JOURNAL D YPRES IT DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 2951. Samedi, 10 Janvier 1846. 29me année.
Le 5 janvier a eu lieu l'installation des
nouveaux membres du conseil communal.
On nous écrit de Poperinghe, 7 janvier:
La Société philharmonique de notre
ville, sous la direction de M. Istas, chef de
musique du 5' régiment de ligne, nous a
prouvé qu'elle est véritablement digne de
la sollicitude de l'administration; s'asso-
ciant aux généreux efforts des membres
du bureau de bienfaisance, dont le zèle et
l'activité pour le bien être de la classe in
digente s'accroissent raison de la gravité
des circonstances, elle a voulu prêter l'ap
pui de son talent au soulagement de ces
malheureux et avait ces fins, organisé
une soirée musicale leur bénéfice qui a
eu lieu hier dans une des salles de l'hôtel
de ville. Le programme si attrayant et
l'empressement connu de nos habitants
s'associer une bonne œuvre, nous étaient
un garant que celte soirée serait la fois
et bien agréable et bien productive. Nous
n'avons pas été trompé dans nos prévi
sions, le succès a surpassé notre attente,
grâce au dévouement de la commission
nommée dans le sein de la société chargée
de recueillir les offrandes domicile et
qui mérite tous nos éloges. Le Concert
donné au bénéfice des pauvres par la
Société philharmonique de Poperinghe a
produit une somme de cinq cents francs,
qui a été versée entre les mains de l'admi
nistration de bienfaisance. Les frais de la
soirée ont été payés par la société, qui sous
l'inspiration de l'œuvre qu'elle accomplis-
sait, et animée par la présence d'un public
nombreux et choisi, (car tous avaient
voulu non seulement souscrire, mais en
core par leur présence encourager cette
noble et généreuse idée et plus de trois
cents personnes assistaient ce concert),
a joué avec une rare perfection tous les
morceaux du programme les ouvertures
de la Sirène et du duc d'Aulonne, les pots-
pourris de Zampa et du Pré aux Clercs,
etc., etc. Le parfait ensemble et le fini dans
l'exécution, lui ont valu des applaudisse
ments et des éloges justement mérités, et
son habile directeur une juste admira
tion de son beau talent, qui s'est révélé
encore dans cette même soirée dans l'exé
cution d'un morceau de haut-bois, de sa
composition, qui a transporté tout l'audi
toire.
Un air varié pour flûte exécuté par M'
Debaecker, membre de la société, avec
celle netteté et pureté de sons qui caracté
risent son talent, a fait le plus grand plaisir.
La société a chanté avec beaucoup de pré
cision et de goût le chœur de la prison
d'Edembourg et l'Ixelloise valse. L'accom
pagnement de tous les morceaux a parfai
tement bien marché, enfin tous ont rivalisé
de zèle et nous devons ici des éloges
des membres honoraires, des personnes
étrangères même la société, qui se sont
empressés de prêter l'appui de leurs ta
lents.
Honneur la Société philharmonique,
qui en présence de tant de misères, a su
comprendre que ses progrès, ses plaisirs,
pouvaient servir leur soulagement! Hon-
neur aux habitants qui se sont empressésde
répondre ce généreux appel! Que la bé
nédiction des familles que leurs efforts ou
leurs offrandes auront soulagées soit leur
juste récompense. X.
Jîtesstfura,
On s'abonne Ypres, Grand'-
Place, 34, vis-i-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
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Pour Ypresfr. 4OO
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tion doit être adressé l'Éditeur
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clames, ti centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
7FB.3S, 10 Janvier.
UNE ÉTUDE
NUMISMATIQUE ET HISTORIQUE.
Dans le courant du mois de Novembre, des ouvriers ont
trouvé en extirpant un bois dans les environs de Poperinghe,
une médaille romaine en argent, de l'empereur Trajau:
l'avers se trouve une tête laurée, avec la légende imp. traiano.
àuc. ger. dac. (l'empereur TrajauAuguste, le germanique,
le Dacique) et au revers une figure debout, entourée de la
légende p. m. tr.p.cos. vu. (grand pontife, exerçant le pouvoir
tribunicïen, consul pour la septième fois.)
Comme cette médaille est assez rare nous croyons que
quelques commentaires sur les légendes, peuvent offrir de
l'intérêt la fois sous les rapports numismatique et historique.
Outre les surnoms de Germanique et de Dacique, Trajan
obtient ceux d'Armènique et de Parthique. Il avait fait éprouver
sa valeur aux peuples de Germanie, pendant la première année
le son règne. Il était Cologne lorsqu'il reçut la nouvelle
ju'ii était associé l'empire, et il ne revint Rome que plus
l'un an après la mort de Nerva.
