JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N® 2981. 29me année TPE.3S, 25 AVRIL. LE LIBÉRALISME A LA BARRE DE L'OPINION PUBLIQUE. On s'abonne Yprea, Granil'- Place, 84, via-à-via de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. IMllX DE L'ABOXXEUEXT, par trimestre, Pour Yptesfr. 41OO Pour les autres localités 4a© Pria d'un numéro. *0 Tout ce qui coBceAte.la rédac tion doit être adressé A l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES ISSERTIOAS. f 1 centimes par ligue. Les ré- clames, SA centimes la ligne. VÉRITÉ "ET JUSTICE. Il, serait désirer que la Chambre des Repré sentais mît fin h ces jérémiades déclamatoires qui absorbent ses séanceset qui viennent des épo ques de plus en plus rapprochées prendre inutile ment la place des véritables intérêts du pays. Les .pèces de famille attendent une bonne loi sur l'en seignement moyen, et pas l'explication soporifère des sempiternelles querelles de M.^Rogier, qui se dit le représentant de l'opinion libérale quand il devrait êlre le repiésentant de la nalion belge. Les négociants sont impatients d'arriver a une meilleure législation des faillites, afin que l'avoir des masses faillies ne devienne plus ia proie du fisc et des gens d'affaires au détriment des créan ciers. A ce prix, le commerce se passera facilement de connaît! e les commérages de Y Alliance, du Trou et des Loges, et les intrigues employées pour amener au pouvoir le Ministère de dissolu- lution. Le ministère de dissolution a échoué sous le poids de ses folles exigences, qu'on n'en parle plus. La faction libérale est tombée dans la fosse qu'elle creusait autrui il n'y a la que la marche commune des choses. Si la représentation nationale savait chaque fois par un ordre du jour vigoureux et tranchant fermer la bouche aux stériles cla meurs de quelques ambitieux, elle rendrait a ses commettants un immense service. Ceux quiaspirent h l'honneursi c'en est und'être chefs Aie parti n'y verraient pas leur compte, eu ce qu'ils auraient moins l'occasion de flatter les passions populaires, et.de se créer d'aveugles admirateurs; mais le vé ritable talent, celui qui rapporte toutes ses forces au bien être de la patrie, obtiendrait l'ascendant qui lui est du la sagesse des délibérations bril lerait dans chaque loiet l'œuvre législative ne se bornerait pas a quelques décrets incohérents, défec tueux, et donnant prise a toute espèce de critique, comme la loi sur la chasse. En quoi sommes-nous pins avancés, après avoir entendu MM.Rogier, D'Elhongne,Verlraeghen et Castiau celui-ci n'a pas encore parlé, que déjà M. Dolez menace d'un nouveau sermon sur l'inépui sable thème du libéralisme. Que s'il y a tant a dire sur ce sujetet de si précieux pour le pays, que ces messieurs comprennent une fois pour toutes leur doctrine tout entière dans un ouvrage de l'étendue des Acta-Sanctorum,e\ qu'ils le distribuent gra- an public, puisque leur dévouement est si énorme. Mais que du moins ils ne prétendent pas jeter au pays des enfantillages qui feraient douter l'étranger de la valeur intellectuelle de nos dépu tés et de nos concitoyens. Lorsque les causes de la défection de M. Vandeweyer ont été annoncées avant et depùis sa retraite, lorsque lui-même et ses collègues s'en, sont occupés dans la chambre, dans les cercles, dans la presse, lorsqu'elles ont fait l'objet de toutes les conversations aux cafés, aux estaminets, dans les rues, n'est-il pas puéril et ridicule pour un matadore ctomrae Rogier, de jeter les bras k la tribuneet de s'y écrier J'ignore pourquoi le cabinet Vandeweyer a'ëté dissous Dites-moi pourquoi il a disparuje vous en conjure éclairez-ni pi. 'Pottrquoi'11 a été dis sous? mais vous tonîbez des nues, M.'Rogief les causes, vous les avez connues avant le pays h qui vous croyez imposeravant vos collègues que vous mystifiez,avant ces ministres nouveaux a qui vous les demandez; puisque vous avez été appelé en haut lieu avant ceux-ci, et que vous avez travaillé ouvertement et dans l'ombre pour amener la crise que vous avez avec un saint visage l'air de re gretter. S'il y a quelque perturbation dans les esprits, si cette inquiétude nuit a des intérêts majeurs, c'est a une douzaine de Rogier, c'est aux libéraux exclusivement qu'il faut l'imputer; eux seuls eu sont responsables. Pour faire diversion des idées de commande