FRANCE. Paris, 8 Mars.
Depuis quelques jours un flageolet se
fait attendre toute heure dans les salles
d'étude de l'école polytéchuique. Les sur
veillants de toute espèce sont sur les dents.
L'autorité est réduite au désespoir. Le pré
fet de police a renoncé trouver le lutin
séditieux qui paraît avoirélu domicile dans
la plus savante de nos écoles, comme pour
charmer les ennuis de la discipline nou
velle. On prétend que c'est un flageolet
politique. Néanmoins on ne conçoit pas
qu'il ose résister un général d'infanterie.
Le conseil des Ministres a délibéré sur ce
cas fort grave. Les mesures les plus éner
giques ont été adoptées. Une promotion
tout entière a été consignée; mais le fla
geolet n'en chante que de plus belle. Nous
croyons qu'il n'y aurait qu'un moyen de le
faire taire, ce serait de n'y pas faire at
tention.
Un comité polonais vient de se former.
Il est déjà composé des noms suivants
MM.F. Arago de l'Institut, député, E. Baune,
David (d'Angers), de l'Institut, Dupoty,
Etienne Arago, Félix Avril, Ferdinand
Flocon, Guinard, Joly, député, Lamennais,
Ledru-Rôllin, député, A. Lainasson, Les-
serre, V. Leoutre, Louis Blanc, Micbelet,
Pascal Duprat,Quinet, Recurt, Schoelcher,
Vallier.
Il paraît certain que M. Rossi sera
nommé définitivement ambassadeur de
France près le Saint-Siège.
On remarque toujours un mouvement
extraordinaire de courriers toutes les
ambassades du Nord depuis qu'il est ques
tion de l'insurrection polonaise.
-r On assure que des jeunes soldats qui
ont demandé partir au secours de la
Pologne, ont immédiatement été envoyés
l'Abbaye.
Une convention réciproque vient
d'être conclue entre la France et le grand-
duché de Bade, pour l'échange périodique
et régulier des correspondances entre les
deux pays.
M. Rosemond de Beauvallon, renvoyé,
il y a six sept mois, par la chambre cri
minelle de la cour de cassation, devant la
cour d'assises de Rouen, sous l'accusation
de meurle volontaire commis sur la per
sonne de M. Dujarier, vient de se mettre
la disposition de M. le procureur du Roi.
Il a été écroué dans les prisons de Rouen;
l'affaire doit venir très-prochainement de
vant le jury. La famille de M. Dujarier se
porte partie civile.
On nous écrit d'Italie qu'une émeute
occasionnée par la cherté des grains, a
éclaté Plaisance dans la journée du 25
février et que la populace s'est portée
de tels excès que la garnison autrichienne
qui occupe la cidalelle, se serait vue dans
la nécessité de se servir de ses armes.
Quatre personnes auraient été tuées dans
la melée, sans compter les blessés dont le
nombre était évalué 12 ou 15.
On écrit de Teniet-el-Had, le 19 février,
YAkbar
Une affaire qui fait le plus grand hon
neur aux bataillons d'Afrique vient de se
passer dans les montagnes des Ouled-Bes-
sem, au sud du pic de l'Ouarensis, 700
chasseurs des 1" et 2e bataillons d'Afrique,
réunis sous les ordres du chef de bataillon
Prévost, commandant supérieur de Teniet-
el-Had, sont tombés, après une marche de
14 heures sur les silos des tribus insurgées
et ont enlevé, outre un butin considérable,
cinq cents charges d'orge et de blé.
Le khalifat d'Abd-el-Kader dans l'Oua
rensis, Oulid-el-Hadj-Sehgir, appelé au
secours des tribus, a vainement tenté de
'opposer au passage du convoi. Malgré
es difficultés d'un pays horriblement ac
cidenté, nos valeureux chasseurs n'ont pas
perdu une seule bête de somme et ont fait
éprouver au contraire l'ennemi des per
tes considérables. Au nombre des tués on
compte un des chefs les plus influents des
Beni-Tigrin, nommé Ali-ben-Thaman.
De notre côté, nous avons eu deux tués
et une vingtaine de blessés. Parmi ces
derniers on cite le capitaine Bastide, du
2e bataillon, frappé d'une balle au moment
où il enlevait, marchant quinze pas en
avant des siens, une des positions de
l'ennemi. Ce brillant officier, un instant
au pouvoir des Arabes, succombait sous
leurs coups, lorsqu'un des sous-officiers,
aidé de quelques chasseurs, le dégage,
arrache son sabre des mains d'un Kabyle,
et se retire avec son précieux fardeau au
milieu d'une grêle de balles et de pierres.
Un caporal du 1" bataillon, nommé
Langlois, évacuant une position, s'aperçut
qu'un blessé était resté en arrière: revenir
sur ses pas, enlever le malheureux blessé
au moment où il allait tomber entre les
mainsdes Arabes, le chargersursesépaules
et l'emporter au convoi, malgré un coup
de feu qu'il recevait lui-même, fut pour ce
brave l'affaire d'un instant.»
