JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3076.
30me année
On s'abonne Tpre», rue de
Lille, n» 10, près la Grand'placeet
vciiez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
l'RI DK IMBMXBME*!1,
par trimestre,
Pour Y prèsfr. 4#0
Pour les autres localités 45®
Pria d'un numéro. lO
Tont ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
l'pre*. Le Propagateur parait
le 8AJHEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DE# IXNERTIO.Xg.
9 centiim par ligne. Les ré
clames, centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
7? 7.3 S, 24 MARS.
Une mori instantanée vient de frapper
encore un père de famille. M. Ceriez, tan
neur, près la porte de Lille est décédé ce
matin. Une heure ou deux auparavant, il
avait encore recueilli des dons pour une
confrérie l'église de S' Pierre, et travail
lait dans ses magasins. M. Ceriez était
généralement estimé.
On écrit de Gulleghem, qu'une maladie
éptdémique désole celte commune depuis
plusieurs mois et y fait un grand nombre
de victimes. Le curé de l'endroit qui a été
administré, est maintenant convalescent.
Le mal qui semblait se ralentir, a repris
son intensité depuisune vingtaine de jours,
au point que le nombre des malades est
présentement de trois cents au moins.
Il y, a jour par jour, huit dix admi
nistrations, et environ vingt enterrements
par semaine. M. le vicaire a été administré
la veille de S'-Joseph etesten grand danger.
Si aux ravages de ce terrible fléaux on
joint la grande misère qui sévissait déjà
dans cette paroisse par suite de la déca
dence de l'industrie linière, on pourra se
faire une petite idée du deuil qui couvre
ce malheureux village, naguère encore si
florissaut.
S'il y a des âmes compatissantes qui
n'ont pas encore épuisé toutes les ressour
ces de leur charité, nous les conjurons en
faveur de ces pauvres malades; et nous
nous chargerons volontiers de faire re
mettre leur destination les aumônes
qu'on voudra nous confier.
On écrit d'ingelmunsler en date du 20
mars
Suite et fin de la LETTRE de M. Warlop, Missionnaire de
la Congrégation du Suint Cœur de MarieM. le Supérieur.
La maison est presque finie. J'ai fait une école assez spacieuse
pour contenir aoo personnes, mais je pense qu'elle sera trop
petite; nous laisserons encore pour l'école deux autres salles
de même dimension, car tout le monde vient nous demander
pour y venir, marabouts, grands et petits, femmes et filles, et
surtout les filles, car les garçons connaissent un peu l'arabe»
mais les filles n'ont jamais rien appris.
Maintenant mon cher Père, d'après votre demande, je vais
vous dire uu mot sur les obstacles que nous rencontrons pour
la propagatiou de notre Sle Religion, j'en compte trois.
La révolution de i83o qui a eu lieu ici au sujet d'une
nouvelle Religion que les Méthodistes ont voulu introduire.
63 jeunes gens qui avaient embrassé leur religion oui été oon-
damués mort, et cet accident n'est pas encore oublié. Tous
veulent se faire catholiques; tous disent nous sommes catho
liques dans le cœur mais tous se souviennent de i83o. Cepen
dant ne perdons pas courage; le bon Dieu suscitera des hommes
qui ne craiudrout point et qui braveront la mort s'il le fautj
et d'ailleurs le S1 Cœur de notre bonne mère comptera-t-il
j»our rien ici Dès qu'il y en aura quelques uns de convertis
tous les suivront; au reste ils verront qu'on ne ieui fera aucun
Dieu seul sait quels sont les maux que
les impénétrables décrets de sa providence
réservent nos infortunés flamands! Une
contagion bien redoutable fait apparition
dans une des communes déjà décipées par
la faim la dyssenlerie connue sous le nom
de rooden loop règne Meulebeke et y a en
levé en ce moment seize personnes parmi
lesquelles trois sœurs de charité de l'hô
pital. Toutes les mesures de précaution
ont été prises pour empêcher la contagion
de s'étendre; une baraque a été élevée où
les individus atteints sont aussitôt trans
portés. Le cordon sanitaire établi autour
de la baraque écarte impitoyablement de
son approche tout autre que les gardes-
malades qui se dévouent en victimes de la
charité chrétienne au service de cet hôpital
et peut-être la mort!
L'Eclio de Courtray annonce que M.
Catteaux-Gauquié se propose de venir au
secours de l'ancienne industrie linière, et
de faire lisser des toiles avfec du fil la
main. Il donne déjà de l'ouvrage environ
deux mille iileurs et (lieuses, auxquels il
fournit la matière première, en leur don
nant un salaire assez élevé pour qu'ils puis
sent pourvoir leur subsistance.
Un nouveau journal, l'Electeur, doit
paraître Courtrai.