continuellement ressassées, la meute progressive a trouvé du nouveau. M. Rogier arrivait au gou vernail pour accomplir l'^ua/jicipation du pou voir civil. Jusqu'à pre'sent nous ne connaissions constitutionnellement pas de pouvoir civil, pas plus que de pouvoir commercial •militaire. La constitution parle du pouvoir législatif, du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire: fiJe fila pas songé au pouvoir civil. Tous les pouvoirs jusqu'ici étaient censés émanés du peuple; eu l'année béate i846, ia souveraineté populaire reçoit une grave atteinte, le pouvoir civil sort du front de Rogier, comme une autre Minerve. Le pouvoir civil nait, il commence par être mineur, comme de raison; mais M. Rogier est la pour l'émanciper. Nous verrons bientôt ce que c'est que ce pou voir civil inventé par M. Rogier, pour attirer l'attention des curieux. Ce pouvoir n'est autre que le Roi lui-même. Fallait-il tant (Je détours pour exprimer la chose la plus simple? Mais comment M. Rogier nous fera t-iLjccroire que le Roi doit être émancipé on est majeur a 55 ans d'apièsle code.Oui, mais le Roi est op primé, opprimé par une opinion, par les sugges tions d'une opiuion étrangère. C'est-à-dire que le seigneur Rogier dépeint S. M. Léopold peu près comme sur le point d'être mis en état d'interdic tion. Le Roi est opprimé si ce n'était pas lin ridicule mensonge, deux cent mille Lias se lève raient u l'instant où nous.écrivons pour défendre le trône menacémais on a beau regarder de l'une l'autre frontière, aucun oppresseur u'apparait sur l'horizon. Ohl mais c'est un ennemi invisible, c'est une opinion qui opprime le Roi. Ne soup çonnez pas M. Rogier de matérialisme, il croit aux agents invisibles, il les combat. Avec la loupe de son imaginative, il aperçoit un lutin qui s'es crime contre la majesté royale, et il se pose en sentinelle pour abattre l'importun. Rien n'est plus intéressant; seulement nous voudrions mieux con- naîtrecette opinion venue de l'étranger, qui s'avise de souffler ici avec assez de violence pour ren verser le Roi, si M. Rogier ne le retenait pas. En poussant M. Rogier et sa dialectique de re tranchement en retranchement, on ne tarde pas a arriver ce résultat, que le libéralisme n'est qu'un ♦fratras de mensonges et d'absurdités, destiné a tromper la multitude dans un perfide dessein. L'opinion qu'on dépeint comme violentant le pouvoir, la royauté, est, dit-on, le catholicisme. Erreur manifeste: car le catholicisme n'est pas une opinion, mais une religion, une foi positive, qui n'admet ni dans ses dograes, ni danssa morale, les fluctuations et lés hypothèses de l'opiuion. Rien n'est plus différent de l'opinion que la foi on n'est catholique que parle sacrifice des opinions indi viduelles sur tout ce qu'elle enseigne. Ensuite le catholicisme n'est pas étranger parmi nous, comme le prétend M. Rogier. Il n'erst étranger nulle part, la vérité ayaot partout le droit de cité, surtout ici où plus de mille aus se sont écoulés, depuis la prédication de l'évangile. Rome et Athènes nous ont légué leur ancienne littérature, la France nous prête sa langue, nous tenons de l'Angleterre les chemins de fer et la vapeur: cependant nous re gardons ces choses comme ayant acquis l'indigénat et la religion véritable, bien tout autrement pré cieux, acclimaté depuis tant de siècles, sève iden tifiée avec notre sang et la moelle de nos os, cette religion serait taxée d'opinion étrangère par un Rogier d'Arras? Mais les cendres de nos pères, nos vieilles basiliques et le bon sens de la nation, protestent contre cette calomnie. La religion opprime le pouvoir.... au contraire, elle fait tomber h faux beaucoup de projets d'op pression, comme en tout temps elle s'est montrée l'adversaire de toutes les oppressions. Elle exerce sans doute une légitime influence sur ceux qui lV'coutent, et par ce qu'elle ordonne, et par ce qu'elle défend mais elle attend si bien cette obéissante de la seule persuasion et non de la con trainte, qu'elle stigmatise l'hypocrisie, et rejette les pratiques extérieures auxquelles le cœur ne répond pas. Si M. Rogier se chagrine de l'influence respectable du culte répandu sur toute la surface du pays, de quel droit prétend il faire prédominer

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Le Propagateur (1818-1871) | 1846 | | pagina 1