JUBILÉ DE LIÈGE.
La multitude des fidèles qui se pressent
au tribunal de la pénitence dit assez que
la parole des orateurs, chargés de rappeler
en ces jours solennels les grandes vérités
de la religion, n'est pas restée stérile. C'est
par milliers que l'on compte les commu
niants dans les diverses églises de la ville.
Saint-Martin, Sainte-Croix, Saint-Jacques,
etc., ont regorgé de monde jusqu'au mo
ment de la procession; mais c'est l'église
des Rédemptoristes surtout qu'il est édi
fiant de visiter. Dèsquatre heures du matin,
la foule y est tellement compacte que c'est
peine si l'on y peut pénétrer. A chaque
confessionnal, on remarque une double et
triple haie de pénitents.
M. l'abbé Dupanloup a prêché la ca
thédrale, devant un immense auditoire.
Les vastes nefs de S'-Paul étaient littérale
ment obstruées par la foule. L'illustre pré
dicateur a choisi pour sujet de son sermon
la parabole de l'Enfant prodigue. L'orateur
a considéré l'enfant prodigue comme la
personnification de l'humanité déchue. Il
y a eu un moment où l'auditoire, trans
porté par la magnificence de son langage,
a failli éclater en applaudissements. C'est
au moment où, après avoir parlé de la
jeunesse, de sa beauté, de sa force, de la
noblesse de ses intérêts, de ses idées géné
reuses, le prédicateur a signalé son entrée
dans le monde et les dangers qu'elle y
court. Il a eu alors un mouvement d'élo
quence vraiment admirable, l'auditoire a
tressailli en entendant l'une des plus belles
inspirations auxquelles un orateur chrétien
se soit peut-être jamais livré.
La procession est rentrée après avoir
parcouru une grande partie de la ville. Le
corps des évêques, qui marchaient devant
le Saint-Sacrement, offrait l'aspect le plus
imposant. Les prélats étaient au nombre
de 14vêtus de chapes magnifiques, rayon
nantes d'or et de pierreries, la maître en
tête, et précédés d'un lévite portant la
crosse épiscopale. Mgr. l'archevêque de
Cambrai, les évêques de Nancy, de Namur,
de l'Orégon, Mgr. Poncelet, vicaire-apos
tolique de l'île Bourbon, faisaient partie
du cortège.
Le Pape a été élu hier et proclamé ce
malin. C'est le Cardinal Mastai, natif de
Sinigaglia, Êvêque d'Imola. Sa Sainteté
a pris le nom de Pie IX.
Ordonné prêtre, il prit la direction de
l'hospice Tata Giovanni: on nomme ainsi
une maison fondée pour faire vivre et éle
ver chrétiennement de petits et pauvre or
phelins, par un vieillard, chrétien, maçon
de son métier, dénué de toutes ressources,
mais riche des trésors de la charité. Le
jeune prêtre, touché de son dévouement,
lui associa le sein; il consacra son temps,
son travail, son argent, tout ce qu'il avait,
cette œuvre de piété et de miséricorde.
Le nouveau Pape a fait son apprentissage
auprès des ouvriers, des pauvres et des or
phelins.
II le continua par l'apostolat sous le
pontificat de Pie VII, Mgr. Muzi, aujour
d'hui é\èquedicitadiCastello, étant envoyé
vicaire apostolique au Chili, l'abbé Mastai
Ferretti le suivit en qualité d'auditeur (con
seiller ou théologien.) Des différends sur
venus entre le vicaire apostolique et les
gouvernants du Chili l'obligèrent bientôt
quitter ce pays. A son retour, le grand
Pape Léon XII le nomma prélat, et puis
président du grand hospice de Saint-Mi
chel. On sait que cet établissement est le
plus considérable de Rome, et que le pré
sident en a la direction active.
En 1827, Léon XII le donna pour pre
mier pasteur Spolète, sa patrie, qu'il
avait érigée en archevêché. Il occupa ce
siège jusqu'en 1852. Le 17 décembre de
cette année-là, Grégoire XVI le transféra
l'évéché d'Imola. En Italie, on voit assez
souvent des translations de ce genre, d'un
archevêché un évêché, et le prélat prend
alors le titre d'archevêque-évèque. L'évé
ché d'Imola était un poste important et qui
demandait un homme de choix, un carac
tère aussi ferme que sage. L'évêque rem
plit les espérances de Grégoire XVI, et il
avait conquis la vénération et l'amour de
tout son diocèse.
Réservé in petto dans le consistoire du
25 décembre 1859, et proclamé le 14 dé
cembre 1840, il était cardinal du titre des
saints Pierre et Mercellin. Sa réputation
de talent et de piété était grande dans tous
les États de l'Église, et Rome le peuple,
en le voyant passer, disait: Voilà le suc
cesseur de Grégoire XVI.
Samedi, vers une heure et demie de
relevée, le sieur F. Haerynck, cordonnier,
demeurant hors la porte de Bruges Gand,
a sauvé d'une mort certaine, et en exposant
sa propre vie, un jeune homme, âgé de 21
ans, qui était tombé dans le canal et avait
disparu cinq fois sous l'eau.
On écrit de Mons Un événement
douloureux est venu jeter la désolation
dans une famille de celte ville. Un enfant
de 8 ans s'est noyé en aval de l'écluse de
Charleroi, où il était allé se baigner avec
ses camarades.
Dimanche 4 heures, la Reine ac
compagnée de M"4 la comtesse de Mérode-
Westerloo, s'est rendue l'église de St.-
Jacques-sur-Caudenberg selon son usage.
