JOURNAL D'ÏPRIS IT DE L ARRONDISSEMENT.
IV» 3024.
Mercredi, 23 Septembre 1846.
30me année.
YFF.3SS, 23 Septemrre.
erratum.
Lundi dernier 3 heures a eu lieu la
distribution des prix aux élèves des écoles
primaires gratuites. Les jeunes élèves ont
ouvert la séanée par un dialogue en fia*
mand.
M. Alph. Vandenpeereboom,chargéensa
3ualité d'échevin de la ville, de la direction
es écoles, a prononcé ensuite un discours
français dans lequel il a rendu compte au
public des résultats obtenus cette année
dans les écoles. Il a indiqué le nombre des
enfants admis, le nombre de ceux qui sa
vent lire, écrire, calculer. Ce discours
complète celui que M. l'Échevin a pro
noncé l'année dernière, sur l'établissement
des écoles primaires en cette ville.
Avant la distribution des prix une deux
ième pièce a été jouée en français, la bonne
prononciation et le naturel du jeu dépas
saient l'attente.
Cette cérémonie a eu lieu sous les aus
pices et avec le concours des deux autori
tés. M. le Bourgmestre et MM. les Echevins
étaient en costume officiel. M. le Doyen
et MM. les Curés de la ville s'y sont rendus
pour encourager les efforts qui ont été faits
jusqu'ici pour la prospérité de ces écoles.
Tous les élèves étaiënt proprement vêtus.
PAUPÉRISME.
Dans un article intitulé système écono
mique du parti clérical, et inséré au Progrès,
une tête dévergondée a entassé une suite de
LES ENFANTS DE LA VEUVE.
bévues, et de réflexions niaises sur le pau
périsme qui désole nos Flandres. Quoiqu'il
soit téméraire d'aspirer redresser des
idées aussi vagues, aussi incomplètes, et
aussi tortues, nous signalerons quelques
unes de ces méprises moins pour instruire
l'écrivailleur qui calomnie leclergé de pro-
posdélibéré, quepourdonnerà noslecteurs
une idée de l'état actuel des choses.
La véritable cause du paupérisme de nos
populations est en premier lieu l'espèce de
prohibition que la France jetée sur nos
toiles pour nous enlever son marché et le
réserver aux tisserands du département
du Nord et aux négociants de Lille; la
seconde cause est l'invention de la filature
du lin la mécanique, qui a rendu impro
ductif le filage la main. Cette invention
n'aurtiit pas tué, au moins de sitôt, notre
industrie linière, si la France n'avait fertiné
ses frontières nos toiles par dés droits
qui équivalent 23 où 30 pour cent de
leur valeur. Tandis que nos tisserands
meurent de faim, les tisserands de France
gagnent encore de belles journées. Les
ouvriers flamands qui ont le courage de
transporter leur métier en France soutien
nent assez bien la concurrence de l'indus
trie nouvelle. Ou peulvoiràRalluinaudelà
de la frontière, une suite très longue de
maisons où nos tisserands se sont réfugiés
pour échapper aux droits écrasants du tarif
français.
Personne en Belgique n'est responsable
des effets désastreux que ces deux causes
ont amenés. 11 n'était pas plus au pouvoir
du parti clérical que des économistes les
plus savants, d'empêcher que la filature du
lin la mécanique ne fût inventée, ou que
la France n'élevât d'une manière démésu-
rée son tarif. Tout ce qu'on pouvait faire
dans ces tristes circonstances, c'était de
soutenir l'ancienne industrie en faveur des
malheureux qui étaient réduits s'y cram-
tionner oii mourir de faim, et de soulager
es populations frappées dans leur exis
tence par tous les moyens qu'on avait en
son pouvoir. Des théories magnifiques, des
phrases ronflantes, des voyages philan
thropiques ne pouvaient rien pour nos
populations affligées; c'étaient des sub
sides, des encouragements positifs, des
débouchés, enfin, la dernière extrémité,
des aumônes qu'il leur fallait.
Les amis des Flandres et les membres
du clergé surtout se sont efforcé de procu
rer tous ces soulagements aux tisserands
désespérés, et ils ont assez bien réussi
dans les difficiles circonstances où nous
nous trouvions. Dans les localités où le
mal dépassait leurs forces, ils ont dépassé
leurs propres moyens, en donnant aux
pauvres une partie de ce qui leur était
personnellement nécessaire. Nous pour
rions citer ce sujet des exemples qui
feraient rougir les philanthropes qui dis
sertent au coin de leur feu, sur le système
économique du parti clérical. Mais qu'il
nous suffise de dire que le clergé a fait
pour les pauvres tout ce qu'il était humai
nement possible de faire, et qu'il a lutté
presque seul contre des difficultés dont le
parti libéral a longtemps contesté jusqu'à
l'existence. Pendant plusieurs années 17n-
dépendance a taxé de fables ou d'exagé
rations méprisables les plaintes que les
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VÉRITÉ ET JUSTICE.
