JOURNAL D YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT. R° 3123. 31me aimée. Les organes du parti libéral s'imaginent que l'avènement du Ministère Hogier suffi ra par lui-même rallier au parti du pro grès le plus grand nombre de ceux qui appartenaient au parti catholique. En effet, disent-ils, l'ancienne majorité se corn posait, part les plus exaltés, d'hommes faibles et timides, qui n'osaient pas manifester alors leurs véritables opinions, et qui les procla meront dorénavant avec liberté et hauteur; puis de gens avides et ambitieux qui, pour obtenir des places, se constitueraient les preneurs de tous les gouvernements pos sibles. Si une telle prévision pouvait se réaliser, il en résulterait que les éléments actuels du parti libéral prendraient des extensions respectives et que la nouvelle majorité mériterait précisément le repro che que l'on jette l'ancienne. Les moins clairvoyants sont convaincus aujourd'hui que jamais parti n'a été infecté comme le parti libéral de ces deux vices faiblesse et convoitise. Combien n'y a-t-il pas de pauvres d'esprit qui se targent de libéra lisme pour obtenir de l'acceuil chez quel que matador des clubs? Combien n'y a-l-il pasdegens désappointés sous un ministère modéré qui revêtent un extérieur libéral pour attraper quelque place? C'est dans cet amalgame de toutes espèces de tendances, qu'il n'y a pas de convictions nettes et ar rêtées. Comme depuis six ans il pleut de toutes parts des calomnies sur les catholi ques, il n'était plus si agréable de l'être qu'on voulût le rester en dépit de ses in clinations libérales, sans que l'on eût la conscience d'un grand devoir remplir. Or, celui qui est resté fidèle son drapeau jusqu'au moment décisif, y restera fidèle, plus fidèle encore, après la victoire; celui qui ne s'est pas ménagé une part dans les dépouilles par une déviation antérieure de ses principes, n'ira point s'exposer au mépris de ceux qu'il abandonne et la mé fiance de ceux auxquels il aurait recours lorsqu'il est d'ailleurs certain qu'il ne sau rait en retirer aucun bénéfice. Car voyez la contradiction de ce langage avec les actes du ministère libéral :sesorganes font appel en sa faveur aux apostasies en masse, et lui-même, il soupçonne jusqu'au dévoile ment des fonctionnaires dont le dévoile ment a toujours été le mieux éprouvé et le plus sûr. Cela s'explique et ne se justifie pas: on veut des fonctions pou ries meneurs, donc il faut destituer; on veut des appuis pour les nouveaux fonctionnaires, donc il faut exciter l'embauchage d'une fraction au moins du parti catholique. Et ils vous parlent de moralité politique et de patrio tisme! Le système de réactioncommandé par les clubs, est le premier résultat des promesses ministérielles qui ont annoncé une administration bienveillante et juste pour tous, sans distinction d'opinion po litique. On cite parmi les nouveaux commissai res d'arrondissement le secrétaire du club- Verhaegen, de Bruxelles, M Carton; un membre du congrès libéral auquel il s'était délégué lui-même, M. Van den Berghe, de Thielt. Ce dernier joignait ce titre celui de rédacteur d'une feuilleclubisleflamande et de courtier électoral malheureux. (Journal d'Anvers.) Un effroyable attentat est venu jeter hier soir l'épouvante et la consternation parmi toute la ville entre huit ét demie et neul heures. M. Evenepoel, receveur particulier de M. le comte de Mérode, occupait avec sa sœur aînée, âgée d'une quarantaine d'an nées, une maison assez spacieuse, place Sl-Géry. Une cuisinière et une autre ser vante, toutes deux assez jeunes, habitaient la même maison. Le domestique de M. Evenepoel, qui ne loge pas dans la maison, s'y était rendu hier soir, suivant son ha bitude, un peu après neuf heures, pour prendre ce qui était nécessaire la nour riture des chevaux et des chiens de chasse de son maître dont les écuries se trouvent une petite distance de la place