QUINZE ANS (1830-1843). Dans la séance du conseil communal d'Ypres, M. l'échevin Van den Peereboom a donné connaissance des démarches faites, au nom du conseil et de la chambre de commerce, pour activer les travaux sur la ligne ferrée d'Ypres Courtray. Le Roi aurait accueilli d'une manière très-affable la députalion et exprimé l'opinion que le gouvernement devait la ville d'Ypres une compensation, en retour du tort causé cette ville pour la construction du canal de l'Espierre. M. le ministre des travaux publics, que la députalion a vu également, a dit que tous les moyens possibles seront employés pour activer la pose du railway d'Ypres la ligne de l'État. Les plans sont renvoyés déjà l'examen du conseil des ponts et chaussées. Jeudi, est arrivé Ypres, se rendant Poperinghe, M. Desart, ingénieur en chef des ponts et chaussées. Ce fonctionnaire est, dit-on, chargé de la part du conseil des ponts et chaussées de faire le rapport sur le tracé du chemin de fer de Courtray sur Poperinghe, proposé par l'ingénieur anglais Henderson. Le tribunal civil de Bruges vient de prononcer son jugement dans l'affaire des héritiers de Mgr. de Broglie, ancien évêque de Gand, contre l'État belge. Le tribunal a déclaré les héritiers de Mgr. de Broglie non fondés dans leur demande (qui s'éle vait environ 150,000 francs) et les a condamnés aux dépens du procès. M. le juge d'instruction Dusart, M. Bemelmans substitutdu procureur du Roi, un commis-huissier et plusieurs gendar mes, se sont transportés dimanche matin Campenhout et y ont entendu plusieurs témoins dans l'affaire relative l'incendie qui a lieu Erpsquerbs, et dans laquelle deux vieillards ont si malheureusement péri. Un témoin s'était rendu il y a quel ques jours Louvain pour déposer dans cette affaire, et en revenant il fut attaqué par plusieurs individus qui le rouèrent de coups et le laissèrent étendu sur lechemin; cette circonstance est de nature faire croire que l'incendie est réellement la suite d'un crime. Dimanche soir, entre 8 et 9 heures, des malfaiteurs ont tenté de pénétrer l'aide de fausses clés, dans deux différen tes maisons Gand. Un journal de cette ville assure, cette occasion, que des ban des de voleurs sont organisées Gand. Il est des quartiers, dit-il, où les veilleurs de de nuit n'osent plus paraître dans les rues une heure avancée, de crainte d'être as saillis par les malveillants qui les parcou rent. Par arrêté royal en date du 13 de ce mois, la peine de mort prononcée contre Frédéric Van Temsche, par arrêt de la cour d'assises de la Flandre-Occidentale du 23 août dernier, a été commuée en celle des travaux forcés perpétuité, sans ex position ni flétrissure. Une de ces négligences si coupables chez les parents, causé, au hameau de Ilavelberg, sous Wallaert, un événement des plus déplorables. Un jeune enfant de 9 ans, chargé par les époux R... d'en sur veiller un autre de 26 mois seulement, s'était assis près du feu, préparé dans la place principale du logis. Le plus jeune s'ébattait, de son côté, non loin du seuil de la porte. L'apparition d'une truie vient bientôt changer en frayeur son enfantine gaieté; c'eut été peu, si la truie ne lui eût fait au bras une blessure assez profonde. L'enfant éploré s'enfuit vers son jeune sur veillant. Egaré peut-être parla douleur, il s'approcha si vivement du feu que la flamme prit ses vêtements. L'aîné lui prodigua ses secours, mais en vain; et la flamme les enveloppa bientôt tous les deux. Un boucher, qui passait fort heureusement parvint étouffer le feu. Mais le plus jeune ne dounait plus signe de vie; quanta l'aîné, quoique grièvement blessé, on espère le sauver. MM. Borguet, Dumonceau, Richard Lamarche et G. Lamarche sont la tête d'une compagnie qui offre au gouverne ment de se charger de l'exécution du