JOURNAL 1)1 PRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
K° 3099. Samedi, 12 Juin 1847. 30"°" année.
TIERENDQRF,
7??.3S, 12 JUIN.
La feuille libérale de cette ville, parta
geant le délire qui s'est emparé de toutes
les feuilles libérales du pays au sujet des
élections du 8 juin, s ecrie
Pour la première fois depuis six ans, nous
luttons et nous avons failli remporter
Eh quoi, ne croirait-on pas que, depuis
six aus, les libéraux et le Progrès d'Ypres,
soient restés dans la plus complète inac
tivité, qu'ils n'aient rien dit, rien écrit, rien
fait, pour arriver ce triomphe qu'ils en
vient si piteusement quelques au très loca
lités; ne croirait-on pas que, sans aucune
préparation, sans aucun effort préalable,
ils aient eu la fantaisie de se produire aux
élections générales pour la première fois,
et qu'ils ne soient restés en dessous de la
majorité que de quelques voix? Que l'on
se détrompe le Progrès et les libéraux
avaient travaillé, fatigué la matière élec
torale depuis six années, de toutes les ma
nières et dans tous les sens; en 1843, en
1845 et en 1847, ils s'étaient armés pour
la lutte, ils avaient compté leurs soldats,
ils avaient cherché un chef, un candidat;
et le moment venu, ils avaient dit que le
moment n'était pas venu, ils s'étaient honteu
sement retirés.
Le 8 juin, ils ont osé. M. Alphonse
Yandenpeereboom a l'esprit souple et le
caractère facile, il s'est acquis quelque
popularité, voilà le vrai candidat, le seul
candidat possible des libéraux. Et l'on s'est
mis en campagne et l'on a jeté pleines
mains des promesses et des menaces. Les
libéraux ont compté beaucoup trop sur
l'influence de leurs courses et sur la po
pularité de M. Alphonse; ils ont compté
sans leur hôte M. Van Renynghe a obtenu
75 votes de plus que M. Vandenpeereboom.
Ce n'est donc pas sans motif que le
Progrès semonce les électeurs du district
C'est une lionte pour la ville que d'avoir
éprouvé une défaiteCes électeurs
(ceux qui n'ont pas voté pour M. Alphonse)
ont abjuré toute idée de civisme pour voter
aveuglement d'après les inspirations du
plus sauvage fanatisme.
Il insulte après les élections ceux qu'il
cherche se concilier d'ici aux élections
prochaines. Quelle habile tactique!
Pour être sincère, le Progrès aurait dû
dire nous nous sommes remués durant
six ans, et nous venons de faire notre pre
mier pas.
Le Vlaming demande s'il est vrai qu'aus
sitôt après la proclamation du résultat du
scrutin de mardi, un grand nombre de pi
geons ont été lancés Gand pour porter
cette bonne nouvelle aux amis de Hollande.
On lit dans le Journal de Lille Nos
espérances sur la continuité de la baisse
des grains ne se démentent pas. Nous re
cevons l'instant des nouvelles des trois
marchés qui se sont tenus lundi, Bergues,
Armentières et Hazebrouck, le blé y a subi
de notables diminutions. Ainsi Bergues,
le blé est descendu de fr. 40 15 35 87;
Armentières, de 4G 26 59 22; Haze
brouck, de 45 25 35 50.
On lit dans la Gazette de Liège, sous
la date du 8 juin Un déplorable accident
est arrivé samedi la fabrique de capsules
établie au Thier-à-Liége, et appartenant
M. Falisse-Potier, de cette ville. Un des
bâtiments servant cette fabrication a
sauté avec un bruit épouvantable, qui a
mis en émoi tous les environs; un mal
heureux jeune homme de quinze ans qui
travaillait seul alors dans ce bâtiment, a
péri d'une manière affreuse; son corps,
moins un des bras, qu'on n'a pu découvrir
encore, a été ramassé quelques pas de
là, horriblement mutilé. Les débris du bâ
timent ainsi que des machines servant la
confection des capsules ont été retrouvés
des distances énormes.
