JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 2990. 29me année. 7PB.3S, 27 MAI. Le parti libéral, en faisant un appel aux opinions du pays s'est pénétré de la tâche qu'il a remplir; il s'est conformé sa devise: Liberté, Égalité des droits. Mais pour arriver cette Égalité il faut que chaque citoyen puisse exprimer librement sa pensée, afin que, par une sage discus sion, l'on puisse arriver la vérité. Que la modération, ce mobile du bien, que l'ex périence du passé et celle du présent nous guident. L'exaltation, le désir de la domination nuit tout parti qui s'en sert pour détruire l'alliance, sous laquelle les hommes ne peuvent s'entendre, et le conduit infailli blement sa perte. De cette désunion ré sultent le mécontentement, l'indolence des uns, le froissement, l'irritation des autres, l'irrésolution du commerce et de l'indus trie, le manque de travail, et la stagnation des affaires. Cette même désunion doit nous conduire la guerre civile, et nous ravir tôt ou tard notre indépendance. Était- il nécessaire de reconquérir en 1830 notre liberté pour nous entre-dechirer quinze ans plus tard par la polémique et le sar casme d'opinion? non, mille fois non. Ainsi doncne restons pas dans l'égoïs- nie, inscrivons sur notre drapeau loyauté, justice pour tous, et que chacun se ren ferme dans les justes limites de ses droits et devoirs. Mais pour arriver ce but d'unité, il est d'un grand intérêt, de choisir parmi toutes les classes de la société, pour notre com mission et notre représentation au con grès, des hommes murs et réfléchis, des hommes qui ne se laissent pas entraîner par l'esprit de parti, des hommes qui veil lent au bien être général et qui ne s'écar tent jamais du principe libéral dont tout homme, en naissant, devrait pouvoir res sentir lebienfail. Unissons nous, groupons, nous au tour de ce drapeau, combattons les abus et l'oppression. Quelque soit le parti qui veuille domi ner, maintenons nos droits, que, dans tous temps, le Belge s'est fait gloire de sou tenir contre la tyrannie. C'est lorsque per sonne ne sortira plus des limites de ses devoirs, que les Belges seront frères, et 3u'ils montreront l'étranger qu'ils sont ignés de leur indépendance. (Cort}muniq ELECTIONS PROVINCIALES. Elverdinglie. Electeurs inscrits 108. Votans 46. M. Vanderghote Pierre, propriétaire Elverdinghe a obtenu 43 suffrages et a été proclamé en remplacement de M. Vander ghote Charles, ayant témoigné de ne plus être chargé de ce mandat. Messines. Electeurs inscrits 181. Votans 119. M. De Gheus, Ernest, juge d'instruction On s'abonne Ypres, rue de I.ille, 195, près la Grand'place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX de lmboxieheit, par trimestre. Pour Ypres fr. 4— Pour les autres localités 4 Prix d'un numéro. Tout ce qui concerne la rédao- tion doit être adressé l'Éditeur Ypre«. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IASERTIOXS. 4 9 centimes par ligue. Les ré clames, 94 centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. ÉCHANTILLON DE LA TOLÉRANCE LIBÉRALE. Hier se trouvaient réunies au Salon d'Apollon, cinquante soixante personnes, parmi lesquelles figuraient quelques avocats, eotr'autrps M. Honoré Smaelen. M. Carton fils, arrivé de Bruxelles, exposa que le but de la convocation était de proposer la formation d'une association libérale dépendante de Y Alliance. M. Smaelen prit la parole pour répon dre au discours de M. Carton mais dès qu'il annon çât l'intention de combattre la proposition, il se fit un vacarme épouvantable dans toute la salle, il n'y avait que tapage, trépignements, cris discor dants, interruptions continues de toute espèce. A force de patience et d'efforts, et grâce l'inter vention de quelques personnes désapprouvant hau tement celte inconvenante intolérance, l'avocat parvint encore h calmer en partie ce tumulte, et k formuler quelques motifs qui réclamaient selon lui une manifestation autre et plus populaire, que la création d'une humble succursale de parti. MM. Navez et Ernest Merghelynck, du