che min de fer direct de Gand Bruxelles, en passant par Alost, en laissant après l'achè vement, moyennant certaines stipulations, l'exploitation au gouvernement. Ces messieurs ont donné la certitude qu'ils étaient en mesure de commencer immédiatement les travaux. On nous écrit de Malines que la no mination de M. l'échevin Depauw, comme chevalier de l'Ordre de Léopold, a été ac cueillie dans cette ville avec un vif senti ment de satisfaction. M. Depauw est un des plus anciens fonctionnaires du royaume et pendant un grand nombre d'années il a rempli, avec autant de zèle que de désinté ressement, les fonctions importantes de bourgmestre de Malines. La police de Liège a arrêté le nommé N.-J. Dumoulin, peintre en cette ville, au teur d'un vol de 700 francs, commis au f>réjudice d'un cabaretier de la rue Devant- a-Magdeleine. On écrit de l'arrondissement d'Au- denaerde, le 15 décembre: Dimanche, 7 du courant, pendant la grand'messe, trois individus ont essayé de s'introduire dans la maison presbytérale de Maeter, en l'absence de M. le curé et de son vicaire, qui se trouvaient l'église. Ils ont exigé, avec menaces, de l'argent de la servante, qui se trouvait seule au logis; celle-ci,- sous prétexte d'en aller chercher, est mon tée la chambre coucher du vicaire, s'y est armée d'un pistolet et l'a déchargé par la fenêtre. Sur ce coup, destiné donner l'alarme, les malfaiteurs ont pris la fuite. On écrit d'Ecaussinnes, le 14 décem bre La commune de Marche lez-Ecaus- sines vient d'être le théâtre d'un crime atroce qui a jeté l'épouvante et la conster nation parmi les habitants. La nommée Anne-Joseph Semaine, vieille fille, ci-devant au service de M. Ducochet, ancien doyen de Chimay, habi tait depuis quelques mois la commune de Marche lez-Ecaussines, où elle s'était reti rée après la mort de son vieux maître, qui avait été curé de cette paroisse. Elle occu pait un petit quartier de deux pièces, dont l'une au rez-de-chaussée lui servait de re mise l'autre au second étage, où elle logeait habituellement. Dans la matinée de jeudi vendredi dernier, les voisins s'étonnèrent de ne pas la voir sortir l'or dinaire; leur attention s'éveilla plus sé rieusement lorsqu'ils s'aperçurent que la fenêtre de la place d'en bas était ouverte, et que l'un des contrevents avait été déta ché de force. C'en était assez pour inspirer quant tout eD ce moment fait une loi d'oublier les blessures personnelles,si l'on veut se flatter d'ob tenir de celui qui juge les intentions les plus secrètes, le pardon, imploré avec tant d'instance et de supplications? Espérons donc que les premiers fruits de cette mission apostolique se ront la concorde, la réconciliation sincère et la paix dans toutes les familles, comme pour tous les individus. P.-S. Un exemple touchant du zèle vraiment apostolique avec lequel les RR. PP. Jésuites se prêtent a tout ce qui peut contribuer a répandre leurs salutaires instructions, a été donné par l'un d'eux (le P. Walle), qui a prêché deux fois en français, en faveur des employés des douanes. Le chef de ces employés les a conduits en tenue d'uniforme aux deux conférences, tenues dans la Chapelle de l'Hôpitalet tous y ont assisté avec la plus grande décence. C'est sous ce titre que M. De Decker, membre de la Chambre des représentants, vient de publier une brochure destinée a faire sensation. L'auteur a pris la plume l'occasion des débats mémorables qui ont eu lieu <t nos Chambres, et qui ont retenti dans le pays tout entier. 11 y a eu, pendant la discussion de l'adresse en réponse au discours du trône, autre chose qu'une joute oratoire entre le ministère actuel et ceux qui convoitent sa succession. 