S'-Géry. La maison qu'habite M. Evenepoel a une cour qui donne sur la place et qui est clô turée par un mur de façade. Le domestique trouva la porte de la mai son entr'ouverle, ce qui lui parut assez étrange. Il pénétra dans l'intérieur où tout était silencieux et dans une complète ob scurité; mais bientôt un spectacle horrible s'offrit ses regards. Dans une petite pièce du rez de-chaussée, donnant sur la cour, gisaient, baignées dans leur sang, les deux malheureuses servanles ne donnant plus le moindresignede vie. Toutes deux avaient reçu de larges et profondes blessures en core saignantes la gorge. Des traînées de sang se faisaient remarquer par toute la maison. L'alarme fut aussitôt répandue; les voi sins accourent et l'on alla prévenir la po lice de garde au bureau de la Permanence. Les premières personnees qui pénétrè rent après le domestique remarquèrent les traînées de sang et la fracture des meubles que les malfaiteurs avaient dû visiter. En continuant les investigations, on dé couvrit une troisième victime, assassinée de la même manière que les infortunées servanles. Le cadavre de la demoiselle Evenepoel était étendu sur le plancher dans un cabinet du premier étage. Tout annonçait chez les assassins une parfaite connaissance des lieux et des hôtes de la maison. Aucune trace d'escalade n'a pu être constatée. La Senne passe derrière la maison. On apprit que des cris avaient été en tendus de la maison; cependant les plus proches voisins déclarèren n'avoir rien en tendu. M. le commissaire de police Stuckens et des agents, des membres du parquet, ainsi qu'un maréchal-des-logis de la brigade de Thuin, arrivé Bruxelles dans la soirée et logé près de la place S'-Géry, se sont rendus immédiatement sur les lieux du crime pour commencer l'information. M. Evenepoel était sorti de bonne heure dans la soirée pour se rendre au théâtre, et c'est l'a qu'il a appris l'épouvantable nouvelle du triple assassinat de sa sœur et de ses deux servantes. Durant toute la nuit l'autorité est de meurée sur le théâtre du crime. Le domestique, frappé d'épouvante, pou vait peine donner dans les premiers mo ments les renseignements réclamés par la justice. Il paraît qu'il a répondu aux ma gistrats instructeurs que selon son habi tude, il était allé prendre un verre de bière dans un cabaret voisin, avant 9 heures; qu'à son retour, et au moment de sonner la maison de M. Evenepoel, il a reconnu que la porte de la rue était demeurée en- tr'ouverte ou sur serre. Il s'était dirigé ensuite vers la cuisine afin d'allumer une lanterne et d'aller fen dre du petit bois comme il le faisait tous les soirs pour la cuisinière. C'est alors qu'il a heurté les deux cadavres des servantes et qu'il a glissé dans les mares de sang, il a appelé les voisins qui sont venus constater avec lui l'état des lieux et la découverte des cadavres encore chauds, presque pal pitants. Impossible de décrire l'horreur et l'épouvante dont furent saisis les premiers témoins de celle scène. L'effraction d'un secrétaireet d'autres meubles, l'enlèvement d'objets de joaillerie furent également con statés par les agents de l'autorité. Mais on se perd en conjectures sur la manière dont les malfaiteurs se seraient introduits. Un jardin derrière l'habitation se trouve entre la Senne et la maison. Les assassins ont-ils On s'abonne Ypre.«* rue de Mlle, il® 10, près la Grand'place, et ebes le» Percepteurs de» l'ostes du Royaume puix ui; i, AHo\\f iu;\T, pur trimestre Pour Y prèsfr. 4OO Pour les autres localités 4iO Prix d'un numéro. 2© Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le MAIIIDI et le HKIU REDl de chaque semaine. PRIX DES INSERTION*. 11 centimes par ligne. Les ré" clames, S4 centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. - - 7??.3£», 4 Septembre. Bruxellel, le 3 septembre. TRIPLE ASSASSINAT A BRUXELLES

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