W. Vereecke, vicaire a Lisseweghe, y est décédé
le 31 août.
Le tribunal d'Audenaerde vient de ren
dre un jugement qui est de la plus grande
importance pour les créanciers de l'Etat
il s'agissait de savoir si les créanciers de
l'Etat peuvent, en vertu d'un arrêt ou d'un
jugement portant condamnation contre
l'Etat, prendre une inscription d'hypothè
que judiciaire sur les domaines présents
et futurs de l'Etat.
M. Ch. Kaepsaet, avocat pour ledomaine,
demanda la nullité et par suite la radiation
des inscriptions prises; M* V. Liefmans,
pour les créanciers hypothécaires, soutint
la validité des inscriptions.
Le tribunal, sur les conclusions con
formes de M. Delaruelle, substitut du pro
cureur du Roi, a adopté le système du
demandeur et a déclaré nulles et inopéran
tes les inscriptions prises, avec injonction
d'en délivrer main levée.
On écrit de Paris, le 19 août
M. le duc de Choiseul-Praslin, pair de
France, et comme le général Cubières, l'un
des secrétaires de la Chambre, chevalier
d'honneur de Mme la duchesse d'Orléans, a
été consigné hier et gardé vue dans son
hôtel, sous prévention d'assassinat sur la
personne de sa femme.
Les résultats de l'enquête laquelle on
s'était livré dans la journée autorisaient
cette manière de procéder. Les mains de
M. le duc de Praslin portaient des écor-
chures et des blessures, traces d'une lutte
récente, ses cheveux étaient en désordre,
et des mèches entières qu'on a retrouvées
dans la chambre de la duchesse étaient
arrachées.
D'après des bruits qui n'ont actuelle
ment rien d'officiel, mais qui ont trouvé
beaucoup de créance et acquis une grande
probabilité, cet atroce assassinat serait le
dénouement d'un drame intime. M. le duc
et M"" la duchesse de Praslin vivaient de
puis longtemps en mésintelligence; et M.
le maréchal Sébastiani, le pere de la du
chesse, avait dû plus d'une l'ois intervenir
dans leurs querelles. M. le due de Praslin
avait noué des relations criminelles avec
une gouvernante de ses enfants. Après
beaucoup d'obsession, le vieux duc avait
obtenu de lui, il y a quelques semaines,
qu'il consentit au renvoi de celle femme,
qui aurait dit, en parlant, que Mm° la du
chesse lui payerait cher son congé. Un man
dat d'amener a été naturellement lancé
aussi contre celle personne; 011 assure
même, mais on ne peut le garantir, qu'il a
déjà reçu son exécution.
Au reste, toules les femmes attachées
la duchesse et tous les domestiques de la
maison sont encore aujourd'hui tenus aux
arrêts et gardés vue.
La Cour, qui se trouve en ce moment
Eu, a reçu dès-hier malin, par le télégra
phe, la fatale nouvelle. Celle nuit, un cour
rier porteur de dépêchee de M. le garde-
des-sc eaux, contenant les détails du crime,
est parti pour la résidence royale.
Pair de France, M. de Choiseul-Praslin
sera jugé par la Cour des Pairs. On pense
que l'ordonnance de convocation paraîtra
incessant meut.
Il est peu près du même âge que sa
fernins, et n'a pas encore atteint sa quaran
tième année.
Il n'y a pas en France de plus illustre
famille que celle des Choiseul-Praslin. Elle
est alliée toules les grandes maisons: aux
Beauvaux, aux de Croï, aux Montmorency,
etc.
Le fils aîné de Mrae la duchesse de Pras
lin s'est marié tout récemment.
On sait lorsque M. le duc de Praslin
entra dans la chambre ou le crime venait
d'être commis, qu'il se précipita sur le ca
davre de sa femme qu'il étreignit dans ses
bras. Il sortit nécessairement de cette étrein
te tout ensanglanté. Les domestiques pré
sents celtè scène et qui n'étaient pas sans
connaître la mésintelligence existant depuis
plusieurs années entre les deux époux, 11e
furent pas peu surpris de cet accès appa
rent de désespoir, et firent part de leurs ré-
flexions aux magistrats instructeurs. Ceux-
ci, qui commençaient concevoir des
soupçons, pensèrent alors que M. le duc
de Praslin pouvait bien n'avoir d'autre but
que de faire disparaître sous de nouvelles
ellargeslachesdesangcelles qui pouvaient
avoir rejailli sur lui en commettant le cri
me; ou du moins c'était le moyen de les
attribuer toules a la même étreinte.
M. le procureur-général Delangle di
rigeait l'instruction. Il remarqua que le duc
portait une robe de chambre d'hiver, lourde
et ouatée, et il lui fil observer combien il
étaitexlraordinaireque, par la température
actuelle, il mil un vêlement aussi chaud. Il
le pria de représenter sa robe de chambre
d'été. Le due ne put obtempérer celle
invitation, et des recherches immédiate
ment opérées firent découvrir dans la che
minée seulement quelques vestiges de celte
robe de chambre. Le feu avait détruit le
reste.
Ce n'est pas tout; on a découvert un
pistolet appartenant M. de Choiseul-Pras
lin et la crosse duquel étaient encore at
tachés des cheveux qui ont été reconnus
appartenir la duchesse. A l'endroit où
manquent ces cheveux, on a constaté une
forte dépression du crâne, et la crosse du
pistolet, placée dans cette dépression, s'y
est appliquée exactement.
