JOURNAL D ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2943.
29me année.
7FB.3S, 13 Décembre.
Si l'on en croit les organes du libéralis
me exclusif, les unionistes haïssent cor
dialement les institutions libérales dont la
révolution nous a gratifiés. Dans le camp
libéral seul se rencontre l'amour de la
liberté et les idées gouvernementales. A la
bonne heure! Mais, s'il en est ainsi, d'où
vient qu'on trouve bien souvent dans les
feuilles libérales, et jamais dans les jour
naux du parti modéré, un langage qui
décèle un mépris formel pour les divers
pouvoirs de l'État
Lors de l'adresse du Sénat en 1841
qu'était ce pouvoir constitutionnel, aux
yeux des ultra-libéraux? Un rouage tout-
à-fait inutile, une superfétation, qu'on
devrait se hâter de faire disparaître.
Aujourd'hui, que la CKambre des repré
sentants vient de proclamer de nouveau
la nécessité de gouverner d'après les prin
cipes qui tant de fois ont sauvé la patrie,
comment le parti exclusif traile-t-il ce
corps politique? On ne se contente pas
de mettre en question son intelligence et
sa bonne foi; on dit tout crûment que la
majorité est vendue, ou en d'autres termes,
que son homogénéité n'est qu'une ho-
mogénéité de part au budget, car les
deux tiers des votants pour le cabinet,
ont intérêt le défendre.
La royauté elle-même n'est pas l'abri
des insinuations les plus malveillantes,
LA SCIENCE DU BON HOMME
3.1CHAES
LE CHEMIN DE LA FORTUNE.
des commentaires les plus perfides. Le
Roi, après la dissolution du dernier cabi
net, n'a pas voulu abdiquer une de ses
Elus belles prérogatives,- il a voulu rester
oi, même en cas de dissentiment entre
ses ministres et les mandataires de la
nation, et pour ne pas se lier les mains il
a appelé au timon des affaires un ministère
unioniste: eh! bien, le Roi expiera un
jour ce crime de lèse-libéralisme.
Notre pays, dit un journal qui se
publie sous le patronage direct et avoué
de certains membres de l'opposition,
notre pays est gouvernemental et non
pas royaliste. Le trône, ses yeux, est
un élément d'ordre public extérieur et
intérieur. C'est dans ces termes qu'il
l'accepte, le soutient et le fortifie de son
adhésion plutôtque de son attachement.
Pour lui il n'y a point de prestige dans
un pouvoir avec lequel il compte, point
de culte traditionnel pour une dynastie
cadette de sa révolution, point d'enthou-
siasme poétique pour une famille sujette
des engagements résiliables en des cas
prévus. Notre bon sens public apprécie
notre royauté d'après sa conformité aux
nécessités du présent.
Peut-on dire en termes plus clairs, que
la royauté n'est pas inviolable, et que si le
parti ultra-libéral n'obtient pas au plus
tôt ce qu'il désire, la famille royale sera
brutalement congédiée
Aucun journal exclusif, que nous sa-
chions, n'a protesté contre un langage
aussi inconstitutionnel.
Le Progrès crie haut et fort contre M. le
Vicaire de Watou, d'abord parce qu'il est
Vicaire; et ensuite parce que cet homme
charitable n'épargne ni son temps ni ses
peines pour assurer la collecte en faveur
des pauvres le résultat le plus fructueux
possible. Au lieu d'encourager les efforts
de ce prêtre zélé dans l'intérêt de la classe
souffrante, l'habile journaliste tache de le
rendre odieux Il ne se donne plus la
peine de demander aux gens, dit-il, il
les taxe; et se dit muni de pouvoirs par
le gouvernement comme collecteur de la
taxe des pauvres. Nous sommes bien
persuadé que M. le Vicaire de Watou ne
s'arroge aucunement des titres ou des fonc
tions imaginaires; et qn'en prétendant le
contraire, le Progrès se permet une mé
chante calomnie, assuré qu'il est de l'im
punité par le caractère généreux et mo
deste de sa victime. Ceci devient d'autant
plus clair aux plus aveugles, que c'est
propos d'une affaire d'élections que le
grogneur montre une dent si hostile, com
me il l'avance lui-même au commencement
de son article. Tels sont les principes de
la feuille soi-disant libérale aux prêtres
qui se dévouent tout entiers au soulage
ment des malheureux, des outrages aux
apostats, comme Rouge, aux corrupteurs
comme Sue, des éloges.
