JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N<> 3032. 30me aunée. II a été reconnu de tous les temps que l'union parmi les citoyens est une des prin cipales forces de l'état, et l'histoire prouve toute évidence que les divisions inté rieures font périr infailliblement les plus puissantes monarchies. On a vu de petites républiques s'élever une grandeur colos- saie, et remplir la terre et les mers de la splendeur de leur gloire. On a fait même ce sujet un proverbe Concordiâ res parvœ crescunt, que l'on peut traduire par notre propre devise L'union fait la force. Un petit état dont un même esprit national pénètre toutes les parties, sou tiendra le choc des plus furieuses attaques d'un ennemi extérieur redoutable; s'il jouit de la paix, les efforts de toute la nation amèneront une prospérité quelconque; tan dis qu'un pays déchiré par des luttes intes tines verra au temps de guerre ses intérêts trahis par les siens, et au temps de paix, ses ressources négligées, et ses richesses passer des peuples rivaux. Le libéralisme n'ose pas contester ces vérités en face, et cependant toute la peine qu'il se donne, tous les ressorts qu'il fait jouer, toutes les tracasseries qu'il suscite, toutes les fourbe ries qu'il emploie pour entraver la marche du gouvernement, pour renverser des mi nistères, pour surprendre le pouvoir, pour embrouiller les affaires, pour discréditer le clergé, pour fausser l'esprit public, pour [LIS ©yiMTOEil. duper les électeurs, pour favoriser la dé bauche, pour corrompre la jeunesse, pour avilir la religion, pour empoisonner l'in struction publique, pour envénimer les débats parlementaires, pour semer l'irrita tion dans les masses, toutes ces tentatives et cent autres non moins criminelles n'ont pour résultat que de rompre cette union si précieuse et si nécessaire pour la conser vation de l'indépendance, et de mettre la liberté en danger au premier boulet de canon qui serait tiré nos frontières ou dans un état limitrophe. De là, ou bien que le libéralisme doit recevoir l'impulsion de la part d'étrangers, de la part des ennemis les plus acharnés de la patrie, ou bien qu'une stupidité aveu gle a éteint dans cette opinion les ensei gnements les plus simples de la droite raison. Il y a du vrai dans la première propo sition, témoin ce que la notoriété publique apprend sur le personnel de la presse et de la littérature libérales. Des romanciers français, l'écume de Paris, des réfugiés en bulle des condamnations judiciaires, des écrivains séduits autrefois par l'or de Guil laume, voilà les hommes qui pétrissent la fange du gâteau que le libéralisme distri bue au peuple belge. Mais il y a encore plus de vérité dans notre seconde proposition louchant l'aveu glement et la stupidité du libéralisme. On s'en aperçoit le mieux dans sa position l'égard du clergé. Le libéralisme s'annonce comme opinion politique, donc il ne devrait point se mêler de rel igion il pose comme principe fondamental, la séparation de l'é glise et de l'état; donc il devrai t en défendant les droits de l'état, respecter au moins une bienveillante neutralité envers l'église; il se dit foncièrement catholique, il devrait donc s'abstenir de toute attaque contre les dogmes, la morale et les ministres du ca tholicisme; il veut être l'apôtre de la liberté, il se soumet donc au devoir de ne montrer aucune partialité, et de ne com mettre aucune oppression, ni aucune vio lence. En agit-il ainsi? A peine pourrait on citer une seule circonstance où il ait été juste et impartial, non seulement l'égard du clergé, mais l'égard des catholiques en général. Ses journaux sont constamment remplis d'attaques, de sarcasmes et de ca lomnies contre le clergé. Grégoire XVI fut raillé pour avoir ordonné des prières pu bliques en faveur de l'Espagne; l'épiscopat belge est représenté comme un conseil de tyranneaux; leclergé inférieur est honni et bafoué, et son autorité vilipendée chaque instant. A Tilf, le libéralisme a traité la croix comme un chardon qu'il fau textirper; Ath, des libéraux frappèrent un prêtre en pleine rue uniquement parce que la vue d'une soutane les faisait enrager; Ver- viers, d'autres libéraux organisèrent une émeute pour empêcher des religieux de prêcher les vérités de la foi dans les tem ples; Tournai et Ypres, on a peur d'organiser l'instruction publique de con cert entre les autorités ecclésiastique et On s'abonne Ypresrue de I.ille, u° io, près la Grand'placeet chez les Percepteurs des Postes du Il oy a unie. PRIX Dl] KO Y\CTIi:iT, par trimestre, Pour YpreSfr. 