Depuis hiermalin l'arbre de la liberté
a disparu du milieu de la Place-Royale
Bruxelles, pour être remplacée par la sta
tue de Godefroid de Bouillon.
Une découverte intéressante pour
l'archéologie, vient d'être faite aux portes
de Namur. Les ouvriers occupés extraire
des pierres calcaires sur la montagne des
Grands-iMalades, pour l'exploitation des
fours chaux de M. Fallon-Piron, ont
trouvé dans le rocher, au milieu d'osse
ments d'hommes et d'animaux, deux mé
dailles romaines, l'une d'Antonin, l'autre
de Septime Sévère, celte dernière dans un
On s'abonue Ypres, rue de
Lille, n° to, prés la Grand'place, et
che» les Percepteur» des Postes du
Royaume.
I>H|\ |)E L'ABO^ÎlfEIIEllïj
par trimestre
Pour Ypreif**- 4 O©
Pour les autres localités 4—5©
Prix d'un numéro. 20
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
l'pres. Le Propagateur parait
le HilMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PH1\ DES ÎXSERTIOXS.
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clames, 2 5 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Peintre Yprois, ne' vers la fin du seizième siècle.
Un de ses principaux tableaux représentant le
Sauveur du monde donnant les clefs Saint Pierre,
se voit dans l'église de Saint Pierre a Ypres. La vie
de Tierendorf est fort peu connue, on raconte de
lui l'annecdote suivante, arrivée en 1816. Un
échevin d'Ypres, Simon Caveel, fit peindre son
portrait par Tierendorf, qui habitait une maison
de la rue de Lille près le Marché aux Vieux Habits.
Le portrait terminé, le peintre le porta chez Caveel,
en ce moment en affaire avec trois ou quatre de ses
amis. Toute la compagnie trouva le portrait d'une
ressemblance frappante, mais lorsque l'artiste en
demanda trente florins, Caveel qui avait la répu
tation d être avare, prétendit n'en payer qtte vingt,
sous prétexte que le portrait n'était pas assez res
semblant. lierendorf emporta son tableau et mé
dita une vengeance digne d'un avare. 11 peignit
sur des bandes de toile, des barreaux de fer qu'il
plaça devant le portrait, de manière que Caveel
avait l'air d'être incarcéré. Il écrivit au bas.
Als dezen heer zyn schuld betaeld
Hy word uyt vangenhuys gehaeld.
On n'était pas éloigné du premier dimanche
d'août, jour auquel a lieu la procession d'Ypres.
Tierendorf exposa le tableau au haut de sa porte,
le jour de la procession. Les Yprois reconnurent
leur échevin emprisonné et il y eut foule pour
admirer cette action énigmatique.Un farceur ajouta
aux deux vers déjà cités ces quatre autres.
Aenziet Mynheer Simon Caveel,
Hier afgebeeld naer t leven gheel,
H y stael zeer sclioon, zeer net en frise h
Met t hoofd in de gevangenis.
Caveel, qui avait suivi la procession avec les
autres membres du Magistratse mit dans une
colère terrible a la vue de son portrait emprisonné.
Le tableau fut saisi par ordre des magistrats et
le bourgmestre Michel Bultheel, fit comparaître le
peintre devant la régence.
La première question faite a Tierendorf fut
pourquoi avez vous eu l'audace d'exposer d'une
manière dérisoire aux yeux du public le portrait
d'un échevin de la ville avec une inscription qui
ne laisse aucun doute sur l'évidence de la personne
représentée? J'ai peiut ce portrait h la demande
de Monsieur Caveel, dit-il, il ne veut pas me payer
mon salaire, parce qu'il prétend qu'il n'est pas res
semblant, comme il me l'a dit en présence de quel
ques uns de ses amis, et puisqu'au dire de Monsieur
Caveel ma toile ne représente pas son portrait, j'ai
cru pouvoir en faire ce que bon me semblait. Poui>^
ce qui est des vers placés au bas de la toile, nu
inconnu les y a placés. Caveel ne trouva rieréde
mieux, pour se tirer d'affaire, que de paver la tbile
qu'il avait refusée.
Hiog. des hum5 rem.