JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3078.
30me année
7PP.SS, 31 MARS.
Le Progrès de l'autre jour renfermait
dans son article de fonds les propositions
que voici
Quelquesjournauxsatyriquesontpour-
suivi non pas l'homme politique dans la
personne royale, mais l'homme privé,
d'attaques très inconvenantes, pour ne
pas nous servir d'un autre mot. Des ca-
ricatures ont aggravé le déliten ajoutant
des articles orduriers l'explication figu-
rée des allégories infâmes qu'on n'osait
nettement exprimer. Ces faits se pas-
saient pendant Cabsence du Roi, et les
écrits et caricatures ont été répandus
par toute la Belgique....
Un procès s'en est suivi en Cour d'as-
sises...
Nous n'avons pas blâmer le jury qui
a rendu un verdict d'acquittement, et
encore moins oserions-nous traiter sa
décision de scandaleuse... Dans les pro-
ces politiques, comme l'a fait observer
M. Lebeau, le jury représente l'opinion
publique, et il est rare que son verdict ne
soit pas sympathique avec cette grande
voix du peuple qu'on n'entend que dans
les grandes occasions.
Pour notre part, nous croyons qu'il est
difficile d'accumuler plus de cynisme d'i
dées, et plus de pauvreté de logique, que
dans ce peu de lignes. Le peuple, le jury,
le Roi, le bons sens, se trouvent la fois
conspués.
Le Progrès déclare hautement qu'il n'y a
rien blâmer dans une décision, assurant
impunitéaudélit qui atteintrhommeprivé,
qui même atteint la personne inviolable du
Roi comme homme privé; qu'il n'y a rien
de scandaleux dans cette licence effrénée
d'articles orduriers et de caricatures in
fâmes répandus par toute la Belgique; qu'il
n'y a rien réprimer dans la lâcheté du
folliculaire qui s'attaque de préférence
l'absent. Mais si les délits peuvent demeu
rer impunis sans qu'il y ait s'en émou
voir, qu'avons-nous besoin de Code crimi
nel et de lois pénales? Si les délits, même
aggravés par des circonstances spéciales,
jouissent d'un bill d'indemnité devant la
justice, quoi bon d'établir des tribunaux
et de rétribuer des magistrats? Si le Boi
lui-même, et comme homme privé, c'est-
à-dire le plus puissant particulierde l'État,
n'est pas efficacement protégé dans son
honneur et sa réputation contre les mal
faiteurs qui cachent leurs stylets derrière
l'aflublemetit de journaux soi-disant saly-
riques, qui sera donc dorénavant en pos
session sûre du bien le plus précieux
l'homme, la bonne réputation? et quelle
est cette Constitution de vagabonds l'idole
de l'Europe représentative née de la révo
lution de 1830, non pour nous assurer
l'indépendance, mais pour nous assujétir
la tyrannie du premier misérable venu
qui s'attache nous poursuivre de ses mé
chancetés? A quels corollaires la logique
du Progrès nous conduirait! Ni l'étendue
delà publicité, ni l'atrocité du guel-apens
résultant de l'absence de la victime, ni
l'infamie ordurière des moyens employés,
ni la distinction éminente du personnage
voué au mépris, ne peuvent émouvoir le
Progrès pour se dresser contre de pareilles
indignités, èt taxer quelque peu vertement
l'indolence de ceux que la loi avait chargés
de son maintien, et qui ont méconnu l'im
portance et la portée de leur mission.
Les doctrines du libéralisme, palpées
nu, surprises dans leur mise en œuvre,
sont bien pitoyables. Une éducation placée
sous cette mortelle influence, est bien faite
pour amoindrir le cœur, en éteindre les
sentiments honnêtes, en extirper toute
puissance de conviction, toute fermeté de
caractère, toute garantie d'ordre, toute di
gnité personnelle, tout élan national; ce
n'est pas la foi seulement qu'une telle in
fluence fait se gangréner dans l'homme,
c'est tout l'homme intelligent qu'elleénerve
et corrode. Le Progrès ne regrette rien, ne
raisonne sur rien, du moment que ses re
grets ou son raisonnement mettraient en
relief un brin de mérite dans ses adver
saires, ou dans ceux qu'aè hoc ou ab hâc
il a résolu de se ligurer sempiternelleinent
pour tels. Plutôt subir toute espèce d'igno
minie telle est sa devise.
Un mendiant d'iseghem avait sollicité
la permission de passer la nuit dans la
ferme des enfants Vermeulen Elver-
dinghe, près la chapelle du Zaegslienet
l'avait obtenue. La nuit, ayant en se re
muant, répandu son argent dans la paille,
il alluma du phosphore pour le recueillir;
mais malheureusement le feu prit aux ré
coltes, et tout ce que renfermait la grange,
le bâtiment lui-même et les édifices atte
nants ont été la proie des flammes. Cet
événement a mis Dimanche toute la com
mune d'Elverdinghe en émoi. Ce n'est
qu'avec des efforts inouïs qu'on est parvenu
sauver le corps-de-logis et le bétail. La
perte est évaluée au moins 9,000 francs.
L'auteur involontaire de ce sinistre est
venu se constituer prisonnier. Puisque la
loi punit les mendiants ou vagabonds qui
sont trouvés nantis d'une certaine somme,
ou de faux papiers, ou d'outils propres
fracturer, ne conviendrait-il pas d'ajouter
une disposition supplétive qui infligerait
une légère peine ceux qu'on trouverait
en possession de ces allumettes phospho-
riques, qui ont déjà tant de fois rémunéré
l'hospitalité parl'incendie?Noslégislateurs,
au lieu de perdre leur temps, le temps de
la Nation mécontente, en oiseuses disputes,
qui font bailler de pitié, ne feraient-ils pas
mieux de songer un peu plus ces petites
choses d'une grande utilité pratique?
Dons recueillis en faveur des pauvres malades
de Gulleghem.
On écrit de Menin, qu'on vient de nou
veau d'ouvrirencetle ville une souscription
pour les pauvresdont le produit monte déjà
5,000 fr.
On écrit de Roulers le 25 On tra
vaille ici avec une diligence incroyable aux
travauxdu chemin de fer de Bruges Cotir-
trai. Aujourd'hui pour la première fois,
une locomotive qui remorquait quelques
waggons chargés de terre est venue jusqu'à
notre commune. L'inauguration du service
entre Koulers et Bruges est fixée, dit-on,
au mardi de Pâques.
Un vol avec effraction a été perpétré
samedi au Béguinage, Courtrai. D'un cof
fre qui renfermait 300 fr., on en a enlevé
45, et d'un autre où il s'en trouvait 60, on
On s'abonne l'pre», rue de
Liil«, n* 10, près la Gmnd'placeet
chez les Percepteurs des Postes du
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