4OO Pour les autres localités 4 Prix d'un numéro. s O 90 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur lfpres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IXSERTIOA8 f centimes par ligne. Les ré clames, 95 centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. 7??.3S, 21 OcTonuE. STUPIDITÉ DU LIBÉRALISME. (Extrait du Château de Wildenhorgde M. De Saiut-Génois.) Divisés en une infinité de tribus isolées, souvent ennemies, les Oucllanders ont toujours composé une caste tout fait différente de mœurs et d'habi tudes des autres habitants de la Flandre, comme eux cependaut, ils se soumettaient aux autorités établies, pourvu que celles ci ne se montrassent point contraire a certains vieux privilèges, d'ail leurs insignifiants, h certaines croyances supersti tieuses, auxquelles ils étaient singulièrement atta chés. La plupart d'entre eux habitaient dans de misérables huttes ou dans des tannières. Chose bizarre, bieu que vivant au centre de la population aborigène, le dialecte flamand que par lent encore aujourd'hui ces grossiers paysans, a certaines formes, certains accents, certains mots, qui s'écartent entièrement de l'idiome employé par la population environnante. S'il faut en croire les recherches faites h ce sujet, on retrouverait dans leur langage des traces évidentes de l'anglo-saxon, et par conséquent une preuve de leur affinité pri mitive avec la race saxouue de Witikind. bien que catholiques, ils conservent des idées et «les pratiques superstitieuses qui, sans aucun doute, ont appartenu dans le principe un attire culte le paganisme d'Odin et de Thor a laissé dans ces can tons des vestiges curieux étudier. On demandera peut-être comment cette population a pu garder ainsi, travers les siècles, son caractère distiuctif c'est que, semblables aux juifs, ceux qui font partie de cette caste s'allient constamment eutre eux, et perpétuent de cette façon un type qui autrement serait perdu depuis longtemps. Aujourd'hui le nombre des Oucllanders a con sidérablement diminué, par suite des progrès de l'agriculture, le défrichement des bruyères et la destruction des foi êis. Sauf quelques groupes isolés, dispersés sur la surface des cantons environnants, ce nombre est presque entièrement circonscrit au territoire des communes de Woumeu, Clerken, Eessene, Zarren et Staden, non loin de Dixinude. Essayons de donner quelques éclaircissements historiques sur ces Oudlanders, restés presque barbares au milieu d'une des contrées les plus civi lisées de l'Europe. Les historiens et les chroniquers, parmi lesquels rions citerons Meyer et Despars, racontent que Saiut-Eloi, l'ami et le confident de Dagobert, vint prêcher la foi en Flandre vers l'an 600. Dans sa mission apostolique, il rencontra beaucoup d'habi tants dont les ancêtres étaient arrivés naguères du Danemarck, de la Suède et du Holstein. Ces païens l'accueillirent fort mal, et il eut la plus grande peine a les convertir au christianisme. On peut aisément coujecturer que les Saxons, transplantés plus tard sur les bords de la mer du Nord par Charleraagne, se mêlèrent promptement celte population, qui était presque de la même origine qu'eux et avec qui ils avaient tant de points de contact. En 928, les Danois, sous la conduite de Sigfried, envahirent une partie de la Flandre ma ritime, et s'avancèrent an cœur dit pays jusqu'à Thourout. Dans la suite, leur chef, qui était un de ces aventureux pirates du Nord, dont l'Angleterre dut subir le joug de 1er, épousa la fille d'Arnoiid, comte de Flandre. Meyer assure que les habitants du territoire de Ghistelles étaient d'origine scyte et ne le cédaient a aucun peuple pour la barbarie et la sauvage rudesse de leurs mœurs. Or, l'histoire nous dit que le christianisme refoulait dans les forêts tout ce qui restait de païens assez endurcis et opi niâtres, et que ces derniers y gardèrent longtemps encore leur culte et leurs vieilles croyances. Peu

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Le Propagateur (1818-1871) | 1846 | | pagina 1