JOURNAL D APRES ET DE L ARRONDISSEMENT. ]\o 3103. 30me année. 7??.aS, 26 Juin. LA DAME DE COEUR. ^<1 On s'abonne Ypres, rue de Lille, D9 10, près la Grand'place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. l'RIl DE L'IBOWE-HEIIT, par trimestre, Pour Ypresfr. 4O© Pour les autres localités 45° Prix d'un numéro. 29 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IANERTIOY*. 7 7 centimes par ligne. Les ré clames, Sâ centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. Nous assistons une véritable révolu lion. Elle s'est préparée lentement, elle s'opère sans autre tumulte que celui des clubs et sans autres armes que la parole et la presse, maisce n'est pas moins une révolution com plète, qui change tout hors la dynastie. Le mouvement de 1830 prenait sa source dansl'uniondescalholiquesetdes libéraux; ils avaient se plaindre et se dressaient également contre l'intolérance religieuseet contre l'intolérance civile d'un gouverne ment étranger nos mœurs, notre foi, nos croyances. Aujourd'hui la ligue est contre la religion elle-même, contre ses ministres eux-mêmes; elle est formée prin cipalement par l'union des orangistes et des libéraux, autour desquels viennent se grouper les radicaux, les républicains, les mécontents et les ambitieux. Les orangistes ont conservé et nourri dans leur cœur des rancunes et des haines contre les hommes et les choses de 1830, cela se conçoit et s'explique; ils avaient vu chasser leur bienfaiteur, ils avaient vu briser l'œuvre qu'ils chérissaient et qu'ils admiraient. Kien n'est donc plus naturel que les manœuvres, d'abord occultes, eu- suite ouvertes, employées en vue d'affai blir et de déchirer les liens qui unissaient les libéraux aux catholiques. Les orangis tes sont fidèles leurs traditions, ils obéis sent leurs instincts; mais les libéraux, qui ont profité du concours généreux et sincère des catholiques pour arriver la réalisation de leurs espérances, les libé raux abandonnent aujourd'hui lâchement Mon cher oncle, disait Anatole Verdier M. Thomas, je vous aime infiniment. Vous faites bien, mon neveu. «—Je vous respecte beaucoup. Vous avez raison. Mais je ne peux pas me soumettre vos volontés comme si j'étais votre fils. Et pourquoi cela? Mon Dieu! mon oncle, je vous accorde qu'un fils doit respecter aveuglément les volontés de sou père, même quand elles sout injustes il n'en est pas de même d'un neveu. m. Thomas était un homme de cinquante-six cin quante-sept ans, l'œil vif encore, le nez au vent, la chevelure grise et artistement bouclée, uu petit vieillard leste et pim pant, ami de la joie, d'un caractère léger, mais qui, malgré sa jovialité habituelletenait ses opinions avec une grande opiniâtreté. Ancien agent d'affaires M. Thomas avait passé sa vie faire les aiTaires d'autrui et les accommoder peu près sa fantaisie; il se vantait, et avec raison, d'avoir ter mine plus d un procès par uu mariage, plus d'un partage inégal par une donation et d'avoir réconcilié plus d'une fa mille par un testament. Riche et jouissant d'un loisir acheté au prix de vingt années de travail, il n'eu avait pas moins et trahissent honteusement leurs amis, leurs soutiens, et vont tête baissée tendre une main suppliante des hommes qui étaient leurs ennemis et qu'ils ont com battu de toutes leurs forces. Il faut ledire, tout ce qu'il y a d'humiliant et de scandaleux dans ces combinaisons retombe sur les libéraux ils ont joué les catholiques et ils se disposent jouer les orangistes. La conclusion nécessaire est que les libéraux de 1830 n'étaient et ne sont que d'effrontés intriguants. Ils réali sent les paroles d'une femme célèbre, de la citoyenne Roland, écrites du fond de sa firison sur les événements de 1795; sauf a rapidité de leur cours et les excès qui s'y sont attachés, nous voyons aujourd'hui se produire des phénomènes analogues. Après les premiers mouvements d'un peuple lassé des abus dont il était vexé, les hommes sages qui l'ont aidé reconquérir ses droits sont appelés aux places; mais ils ne peuvent les occuper longtemps; car des ambitieux, ardents profiler des cir constances, parviennent bientôt en flattant ce même peuple, l'égarer et l'indisposer contre ses véritables défenseurs, afin de devenir eux-mêmes puissants c'est ce qui a fait comparer la révolution Saturne dévorant ses enfants. Nous venons d'apprendre avec satisfac tion qu'un dispensaire ophlbalmique poul ies indigents de la ville et de l'arrondisse ment, est établi Ypres. Les Médecins qui prêteront leurs soins gratuits au traitement d'une classe