D'après des bruits généralement admis,
les hommes de police arrivés les premiers
sur les lieux n'ont pas hésité, tout d'abord,
l'inspection des blessures, déclarer que
le crime n'avait pas été commis par des
malfaiteurs, et qu'il ne pouvait être l'effet
que d'une vengeance. II paraît en effet que
la victime était en quelque sorte hachée de
coups portés par une main peu exercée.
Elle avait reçu la figure un coup de tran
chant qui la défigurait. Un bras était tail
ladé, ainsi que la poitrine, lecou était coupé
dans la partie latérale. Ce n'était qu'une
maredesang,non-seulementdansla cham
bre coucher, mais encore dans un petit
salon voisin, séparé, dit-on, de la chambre
du duc par un simple corridor. Tout attes
tait une lutte violente et prolongée.
Quand les magistrats sont arrivés,
d'après l'état des lieux, d'après les indices
recueillis, ils n'ont pas hésité, ajoule-t-on,
sur la direction qu'ils devaient ipprimer
l'instruction; ordre a été donné sur-le-
champ de ne laisser sortir aucun des ha
bitants de l'hôtel; une surveillance a été
dirigée sur la personne du duc, mais sans
qu'il en fût averti; et, pour lui laisser plus
de sécurité, 011 aurait, ostensiblement, dé
cerné un mandat contre deux habitants de
l'hôtel. Ce ne serait que vers minuit que le
duc aurait été averti des soupçons qui pla
naient sur lui.
Cependant, ces soupçons se répandirent
au dehors, et l'on dit même que des prépa
ratifs officieux auraient été faits la prison
du Luxembourg.
Un scrupule arrêtait la magistrature;
la Charte dit qu'un député peut être arrêté
sans autorisation de Chambre, dans le cas
de llagranl délit; elle ne dit rien de pareil
pour les pairs de France. Il est vrai qu'il
est dit ailleurs qu'il y a forfaiture de la part
du magistrat s'il arrêté un Ministre, un pair
ou un député, excepté dans le cas de flagrant
délit Les magistrats instructeurs auraient
hésité entre ces deux textes.
Voilà les rumeurs du Palais. Ajoute
rons-nous qu'on disait aussi que l'on at
tendait d'un moment l'autre l'ordre de
convocation pour la Cour des Pairs.
Quoi qu'il en soit, au moment où nous
écrivons, 011 ne parle pasd'aulrechose que
dececrime dans les familles, dans les lieux
de réunion, on pourrait même dire sur les
places publiques et dans les rues.
Toute la journée il y avait encore foule,
non seulement aux abords de l'hôtel dans
la t ue du Faubourg-Sainl-Honoré, mais sur
les derrières, dans la partie des Champs-
Elysées, d'où l'on aperçoit la pelouse de
l'hôtel et les croisées de l'appartement de
l'infortunée duchesse.
Mme de Praslin avait trente-neuf ans,
son mari en a quarante-deux. C'est un hom
me de cinq pieds trois ou quatre pouces,
d'une contplexion ordinaire, et dont la fi
gure a une expression de douceur assez
marquée.
Propriétaire du fameux château de
Vaux, le théâtre de la chute de l'intendant
Fouquet, il l'avait relevé de ses ruines et
voulait, assure-l-on, lui rendre son ancienne
i splendeur. 11 y a, prétend-on, dépensé près
militaire du général, et ce triple témoignage il est consigné
dans une pièce signée de tous les membres composant le con
seil d'administration du Pex-ig* de chasseurs cheval, en
i8i5.
Le trait suivant peint le soldat, animé de la religiou du
devoir, et pénétré de ta sainteté du sermeut, en même temps
qu'il proclame que l'ambition n'eut jamais d'accès dans son
cœur. C'était en i83o, au moment même de la révolution
M. Van Mellaert, intendant militaire, vient au Vieux-Dieu
lui offrir le brevet de général de la part du gouvernement
provisoire. La réponse fut Je ne suis pas délié de mes ser
ments, et je croirais forfaire l'honneur si j'abandonnais illé
galement mon drapeau.
Sur quoi, M. Van Mellaert lai dit les circon-
constances où nous sommes ne se représenleiout plus, et je
m crains bien que vous ne soyez plus même d'obtenir la
position avantageuse que je vous offre maiuleuant. Le
major répliqua Je n'ai pas oublié mou premier métier, et
lorsque mon pays aura besoiu de moi, je marcherai encore
m comme j'ai commencésoldat.
Tous ceux qui connaissent le général Van P.emoorter ne
doutent pas que ses sentiments de i8io ne soient ceux de
1847, et que le jour ou la pallie serait en danger, il ne volât
son secours sous l'épaulette de laine comme il L'eut servie
fous l'épaulette étoilée.
NÉCROLOGIE.
OIRONIQUE JUDICIAIRE.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Par arrêté royal du 8 courant, sont supprimés
les bureaux de douane
Courlray et Mouscron (Flandre Occidentale);
Eecloo, S'-Nicolaset Calloo (Flandre Orientale1;
Charleroy (Hainaut) et Ferme-Jacob (Namur);
Il çst créé deux bureaux de douane, l'un k Hou-
dremont, l'autre a Willeme (Namur).
Les attributions des bureaux nouvellement créés,
celles des bureaux existant actuellement et des
entrepôtsainsi que les voies autorisées l'entrée,
k la sortie et au transit, sont déterminées, main
tenues ou modifiéescomme l'indiquent quatre
tableaux annexés a l'arrêté.
Sont en outre maintenues les attributions par
ticulières conférées k certains bureaux pour l'exé
cution de la loi du 6 juin 1839 et des traités et
conventions de commerce.
ASSASSINAT DE Mme LA DUCHESSE DE PRASLIN.