On ne savait pas Alger, le 28 février,
ce qu'était devenu Abd-el-Kader, mais on
avait appris que Ben-Salem et Ben-Kassem
se sont retirés chez les Beni-Raten, avec le
produit des déprédations exercées sur les
malheureuses tribus du cercle de Dellys et
des Issers.
M. le lieutenant-général Bedeau et un
officier d'ordonnance, arrivés Bildah le
20 février, dans la soirée, venant de Bouf-
farik, sous l'escorte de quelques chasseurs
d'Afrique, en sont repartis le lendemain se
dirigeant sur Médéah.
La colonne de cavalerie aux ordres de
M. le général Yussuf, forte de 600 hom
mes, était campée entre Bildah et Joinville.
ALLEMAGNE. Vienne, le 1er Mars.
Voici le texte de l'arrêté que le gouver
nement vient de'prendre contre les catho
liques-allemands
Les catholiques dits allemands ne
faisant partie d'aucune communauté reli
gieuse reconnue dans la monarchie autri
chienne sont une association illégale et
n'ont aucun droit au séjour dans l'empire;
ceux qui en font partie en outre punis
comme criminels en cas d'action répré-
hensible commise par eux d'après les pa-
ragaphes 39, 40, 41 et 42 de la 2e section
du code comme ayant commis des délits
graves.
Les ambassades autrichiennes ne de
vront viser le passeport d'aucun .étranger
faisant partie de cette secte. Si un d'eux
franchit la frontière sans avoir présenté
son passeport au visa,il devra être immé
diatement soumis une instruction judi
ciaire et renvoyé du pays.
Lorsque des sujets autrichiens résidant
l'étranger et appertenant cette secte,
voudront rentrer dans leurs foyers, l'am
bassadeur autrichien les invitera aban
donner !la secte en question et se mettre
en règle en rentrant dans une des commu
nautés reconnues par l'Etat.
Les étrangers habitant la monarchie
au trichienneet faisa n t pa r lie de cette secte,
seront tenus de quitter le pays sans délai.
Relativement aux sujets autrichiens
faisant partie de cette secte, ou qui dési
reront y entrer, aussi longtemps qu'ils
n'auront commis aucune action répréhen-
sible, devront se mettre en règle, ou, dans
le cas contraire, émigrer. Si ces sujets op
tent pour l'émigration, on exigera qu'ils
se conforment, dans le plus bref délai, aux
dispositions des paragraphes relatifs la
patente concernant les émigrations de l'an
1832, et qu'ils se préparent sur-le-champ
quitter le territoire autrichien.
Dans le cas de mort de ces sectaires,
aucune cérémonie funéraire ne pourra
avoir lieu, si les prêtres de l'Église de la
quelle ils auront fait partie antérieurement
n'y donnent pas leur consentement. Le
corps sera inhumé en silence par l'inter
vention de l'autorité politique. Pour con
stater la naissanceetle décès,et les inscrire
dans le livre de naissance et le livre mor
tuaire de la commune laquelle l'individu
appartiendrait, s'il n'avait pas changé de
religion, il faudra s'adresser au prêtre
respectif.
Dans certains circonstances, attendu
que les registres de naissance et de décès
forment en outre des matricules, l'autorité
locale aura intervenir.
S. M. l'Empereur, ne voulant avoir
son service ni celui des domaines ou des
communes aucun fonctionnaire qui appar
tienne cette secte, il est établi que dès
qu'un fonctionnaire public se sera déclaré
pour cette secte, il devra être traité selon
la prescription du paragraphe 5.
INDES ORIENTALES.
Le Courrier de Bombay du 2 février, con
tient une nouvelle importante que ne don
nait pas le numéro du Bomby Timesdont
nous avons cité hier des extraits. D'après
le Courrier, le général sir Harry Smith,
marchant vers Loodhiana, a été surpris et
attaqué par 10 000 Sikhs. Les troupes indi
gènes (cipayes) se sont sauvées en déroute
leur approche. Les 51e et 53e régiments
ont beaucoup souffert. Sir Harry Smith a
cru devoir se mettre en retraite, malgré
l'ardeur de ses troupes régulières.
taires de Posen ont été informées que, dans la nuit,
une tentative devait être faite pour délivrer les
prisonniers politiques. En effet, b la nuit tombante,
des rassemblements suspects se sont formés au de
hors et l'intérieur de la ville; mais les mesures
de précaution étaient prises sur tous les points.
Des gardes étaient placées et des patrouilles en
voyées dans toutes les directions. Deux fois des
coups de feu ont été tirés sur ces patrouilles. Au
cun soldat n'a été blessé. La tronpea riposté. Ses
décharges ont tué deux des émeutiers. Deux autres
ont été blessés. En outres, plus de quarante per
sonnes suspectes, en parties armées, ont été arrê
tées, et plusieurs voitures remplies d'armes et de
munitions de guerre ont été saisies. Au lever du
jour, tout était rentré dans la tranquillité et l'on
ne voyait plus aucun rassemblement de pertur
bateurs.
NOUVELLES D'AFRIQUE.