neurs ne veulent accorder que fr. 1-20 par
jour; peu près le prix du pain qu'un ter
rassier peut dévorer en deux repas.
On lit dans le Journal du Commerce
d'Anvers, 13 avril Hier soir, après I ar
rivée du dernier convoi du chemin de fer,
où se trouvaient un très-grand nombre
d'émigrants allemands, il s est passé un
fait inouï, scandaleux. Ces pauvres gens
avaient avec eux quelques provisions de
poches, telles que jambons, viande fumée,
etc. L'octroi les a impitoyablement dévali
sés leur entrée en ville. Se voyant privés
des ressources qui devaient leur procurer
le dernier repas de la journée, ils restèrent
près de la porte en attendant qu'on leur
rendît au moins une partie de ce qu'on leur
avait pris; mais un autre déboire les
attendait tiraillés de ci el de là par des
logeurs, ils furent bientôt entourés d'une
foule compacte qui, au lieu de leur accor
der la protection que l'on doit tout élran-
ger, quelle que soit sa condition, se prit
les huer et même leur lancer des projec
tiles. Un pauvre petit alsacien a été griève
ment blessé la tète d'un coup de pierre,
c'était un spectacle poignant, toute la co
lonie allemande versait des larmes.
Deux ou trois honorables bourgeois de
notre ville étant arrivés sur les lieux, où
leur intervention était si nécessaire, finirent
enfin, après bien des peines, calmer l'ef
fervescence de la populace, s'acharnant
.contre des malheureux qui sont d'autant
plus respectables qu'ils ne font que du bien
la localité par leur passage. L'olliciercom-
mandant le poste de la porte de Borger bout,
cédant aux sollicitations qui lui étaient fai
tes,, finit par détacher quelques hommes
qui parvinrent dissiper la foule. Lesétni-
granls purent alors gagner un gîte.
Pendant la nuit du 8 au 9 de ce mois,
l'atelier de M. Laurent Mazy, tisserand
Jambes (Âainur), fut visité par un malfai
teur qui s'y est introduit en enlevant un
carreau de vîlre el y a coupé, sur un mé
tier, une toile mesurant 83 aunes. Le corps
du délit a été trouvé, par les soins de l'offi-
cier de police judiciaire du lieu au domicile
du nomméJulien Boulanger aussi tisserand
habitant la même commune, lequel est en
fuite.
Les nouvelles de la province de Lux
embourg sur l'état des récoltes de l'année
sont rassurantes; les bléssemésen automne
présentent un bel aspect, quoique les der
niers froids aient amené un peu de retard
dans la croissance; le mauvais temps a
également mis obstacle l'achèvement des
marsages; si le beau temps revient et se
maintient un peu, tout sera terminé dans
le courant d'avril, et les pommes de terre
elles mêmes seront plantées.
Les goût maritimes des Anglais el des
Américains se manifestent propos de
tout. Un voit fréquemment ces deux peu
ples former sur l'eau des établissements
qui chez nous ne se rencontrent qu'en terre
ferme. Ainsi, par exemple, il y a quelque
temps, un journal de New-Vork parlait
d'un théâtre flottant. Il existe l'entrée du
port de Londres un vaste navire-hôpital
destiné aux marins de tous les pays, et
voici qu'une feuille anglaise nous annonce
que les dissidents de Bristol ont acheté un
vieux vaisseau l'Etna, dont ils ont fait une
chapelle, qui a été inaugurée jeudi der
nier en présence d'une nombreuse congré
gation de matelots.
La foire de Pâques de Leipzig ne pa
raît pas devoir être brillante. Lu grand
nombre de négociais grecs, qui venaient
ordinairement Leipzig cette époque,
n'y viendront pas cette année.
La Gazette de Carlsruhc dit que plu
sieurs Etals de l'Allemagne méridionale se
sont adressés Berlin pour faire convo
quer une nouvelle conférence de l'union
douanière, l'effet de réviser les décisions
prises dans la conférence de l'année der
nière. La réunion aurait lieu en automne
elon s'occuperait principalementdesdroils
sur les twists.
La ville de Venise fait forer, sur plu
sieurs de ses places, des puits artésiens
destinés lui fournir l'eau dont elle ne
s'approvisionnait jusqu'à présent qu'au
moyen de barques. Une lettre, dont le Na
tional donne un résumé, annonce que le
forage est terminé pour quelques-uns de
ces puits, et ajpule les détails suivants, dont
nous lui laissons la responsabilité
Les puits des places Santa Maria et
San Paolodonnent chacun une belle nappe
d'eau s'éiévanl de plusieurs mètres au-des
sus du sol, et un phénomène s'est manifesté
lors du jaillissement de ces fontaines. Une
lumière ayant été approchée, le gaz hydro
gène carboné, chasse en grande quantité
par l'eau jaillissante, s'est enflammé, et
brûle constamment sur une largeur de 20
centimètres et une hauteur égale. Ce gaz,
ne se combinant pas avec l'eau, lui laisse
une grande pureté. On aura ainsi des fon
taines qui seront éclairées la nuit par le
gaz, comme elles pourraient l'être par trois
becs de première classe.
adieix de l'umvehsité de liège au n. p.
LACORDAIKE.