Samedi matin, l'ingénieur, M. Prisse,
s'est rendu sur les travaux de terrasse
ment qui s'exécutaient le long de la pre
mière section du tracé du chemin de fer
de Courtrai Boulers, depuis le pont en
construction sur la Lys jusqu'au village
d'ileule, l'effet de vérifier par lui-même
si les plaintes parvenues sa connaissance
sur le peu d'argent qui était remis aux
mauvais traitement; le Roi même les protégera et s'il est fidèle
sa parole, il ne tardera pas lui-même se faire chrétien. 2°
Le second obstacle vient de l'opposition de la famille. Les Noirs
ne font rien sans consulter leurs parents; avaut de se faire
baptiser, ils assembleront le conseil de famille et les vieillards
bien que n'étant pas opposés aux missionnaires, les dissuaderont
cependant de se faire chrétien par respect pour leurs ancêtres.
Mais cet obstacle ne sera lien, dès qu'ils seront instruits, ils
verront bien qu'une affaire de conscience n'est pas une affaire
de famille. 3° £nfin le 3me obstacle se trouve dans leur fai
blesse pour résister aux vices, car quand il» ont un mauvais
penchant, ils le suivent sans crainte.
Viennent maintenant quelques autres considérations d'abord
c'est un peuple qui a une morale et des usages eulièiemeut
opposés aux nôtres; de plus c'est un peuple ignorant et en même
temps rempli d'orgueil et eu outre il est fataliste et superstitieux.
En examiuaut tout cela ou est presque tenté de dire qu'il n'y
a rien faire, mais le bon Dieu saura bien changer leur cccur.
D'ailleurs ©'est un peuple qui veut s'instruire, qui veut connaî
tre la vérité et qui nous écoute avec beaucoup d'empressement.
Il est naturellement religieux et le 1er précepte qu'un jère
donne son fils, c'est qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui voit tout
et qui sait tout.
Je pourrais vous citer encore la traite des Nuirs comme on
obstacle bien grand la conversion et la civilisaiion de ces
travailleurs par les pulbazen, avaient quel
que fondement. Il paraît aujourd'hui avéré
qu'en effet ces pulbazen, qui s'étaient faits
débitants de boissons et de comestibles,
forçaient en quelque sorte les ouvriers de
leur escouade consommer journellement
une notable quantité de genièvre, sous
prétexte qu'un petit verre, pris de temps
en temps, donnait de nouvelles forces et
doublait le courage. Les malheureux dé
pensaient ainsi un bon tiers de leur jour
née en provisions de forces et de courage,
au grand contentement des pulbazen, qui
y trouvaient leur profit. M. l'ingénieur
Prisse, après avoir entendu un très-grand
nombre d'ouvriers, vérifié les comptes et
pris informations exactes, a immédiate
ment ordonné des mesures sévères pour
faire cesser ce genre de commerce illicite
et en empêcher le retour.
(Chronique de Courtrai.)
Ces jours derniers un bâtiment chargé
de grains, qu'on exportait du pays, a été
arrêté et saisi par les douaniers de Nieu-
port; en outre, des employés de la même
administration arrivé de Bruges Adin-
kerke, village situé entre Fumes et la fron
tière française, y ont également saisi une
bélandre entièrement chargée de grains.
Les céréales étaient couvertes de paille
pour donner le change.
Si nous en croyons un journal de
Bruxelles, un incident regrettable est sur
venu dans l'émigration des ouvriers fla
mands sur les bords de la Meuse. Quand
les ouvriers ont été rendus sur les lieux
les entrepreneurs ne se sont plus trouvés
d'accord avec les promesses qu'ils avaient
ou que l'on croyait qu'ils avaient faites.
pauvres peuples, malgré la surveillance des navires français et
anglais, une foule de négriers désolent encore noi malheureuses
côtes. Chaque année on arraclie leurs familles, leur père
leur mère, leurs amis, une foule d'iuforlunés destinés aux
plus affreux traitements et que ces marchands de chair humai
ns ne rougissent pas de prostituer aux plus abominables désor
dres. J'en ai vu récemment î3o pris sur les côtes de Guinée,
la moitié déjà sont morts des suites des mauvais traitements,
ils étaient tous exténués, ils portaient encore les niarqoes des
ohaiues; je les ai visités avec M. le préfet et nous leur avons
fait faire la prière. Ces pauvres geus levaient les mains au ciel
et étaient pleins de joie comme s'ils eussent voulu dire voila
notre première consolation. A quelle juridiction appartenaient
ces iufortuués A la notre mou père. Les français ont encore
pris deux autres négriers, qui appartenaieut leurs victimes
nous encore, et ceux que les au g lais ont capturé d'où soi taient-
ils? de chea nous encore. Oui mou père, c'est le malheureux
Noir de Guinée qui enrichit de ses sueurs, de ses larmes et de
sou sang ces infâmes marchands Portugais, Espagnol.-, Fran
çais même et Anglais, qui voguent sous un drapeau étranger
piur faire plus facilement leur horrible commerce. Qui doue
guérira notre pauvre peuple de ces pLies? c'est l'homme de
douleur du haut île sa croix; c'est sa sainte parole que vos en
fants leur porterout, l'éteudard tiiomphant la maiu.ee n'est
qu'aux pieds de ce signe glorieux que la Guiuée Verra huit sci