Bruxelles, 5 janvier. LL. MM. le Roi
et la Reine partiront demain matin pour
Paris. L'absence de LL. MM. sera d'une
douzaine de jours.
LL. AA. RR. le duc de Brabant et le
comte de Flandres, revêtus de leurs uni
formes du régiment d'élite et du régiment
des guides, assistaient le 1" janvier la
réception. Après le départ de la députation
de la Chambre des Représentants, les prin
ces se trouvant un peu fatigués, ont de
mandé se retirer, mais en exprimant le
désir de revenir dans le salon de réception
lors de la présentation des officiers de l'ar
mée. Ils ont assisté cette présentation. Le
Roi s'est entretenu quelques instants avec
MM. les colonels du régiment d'élite et du
régiment des guides. (Moniteur.)
Le Jardin Botanique de Bruxelles a
perdu, pendant l'arrière-saison qui vient
de finir, un palmier que l'on avait consi
déré comme le plus beau qui existât en
Europe; il avait sa base environ 4 pieds
de cirçonférence, et la serre dans laquelle
il se trouvait, quoique d'une hauteur pro
digieuse, était devenue beaucoup trop bas
se. C'est une perte qui sera regrettée par
les amateurs de botanique.
M. le statuaire Eugène Simonis vient
d'arriver Bruxelles; il a hâté de quelques
semaines son retour d'Italie par suite de
la mort de M. Orban, son beau-père.
Les travaux préliminaires pour la fonte
de la statue équestre deGodefroidde Bouil
lon squI en pleine activité dans les vastes
ateliers de M. Soyer, Paris. Il est re
gretter sans doute que ce monument na
tional ne soit pas complètement exécuté
en Belgique; maison comprend facilement
le parti que M. Simonis a pris lorsqu'on
songe aux nombreux désagréments que cet
artiste a éprouvés quand, pour des ouvra
ges bien moins importants, il s'est adressé
des fondeurs belges.
M. Suvs a terminé le projet de piédestal;
pour le soumettre au gouvernement et
la ville, il n'a plus besoin que d'une der
nière conférence avec M. Simonis.
S'il ne se présente pas d'obstacles im
prévus, le monument entier pourra être
inauguré lors des Fêtes de septembre 1847.
M. Calixte Blariaux de Wasmes, vient
d'obteuir un succès complet dans la con
struction d'un puits artésien la station du
Nord, quelques pas de la porledeCologne
Bruxelles. Dans la journée du 1" janvier,
la source principale ayant été atteinte
une assez grande profondeur, un jet d'eau
a commencé jaillir violemment du sol et
avec une abondance telle qu'en peu d'in
stants l'entourage de l'appareil et toute la
frêle barraque où s'exécutent les travaux
ont été submergés; il a fallu creuser une
tranchée de quatre mètres et demi de pro
fondeur pour atteindre un aqueduc, afin d'y
faire écouler les eaux provenant de cette
brusque et prodigieuse apparition de la
colonne liquide jaillissant des entrailles de
la terre. Grâce donc cet admirable procédé
hydraulique, le service de la plus grande
station des chemins de fer de l'Etat sera
alimenté pour un triple usage par une fon
taine hydraulique. L'eau qu'elle fournit en
abondance, plus que suffisante, est desti
née tout la fois chauffer les bureaux et
tous les bâtiments de la nouvelle station
l'aide d'une machine vapeur; orner et
arroser le jardin qui sera établi devant la
façade principale, et enfin satisfaire aux
différentes branches accessoires du service.
Un phénomène atmosphérique a été
observé Bruxelles le 51 décembre c'est
un lialo très-prononcé et très-développé
qui entourait le disque de la lune, actuel
lement dans son plein, entre 9 et 10 heures
du soir et par un froid de dix degrés cen
tigrades.
On écrit d'Alost, en date de samedi:
Dimanche dernier, pendant qu'on était
occupé placer douze lampes-carce! dans
le dernier lustre en bronze de la grand'-
salle de l'hôtel de ville, le chrochet qui le
retenait au plafond se détacha, et le lustre
vint frapper le plancher de tout son poids
de 500 kilogrammes; un quart d'heure
plus tard, cet accident aurait pu faire une
dizaine de victimes, car la salle se remplis
sait de monde pour assister au premier
concert d'hiver de la Société de YHarmonie
Royale.
Le 20 décembre au malin, un accident
a eu lieu sur le chemin de fer du Nord,
Quiévrain. Deux locomotives, l'une appar
tenant l'exploilalijon belge, l'autre au
service français se sont heurtées, le brouil
lard n'ayant pas permis aux mécaniciens
de prévoir celte collision. Les machines
sont en fort mauvais état, comme on peut
le supposer; mais, part le mécanicien
français, qui a été assez grièvement blessé,
il n'y a pas eu d'autre accident déplorer.
