JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. ^0 3100. 30me année. 7??.2S, 10 JUIN. MM. les Sous-Officiers de l'artillerie et du S""5 régiment de ligne, donneront jeudi 24 courant la Salle de Spectacle, une Re présentation Théâtrale au profit des pau vres de cette ville. Le Courrier d'Anvers a pprécie, selon nous, sainement la position où le pays se trouve placé par suite de la victoire que les clubs ont remportée sur l'opinion modérée. Ils se sont occupés du renversement de ce qui existe, sans se soucier le moins du monde de ce qu'ils mettraient la place, et grâce leurs efforts insensés, nous en sommes arrivés aujourd'hui deux doits de l'abîme, de l'anarchie. El ici, nous n'exagérons en rien la situation que l'on veuille consi dérer froidement la composition de la Chambre, et dire si elle renferme encore les éléments d'une majorité possible dans l'un ou l'autre parti. Certes non, il n'y a plus que des minorités, également impuis sante prendre le pouvoir et s'y main tenir. Dans l'article remarquable que voici, le Courrier dAnvers expose très-bien les dan gers de la situation Tout le monde se demande naturelle ment quelles seront les suites des élections du 8 juin. Là on exprime le désir de voir se former un cabinet doctrinaire, sous la conduite de MM. Lebeau, Rogier, Delfosse et Lehon. Ici l'on repousse ces hommes politiques comme usés et insuffisants. Ail leurs on exigequele Gouvernementcompte enfin avec le parti radical qui possède dès présent, une demi douzaine d'organes la Chambre. Ailleurs encore on dit, mais timidement, que le ministère doit affronter l'orage et ouvrir la prochaine session par un programme d'affaires, dût-il aussitôt après être forcé la retraite. Ceux qui partagent cette dernière manière de voir pensent qu'il est du devoir des conserva teurs de rester leur postejusqu'à ce qu'on les en expulse violemment, afin que la responsabilité de la crise qui suivra re tombe tout entière sur la coalition dite li bérale. Quoi qu'il arrive, la situation est émi nemment périlleuse. Le mal est sous nos yeux, le remède est encore trouver; nous voilà entraînés jusqu'aux bords de l'abîme, et nous n'apercevons pas la main puissante qui nous préservera de la chute. Certes nous ne parlerions pas ainsi s'il ne s'agis sait que d'un changement de ministère. Les convenances de quelques hommes, les intérêts quelconques de nos amis même n'entrent pour rien dans nos préoccupa tions de citoyens. Ce qui nous effraie, ce qui nous attriste profondément, c'est que nous allons assister un bouleversement complet te notre politique intérieure, c'est que la cause de la modération est vaincue, ou bien près de l'être, c'est que les passions révolutionnaires font chaque jour d'incon testables progrès, c'est, pour dire toute notre pensée, que l'œuvre du Congrès nous paraît menacée. La Constitution de 1831 est un compromis entre les deux grandes opinions qui se partageaient notre pays. Elle repose sur les idées de conciliation et de tolérence, elle est le produit de l'Union. Cette Constitution, sauvegarde de noire nationalité et de notre indépendance, sera déchirée le jour où l'Union sera irrévoca blement rompue, et avec elle périra la grande œuvre de 1850. Or, la discorde a fait d'affreux progrès, les partis se fortifient chacun dans son camp, la paix est partie, l'anarchie arrive» Oui, c'est l'anarchie qui est nos portes. Le mot est dur, mais juste. Comment qua lifier d'un autre nom la situation que les événements ont produite? Le parti con servateur (dans lequel nous comprenons toujours les libéraux modérés) n'a plus la Chambre qu'une majorité de cinq six voix, c'est dire, qu'entre ses mains le Gouvernement est devenu difficile sinon impossible. En supposant que celte majo rité s'élève au chiffre de douze voix par l'adjonction des libéraux de la nuance de MM. Goblet, RousselleetDumont,elle reste encore peut-être insuffisante pour exercer le pouvoir avec cette fermeté décisive que la situation réclame. Le parti libéral doc trinaire, s'il arrive aujourd'hui au pouvoir, sera débordé demain. 