On sait, dit la Gazelle de Liègeque le
R. P. Lacordaire, satisfaisant a une de
mande des élèves de notre Université leur
a donné des conférences le mardi de cha
que semaine, la salle de la Société d'E
mulation.
La dernière séance a eu lieu mardi.
INous ne pouvons assez dire combien a
été grande la bienveillance de l'auditoire
l'égard de la personne du P. Lacordaire,
l'attention que l'on a constamment prêtée
sa parole. Mêlé la jeunesse des écoles,
l'illustre Dominicain semblait se trouver
au milieu d'un cercle d'amis, de compa
gnons d'eludes. iNos étudiants se plaisaient
a témoigner par de longs el d'énergiques
applaudissements leur vivesympalhie pour
celui qui les instruisait.
Le P. Lacordaire venait d'adresser ses
adieux avec une vive émotion, rappelant
la jeunesse que, pour accomplir de gran
des choses, elle devait aimer et pratiquer
le travail, la religion, la chasteté; il s'ap
prêtait quitter la chaire, lorsque M. Les-
broussarl, professeur a l'Université, a pris
la parole.
Voici les paroles de M. Lesbroussart
a Monsieur,
Les nobles et touchants adieux que
vous venez de nous adresser rendent plus
difficile, par l'émotion qu'ils inspirent, l 'ac
complissement de la mission que j'ai ac
ceptée.
MM. les membres du conseil adminis
tra tif delà Sociéléd'Emulalion m'ontchargé
de vous dire combien ils sont sensibles
l'empressement avec lequel vous avez dé
féré leur demande, en transportant ici,
pour un auditoire spécial, el sous une nou
velle forme, les utiles el brillants enseigne
ments donnés par vous dans une autre
enceinte. Au nom de mes honorables col
lègues, je vous prie d'agréer l'expression
d'une vive et sincère reconnaissance. Je
laisse la parole au jeune orateur choisi
par MM. les élèves de l'Université pour la
manifestation de leurs propressenliments.»
Un élève de l'Université, l'auréat dans
un des grands concours ouverts par le
gouvernement, s'est ensuite levé et, au
nom de ses condisciples, il a prononcé avec
l'émotion du cœur le discours suivant que
nous sommes heureux de reproduire
Monsieur,
Vous avez bien voulu dérober vos
compatriotes une partie des trésors devotre
sagesse el de votre éloquence pour venir la
répandre parmi nous; et non content de
prêcher la parole sainte au milieu d'une
nation étrangère, vous n'avez pas craint
d'exposer vos forces et de redoubler vos fa
tigues pour démontrer vos croyances la
jeunesse dont je suis en ce moment l'inter
prète ce serait manquer un devoir im
périeux que de ne pas vous offrir publi
quement le témoignage de notre profonde
reconnaissance el de notre ardente admi
ration.
Nous répondons votre vive sympa
thie par une sympathie non moins vive, et
je le dirai sans crainte de me tromper, la
vénération el l'amour, que tous nous éprou
vons pour vous, égalent votre bienveillance
et votre dévouement. Vous connaissez trop
bien la nature de l'homine pour avoir pu
espérer de porter dans l'âme de tous vos
auditeurs la conviction de ces vérités éle
vées, qui semblent contredire l'intelligence
humaine, et qui, en outre; exigent de pé
nibles sacrilices, imposent de graves obli
gations mais, au moins, vous avez déposé
dans l'âme de tous des germes féconds, qui
plus tard peut-être produiront d'heureux
fruits. Le plus grand obstacle au triomphe
de la foi, c'est qu'on la croit incompatible
avec la liberté et la raison vous êtes, Mon
sieur, une preuve vivante du contraire,
puisque vous unissez la foi la plus vive,
la raison la plus haute et l'amour le plus
ardent de toutes les libertés. Un jour vien
dra sans doute, où parmi ceux qui réflé
chissent sur eux-mêmes el sur Dieu, il
n'yenaura pas un qui nesachecomprendre
que, lorsqu'il s agit d'aborder el de décider
ces redoutables questions de la religion et
de la philosophie que l'on voudrait pou
voir éviter, tant elles sont difficiles, mais
qu'il laut pourtant résoudre parce qu'elles
portent en elles le sort de notre vie pré
sente et de notre vie future, la raison fail
lible et linie de I homme n'a pas assez de
ses propres forces, et qu'elle doit, moins
de tomber presque toujours dans des dou
tes qui la tourmentent ou des erreurs qui
la perdent, être éclairée par la lumière
divine; un jour viendra, où tous seront
convaincus, que la foi, la raison el la li
berté, liIles d'un même Dieu, ne sont pas
faites pour s'exclure el se combattre, mais
pour se concilier, s'unir et se prêter un
mutuel appui. C'est là, Monsieur, la con
viction sublime el consolante que vous avez
donnée aux uns et préparée danslesautres.
Aussi, jamais votre souvenir ne s'effacera
de nos cœurs vous oublier, ce ne serait
pas seulement se rendre coupable d'ingra
titude, ce serait encore oublier le bonheur
que I on a ressenti et l'admiration dont on
a été transporté or c'est ce que l'homme
ne peut pas faire.
Vous avez bien voulu dire que vous
emporteriez de nous-mêmes un souvenir
vif et agréable: puissiez vous donc, si ja
mais votre devoir vous permet de nouveau
d'enseigner les nations étrangères, nous
réunir encore autour de celle tribune!