11 s'agissait de décider s'il fallait continuer les traditions du Congrès, ou les répudier a jamais. La solution est connue. Une majorité imposante, votant, quoiqu'on dise, avec la plus entière liberté, a jugé que les hommes mo dérés de tous les partis étaient seuls capables de gérer utilement les affaires générales du pays; en d'antres termes, que le bonheur de la patrie est attaché, de l'avis de la majorité, au maintien de Y Union. Cette union entre l'opinion catholique et le libéralisme large et vrai, peut exister, elle doit exister telle est la thèse que soutient M. De Decker. La majorité, que l'opposition veut détruire a tout prix, a des droits évidents a notre reconnais sance et aux sympathies de tous les hommes impar tiaux. L'écrivain va nous exposer a grands traits tout ce qu'elle a pu accomplir grâce a l'Union. a Depuis l'époque du Congrès, la conduite de l'opinion catholique, principal noyau de cette majorité qui jusqu'à ce jour a résisté tant d'assauts et survécu tant d'attaques a constamment été marquée au coin du vrai libéralisme. Cette opinion peut avoir commis des maladresses, des fau- tes, eh quel est le parti politique qui n'en commette pas? Elle peut s'être parfois laissée aller d'injustes soupçons, des défiances exagérées, je le veux bien mais, au point de vue constitutionnel et national, quels reproches graves peut-on lui adresser, quels grifs sérieux peut-on lui imputer? Où trouver plus d'affection et d'attachement notre jeune m dynastie Ou trouver plus de respect pour l'autorité, plus de sym- pathie réelle pour le peuple Où trouver plus d'éléments d'ord re et de paix, des moeurs et des traditions plus nationales Où trouver plus de fidélité aux principes, plus de désin- téressemeut personnel m Eh bien, le spectacle de tant de qualités et de vertus civiques n'a pu désarmer ce libéralisme exclusif qui, exa- minant les actes de ses adversaires travers la loupe des préjugés, a dressé contre la majorité cette liste de griefs tellement futiles que, dans aucun pays constitutionnel, un parti qui se respecte n'oserait les inscrire dans son pro- gramme d'opposition. Ce ne serait rien encore que le libéralisme exclusif se montrât systématiquement injuste l'égard de la majorité, s'il n'enveloppait dans son système de dénigrement et l'hon- ncur même du pays et l'avenir des institutions libres. Mais, il est pénible de le dire, tandis que les peuples voisins jettent un regard d'admiration et d'envie sur notre Constitution, tandis qu'ils ne cessent de demander la liberté comme en Belgiqueil se trouve chez nous de prétendus amis de la 2> patrie qui se font un jeu de la calomnier et de la flétrir aux yeux de l'Europe entière, de prétendus amis de la liberté qui se font un plaisir de désillusionner et de dégoûter l'op- primé qui soupire après elle Du reste, quoi que puisse faire ou tenter ce patiiotisme d'un genre nouveau, elle brillera dans nos annales, glorieuse et instructive, l'histoire des quinze ans du règne de cette majorité unioniste qui n'a failli aucun devoir, qui n'a fait défaut aucune situation. Elle a traversé bien des orages, conservant son calme et sa dignité. Sa raison a eu souvent n lutter contre les plus nobles inspirations du coeur. Intrigues de l'étranger, conspirations intérieures, sa fermeté a tout déjoué. Elle a su, sans ostentation comme sans morgue, résis- ter aux influences du pouvoir, et, ce qui est plus difficile, aux séductions de la popularité. Distinguant la vérité der- riêre tous les uuages dont cherchait la voiler l'esprit du parti, allant droit l'intérêt national en dépit de tous les efforts que les intérêts particuliers faisaient pour la dérou- ter elle a tranché toutes les questions importantes avec ce bon sens qui est du génie. Oui, encore une fois, elle a fait d'admirables choses, cette majorité qu'on cherche humilier et proscrire!

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 2