de maladies malheureusement trop négligée conservé l'habitude de se mêler des intérêts de tous ceux qui l'entouraient, c'est-à-dire qu'il continuait en amateur l'état qu'il avait exercé |>our faire fortune. M. Thomas était l'arbitre et le conseil de la rue Sl-Louis, au Marais, où il habitait le second étage d'une assez belle maison qui lui appartenait; il mariait les portiers, plaçait les domestiques, donnait des con sultations gratuites et jouissait, dans toute la longueur de la rue, de la considération accordée un suppléant du juge de paix ou M. l'adjoint du maire. Il avait épousé, vingt ans avant le moment dont nous par- Ions, une veuve de quelques années plus âgée que lui, et dont la fortune ne lui avait pas été inutile, \lmc Thomas, était le meuble le plus ancien de sa maison. Toujours valéludiuaire la femme de l'agent d'affaires douuait toute la journée au soin de sa sauté, et de six heures du soir onze heures, elle était invariablement daus son salon, assise dans un fauteuil, re cevant avec bonté et politesse les personnes que sou mari attirait chez lui. Un homme du caractère de M. Thomas devait non-seule ment songer marier son neveu mais eucore avoir la préten- teution de le marier sa guiseet sans que persouue autre que lui s'en mêlât. Le neveu, fils unique d'une sœur chérie, était son seul pareut, et devait nécessairement être son héritier, avantage que l'oncle voulait faire acheter très-cher, et dont le neveu comptait jouir plus tard mais au meilleur marché possible. M. Auatole Verdier avait mille écus de rente, et une place dans ces localités, et qui sévit principale ment parmi les nécessiteux, sont: MM. Hammelrath, membre de la commission médicale provinciale, Poupart et Laheyne. La Régence toujours empressée favo riser les œuvres philanthropiques, a bien voulu mettre la disposition de ces Mes sieurs un local l'Hôlel-de-Ville, où leurs séances se tiendront les mardi, jeudi et samedi de chaque semaine, de 11 heures midi. Nous engageons les administrations cha ritables envoyer leurs ophthalmiques aux consultations de cet institut, dont la première est fixée jeudi premier juillet prochain. Les amateurs de la Société de Pigeons de cette ville, auront un concours Diman che 27 juin. Les pigeons seront lâchés Cologne, sept heures du malin et pour prix, ils devront être apportés au panier, destiné cet effet, YEstaminet d Anvers, sur l'Esplanade. Dans sa séance du 16 de ce mois, la Chambre de discipline des Notaires de l'ar rondissement d'Ypres, a accordé au sieur Henri Deconinck de Messines, le certificat de moralité et de capacité, exigé pour le notariat. nOKTiri'I.TI RE. MM. les amateurs de Belles Roses, ne regretteront pas la peine qu'ils se seront donnée en se rendant aux pépinières de Cil' Verregiiem, pépinièrisle-liorliculteur Furnes;où ils jouiront du magnifique coup- d'œil que présente sa collection de 8,000 aux archives qui lui rapportait peu près autant; sans dé daigner le moins du monde la succession de sou oncle, il pié- teudait vivre dans une parfaite iudépeiidauceet surtout il ne voulait en aucune manière être gêné daus ses sentiments; c'était uu homme de vingt-sept ans, d'une ligure avenante, d'un cœur droit, d'un esprit gai comme celui de sou oncle. Le dîner venait de s'achever, et au moment où la conver sation s'entamait entre M. Thomas et son neveu, M,ue Tho mas avait quitté la table avec Julie Deschampsjeune Rouenuaise laquelle, depuis un mois environ M,ue Thomas avait donné l'hospitalité. M,lc Julie était fille d'une amie d'enfance de Mme Thomas et du coutre-maitre d'une des principales fabriques de Rouen; c'était une blonde, âgée de vingt-deux ans, qui malgré sa beauté et ses bonnes qualités, n'avait pas encore trouvé un mari, parce qu'elle était pauvre; la beauté était la, la vertu la plus iutacte accuinpaguait la grâce et les agréments de U jeune Glle; niais la dot était abseute. La mère de Mlle Julie l'avait conduite Paris et l'y avait laissé entre les mains de sou amie, Mme Thomas, pour aller suivre Auxerre uu cès qui réclamait sa présence. Or, depuis l'arrivée de Julie Deschamps, M. Thomas avait remarqué l'assiduité fau- j stante de son neveu qui venait tous les jouis lui demamfer dîner, faveur qu'il ne faisait ordinairement sou oncle\jur de loin en loiu et dan* les cas d'invitation. M. Anatole dier était homme d-'honneur; il avait des projets sérieux, cl«-% projets de mariage, et cela ne convenait nullement M. m

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Le Propagateur (1818-1871) | 1847 | | pagina 1