On écrit de Duren, le 28 Décembre:
Un crime, probablement sans exemple,
a été commis dans cette ville, il y a quel
ques jours. Le matin on s'aperçut qu'une
des fenêtres de la halle aux viandes avait
été brisée, et on envoya chercher la police,
supposant qu'un vol avait été commis.
Lorsque les agents pénétrèrent dans la
halle, ils trouvèrent le cadavre d'un jeune
homme étranger, et vêtu avec élégance,
suspendu un des crocs auxquels on a
l'habitude d'attacher les grosses pièces de
viande de boucherie. Les hommes de l'art
déclarèrent que le malheureux jeune hom
me avait été tué suivant le procédé que
les bouches emploient pour l'abattage des
bestiaux, et qu'ensuite il avait été pendu
au croc aprèsavoirété lavé soigneusement.
La police est la recherche des auteurs
de ce crime horrible.
Il est mort, il y a quelques jours,
l'hospice des aliénés, Paris, un vieillard
nommé Simon, dont l'histoire présente un
utile enseignement et mérite d'être rap
portée. Lorsque Napoléon eut résolu de
faire construire le palais du roi de Rome,
près la barrière de Passy, on rencontra
dans l'alignement proposé par les plans
des architectes, une échoppe appartenant
un pauvre cordonnier du nom de Simon;
afin de ue pas déranger la régularité de la
construction, on se décida acheter cette
échoppe, et on s'aboucha, cet effet, avec
le propriétaire. Simon, en apprenant ce
qui se passait, avait causé avec ses voisins,
et, d'après leur conseil, il demanda 20,000
fr. de son échoppe.
L'administration des domaines de l'Em
pereur hésita quelques jours et se décida
enfin accepter; mais Simon, qui avait été
de nouveau chercher des conseils, déclara
que.quisqu'on n'avait pas accepté son offre
aussitôt, il augmentait ses prétentions et
voulait de son échoppe 40,000 fr. Ce prix
qui était plus de deux cents fois la valeur
de la chose, parut exorbitant; les négocia
tions furent rompues, et l'on commença
les travaux en faisant l'alignement une
légère modification. Cependant,au bout de
quelques mois, on s'aperçut que l'acquisi
tion de l'échoppe était peu près indis
pensable et on retourna vers Simon, mais
ses prétentions avaient encore augmenté,
et il demandait 60,000 fr. de sa propriété.
On lui en offrit 50,000 fr. qu'il refusa obsti
nément. L'Empereur alors donna ordre
d'en rester là; il déclara qu'on changerait
tous les plans s'il le fallait, mais qu'on se
passerait de l'échoppe.
Le pauvre cordonnier comprit en ce
moment qu'il ne fallait pas abuser de la
fortune quand elle venait vous avec con
fiance. Il alla lui-même offrir sa propriété
au prix de cinquante mille francs, puis de
quarante, puis de trente, puis de vingt;
mais on ne l'écouta pas; d'autres disposi
tions étaient faites. Cependant on avait fini
par se décider l'acheter, moyennant un
prix raisonnable, lorsque les événements
de 1814 survinrent et firent oublier le pa
lais du Roi de Rome et l'échoppe du cor
donnier. Deux ans plus tard,Simon poussé
par la misère, vendait sa propriété au prix
de cent cinquante francs, et, quelques mois
après, le chagrin que lui causait l'ambition
déçue ayant altéré sa raison, il entrait dans
l'hospice des aliénés, où il est mort au com
mencement de ce mois, l'âge de soixan
te-dix-neuf ans.
Un cultivateur autrichien a eu l'idée
de préparer une bière solide et qui fournît
chacun le moyen de se procurer dans
l'espace de 24 heures une quantité quel
conque de bière potable. A cet effet, on
dissout dans l'eau tiède cette masse com
pacte, on y mêle ensuite du levain, puis on
laisse le tout fermenter pendant vingt-qua
tre heures. La bière ainsi préparée est
les âmes pieuses a faire une communion pendant la
première quinzaine de janvier et a réciter chaque
jour une dizaine du chapelet, pour attirer les bé
nédictions du Ciel sur cette bonne œuvre et sur
tous ceux qui y contribueront. Nous célébrerons la
sainte messe a la cathédrale, le jour de l'Epipha
nie, 10 1/2 heures, la même intention.
Puisse notre voix pénétrer jusque dans la ca
pitale! Si cette cité opulente ferme ses portes h
nos pauvresqu'elle nous ouvre du moins les
cœurs de ses habitants. Puisse-t-elle retentir jus
qu'au centre des provinces, qui sont dans l'ai
sance! Jamais le clergé elle peuple flamand n'ont
refusé de secourir leurs voisins lorsqu'ils étaient
dans la détresse, jamais ils n'ont insulté leur
malheur Puisse aussi notre sœur chérie, la Flan
dre occidentalene pas être oubliée dans les lar
gesses des autres provinces!
Donné h Gand le 5o décembre i846.
•f LOUIS-JOSEPH, Évêque de Gand.