Après avoir établi sa puissance en Italie, il emmena ses lé
gions au-delà du Danube contre les Daces, et réduisit leur roi
-
I
Décébale qui lui fut un digne reval, racheter son royaume
sons de dures conditions, que le sénat romain fut appelé
ratifier. Deux années de paix suivirent. Décébale recommença
les hostilités; mais cette fois il fut traité sans pitié, vaincu et
sa us espoir, il se donna la mort et la Dacie devint une pro
vince romaine.
Après un autre intervalle de paix de huit années, Trajan
commença ses excursions en Asie, entra en conquérant dans
l'Arménie, et poursuivit sans relâche Chosioès, le roi des
Parlhes, qu'il força abdiquer en faveur de Parthamaspatès.
Tant d'exploits brillants, grossis encore par la renommée
qui en transmettait le récit Rome, lui firent décerner, au
milieu des transports du plus vif enthousiasme, les surnoms
glorieux d'Arménique et de Parthique.
Le titre de graud pontife que l'on trouve sur cette mé
daille, était commun tous les empereurs: ils réunissaient en
leur personne le sacerdoce et l'empire.
Les empereurs cumulaient aussi le pouvoir des tribuns, qui
étaient renouvelés tous les ans, et comme cette fiction datait
de leur avènement, l'indication du nombre de ces simulacres
de tribunicie est en même temps l'indication de l'aunée même
où le prince a occupé le trône: la médaille serait donc de la
M' Vandooren a prononcé le discours suivant
sur la tombe de son amiM' Verheyle-
wegen.
Avant de refermer la terre sur la dépouille
mortelle de notre généreux ami et frère, souffrez
que je vous retienne un moment ici, pour en votre
présence jeter sur cette tombe chérie sinon quel
ques fleurs a sa mémoire, du moins quelques paroles
de consolation pour sa famille et pour nous tous.
Non, l'homme de hier, qui vient de nous être enlevé
n'est pas plaindre, il jouit du repos et de la paix
inaltérables, mais nous avons h pleurer sur nous
mêmes, surtout ceux qui perdent en lui un modèle
suivre de toutes les vertus domestiques et sociales.
Mr Pierre-Antoine Verheylewegennacquit
Bailleul d'une famille honorable le 18 Juin 1794.
Destiné au commerce par sa naissance, il fut font
coup sous les armes par les événements extraor
dinaires où se trouvait sa patrie. Sa carrière mili
taire fut courte mais glorieuse. Toute l'Europe
coalisée envahissait la France pour achever la
ruine de l'Empire. Mr Verheylewegen fut eorôlé
dans la jeune garde le 15 Août 1813, h cette
époque remarquable où Napoléonrassemblant
toutes les ressources de son génie, devait battre
tour a tour les diverses armées qui menaçaient
la capitale; k cette époque où chaque jour fut une
campagne et chaque pas une victoire. Mr Verhey
lewegen se distingua dans cette opération militaire
a jamais mémorable, et fut promu au grade de
sergent, blessé la bataille de Montmartre le 29
Mars i8x4, et scella de son sang le dernier jour
première année du règne de Trajan (l'an quatre-vingt-dix-huit
de J.-C.)
Pour comprendre les mots oonsul pour la septième fois,
il faut se rappeler que les empereurs étaient quelquefois con
suls avant de parvenir au trône et même durant leur règne.
Trajau avait été consul pour la première fois sous Domitien
l'an 91 de notre ère. Après son consulat, il s'était retiré eu
Espagne, et c'était de cette province qu'il avait reçu l'ordre de
revenir pour se mettre la tête des légions de la Basse-Germanie.
L'empereur Trajan fut appelé la puissance souveraine l'an
quatre-vingt-dix-huit il fut reconnu empereur d'une voix
unanime par le sénat, le peuple et les armées il mourut
Sélinunte en Cilicie, qui prit le nom de Trajanopolis, le onie
Août de l'an cent dix sept, dans sa soixante quatrième année
de son âge et la vingtième de son règne.
Trajan, malgré les vices dont on rougit pour lui, malgré ses
persécutions dirigées isolément contre quelques chrétien»,
malgré sa folle passion des conquêtes, est regardé comme le
souverain le plus accompli dont l'histoire ait jamais parlé- Son
régne, si glorieux tant d'autres titres, se recommande encore
comme époque littéraire. C'est sous son règne que fleurirent
Juvenel, Frontin, Florus, Tacite, Plutarque, Pliue-le-jeune,