collège com munal, se distinguaient parmi les plus violents in terrupteurs. On en vint même a des propos grossiers et menaçants. Pour décontenancer un homme plus habitué au silence du cabinet qu'aux orages d'une telle assembléeM. Navez s'avisa de prétendre qu'il devait s'exprimer en français au lieu du fla mand dont il se servait. M. Smaelen exprima sou étonnement de voir la langue flamande mise au ban par une personne étrangère a la cité dans une ville flamande, et dans une réunion annoncée comme un lieu de liberté. Néanmoins après de nouvelles vociférations et interpellations qui lui étaient adressées de divers cotés, M. Smaelen con sentit k se servir du français. Cette concession ne satisfit aucunement les meneurs de la faction, du moment qu'on vit que le changement d'idiome n'empêchait pas la continuation d'un exposé qui ne leur convenait pas. On voulut aller aux voix sur l'ensemble du règlement d'une association qui n'existait pas encore. L'avocat qui avait résisté k l'emportement fougueux des seïdes libéraux, dé montra rapidement, en assaisonnant ses déductions de faits et de preuves qu'en ce moment la forma tion d'une assemblée affiliée k l'Alliancene pouvait avoir pour conséquence que d'augmenter l'irritation et les divisions; que parquer ainsi le pays en partis hostiles et exclusifs, en vainqueurs et vaincus, c'éiait dans de certaines éventualités préluder aux troubles et a la guerre civile; que l'intervention étrangère et la restauration hollan daise ou la conquête par la France, étaient dès lors en perspective dans un avenir plus 011 moins éloigné; qu'ainsi le dernier mot de toutes ces luttes désordonnées, c'était le malheur de la patrie, la perte de sa considération, de son repos, de son indépendance et de ses libertés. M. Smaelen pro posa de motiver sur ces considérations un refus d'adhésion k Y Alliance', il prétendit que cette démarche courageuse et de caractère trouverait des imitateurs, qu'elle serait un véritable service, qu'elle aurait plus de retentissement en Belgique et k l'étranger et ferait plus d'honneur k la ville d'Ypres, que de donner tête baissée dans le piège tendu, de suivre servilement l'exemple de la légè reté de quelques autres villes, et de se laisser traîner kla remorque d'ambitieux intriguants de la capi tale. M. Smaelen ajouta que se croyant appartenir au pays intelligent, il n'entendit pas souscrire k un règlement qui n'eut auparavant passé le creuset de la libre discussiqn. 11 fit remarquer que d'après la lecture rapide qu'il avait entendue du règlement a imposer apporté de Bruxelles par M. Carton, il n'était pas même stipulé que la société respecterait en tout les limites constitutionnelles. Cette ajoute fut faite, mais on se refusa a toute discussion, et en nn clin d'oeil la société était constituée et le règle ment admis sans examen. Alors M. Sinaelen s'est retiré en souhaitant aux personnes présentes des idées plus généreuses de liberté et de progrès. Il avait raison car jamais l'intolérance libérdtre ne s'est montrée plus nue et plus inepte que dans cette soirée du 26 mai incapable d'entendre l'opinion ou même de souffrir paisiblement la pré sence d'un citoyen qui ne partage pas absolument ses préventions, elle n'a épargné aucune brutalité, k l'exception de la violence matérielle. Qui oserait dorénavant avoir foi a la liberté et k la stabilité des institutions sous le patronage du libéralisme? Ses prévisions de guerre civile, d'intervention étran gère, de restauration, de conquête, d'asservisse ment, de persécution, ne le touchent point, pourvu qu'il puisse dominer dans le présent, et satisfaire ses aveugles instincts de prépondérance. Toutes appréhensions de l'avenir ne semblent provoquer qu'un tant mieux plus dégradant que dissimulé. ONT ÉTÉ ÉLUS DÉPUTÉS. MM. Malou, sénateur. Vandeu Peereboom, Alph. Keingiaert. Auguste De Ghelcke. Jules De Codt. Ernest Merghelynck. Boedt, avocat. DANS L'ARRONDISSEMENT D'YPRES LE 23 MAI 1846.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1846 | | pagina 1