'union même n'est qu'un vain mot. Elle n'a pas hésité un instant. Elle a répondu, l'unanimité, cet appel qui, en définitive, n'était que l'évocation de son passé même. JACQUES ET BERTRAND. Soixante-trois voix ont proclamé que le gouvernement aurait leur appui, taht qu'il ne se départirait pas de ces principes. Ja mais majorité politique n'a été plus forte et plus homogène; jamais opposition n'a été plus formellement condamnée par le nombre. Cette victoire matérielle serait peu de chose, si la raison ne l'avait pas confirmée. Elle l'a confirmée. Nos adver saires même le reconnaissent, et s'ils pré tendaient le nier, le temps, ce grand maître des partis, le leur fera savoir au besoin. On lit dans la Feuille dHAnnonces d'Os- tende M. le ministre delà guerre,d'accord.avec son collègue de l'intérieur, vient de don ner des ordres pour faire admettre dans les écoles gardiennes subsidées par VÉtat ou les communes, les enfants des sous-offi ciers et soldats, qui n'ont pas encore atteint leur huitième année. Passé cet âge, ils sont admis dans les écoles communales ou dans les régiments comme enfants de troupe. On ne peut qu'applaudir ces mesures, dont le but est la moralisation et l'édu cation d'une nombreuse classe d'enfants, qui ne trouve pas toujours dans la famille des exemples et des soins dont la jeunesse doit être entourée. Par arrêté royal du 22 novembre, le sieur Remi Bonnet, candidat-notaire As- per, est nommé notaire la résidence de Eecke, arrondissement de Gand, en rem placement du sieur Bar, appelé une autre résidence. Par arrêté royal de la même date, le sieur Ange Slock, candidat-notaire Ruys- selede est nommé notaire Eeghem, ar rondissement de Bruges, en remplacement du sieur Lebrun, appelé une autre rési dence. On s'abonne Yprea, Grand'- Place, 34, TÎ9-A-VÎS de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX H". IMMIIESEIT, par trimestre, Pour Ypres fr. 4 Pour les autres localités 450 Prix d'un numéro. Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES INSERTIDWS. il centimes par ligne. Les ré clames, 35 centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. 7pr3s, 26 Novembre. (suite et fin.) Holâ, hé crièrent-ils h la sentinelle, abaissez la herse; voici deux charrelées de bon bois pour passer l'hiver et elles doivent être les bien-venues, car le seigneur de Craon, qui vous commande, a envoyé un valet donner l'ordre d'apporter ici du bois, sur l'heure. La sentinelle appela un autre homme d'armes qui descendit pour lever la herse. Alors, les quatre bûcherons firent avancer leur voiture; mais a peine entrée sous la voûte, une des roues se brisa, et la voiture se trouva gisante. Diable d'enfer! s'écria l'homme d'armes. Avant un quart-d'heure la herse ne pourra pas fermer cette issue. Et quand elle la fermera, ce ne sera pas toi qui sera chargé de ce soin, répliqua un des bûcheronsen frappant l'homme d'armes d'un coup de dague qui le tua raide. Un de ses compagnons donna, par un coup de sifflet, le signal qu'attendaient dans un bois voisin deux cents hommes en embuscadeet un quart d'heure après, suivant les paroles du chevalier Bertrand, les soldats mangeaient la soupe qu'avaient apprêtée dans le château de Fougerav les hommes d'armes du comte de Montfort. Parmi les prisonniers il s'en trouva un que Ber trand reconnut sans peine pour Jacques Plougastec. Il le fit avancer. Jacques regardant en tremblant le chevalier, que cinq ans, sou armure et sa barbe ne lui permettaient pas de reconnaître. Écoute, lui dit-il, que je t'aprenne le sort qui t'attente Jacques crut que c'en était fait de sa vie.Écoute. Je te donne la plus belle ferme de la cbâtellenie de Fougeray; je te donne cinquante bœufs et vaches a ton choix, et deux cents arpents de terre, sans compter que je ferai graver en grosses lettres sur ta porte, cette inscription accompagné de mon blason Sous la protection du chevalier Bertrand Duguesclin Gare qui s'aviseia d'y toucher, il s'en repen tira. J'en jure Notre-Dame, je tiendrai parole. Jean Plougastec regardait le chevalier avec une stupéfaction qui tenait de l'hébétement il croyait rêver. ingénieuse idée. Un estimable bourgmes tre d'une commune de la province, pour se débarrasser du grand nombre de men diants qui se présentent tous les jours dans sa commune pour mettre ses administrés la rançon, vient de prendre une mesure que nous voudrions voir mettre partout en pratique. Il a enrôlé tous les pauvres vali des de sa commune, les a armés de piques, de bâtons et de balais et leur a donné la mission de chasser tous les mendiants des autres communes qui se présenteraient sur le territoire de sa commune. Cette milice de nouvelle fabrique est organisée, équipée et soldée aux frais des habitants qui par là se voient débarrassés des men diants. Chaque homme reçoit par jour cinquante centimes; c'est-à-dire beaucoup moins que ne coûterait la commune l'entretien de cet homme et de sa famille s'il se présentait au dépôt de mendicité. Tu ne te souviens donc plus, repartit le che valier, d'un mauvais petit gars qui tuait tes poules, volait tes pommes et tourmentait tes buffles Tu ne te souviens donc plus qu'au lieu d'aller le dénoncer sa mère, tu te contentais de dire Cela est jeunesse qui se passera? Tu ne te souviens donc plus que sans ton courage, il serait mort, occis par le plus gros vilain buffle que j'aie jamais vu Il a promis de t'ètre en aide au besoin, et le besoin est venu. Sois donc riche et heureux et si jamais quelqu'un te chagrine, ou touche au bien qu.e je te donne, dis-lui Gare au chevalier Ber trand Duguesclin, et viens me trouver. En i35g, Duguesclin défendait Dinan, assiégé par le duc de Lancastre, et une trêve était survenue, pendant laquelle les troupes des deux camps enne mis joûtaient a armes courtoises en attendant l'heure de combattre armes tranchantes. Dugues clin n'était pas le dernier partager ces divertisse ments guerriers. Un jour qu'il s'y rendait cheval, et en la compagnie de ses écuyers et hommes d'armes, nu prisounier, pâle et chargé de fers, vint se jeter ses pieds, en criant aide et merci.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 1