JOURNAL D YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
Pi» 3018.
30me année.
Un de nos concitoyens, M. Désiré-Fran-
çois-Benoit Degroote, servant dans l'armée
néerlandaise desIndes orientales, est rentré
dimanche passé dans nos murs avec un
congé de deux ans, pour visiter sa famille
et son pays. M. Degroote, chevalier de l'or
dre de Guillaume, a le grade de premier
lieutenant, et vient de l'île de Sumatra, où
il a sa résidence Palembang, mais il a en
dernier lieu été détaché en qualité de com
mandant Mouvracampech. 11 partit d'Y-
pres le 16 mai 1830.11 a rapporté de ces
plages lointaines diverses curiosités rares
et précieuses, qu'il destine la société des
Beaux-arts de sa ville natale rien au
monde, ni une absence de seize ans, ni
l'immensité des mers ne pouvait effacer
du coeur humain l'affection pour la patrie.
M. Degroote la retrouve non sans souf
france, mais libre, et toujours catholique.
On enterrait ce matin le sieur Degruu-
tere, ancien artiste-musicien. A une autre
époque, le sieur Degruutere eut une vogue
peu commune en ville on le recherchait
dans toutes les sociétés, dans tous les di
vertissements; il semblait qu'il ne pût y
avoir ni bal brillant, ni fête splendide, ni
concert harmonieux sans lui. Au revers de
)age, Degruutere fut rebuté, abandonné,
CHATIMENT ET REPENTIR.
oublié. Quand après de nombreuses dé
marches, il obtint la faveur d'entrer au
Nazareth, et qu'il essaya une ronde chez
le beau monde dont il avait si longtemps
fait les délices, ce fut avec grand'peine
qu'il réunit quelques écus afin de s'acheter
le manteau indispensable pour son admis
sion. On répondait sèchement Quand
vous avez joué, vous avez été payé, et on
fermait la porte, ou l'on donnait en mur
murant quelques centimes. A l'humble
messe d'inhumation S' Pierre, on ne
remarquait ni musique, ni dilettanti, ni
peut-être même aucun artiste. Degruutere
est du reste mort dans de très bons senti
ments religieux.
Le jeune Aloïse Snick, fils unique de M.
lechevin Snick,de Dickebusch et qui venait
de remporter le prix d'excellence de sa
classe d'humanités au Collège de S1 Vincent
Ypres, est mort Dimanche matin, subi
tement, pendant qu'il donnait la nourri
ture aux poules Ce douloureux événement
a consterné la commune, et a fait une triste
sensation même en ville. M. Snick père en
est tellement affecté que ses jours sont en
danger.
Une autre mort subite plonge encore
dans le deuil une famille honorable de la
ville. M. Beke-Beke, ancien sénateur, était
allé Gyverinchove, pour inspecter les
réparations qu'il avait fait exécuter une
ferme qu'il y possédait, a succombé une
attaque d'apoplexie. M. Beke était âgé de
80 ans, et est père de M. l'avocat Beke,
secrétaire de la chambre de discipline du
barreau.
XHonsieur lf réfracteur,
Tnaafcu-^aiùleitpeereGooui.
Le typhus exerce encore quelques ra
vages Ypres et dans diverses localités
environnantes, telles que "NVytschaete et
Hoogezieken.
Monsieur Spyns, curé Neuve-Eglise,
est décédé avaut-hier dans un âge très-
avancé.
GUERRE DE L'OCTROI A GAND.
Gomme le thème des orangistes et des
patriotes, voire même celui des catholiques
et des libéraux commencent s'user, l'es-
On s'abonne Ypres, rue de
I.ille, ig5 près la Grand'placeet
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'XRMXEMEXT,
pur trimestre,
Pour Ypresfr. A
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Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé k l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
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de chaque semaine.
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11 centimes par ligue. Les ré
clames, t* centimes la ligne.
vérité et justice.
7? 7.3 S, 2 Septembre.
(Suite et Su.)
J'allai, d'onc an village deMa première visite fut
pour l'ancienne et humble église dans laquelle je n'étais entré
depuis cette longue et fervente prière qu'y avait faite mon
oncle, la veille du jour des profanations. C'était vers le soir,
et l'église était solitaire comme au jour où j'y étais entré pour
la dernière fois. De l'église j'allai au cimetière où reposaient
ceux que j'avais connus et aimés; je me mis chercher la
demeure du saint prêtre, et quand je l'eus trouvée, là je priai...
