JOURNAL D APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3110. Jeudi, 21 Juillet 1847. 31me année. Selon nous, le fonctionnaire public n'est au service d'aucun ministère, mais de son pays; il ne reconnait pas des chefs de parti qui il doive le sacrifice de ses opinions; il ne reconnait que les chefs que la consti tution lui donne, et qui il est redevable d'obéissance dans les limites des lois. D'après le Journal des Baziles: II est difficile d'exprimer en aussi peu de mots plus d'hérésies constitutionnelles; et il faut ne pas avoir la moindre idée du jeu d'un gouvernement représentatif pour oser avancer de pareilles sornettes. La comparaison de l'assertion qui émane de nous avec la dénégation des Baziles du Progrèstrace nettement la position de cha cun, et nous n'en sommes aucunement fâ ché. Puisque nos réclamations en faveur de l'indépendance du pouvoir civil, et pour l'affranchissement des fonctionnaires du joug des partis, sont des hérésies consli- tutionnes, des balivernes qui marquent o notre place aux petites maisons il faut donc au vœu du Progrès: Que tout fonctionnairesoitl'esclaveaveu- gle et rampant du ministre, non le servi teur du Roi et du pays; Qu'il n'ait pas tant en vue l'obéissance ses chefs légaux dans les limites des lois, que l'obséquiosité envers les chefs de parti; Et qu'il fasse ceux-ci le sacrifice spon tané et absolu de ses opinions. Celte étrange révélation ne sera point perdue, elle ne sera point sans produire quelque sensation partout où elle sera con nue, elle servira connaître plus fond comment s'entend le libéralisme au point de vue du journal que nous combattons. La lutte n'a pas été inutile quand elle a amené un pareil résultat; et dût un hono rable magistrat avoir vu avec méconten tement son nom mêlé une polémique ir ritante, ce désagrément que nous avons nous-même regretté, est compensé par la satisfaction d'avoir forcé Io Progrès dansses derniers retranchements. Oui, nous l'avons contraint se démasquer, nous l'avons poussé jusqu'à mettre nu ses arrière-pen sées les plus intimes, et dévoiler tout un système du despotisme le plus révoltant. On aura beau désormais le nier, c'est le règne des partis que l'on veut, la domina tion d'un parti écrasant les fonctionnaires et la constitution, les libertés et leurs ga ranties, sous ses vexations et ses exigences. On ne ferait pas même grâce la simple opinionil faut que l'éteignoir s'étende sur tout. Vous vous dites du Progrèshommes ignorants, qui menacez des petites maisons quiconque pense autrement que vous, et vous êtes en arrière de plus de vingi cinq siècles. 11 n'y a guère moins de temps que le gouvernement par les partis, le dépôt des libertés confié la garde des partis, a été expérimenté et jugé. Athènes vivait sous d'équitables lois, mais la liberté trop grande engendra la licence,et secondé par l'agitation des partis, Pisistrate s'empara du pouvoir. Alors le peuple regretta ses folies, en gémissant sous le poids de la tyrannie. C'est ce que chantait Phèdre avec son énergique bon sens, en fesant proba blement allusion la liberté expirant de même Rome sous les coups des partis, au moment où il écrivait. Le Progrès a tellement cœur l'exploi tation de la Nation par un parti, qu'il veut dès présent mettre la royauté en tutelle. Le Roi élève un fonctionnaire la dignité chevalier pour lui exprimer sa satisfaction, pour le récompenser des services qu'il a rendus; quelques semaines après, le Roi devrait destituer ce même fonctionnaire. Pourquoi? Parce qu'il déplait une fac tion. Pourquoi? Parce qu'il s'est prononcé contre l'Orangisme, qui tout en se disant mort, tenta de renverser le trône il y a quel ques années sous la conduite des traîtres Vandersmissen et Vandermeeren, et qui lève de nouveau sa tête de mort simulée aux soupiraux des clubs. Pourquoi