Après le salut, S. M. est retournée au
palais. A 5 heures, LL. MM. sont retournés
Laeken.
Nous sommes dans une année où les
phénomènes de la culture sont nombreux,
grâce la température dont nous jouissons.
On écrit d'Hyon (province de Hainaut), sous
la date du 15
Plusieurs de nos récoltes commencent
souffrir de la chaleur jointe la longue
sécheresse. Les fèves chevaux donnent
des craintes sérieuses. La seconde tranchée
du trèfle est nulle jusqu'à présent. Le lin
précoce paraît sauvé, mais sera probable
ment d'un faible rapport. La semée tardive
présente un triste aspect. Le froment,
le seigle et les pommes de terre tiennent
bon. Le foin se fauche déjà, il est d'excel
lente qualité. L'orge commence également
La société ne reçut cet ordre que le 20, c'est-h-
direla veille du jour que la fête devait avoir lieu.
De la, grande rumeur parmi les habitants, des
démarches furent faites pour fléchir la rigueur de
l'autorité militaire. Celle-ci tint bon. Les têtes
s'échauffèrent de part et d'autre et la société
décida que la fête aurait lieu malgré la défense du
capitaine-commandant. Toutefois, les plus pru
dents jugèrent nécessaire de dépêcher a Bruges
une personne respectable de la localité pour in
struire i'autorité militaire supérieure de ce qui se
passait et provoquer le retrait de la défense intimée
par le capitaine commandant.
La personne, chargée de cette négociation,
arriva a Bruges le samedi soir. M. le général Bor-
reinans était absent, M. le général Plettinckx, ne
se trouvait pas chez lui. Enfin après quelques dé
marches on rencontra ce dernier qui s'empressa
de confier au négociateur des instructions pour
l'autorité militaire de Nieuport. Ces instructions
portaient entr'autres que la fête pouvait avoir lieu.
Le négociateur partit la nuit et pouvait arriver a
Nieuport le matin entre huit et neuf heures.
Les membres de la société Kunslliefdede la
ville de Bruges, qui avaient remporté des prix au
concours, accompagnés de plusieurs de leurs col
lègues et d'autres amis se sont rendus a Nieuport
et sont arrivés aux approches de la ville, vers midi.
La société de Nieuport s'était rendue leur
rencontre, tambours et musique en tête. Le cortège
s'étant formé, on se dirigea sur la ville.
Arrivé aux portes de la ville, le cortège fut
arrêté par la garde qui s'empara non sans peine
des caisses des tambours. Une vive dispute s'élèva
mais n'eut aucune suite grave. La garde finit par
laisser passer le cortège.
Arrivé en ville, le cortège rencontra un déta
chement d'infanterie qui lui barra le passage. Les
habitants voulurent passer outre, l'officier com
manda aux soldats de croiser la bayonnette. Cet
ordre exaspéra la bourgeoisie, on se rua sur les
militaires, mais comme ceux-ci étaient armés et
que leurs adversaires ne l'étaient pas, la rixe ne fut
pas de longue durée. Les habitants furent obligés
la retraite, non sans laisser plusieurs blessés sur
le carreau.
Nous devons faire observer cependant que les
simples soldats ne portaient aucune animosité
contre les habitants. Ils ont exécuté les ordres
qu'ils recevaient, se sont défendus a la bayonnette,
mais ou voyait facilement qu'ils n'obéissaient qu'à
regret. Aussi toutes les blessures sont très-légères.
On porte le nombre des blessés a 17, parmi
lesquels il y a aussi des militaires. Un pêcheur a
arraché l'épée a un officier et lui en a porté des
coups. Le nommé Parmenlier, louageur de che
vaux a Bruges, qui faisait partie du cortège, a été
blessé au bras d'un coup de bayonnette.
Pendant toute la journée, les troupes ont été
consignées et des patrouilles ont circulé. Des rixes
ont encore eu lieu sur d'autres points de la ville
entre les militaires et les bourgeois, et ce n'est qu'à
onze heures du soir que la tranquillité a été rétablie.
Nous croyons devoir ajouter ici que nous ne
pouvons garantir l'exactitude de tout ces détails,
qui nous ont été rapportés, il est vrai, par des per
sonnes dignes de foi mais en pareille circonstance,
il faut faire la part de l'exagération et de la peur.
Avant de nous prononcer donc sur les causes qui
ont amené la rixe, nous attendrons des nouvelles
officielles.
Aussitôt que M. le général Borreinans a eu con
naissance de ces événements déplorables, il est
parti pour Nieuport où il est arrivé hier de bon
matin. Une enquête a été ordonnée aussitôt
et se poursuit.
Les membres de la société Kunslliejde sont
arrivés avant hier soir Bruges. La musique de la
ville, le président de la société ainsi que les mem
bres du conseil d'administration se sont rendus
leur rencontre et les ont conduits en cortège au
lieu de leur réunion. Nouvelliste
ÉLECTION DU PAPE PIE IX.
Voici la dépêche télégraphique reçue Paris
HOME, le 13 Juin ISM.
Jeas-Maiue Mastai Ferretti, né Siniga
glia, dans la marche d'Ancône, le 13 mai
1792, d'une famille noble, se trouvait
Rome vers l'âge de vingt ans, lorsque, at
teint d'une maladie grave, il implora le se
cours de la Sainte-Vierge, et croyait lui de
voir sa guérison, se voua, par reconnais
sance, l'état ecclésiastique.