JOURNAL DYPRES ET DE IARR0NDISSE1ENT. N° 2963. Samedi, 21 Féûer 1846. 29me année. Mercredi^ 18 Février, est décédé en cette ville, l'âge de 85 ans, Mr J.-Fr. Deconinck, ancien membre du Congrès et du Sénat, décoré de la croix de fer et chevalier de l'ordre de Léopoldprésident de la com mission des hospices. M. Deconinck a rem pli de nombreuses fonctions publiques, dans lesquelles il avait constamment mé rité l'estime générale. La mort de cet homme de bien, aussi distingué par ses vertus que par ses grandes capacités, a été extrêmement édifiante. La dépouille de M. Deconinck a été in humée ce matin Zillebeke. Deux discours ont été prononcés sur la tombe, l'un par un membre de la magistrature, M. De Patin, procureur du Roi; l'autre par un membre du barreau, M. Honoré Smaelen. Dans le discours de M. Smaelen, nous avons remarqué ce passage La perte d'un homme tel que M. Deconinck est un événement public... Dans les cités payen- nés ou l'amour de la patrie régnait en pleine vigueur, on eut, en signe de deuil, suspendu les frivolités des jours qui vont suivre... ENSEIGNEMENT MOYEN. On lit dans Y Emancipation Un nouveau conseil de cabinet a été tenu hier; il a roulé entièrement sur l'examen de divers points relatifs au projet de loi sur l'enseignement. La discussion n'est pas terminée. Mardi, au bal de la cour, Sa Majesté a longuement causé en particulier avec M. d'Huart, ministre d'Etat. Les conjectures sur les embarras du ministère continuent. M. Van de Weyer se trouvant indisposé, il n'y aura pas de conseil des ministres aujourd'hui. La retraite de M. Van de Weyer est pré" sentée, par les personnes bien informées, comme un fait probable. On donne aussi comme une espérance que l'interrègne mi nistériel ne sera pas de longue durée. L'indisposition dontest affectéM. Dupont ministre de la guerre, donne lieu de penser qu'il va devenir nécessaire de pourvoir son remplacement. On nous écrit de Wervicq, le 8 février: La société des Amateurs Choristes de la ville de Wervicq a organisé ses propres frais, un grand concert vocal, au profit des pauvres de cette ville. Ce concert qui a eu lieu dimanche, 15 de ce mois, avait attiré toute l'élite de la localité et des connais seurs. La salle qui peut contenir de 250 300 personnes était comble, les autorités ecclésiastique, judiciaire et administrative, y étaient représentées; on y remarquait aussi beaucoup de dames et de messieurs étrangers la ville. Tous les morceaux ont été applaudis; les Trois Gloires, chœur de B.Wilhem, la romance mon Pauvre Enfant, de Donizetli, le Chœur du Marché, d'Auber; Y air de Guillaume-Tell, le Sacrifice cTAbraham de Cocone, et le Chœur de ta Patrouille, de V. Petit, ont été exécutés avec une précision admirable; YOrage, ou les Enfants du pê cheur, chœur avec accompagnement de piano, composé par un artiste belge, a ex cité un enthousiasme général et difficile décrire. Lundi, dans l'après-midi, une femme de 63 ans, a été trouvée brûlée dans sa demeure, Tournai. La fabrique de bouchons la méca nique, établie au Sas de Gand, vient d'être réduite en cendres; elle appartenait M. Serruys, de Rotterdam, et n'était assurée que pour une faible partie de sa valeur. Plusieurs millions de bouchons fabriqués et de liège en planche ont été détruits ainsi que les mécaniques. On suppose qu'un in cendie spontané s'est déclaré dans les énormes amas de rapures de liège dont on s'apprêtait faire des matelas pour la marine. On assure que S. M. a signé hier la nomination de M. d'Huart comme ministre de l'intérieur, en remplacement de M. Van de Weyer. M. Dupont,,ministre de la guerre, est gravement indisposé depuis quelques jours. Ce haut fonctionnaire a été saigné plusieurs fois. On ne se rappelle pas que depuis un très-grand nombre d'années, il y ait eu un si grand nombre d'arrestations en un jour Bruxelles que dans la journée de Jundi. On s'abonne Ypres, Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'.tBOIXEHEXT, par trimestre, Pour Ypresfr. 