Une misérable danseuse espagnole, Lola
Montés, a captivé tellement l'esprit du roi
Louis de Bavière, qu'elle passe pour mener
le monarque sexagénaire au gré de ses ca
prices. 11 laut remonter aux cours souillées
de Louis XIV et de Louis XV, aux Montes-
pan etaux Dubarry pour trouver le pendant
de pareils désordres. Le peuple bavarois en
est indigné. En ces tristes circonstances,
les ministres ont donné un noble exemple
de dignité personnelle. Il s'agissait de con
férer l'indigénat en dehors du texte précis
des lois la scandaleuse étrangère. Plutôt
que de donner leur adhésion cet acte
dégradant, le cabinet a donné collective
ment sa démission. En résignant leurs pou
voirs, les ministres de la couronnne ont
cru devoir exposer au Souverain et au
peuple les motifs de leur résolution dans
une adresse rendue publique, et que nous
regrettons ne pouvoir insérer cause de
son étendue.
Sire, y est-il dit, la décision royale qui
a pour but d'accorder la Signora Lola
Montés l'indigénat bavarois, a mis les
soussignés dans la nécessité de renoncer
la direction supérieure des affaires.
Tous sont incapables de trahir leurs ser-
ments. Cette question d'indigénat a été
franchement et hautement, dans la séan-
ce du conseil d'état du 8 février, quali-
fiée par le conseiller d'état de Maurer de
calamité la plus grande qui puisse jamais
affliger la Bavière. Cette conviction a été
partagée par tout le conseil, elle est en
même temps l'opinion de tous les fidèles
sujets de V. M. Depuis le mois d'octobre,
on ne s'occupe que de ce qui se passe ici.
Le respect pour le Souverain s'affaiblit
de plus en plus. Le sentiment national
est blessé; la Bavière se croit gouvernée
par une étrangère dont la réputation est
flétrie... Des hommes comme l'évêque
d'Augsbourg, dont rattachement V. M.
ne saurait être révoqué en doute, répan-
dent chaque jour des larmes amères sur
ce qui se passe sous nos yeux. Le prince
évèque de Breslau, apprenant qu'on avait
apprenant qu'on avait répandu le bruit
qu'il avait émis une opinion tendant
excuser l'état des choses, s'est empressé
d'écrire pour démentir cette assertion de
la manière la plus formelle. Les feuilles
étrangères nous racontent chaque jour
les plus scandaleuses anecdotes, et con-
tiennent les attaques les plus dégradan-
tes contre V. M. La situation est telle
qu'elle menace de détruire ce que le
peuple bavarois a de plus cher, la re-
nommée, la puissance, le bonheur, et
et tout l'avenir d'un Roi chéri.
Ce document énergique, de nature faire
sensation en Europe, mais qui parait n'en
montrent suffisamment que son action doit avoir
produit des résultats opposés au but qu'il aurait
fallu poursuivre au lieu d'arracher la dentellière
au joug du marchand au lien de l'e'manciper, on
a renforcé ses chaines d'un lieu légal qui finira
par l'étouffer.
Aux considérations générales que nous avons
précédemment exposées, il vient se joindre une
observation qui concerne directement l'industrie
dentellière. Comme les femmes s'y adonnent a
l'exclusion des hommes, il est clair que, si même
il s'en trouvait parmi elles qui fussent patentées,
qui fussent contre maîtres, qui fussent chefs d'a
telierelles ne pourraient ni prendre part aux
élections, ni être représentées au Conseil des
Prud'hommes. Il y a plus, au nombre des mar
chands de dentelles, nous voyons beaucoup de
femmeset elles aussi sont incapables de siéger
parmi les Prud'hommes. D'où il résulte que toutes
les ouvrières et une partie des marchands sont de
fait exclus du cercle des électeurs et de celui des
éligibles; que quelques marchands s'arrogent le
privilège de s'élire enlr'eux et de juger leurs su
bordonnées et leurs concurrentes et que l'in
dustrie dentellière pour laquelle seule on a tiré de
la poussière quelques décrets napoléonéeus, est
précisément l'industrie qui résiste avec le plus de
force leur empire.
Les fabricants de rubans, de savon et de sel,
les tanneurs, les brasseurs, les distillateurs, les
fabricants de tabac, les orfèvres, etc. n'ont pas
songé l'institution d'un Conseil de Prud'hommes
parce qu'ils n'ignoraient nullement que la situation
de nos manufactures n'en était pas susceptible et
n'en réclamait pas l'influence délétère. Mais
certains marchands de dentelles y voyaient une
aime contre de nouveaux concurrents et un épou-
vantail contre les ouvrières.
Une dentellièredemande-t-elle une augmen
tation de salaire, en cas de hausse, elle n'en aura
pas, et si elle fait une observation, elle compa
raîtra devant le Conseil des Prud'hommes.
