Dans la soirée du 20 courant, un
commencement d'incendie s'est déclaré
dans l'auberge habitée par le nommé
Louis Messene, cabaretier Thourout.
Un sabot contenant du feu et de la
paille, a été passé travers le toit et
déposé sous un tas de bois qui se trouvait
sur le grenier, où le feu s'est immédiate
ment communiqué, mais on est parvenu
l'éteindre temps.
Un honorable correspondant nous
mande de Fleurus que le bruit s'est pro
pagé dans ce canton que toute l'ancienne
monnaie de cuivre de France allait cesser
d'avoir cours non seulement en Belgique,
mais en France. Le commerce s'en est
ému. Ce correspondant nous adresse les
questions suivantes:
1° Quelle espèce de monnaie de cuivre
ou de billon a cessé d'avoir cours en
Belgique
2° Quelle espèce de cette monnaie est
retirée de la circulation en France
3° Quelle perte probable doit-on sup
porter sur la monnaie qui n'a plus cours,
principalement sur les sous blancs?
Voici notre réponse
1° La monnaie de cuivre ou de billon
française ne peut avoir en Belgique qu'un
cours de tolérance. Il est permis tout
commerçant ou détaillant de la repousser.
2° En France, il n'y a que deux sortes
de petite monnaie de cuivre qui soient
mises hors de la circulation, ce sont les
pièces dites 2 sous, frappées sous l'empire
l'effigie de N., puis les pièces dites de
six liardsremontant une époque encore
plus ancienne, mais pourtant encore fort
nombreuses.
3° Jusqu'au 31 décembre prochain, on
peut faire présenter ces pièces la mon
naie de Paris qui doit en donner l'ins
tant même la contre valeur en espèces
ayant cours. II n'y a donc supporter que
des frais de transport et de commission.
Nous engageons donc les petits commer
çants et détaillants charger l'un ou l'au
tre banquier de la ville plus voisine de
leur résidence de cette opération, et pour
l'avenir, nous croyons qu'en égard la
brièveté du délai, la prudence exige de
repousser absolument de la circulation en
Belgique les deux espèces de monnaie que
nous venons d'indiquer.
Dans la nuit du 19 au 20 de ce mois,
la valise de la malle poste qui fait le ser
vice de Cologne Elberfeld a été enlevée.
Le courrier pense que ce vol a été commis
entre Deutz et Mulheim.
Cette valise contenait, outre les corres
pondances de France, d'Angleterre et de
Belgique, une somme de 27,000 thalers
(environ cent mille francs). Dans la préci
pitation que les voleurs ont dû apporter
dans l'exécution de ce vol, ils n'ont pas
aperçu, côté de la valise, un sac de
10,000 francs, qui a été retrouvé intact.
Une jeune demoiselle anglaise, née
et élevée dans le protestantisme, a fait
publiquement, le 19 de ce mois, Verviers,
son abjuration entre les mains de M. le
curé-doyen, en présence d'une foule con
sidérable.
Les journaux de Renaix annoncent
que M. Stalins-Vermeulen, pour échapper
aux poursuites de la justice, a pris la fuite,
laissant la discrétion de ses nombreux
créanciers pour environ 800 francs de
meubles.
Une commune avait souscrit; l'abbé Pa
ramelle y arrive le jour de la foire d'un
village voisinen sorte que la localité est
presque déserte. Cependant le maire est
son poste; on parcourt la campagne avec
quelques rares habitants. Je puis vous
donner, dit enfin le héros de la fête, une
source abondante qui coulera au milieu
du village. Comme le maire demeurait
en haut du village, dans une maison un
peu éloignée, il répondit assez brusque
ment Si elle ne vient pas près de ma
maison, je n'en veux pas. L'abbé salue et
se dirige sur une autre commune. Mais la
réponse de l'officier municipal avait été
entendue; des officieux courent en faire
part de tous côtés. Le public accourt de
près et de loin. On se met la poursuite
de l'abbé qui cheminait paisiblement en
disant son bréviaire; on l'atteint et on
l'entoure. Mille voix accusatrices s'élèvent
contre le mairestigmatisent son égoïsme
et supplient le savant de ne point les punir
de la faute de leur représentant. L'abbé ne
revint pas sur ses pas, mais se retournant,
il indiqua de loin l'ondroit de la source.
On remercie vivement, on court, on creu
se. La source est trouvée. Mais gare les
élections!
Le second fait est encore aujourd'hui le
sujets de toutes les causeries et a excité
partout une vive hilarité.
Un riche propriétaire voulut se moquer
un peu de la science de l'hydroscope. Il
possédait dans son jardin une source abon
dante. Il la cacha soigneusement auxyeux.
Aurai-je le bonheur de trouver de l'eau
sur cette propriété? Telle est la question
qui fut adressée l'abbé Paramelle. Mais
déjà celui-ci avait reconnu la ruse.Non,
répondit-il résolument. Mais enfin, M.
l'abbé, voyez, cherchez bien; il est impos
sible qu'il n'y ait pas ici quelque source.