Dans la 3e colonne de notre derniet* Nhiriero nohs avons
imprimé Des plattdudes n'ont pas besoinau lieu de Dès
platidudes ne sont pas des ràisonà. Celle phrase est l'adresse
du Progrès
Suite et fin.)
Le 09 juillet, Claude Lemoine, subrogé-tuteur des enfants
du notaire Lancelot Lemoine, fut assigné la requête du pro
cureur du roi pour élire un curateur l'enfant déposé
l'hôpital, et que, dans l'exploit, on nommait Jacques Lemoine.
Le ai août suivant, il fut rendu une sentence qui accordait
cet enfant une forte provision.
La dame Lemoiue se pourvut aussitôt au Parlement de
Paris elle obtint un arrêt qui la reçut appelante de la procé
dure, et fit défense de passer outre et de faire des poursuites
ailleurs qu'à la cour. Mais le tribunal de Vernon avait pris
l'affaire cœur; il déclara qu'étant du ressort du Parlement
de Rouen et non du Parlement de Paris il refusait de déférer
un arrêt rendu par ce dernier. Les revenus de la dame
Lemoine furent saisis. Un arrêt du Parlement de Paris donna
main-levée des saisies. Mais par une nouvelle déclaration, le
tribunal refusa de reconnaître l'autorité de ce Parlement, et
il rendit une sentenoe ordonnant de passer outre. Déjà les
frais étaient considérables, et les biens de la veuve étant sous
le séquestre, elle fut dans l'obligation de faire d'immences
sacrifices pour se procurer les moyens de se pourvoir en règle
ment de juges.
Sur ces entrefaites, Pierre, Faîne des deux enfants Lemoine
<£ui avaient disparu, rentra la maison maternelle comme un
nouvel enfant prodigue; voioi ce qu'il racouta
En sortant de Paris, mon frère Jacques et moi nous nous
dirigeâmes sur Vernou, espérant obtenir quelque argent des
fermiers de ma mère pour faire le long voyage que nous avions
projeté; mais on nous reçut fort mal, et bientôt nous fumes
réduits demander l'anmône. Uu gentilhomme de la com
mune de St-Waast, M. de Montaud, nous ayant reconnus,
nous recueillit chez lui là, mon frère Jacques tomba malade,
et il mourut après douze jours de maladie. Comme, après cet
événement, M. de Montaud se disposait me ramener Paris,
je fus effrayé de ma conduite et des reproches que je méritais,
et je pris la fuite. Depuis cette époque, j'ai mené une vie misé
rable. Enfin, me rappelant la bonté de ma mère, j'espérai
qu'elle me pardonnerait et je suis revenu.
Ce récit fut bientôt confirmé par des certificats authenti
ques émanés du gentilhomme qui avait recueilli les enfants,
du curé qui avait procédé l'inhumation du petit Jacques
dans le cimetiere de son église, et des principaux habitants de
sa paroisse. Le tout fut signifié au procureur du roi et au lieu
tenant-général de Vernon;mais malgré ces pièces, et alors qu'il
était si facile de connaître la vérité, ils refusèrent de se désister
Au bout d'un an, intervint un arrêt duf conseil qui ordonnait
que le mendiant Monrousseau et l'enfant seraient transférés
de Vernon au ForM'Évêque, Paris, pour y être interrogés
par l'illustre de Lamoignon, qui était alors maîlre des requêtes.
Lors de cette interrogatoire, le vieux mendiant, emprisonné
depuis le commencement du procès, déolara qu'il était bien
réellement le père de l'enfant, lequel s'appelait Louis Mon
rousseau; chais oe dernier soutint qu'il était le fils de la dame
Lemoiue et il fut appuyé en cela par un grand nombre d'ha
bitants de Vernon, appelés comme témoins, et qui s'accordèrent
dire é[ue oe jeune gàrçon était bien Jacques Lemoiue qu'ils
avaient connu parfaitement avant sa disparition, et dont Fiii-
dentilé était incontestable. Une épreuve que l'on croyait
devoir êtfe décisive, fut alors tentée; on côufrouta le prétendu
JacqRes avec Pierre, l'aîné des enfants Lemoine, rentré depuis
peu au bercail.
Si vous êtes réellement Jacques Lemoine dit M. de
Lamoignon au petit meudiaut, vous devez connaître ce jeune
homme
L'enfant regarda attentivement Pierre, puis il eut Pair dp
rélléchir, et après quelques iustants, il répondit:
Mon Dieu, monsieur; je suis malheureux d'être renié
par ma mère, que je n'ose plus reconnaître personne.
C'est justement que votre fâcheuse situation ait un terme
qu'il faut répondre franchement. Encore une fois, pouvev.-vous
dire quelle est la personne eu présence de laquelle vous êtes
Je le dirais bien si je le voulais, dît le jeune meudiant
sans se troubler; mais après ce qui est arrivé, j"ai peur de trop
parler.
Quant moi, dit Pierre, je déclare n'avoir jamais vu
cet enfant ailleurs qu'ici.