Une dentellière, deinande-l-elle le maintien de
son salaire, en cas de baisse, elle ne l'obtiendra
pas, et si elle réplique, elle comparaîtra devant
le Conseil des Prud'hommes.
Et n'allez pas vous imaginer que le marchand
de dentelles s'oblige d'avance a payer un prix dé
terminé 5 cela serait trop gênant, car il y a dans
le Code un article qui porte que les conven
tions tiennent lieu de loi entre les parties,
Non il donne un parchemin il fournit du filil
avance de l'argent, et il dit Travaillez-, je
vous payerai ce que vous aurez mérité et tout le
monde comprend que l'ouvrière n'a jamais mérité
que ce qui reste apiès avoir déduit un gros béné
fice pour le marchand.
Ainsi, la dentelle n'est—elle pas achevée a point,
n'est-elle pas supérieurement travaillée, n'est-elle
point parfaitement blanche, y a-t-il quelqu'autre
prétexte enfin diminution de salaire.
se t'appliquaient si follement sur la bouche sur le fïout et sur
le sommet de la tête, que mou crucifix eu était entièrement
ensanglanté, et pareilles scènes se renouvelaient souvent. Je
me mettais alors l'ouvrage, et la pioche en maiu, je creusais
les loudemens de notre établissementmais quelquefois les
eufaus restés pies de moi allaient eu chercher d'autres, et
ramenaient souvent une treutaiue de grauds, marabouts et
autres. Alors, pour essuyer mes sueurs, je m'asseyais sur un
rocher que j'avais fait sauter par la mine, et je courmeuçais la
prière. Tous se metlaieut genoux, les mains jointes et répé
taient le Piotre-Pere.elc. Cela se répétait j 5 fois chaque jour
aussi ai-je mis six semaines pour bâtir uue petite case le même
empressement continue maintenant encore plus que jamais,
mais avec plus d'ordre et eu Wolof. Quand je n'avais pas assez
de monde, j'envoyais un enfant dans les villages avec une sou-
nette, et j'avais de suite uue foule de noirs. Plus tard j'ai voulu
attacher la souuette un arbre, mais le frère Siméon l'avait si
mal fixée que j'ai failli me tuer en la sonuant.
Quand j'étais entouré de tout ce monde, ne connaissant point
encore la langue, j'avais recours la pautomiue pour me faire
comprendre. Je prenais mou crucifix, puis me plaçant contre
un arbre, lesbrasrn croix, les yeux fermés pendant uu instant
je leur disais eu montraut ma croix Jesus-Christ mort pour
.Vtepe, pour Wolof, pour Français, pour Toababts, pour Aoirt,
pour tuus. Ces bonnes geus voyant que j'aurais voulu leur
parler et que je ne pouvais pas s'écriaient Wauw, tvauvr, oui,
oui, c'est comme cela, vous dites la vérité.
Bientôt le bruit de uotre arrivée s'est répandu dans l'rnté-
riiui ties terres d'où je reçus des visites eu masse de gens qui
Et dans tons ces cas, l'ouvrière n est-elle pas
contente, qu'elle s'en aille devant les Prud hom
mes, et lorsqu'elle comparait devant le Conseil,
elle voit.... qui voit-elle? les marchands dont elle
avait a se plaindre.
Nos réflexions ne sont pas contredites par 1 ex
trait du compte-rendu des opérations du Conseil
des Prud'hommes, que nous avons publié sur la
demande de M* le secrétaire.
11 s'est présenté en tout 62 causes devant le
Conseil.
L'industrie dentellière a fourni 61 causes, ce
qui prouve que les autres industries ne s'en in
quiètent pas beaucoup.
Parmi ces causes, une seule a du être jugée, les
autres ont été conciliées. C'est très-beau en appa
rence: approfondissons la chose. Cette affaire
jugée en faveur de l'ouvrière n'était-elle pas in
troduite, non contre un marchandmais contre
une marchande? Ce qui précède explique notre
pensée. Quant aux aflaires conciliées, il faudrait
connaître les transactions pour les apprécier, pour
voir de quel côté se sont trouvés les sacrifices.
Etait-ce du côté des ouvrières ou des marchands?
Etait-ce du côlé des marchands ou des marchan
des?
12 aflaires ont eu lieu entre fabricants.
Était-ce entre fabricants ou fabricantes?
Était-ce entre fabricants et fabricantes?
28 ont été introduites par des fabricants contre
des ouvrières, et 21 par des ouvrières contre des
fabricants.
Comment 21 causes introduites par des ouvriè
res contre des fabricants! Que serait-ce donc si,
par sa nature et son organisation, le Conseil des
Prud'hommes put être une justice impartiale entre
les marchands et les ouvrières?
