JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 2989.
29me année.
7FS.3S, 25 MAI.
Une feuille de la capitale fournit les ren
seignements suivants sur le travail des sec
tions de la Chambre, chargées de l'examen
du projet de loi sur l'enseignement moyen.
La 1" section demande qu'il soit établi
six athénées royaux au lieu de trois que le
projet de loi de 1834 indiquait. L'enseigne
ment de la réligion par un ministre du
culte y serait obligatoire; les conditions
stipulées dans le projet de M. Rogier en
faveur du pouvoir central ont été admises.
M. Brabant a été nommé rapporteur la
section centrale.
Dans la 3"8 section, ou tous les membres
étaient présents, il a été décidé par 9 voix
contre 7 que le nombre des athénées de
l'Etat, serait de neuf; il y en aurait un dans
chaque chef-lieu de province, et les villes
devraient entrer pour un tiers dans la dé
pense et fournir en outre le local, les collec
tions et le matériel. M. Coppieters a été
proclamé rapporteur après deux scrutins
successifs donnant pour résultat un par
tage égal de suffrages entre lui et M. Osy.
Lacinquièmesection seule n'a pas encore
nommé de rapporteur.
Une correspondance, qui nous est par
venue hier, nous mande que l'opposition
HISTOIRE D'UNE CASSETTE.
IV.
travaille la sourdine pour rendre la loi
sur l'instruction moyenne aussi subversive
que possible de toute liberté et qu'à cet
effet elle ne demande pas mieux que de
puiser largement dans la caisse commu
nale. Les éléments de la section centrale,
d'après une décision prise, se composeront
moitié de membres conservateurs, moitié
de membres de l'opposition. 11 reste un
rapporteur conservateur nommer; mais
il n'y a pas lieu d'être inquiet au sujet de
cette nomination. M. Liedts qui est de droit
président décidera selon ses vues et plaisirs
les questions mises en discussion dans la
section centrale. On verra une bonne fois
comment le libéralisme entend ari^inger
les affaires le jour qu'il obtiendra la pré
pondérance dans le pays. Nouv
Un accident a failli renverser la voi
lure qui ramenait LL. MM. le Roi et la
Reine la résidence de Laeken.
A la rue Royale-Extérieure, peu près
vis-à-vis l'ancienne Ecole centrale, le pre-
miercheval de l'équipage royal s'est effrayé
au contact d'une autre voiture et s'est ab-
battu. Un accident devenait imminent lors
que le nommé Emilie Dçroy (compositeur
chez MM. Wahlen et C*) s'est élancé et a
arrêté le cheval qui s'était dérobé, avant
que le reste de l'équipage ne fût entraîné.
La mortalité est effrayante au dépôt
de mendicité de la ville de Mons. Depuis le
1" janvier, il y est mort 110 115 reclus.
M. J.Stobbaerls de Wael hem (Anvers),
élève de l'Université de Louvain, vient de
subir avec grande distinction le second ex
amen de docteur en médecine et le doctorat
en accouchements.
Le navire Jena, parti le 15 courant
pour Santo-Tbomas de Guatamala, porte
un chargement qui se compose de plus de
2,000 colis de produits et articles manu
facturés du pays; plus de cinquante mil
liers pesantde marchandises destinées pour
celte même expédition n'ont pu y s'établir
place et attendent Anvers le prochain
départ.
Parmi les 29 passagers embarqués
bord du Jena, se trouvaient 23 habitants
du village de Marialierde, près de Gram-
mont, qui vont s'établir pour leur compte
comme colons Santo-Thomas.
On nous écrit de Westerloo: M. le
comte de Mérode-Westerloo vient de faire
distribuer aux pauvres des pommes de
terre propres la plantation. Ce don s'est
fait en dehors des secours nombreux que
tous les nécessiteux de la commune reçoi
vent régulièrement dans le courant de
l'hiver de M. le comte de Mérode. Il est
On s'abonne Ypres, rue de
Lille, igâ près la Grand'place, e'
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
l'HIX DE L'.AROYYEMEMT,
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clames, centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
(Suite et fin.)
Il y avait Londres, en 1797, un club dit des Phoques:
c'était une réunion d'hommes riches et des meilleurs nageurs.
Il fallaitpour y être admis avoir fait preuve d'un grand savoir
dans la natation. On vantait, parmi les membres de la société,
M. le marquis de Kergolan, émigré français, homme peu dis
tingué, pouvant avoir soixante-quatre ans environ, d'une
figure commune et mauvaise, mais riche de trois millions qu'il
avait rapportés de Frauce; aussi ne se faisait-il faute de bons
repas ou force bons vins étaient fêtés par lui et ses convives,
espèce gloutonne qui se trouve partout.
Le noble marquis était, en un motun maître viveur et un
maille parieurcar il était de tous les paris, et ses prouesses
dans la natation lui avaieut fait donner le surnom de marquis
des Phoques six heures dans l'eau n'était rien pour lui; il y
aurait je crois prisses repas, s'il n'eut eu horreur de l'eau daus
ces uioments-li.