Non, vous dis-je, il n'y aura pas de
source ici. Le financier rit sous cape; son
hôte n'a pas l'air de s'en apercevoir et se
dirige jusqu'à un champ éloigné de quel
ques centaines de pas. C'était l'unique ri
chesse d'un pauvre paysau. Seriez-vous
bien aise, lui dit l'abbé, de posséder une
source dans votre champ? Eh! mon
sieur, répond l'autre, je n'ai pas le moyen
de souscrire. Vous l'aurez gratis, ap
portez une pioche. La pioche vient, la terre
est fouillée, et une belle source jaillit
tous les yeux. Le riche propriétaire se pré
pare enfin jouir du fruit de son strata
gème et de la confusion de l'abbé. Il re-
Lechevalier reconnut dans cet homme son protégé
Jacques Plougastec.
Monseigneur, s'écria-t-ilprenez moi en
pitié ils ont tué ma femme et mes enfants; ils ont
brûlé ma ferme, ils ont dit nous te ferons souffrir
d'autant plus que tu es le protégé de Bertrand
Duguesclin.Et qui donc en a fait ainsi Les
gens de sire Thomas de Contorbéry et ce seigneur
lui-même. Ah! ah! fit le chevalier, sans plus
s'émouvoir en apparence. J'ai déjk un compte
régler avec lui pour avoir voulu faire prisonnier
mon jeune frère, malgré la trêve jurée; nous allons
voir ce qu'il en sera.
Disant cela, il dirigea son cheval vers le duc de
Lancastre. Monseigneur, dit-il, nous devions
avoir un tournoi et je viens vous proposer un duel,
un combat a mort... pour deux insultes que j'ai
reçues du sire Thomas de Cantorbéry. 11 y a huit
jours il avait fait prisonnier mon frère, enfant
sorti sans armes de la ville de Dinan, sur la foi de
la trêve conclue. Vous m'avez fait justice en ex
primant le désir que le combat n'eût point lieu.
L'abbé Paramelle. Nos lecteurs
connaissent déjà l'abbé Paramelle, le plus
célèbre hydroscope des temps présents et
passés, l'homme qui frappe du pied la
terre et en fait jaillir des sources bienfai
santes et qui est destiné rendre l'agri
culture et aux populations agricoles les
services les plus précieux et les plus du
rables. Nous croyons donc qu'ils ne liront
pas sans intérêt les deux anecdotes sui
vantes, que nous trouvons dans un journal
français, sur cet homme extraordinaire.
Elles sont authentiques et ont eu une foule
de témoins.
Mais aujourd'hui j'appends qu'un homme que
j'avais placé sous ma protection, a été, toujours
en dépit de la trêve, pillé, saccagé, ruiné et emmené
prisonnier, et cela par ce même Thomas de Can
torbéry. Je lui jette donc le gage de combat et que
Dieu soit en aide au bon droit.
Le duc de Montfort et le duc de Lancastre cédè
rent aux sollicitations de Duguesclin, et décidèrent
que le combat aurait lieu sur l'heure. On se tendit
donc dans l'emplacement où se trouvait rassemblé,
pour le tournoi, toute la noblesse des deux armées.
Bientôt les lances furent brisées, alors les deux
chevaliers sautèrent a bas de cheval et vinrent
l'un sur l'autre, la hache d'une main et la dague de
l'aure. Le combat fut long et terrible: car les
deux chevaliers montraient la même adresse et la
même force.
Thomas de Cantorbéry porta sur la tête de
Duguesclin un coup de hache si terrible que le
casque du chevalier breton s'en brisa et laissa son
front nu et sans défense. Jacques Plougastec,
qui priait a deux genoux en regardant celte lutte
terrible, crut que c'en était fait de son bienfaiteur
et sentit son cœur défaillir. Mais Duguesclin
rapide comme l'éclair se jeta sur son adversaire
ébranlé par le coup qu'il avait porté; et, introdui
sant le fer de sa hache dans la visière de Thomas
de Cantorbéry, il l'attira a lui et l'étendit sur l'a-
rêne; Ik, le tenant couché, il posa un pied sur sa
poitrine et dit:
Ah I sire Thomas de Cantorbéry, vous avez
voulu m'insulter et toucher a ce qui se recomman
dait a la loyauté même de ses ennemis, eh bien
je vous fais connaître, en présence de tous, pour
un traître, un félon et un méchant, bon k combat
tre contre des enfants et des vassaux sans armes.
Comme le sire Thomas de Cantorbéry étouffait
sous sa visière et allait périr, les hérauts d'armes
voulurent s'avancer et venir k son aide, en le dé
barrassant de son casque.
Non point vous autres, s'écria Bertrand
Duguesclin; non point vous autres! Que personne
n'y touche c'est k celui qui l'a outragé k lui don
ner la vie, si cela lui plaît toutefois. Holà mon