3 Pour les autres localités 33® Prix d'un numéro. Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé 4 l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IKSERTIOXS. 17 centimes par ligue. Les ré clames, 33 centimes la ligne. vérité et justice. 2"PB,3S, 21 Février. II n'est bruit, dans les cercles libéraux, que de la future loi sur l'enseignement moyen.Tandis que tout le monde s'intrigue a deviner quelle espèce de concours le clergé sera appelé a lui donner, le Feuilleton Belgemotive son opinion comme suit Voulez-vous, MM. les libéraux, ou ne voulez- vous pas l'intervention du clergé Voulez-vous ou ne voulez-vous pas l'enseigne ment d'une religion positive? Voulez-vous ou ne voulez-vous pas une morale religieuse Voyons, faites votre choixnous nous en tien drons au reste. Ne voulez-vous pas l'intervention du clergé C'est bien, c'est parfaitement bien. Ne voulez-vous pas l'enseignement sérieux de la religion catholique pour les enfants des catholi ques? C'est bien c'est parfaitement bien. Ne voulez-vous pas une morale sanctionnée par les dogmes? C'est mieux encore. Bâtissez votre loi sur ces principes, nous vous laisserons faire. Admettez-vous l'intervention du clergé, l'ensei gnement de la religion et de la morale religieuse? Nous sommes d'accord avec vous sur les princi pes; mais voyons la pratique, l'exécution. En prêtant son concours aux établissements de l'Etat, le clergé aide a faire concurrence ses pro pres établissements. En écartant l'intervention dulergé, l'Etat affai blit, ruine ses établissements et «le la prospérité des institutions du clergé. Ainsi, en supposant, comme lefaitle libéralisme que le clergé ait deux intérêts aménager, celui de la politique et celui de la religioi le clergé faisant abstraction, si c'est possible, de 'intérêt religieux, doit désirer d'être écarté descolégesde l'État. Ceux-ci ne tarderaient pas en :fifet d'être frappés de la réprobation publique, si 1*| religion n'y était pas enseignée par les dépositaire» Dés de la doctrine catholique; ils tomberaient bientôt en décadence, en ruine. Donc au point de vuehumainnous ne devons pas prodiguer le conco»rs du clergé aux établissements rivaux des nôtres. Mais la religion, le salut des ouailles comman dent au clergé d'autres pensées, uneautre conduite. Il doit désirer que son intervention soit admise, lors même qu'elle deviendrait préjudiciable ses pro pres établissements. dad9 le premier oenoj c'eol v«*i aaui rfioc cpi'il fnitj dans le second, c'est un devoir qu'il remplit. Pour tant ce sacrifice et ce devoir ne doivent pas être inutiles, et ils le seraient si le clergé n'avait pas, dans les établissements de l'Etat, une position con venable une mission sérieuse. Il faut donc en revenir au dilemme que j'ai déjà posé ou vous reconnaissez au clergé une mission divine, ou vous ne le regardez que comme un in strument humain. Dans le premier cas, que crai gnez-vous? Comment osez-vous repousser ce que vous êtes obligés d'admettre en conscience? Dans le second cas, pourquoi recherchez-vous l'appui, le concours du clergé? Repoussez-le, c'est plus sim ple, et tout est dit. bruits sur le ministère. P. S. Hier soir, les ministres se sont de nouveau réunis entr'eux, pour s'occuper du projet de loi sur l'enseignement. Nous regrettons de devoir annoncer que cette dernière discussion n'a pas amené de rap prochement sur les questions qui divisent le cabinet.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1846 | | pagina 1