enfin? qu'il a conseillé, sans distinction d'opinions poli tiques, d'éloigner des élections toute inlluence d'impiété et d'immoralité. Le Progrès lui-même disait il y a quel ques jours que l'irréligion se glisse par fois sous le manteau du catholicisme; et il ne serait pas permis de se mettre en garde contre l'immoralité et l'impiété sous quel que forme qu'elles essaient de se faire jour! Loin de là, le vice doit être signalé partout; soit qu'il marche dans les rangs des con servateurs, des libéraux, des radicaux ou des orangistes, soit qu'il apparaisse avec le cortège menaçant du communisme. Tou jours ses desseins sont pervers, et par con séquent on rend toujours un service aux hommes de bonne foi de toutes les opi nions, en le pourchassant. Samedi soir, pendant que les habitants répandaient de l'eau bénite dans les appar tements, comme il est d'usage en Flandre en temps d'orage, et fesaient un signe de croix chaque éclat de tonnerre, la foudre enleva subitement une partie de la toiture la maison qui fait le coin de la rue de la Bourse, quartier du Haut S'-Pierre, brisa tous les carreaux d'une fenêtre, pénétra l'intérieur, et y causa quelques dégâts in signifiants au mobilier. Les gens de là mai son, blottis contre les murs, virent, glacés d'effroi, l'élément destructeur serpenter sous des for mes bizarres dans les cham bres et s'éloigner enfin. Le tonnerre est aussi tombé dans la cour de M. Froidure- Saverys rue .de Lille, sans y laisser d'autre trace qu'une dalle trouée quelque pro fondeur. Aujourd'hui 16' anniversaire de l'inau guration de S. M. le roi Léopold, un Te Beum a été chanté l'église S' Martin, après une grande parade a eu lieu sur la Grand'place. On écrit de Menin, le 16 juillet: Un bûcheron, nommé Léon Ghequière, s'était rendu avant-hier 14, vers 4 heures du ma tin, sur le champ de Joseph Mack, caba- retier Reckem, et était en train d'y voler des pommes de terre, lorsque ledit Mack, étant survenu, lui tira bout portant un coup de feu dans le dos. Le malheureux Ghequière tomba grièvement blessé et bai gné dans son sang. H est alité et on craint beaucou p qu'il ne succombe ses blessures. L'arme était chargée petit plomb. Informée de cet événement, l'autorité judiciaire de Courtrai s'est rendue Rec kem, et a commencé une enquête, la suite de laquelle Mack a été arrêté et conduit dans la prison de Courtrai. On écrit de Thielt YOrgane des Flan dres La perspective pour notre classe ouvrière se présente sous un avenir moins sombre. D'abord, nous sommes la récolte du lin, qui est bonne tant sous le rapport de la qualité que sous celui de la quantité; et quoiqu'il y ait beaucoup de lin de vendu a des marchands qui probablement l'ex porteront plus tard, il y en a par contre aussi beaucoup de vendu nos tisserands, de manière qu'il est hors de doute que la fabrication des toiles sera cet hiver beau coup plus active que l'année précédente. En outre, le Gouvernement pour venir en aide notre classe ouvrière, s'est enten du avec un industriel de premier ordre de notre pays, afin d'introduire Thielt atelier propre au tissage de diverses ét/„_ de laine légère qui nous viennent d'Ajigle- glelerre et de la France. L'atelier esttorêt; divers métiers viennent d'arriver et d'au très suivront incessamment. On attend ceitj semaine leconlre maître anglais pour mon ter les métiers, de manière qu'avant la fin On s'abonne Ypres, rue de Lille, n° io, près la Grand'place, et cliez les Percepteurs des Postes du Royaume. p KI DE 1'AlOMlE.WElïTj par trimestre, Pour Ypresfr. OO Pour les autres localités 44° Prix d'un numéro. O 20 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIA DES nSERTIO!VS.| 17 centimes par ligue. Les ré clames, 2 4 oentimes la ligne. vérité et justice. S, 21 Juillet.

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