11 sera débordé d'un côté par les libéraux progressistes et les radicaux, et de l'autre par les orangistes. M. D'Elhoungne ne désire pas M. Rogier, M. Van Huffei le repousse formellement, M. Tielemans et M. Eenens ne l'acceptent aucun prix, une douzaine d'autres encore lui refusent leur appui et leurs sympathies. Notez que nous personnifions dans M. Ro gier tout le banc doctrinaire. A quelle autre fraction du libéralisme s'adressera donc la Couronne? Yen a-t-il une seule qui puisse porter le fardeau ministériel, soit par sa force numérique, soit cause de la popularité de ses principes? Nous ne le croyons point. Dès lors nous sommes au torisés dire que l'anarchie a passé des journaux dans les esprits, et de la place publique dans le Gouvernement. Nous avons toujours rendu hommage l'esprit et aux talents des doctrinaires. Ils ont rendu desservicesau pays; Dieu veuille qu'ils soient mis même de lui en rendre encore. Mais nous sommes plus que jamais convaincus que ces hommes d'Etat regret teront amèrement, dans un avenir peu éloigné, d'avoir suscité parmi nous tant de passions politiques, pour le triste plaisir de venger leur chute de 1841. M. Rogier, M. Lebeau, M. Devaux, M. Dolez, M. Osy, M. Lehon, M. Maertens et quelques autres qui ontapportéà l'opposition systématique l'autorité qui lui manquait; ils l'ont renfor cée, ils ont affaibli l'opinion conservatrice, ils ont déconsidéré le pouvoir, émoussé les principes gouvernementaux, en un mot, ils ont créé la siluatition critique où le pays se trouve. Ce travail accompli, ils se voient suspectés par le libéralisme même; aujour d'hui soupçonnés, demain condamnés, tel sera leur sort. Le parti qu'ils ont aidé porte jusli titre le nom de progressif; rien ne peut ralentir sa marche, il ne s'arrête que sur des ruines. Nous doutons que les con citoyens honnêtes quenous venons dénom mer veuillent la suivre jusque-là. Le délire qui a précédé l'élection du 8 juin Gand, subsiste encore il s'est com muniqué jusqu'aux étudiants de l'univer sité. C'est ce qui résulte d'un article que publient simultanément le Journal des Flan dres et le Messager, unis désormais par la confraternité la plus touchante. Le premier semble tout fier de porter la livrée du se cond, et celui-ci ménage l'autre comme un valetdonlon a besoin en certains moments. Nous n'attachons pas plus d'importance qu'il ne faut des discours d'élèves. Mais tout le monde aura été surpris d'une pa reille innovation. Jusqu'ici nos diverses universités restaient dans leur rôle. 11 y a Paris un certain nombre de jeunes gens qui éprouvent périodiquement le besoin de faire connaître leur opinion politique la France qui apprendrait avec plus de plai sir qu'ils ne font pas leurs cours partout ailleurs qu'aux leçons de leurs professeurs. Les étudiants belges n'avaient pas encore suivis de pareils exemples. On aimait supposer qu'ils étaient plus jaloux de s'ini tier aux mystères du digeste et de la théra peutique qu'aux intrigues de la politique. Mais, grâce aux progrès, maintenant il est permis d'exprimer son opinion sur les af faires de l'Etat avant d'avoir acquis, par une vie laborieuse, le droit d'en avoir une sur les choses élémentaires. Bons jeunes gens! mineurs pour la plupart, ilssecroient déjà aptes régenter la société. Somme toute, l'invasion des élèves dans Oïl s'abonne Vpreu, rue de I ille, n' IO, près la Grand'placeet che» les Percepteurs des Postes du Royaume- I* H1 DE par irlmeulre, Pour Y pi esfr. 4 OO Pour les autres localités 4—5© Prix d'uu uumeru. îO Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypret. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. 1*11 IX DES lAiERTIOAS. 1 9 centimes par ligne. Les ré clames, 9 5 centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. (L'Organe des Flandres.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1847 | | pagina 1