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VÉRITÉ ET JUSTICE.
OD
(suite.)
II. Mais indépendamment de l'amour du
travail, il avait encore de la constance, de la réso
lution et des soins; il faut ses affaires par ses propres
yeux, et ne pas trop s'en rapporter aux autres. Car
comme dit le bon homme Richard, je n'ai jamais
vu un arbre qu'on change souvent de place, ni
une famille qui déménage souvent, prospérer
autant que d'autres qui sont stables. Et ail
leurs trois déménagements font le même tort
qu'un incendie. Gardez votre boutique, et votre
boutique vous gardera. Si vous voulez faire
votre affaire, allez-y vous-mêmesi vous vou
lez qu'elle ne soit pas faite, envoyez-y. Pour-
qu'un laboureur prospère, ilfaut qu'il conduise
lui-même sa charrue. L'œil d'un maître fait
plus d'ouvrage que ses deux mains. Le défaut
de soins fait plus de tort que le défaut de savoir
JVe point surveiller les ouvriers, c'est livrer sa
bourse leur discrétion. Le trop de confiance
dans les autres est la ruine de bien de gens; car
comme dit l'almanach, dans les affaires de ce
mondece n'est pas par la foi qu'on se sauve,
c'est en rîen ayant pas. Les soins qu'on prend par
soi-même sont toujours préférables; carle savoir
est pour homme studieux, et les richesses pour
l'homme vigilant, comme la puissance pour
la bravoureet le ciel po ur la vertu. Si vous
voulez avoir un serviteur fidèle et que vous
aimiez, servez-vous vous-même. Le bon homme
Richard conseille la circonspection et le soin par
rapport aux objets même de la plus petite impor
tance, parce qu'il arrive souvent qu'une légère
négligence produit un grand mal. Faute d'un clou,
dit-il, le fer d'un cheval se perd, faute d'un fer,
on perd le chevalet faute du cheval, le cavalier
lui même est perdu, parce que son ennemi l'at
teint et le tue, et le tout pour n'avoir pas atten
tion un clou au fer de sa monture.
III. C'en est assez, mes amis, sur le travail et
sur l'attention que l'on doit donner ses propres
affaires; mais nous devons en outre avoir l'éco
nomie, si nous voulons assurer le succès de notre
travail. Si un homme ne sait pas épargner mesure
qu'il gagne, il mourra sans avoir un sou, après
avoir été toute sa vie collé sur son ouvrage. Plus
la cuisine est grasse, dit le bon homme Richard,
plus le testament est maigre. Bien des fortunes
se dissipent en même temps qu'on les gagne,
depuis que les femmes ont négligé les soins du
ménage pour les plaisirs, et que les hommes
ont quitté pour le cabaret la hache et le marteau.
Si vous voulez être riche, dit il dans un autre
almauach, n'apprenez pas seulement comment
on gagne, sachez aussi comment on ménage.
Les Indes n'ont pas enrichi les Espagnols,
parce que leurs dépenses ont été plus considé
rables que leurs profits.
Renoncez donc vos folies dispendieuses, et
vous aurez moins a vous plaindre de la dureté des
temps, de la pésanteur des impôts et des charges de
vos maisons, car, comme dit le bon homme Richard,
les femmes, la boisson, le jeu et la mauvaise
foi diminuent la fortune et multiplient les
besoins. Il en coûte plus cher pour entretenir un
vice que pour éléver deux enfants. Vous pensez
peut être qu'un peu de vin, un peu de liqueur de
fois a autre, qu'une table un peu plus délicate, des