Ce rapprochement entre 28 causes introduites
par des fabricants et 21 causes introduites par des
ouvrières, démontre que tous lestorls ne procèdent
pas des ouvrières, et que celles-ci ne laissent pas
que de sentir leur oppression et de se dresser quel
ques fois contre ses étreintes. Celte vérité frappe
d'autant plus qu'il y a des milliers d'ouvrières
pour un seul niarcbaud, et que celui-ci, par son
éducation, par le soin qu'exige son honneur, n'est
pas, comme une pauvre ouvrière, exposé a ces
tentations qui font abandonner la ligue des de
voirs.
Nous publierons prochainement un dernier ar
ticle, dans lequel, avant de nous résumer, nous
dirons notre manière de voir sur les livrets et sur
les dessins de dentelles.
LD^Û^Tlio
vtuaieul me voir de 5, 6, 7 cl 8 jours de marche. Quelques uus
sont restés pendant huit jours pour apprendre leurs prières;
d'autres sont retournés pour chercher toute leur famille d'au
tres out écrit la prière en caractères arabes pour l'enseigner
leur famille et tout leur village; l'un d'eux est resté toute
une joui née sans manger de peur que je ue lui enseigne point
la priere. N'est-ce pas ici, mon père, le lieu de s'écrier A7un-
quàvi vidi tiuitam Jidem in Israël?
11 vous tarde sans doute de savoir comment j'ai pu commen
cer la maison; j'ai eu, eu effet, beaucoup de difficultés, mais
comme ce u'étuitpasla nôtre, mais celle de Dieu, je suis parvenu
la voir presqu'a sa lia et j'en ai eu beaucoup de cousolatiou.
A vaut de commencer, tout le monde disait que jamais ou
n'aurait d'ouvriers, et en effet, j'ai été obligé moi-même de
piocher les fondations avec le frère Pierre et nos cinq petits
Noirs. Nos cnuemis avaient mis dans la tète de nos bons habi-
taus de Dakar que nous voulions élever une forteresse pour
nous emparer de la -ville, et le roi voulut que je lui prélasse
serment de ne lui faire aucun mal, ce que je lis volouliers.
Pendant que je travaillais aux fondations, des marabouts
vinrent se moquer de moi eu claquant des maïus, croyant que
je n'eu serais jamais venu a bout, tu effet pendant quelques
jours, il n'y eut pas Jmoyeu d'avoir quelqu'un, mais enlin
peu-à-peu, je réunis des travailleurs et l'ouvrage avauça. Tout
paiaissait aller quand un nouvel incident nous réduisit encore
nos propres bras. Les Noirs s'étaut aperçus qu'il fallait creuser
profoudémeut prirent la fuite en criant Sorciers! sorciers'-
pensaut qu ils allaient sortir de dessous terre. Cependant le
frère et moi nous minus a creuser et appelant un interprète
mou secours, je fis dire la foule qui s'était rassemblée que
je commaudais aux sorciers et que j'étais plus puissant qu'eux,
ils me regardèrent, me crurent et se remirent au travail. Ce
11 est pas tout, il fallait de I eau, et il fallait creuser bien avant
pour en avoir; les pauvres Noirs abandonnèrent de nouveau le
travail, et je lus obligé de creuser moi-même. Ayant trouvé
de l'eau eu grande quantité, au lieu de m'en servir, je ta dis
tribuai ces bonnes geus dont les bœufs, 1rs poules et les cauards
mouraient de soif. I.e lendemain, ou vint me faire mille re-
mercimeuset l'on m'apporta toutes soi tes de présents; quelques
uns même voulaient m'adorer. Deux ou trois jours après, ils
creusèrent eux-mêmes des puits sans craindre les sorciers, et
maintenant quand je leur dis quelque chose on ne raisonne
plus, et l'on dit c'est l'abbé qui l'a dit.
Les fondations creusées, il fallait des pierres, et pour eu
avoir, il fallait faire jouer la miue. Les dix premières fois, la
curiosité attirait bien cent personnes sur les lieux dès les deux
heures après midi; et l'on attendait avec une patience incroyable
jusqu'à fi heures du soir, moment où l'un mettait le feu. J'ai
été obligé d'employer au moins 5o hommes pour éloigner cette
masse, car tout le monde voulait voir de près et persouue ue
soupçonnait le danger; mais que de cris! que d'exclamations!
quand on voyait faire feu par a} pétards la fois, qu'on apper-
cevait des rochesdisparaitre, les fiammess'élever cinq métrés
de hauteur et les pierres lancées uue élévation prodigieuse.
C'est alors qu'on n'osait plus «n'approcher qu'eu me baisant les
mains, et que des discussions sans nombre s'élevaient de nou
veau sur mou compte pour savoir qui j'étais. Les uns disaient
que j étais uu savant, les autres que j'étais le grand Serin Tou-