Il paria un jour ijoo guinées contre un lord qu'il se tiendrait
deux heures sur la Tamise avec un poids de cinquante livres
la ceiuture. Le jour fixé, une foule nombreuse attendait curieu
sement sur les quais l'arrivée du marquis des Phoques et de ses
amis; aussi, lorsqu'ils parureut, les acclamations les acceuil-
lirent avec euthousiasme.
Après avoir fait sa toilette d'eau, M. de Kergolan se jeta
avec son poids dans la Tamise; mais peine avait-il uagé
quelques brasses qu'il disparut. Le poids était trop lourd.
Bravo! bravo! s'écrièrent les assistants, il va revenir!
c'est un tour de force Hélas le pauvre marquis était cloué au
fond de l'eau par ses cinquanles livres.
Uajeune homme pauvrement vêtu, témoin de cet événement,
sortit de la foule et s'avança rapidement vers la mer en disant
Laissez-moi le sauver. Oh il ne faut pas qu'il meure
ainsi.
On le vit s'élancer, plonger et ramener en quelques minutes
le corps de M. de Kergolan débarrassé de sou poids. Alors ce
fut uue explosion de cris et de vivats rendre sourd le peuple
enthousiasmé, transporté, s'empara du jeune homme et de Ker
golan et les transporta en triomphe l'hôtel de ce dernier.
Un verre de grog? dit le marquis avant d'avoir ouvei t les
yeux, et peine revenu lui, un verre de grog? morbleu!
répéla-t-il cette fois en ouvrant de grands yeux.
Qu'est-oe dit-il en apercevant tout oe monde.
Volàle jeuue homme qui vous a sauvé, lui cria un homme
du peuple.
Oui, ouio'est vraise dit le M. marquisse parlant
lui-même. Je me rappelle... la Tamise... coquin de poids, va!...
Puis, après avoir examiné celui qu'on lui présentait:
Ah c'est vous qui m'avezC'est bieumon ami, c'est
très-bien. Si vous avez besoin d'argent, il faut m'eu demauder,
entendez-vous. M. de Kergolan avait jeté un coup d'œil sur la
mise plus que râpée de son libérateur.
De l'argent' dit Anselme (ainsi s'appelait le jeune homme!,
je n'ai pas fait oelte action dans l'intention d'eu recevoir uue
rétribution. Puisse, Monsieur, le service que je vous ai reudu
me mériter vus houues grâces; me rendre digue de vos bontés
a été mou seul butmon seul désir.
Mes bonnes grâces vous les avez, mon brave et je veux
vous prouver que le marquis de Kergolan n'est pas un ingrat.
Soyez mon hôte des présent. Un éclair de joie passa rapide*
ment sur la figure d'Anselme, il remercia son bienfaiteur, et
dès oe moment ils furent inséparables. Pour plaire au marquis,
Anselme s'était fait un ton en parfait accord avec le ton et les
manières grossières de son ami.
Le lendemain il prit congé du marquis, lui promettant de
revenir vers le soir. Puis, lorsqu'il fut hors de l'hôtel, il respira
largement et sa ligure s'épanouissait d'espérance et de joie.
A la porte d'une masure, deux, femmes attendaient notre
héros: l'une déjà âgée, l'autre jeune et jolie. Malgré l'état de
misère qu'annonçait leur mise, ou pouvait cependant remarquer
sur leur physionomie cet air qui distingue toujours les personnes
de race privilégiée, dans quelque position sociale que le sort les
ait placées. Le malheur, au lieu de les abattre, ne sert souvent
qu'à retremper leur caractère, et faire éclore des vertus qui
se seraient endormies dans l'opulence.
La jeune femme dont il est ici question était vraiment belle
maintien gracieux, et noble, 6gure douce et expressive. Un
sourire de bonheur parut tout a coup sur sou charmant visage,
lorsqu'elle vit arriver Anselme. Oue j'étais inquiète! lui dit
Aliue d'un air empressé; tu parais gai, mon ami .- tu as donc
une bonne uouvelle nous annoncer! Espèrfe-lu améliorer notre
position Oh ne crois pas que ce mot renferme un reproche
non, mon Anselme, mais toi. ma bonne mère. vou3 souffrez....
Et la douce jeune femme les regardait avec tant de sollicitude
et de tendresse, qu'Anselme et sa mère la serrèrent avec ivresse
dans leurs bras.
L'affection sincère qui liait nos trois personnages datait de
quatre années; sans le besoin, aucun nuage ne serait venu la
troubler, mais au moment ou nous en sommes, le gêne se
faisait impérieusement sentir. Ce fut avec joie qu'AuseJtnc
répoudit
Oui, chères amies, j'ai uue bonne nouvelle; nos tribu-