Je voulus, avant que la nuit fût plus avancée, parcourir ces
terres funéraires, et sur chaque croix lire le nom du défunt,
car dans ce village ou conserve encore la pieuse tradition de
mettre une croix pour protéger la tombe de celui qui y repose,
aiin que cette croix témoigne du maître qu'on a servi, du
drapeau qu'on a défendu, de l'espérance qu'on a emportée
dans la tombe. Donc toutes les fosses, si modestes qu'elles
fussent, avaient leurs croix. Seulement dans un coin écarté et
séparé des autres tombes, j'en remarquai une surmontée d'uue
colonne noircie. Aucun signe religieux ne surmontait cette
pierre. Curieux je m'approche, et l'obscurité naissante de la
nuit, je lus ces mots
Ci'git Max X mort 20 ans, le 18 mars 179$
et au-dessous étaient gravés ces autres mots
A été réunie son filsMarguerite .Y...brûlés dans son
château le ai mars 1793.
Grand Dieu! m'écriai-jedans 4 jours un fils et une épouse
ravis un père, un mari! Et puis cette époque du 18 mars,
comme elle était préseute ma mémoire! C'était eu effet, le
lendemain de ce jour néfaste où les croix furent abattue?, où
mou oncle fut jeté dans les fers, et où je fus obligé de quitter
ce lieu que je n'avais plus revue depuis. Quatre jours se pas
sent et le prévôt impie avait perdu son bis et son épouse!
Je m'occupai dès lors de trouver uu logis pour la nuit, et
quand le soir, assis autour de la table hospitalière, je de
mandai quelques détails sur la famille X...je vis comme un
frisson parcourir les membres de tous les assistants; les pau
vres gens pvaieut peur, rien qu'à la pensée de l'impire et de
son châtiment. Le chef de la famille, que j'avais connu lors
de mon premier séjour, prit alors la parole et dans sa naïve
simplicité Ce n'est pourtant pas, me dit-il, que je veuille
dire du mal de mon prochain, mon bon Monsieur; mais voyez,
Dieu a bien puni celui qui nous a détruit nore religion. Vous
vous rapelez, tans doute, que le bis avait brisé la tête du
Christ de pierre qui était l'entrée du village. Or le lende
main la troupe que vous avez vue ici, avait dressé un arbre
de la liberté, et on dansait alentour. Max voulut mouler au
haut de cet arbre pour le coiffer du terrible bonnet rouge,
mais arrivé au sommet, il tomba et se brisa la tète; la veille
il l'avait brisée sou Sauveur le'châliûient suivit donc de
bien près le crime.
Trois jours se passent, son père faisait brûler dans une de
ses maisons les croix qu'il avait abattuesquand ces flammes
sacrilèges mettent le feu la maison, et comme les habitants
du village, qu'il avait tous irrités par ses destructions impies,
ne se sont pas empressés tout de suite pour porter secours, l'in
cendie se propagea et tout ,1e quartier que le prévôt avait bâti
Ypres, a septembre 1846.
Ayant appris que des personnes parcourent
la ville pour obtenir des souscriptions une
association et au moyen d'un prospectusou
mon nom figure je crois devoir prévenir le
public que je n'ai rien de commun avec cette
association et qu'on a emprunté mon nomsans
mon consentement et mon insu. Je vous prie
Monsieur le rédacteur d'insérer celte décla
ration dans votre n" de ce jour.
neuf et grands frais fut la proie des flammesavec sa
femme qu'on ne put sauver, m
Et lui qu'est-il devenu? demandai.je. 11 bt élever ra
pidement la colonne que vous avez vue, et près de laquelle
personne ne veut avoir sa tombe; puis, comme il avait em
prunté beaucoup pour bâtir, et qu'il devait pre.-que tout, on
saisit ses terres pour payer ses créanciers. Lui-même accablé
de douleur, blessé la main ou au bras, disparut de la con
trée, et depuis on ne l'a plus revu au village.
Je passai quelques jours dans oe village, puis je revins chez
moi tout en regrettant de ne pas savoir ce qu'était devenu
l'ancien prévôt.
Un matin du mois d'octobre i835, jétais, selon mon ha
bitude, l'hôpital, où je faisais ma visite journalière, quand
dans la salle des hommes, j'aperçus sur un de ces grabats si
blancs et si tristes un visage d'uue pâleur épouvantable, et je
me dis la mort frappe celte porte. Je m'approchai du vieil
lard étendu sur pette couche et je comtemplai d'un œil at
tentif ces traits amaigris et ridés par la vieillesse autant que
par les souffrances. Cet homme paraissait conserver encore
toute sa force d'espritmais un œil exercé découvrait là une
vie qui allait doucement s'éteindre. Or il y avait quelque
chose dans ces traits qui me frappa je le§ avais vus quelque
part et depuis de longues années. Comme mon regard était
bxe et attentif
N'est-ce pas, mon bon Monsieur, me dit le vieillard qui
avait remarqué mon observation, n'est-ce pas que je vais mou
rir Mais vous paraissez encore fort, et sans doute que la
tète reslp bonne et saine, n'est-ce pas Oui la tête, «riais le
corps est bien faible. Quels remedes vous donnés la