missaire d'arrondissement un administra teur consommé, un homme d'expérience, la destitution brutale dont il vient de frapper un fonctionnaire distingué, aurait peutêtre fait une impression moins pénible en ville. Aujourd'hui tout le monde se dit, que le nouveau commissaire n'a d'autres titres la bienveillance du gouvernement que ses intrigues politiques. Ce n'est pas en administrateur éclairé, ce n'est pas en serviteur de la patrie qu'H nous arrive, c'est en homme de parti. Il ne représente paslepouvoir,maisleclubde Bruxelles Cette position est très délicate pour un hom me, qui voudrait traiter tout le monde avec impartialitésans distinction d'opinion poli tique. Il est clair maintenant que les clubistes sont bien dans les papiers de M. Rogier, puisqu'il nomme un CARTON commissaire du district Ypres. Pour rassurer les catholiques Cendroit des tendances anti-cléricales du nouveau ministère, le Proqrès fait observer ses lecteurs, que jusqu'ici les temples ne sont pas fermés, les prêtres ne sont pas traqués, la persécution n'est pas organisée, la ter reur ne règne pas. Il faut avouer que dès- lors tout le monde peut compter, tout jamais, sur la bienveillance de nos gouver nants envers les Ministres des cultes... L'or gane Yprois du libéralisme ne permet pas le moindre doute cet égard. Dans l'article rassurant qu'il sert ses lecteurs, il parle avec emphase des prêtres fanatiques, qui ont trainé dans la boue des hommes recom- mandables sous tous les rapports; il se demande si un prêtre dans Carène politique ne serait pas un tirjre déchaîné?On ne pousse pas plus loin la bienveillance en vers la religion de nos pères. En revanche le bon journal ne souffle pas le mot des destitutions brutales, qui excitent chez tous les honnêtes gens une profonde répulsion. On raconte que l'épouse d'un commis saire de district, brutalement destitué, est allé se jeter en larmes aux pieds de M. Rogier, et lui a demandé grâce pour ses neuf enfants... Le fonctionnaire destitué était un homme inoffensif, étranger l'es prit de parti, sans fortune... M. Rogier a repoussé ces plaintes... On voit que si la terreur ne règne pas dans le clergé, elle règne au moins dans les familles. Nous attendons avec impatience les com mentaires du Progrès sur les lumières, l'ex périence et le désintéressement de notre nouveau commissaire d'arrondissement. Mercredi a été célébré l'église de S' Pierre le mariage entre M. Mazeman de Couthove, qui le Roi a récemment con féré le titre de Baron, et M1" Alix de Flo risone, nièce du feu représentant de ce nom. Les fiancés, par une attention qui fait l'éloge de leurs sentiments, avaient choisi pour leur union le jour de la Nativité de la Sainte Vierge, et ont donné celte occasion l'Association du Saint Cœur de Marie, établie S' Pierre, une statue de ,N. D. richement ornée d'or, d'argent et de pierreries. Cemagnifiquecadeauestévalué, dit-on, plusieurs milliers de francs. Le soir, les environs de la demeure de M11" de Florisone étaient illuminés. Le lende main des noces une messe d'actions de grâces a été chantée l'église paroissiale, et suivie d'une grande distribution de pain. Chaque vendredi matin, les portes de la maison de Florisone sont littéralement as siégés de pauvres qui reçoivent l'aumône. Les nouveaux mariés sont partis pour Rome, qui par la rapidité des communi cations et par suite des troubles presque habituels en Suisse, paraît destiné deve nir le but favori des tournées de uôces pour la classe privilégiée. A Messieurs les Bourgmestres et Êchevins de l'arrondissement d'Ypres. J. DE NECKERE. Nous lisons dans le Nouvelliste de Bruges En parlant hier de la péniblesensation que la destitution brutale de M. A. Dujar din, de ses fonctions de commissaire d'ar rondissement a produite en notre ville, nous avons dit que cet honorable conci toyen avait été nommé commissaire de district en 1830; nous nous étions trompés, c'est en 1825 que M. Dujardin fut nommé par le Roi Guillaume, et telle fut la con duite du digne fonctionnaire pendant les cinq dernières années du gouvernement despotique, pendant lesquelles tant de fonc tionnaires oublièrent qu'ils étaient Belges, qu'il fut l'un des deux commissaires de district qui seuls furent maintenus en place par le pouvoir issu de la révolution. Quel est donc le crime que M. Dujardin a commis depuis, serneut là où nous croyions nous trouver au Cap; ce fut un bonheur pour nous de l'avoir dépassée, nous n'y aurions pas trouvé l'hospitpitalité. Alors il ne s'agissait plus de diriger ses regards par derrière nous étions déjà surpris par la brune, il faillait donc passer cette surprenante rivière. Heureusement la mer était basse. Nous retroussions nos pantalons jusqu'aux genoux, croyant qu'elle n'était pas pro fonde, mais nous nous enfonçâmes bientôt jusqu'à un peu au dessus de la ceinture. Ce bon M. Ar- ragon me suivait en s'écriant: Vite, vite. M. War- lop, la mer, la mer ne vous amusez pas, la mer elle mon te. Vite donc! jene dis mot; je savais bien que la mer ne montait pas si vite. Mais ce fut nous qui descendions. Je ne m'amusais pas non plus; mais tâtonnais avec mon pied pour ra'assurer de la pro fondeur. Il est vrai que je marchais lentement; mais dans une eau que l'on ne connaît pas, telle que la Rivière du Saumon, qui est si large, il ne s'agit pas de voler, mais de s'assurer. M. Arragon dit YPRKi, le Septembre 1*4». Bien que je sois persuade' d'être reste' fidèle mon serment et d'avoir honorablement aveeprobité et loyauté rempli mes devoirs en déjouant dans ce district les combinaisons politiques qui se for maient contre le Gouvernementje viens d'être préventivement révoqué comme Commissaire de l'arrondissement d'Ypres, poste auquel la bien veillance de S. M. m'avait appelé par arrêté Royal du 22 Mars i84a. Au moment de remettre mes fonctions celui dans lequel le Cabinet du 12 Août a cru devoir placer sa confiance, j'éprouve le besoin devenir vous témoigner mes siucères remerciiuensma profonde reconnaissance, pour le zèle actif, la aussitôt le Te Deum en action de grâce et me fit dire les litanies de la S'°- Vierge pour trouver une case car nous ne pouvions pas être loin d'un village. Nous fîmes encore quelques pas, et je cours contré une barraque. Je dis de suite M. Arragon Voici un indice d'habitation, cherchons. Je cher che et je me trouve dans une espèce de four chaux, j'appelle de nouveau M. Arragon qui me dit Venez, nous devons être Saumon c'est pro bablement le four chaux de M. Dupuis. Ce fut en effet cela; car un instant après nous aperçûmes de la 1 umière. Aussitôt M. Arragon redoubla le peu de forces qui lui restaient pour monter au village, ii était vraiment épuisé de fatigue, et ajoutez cela qu'il y avait presque deux jours que nous avions marché sans presque rieu prendre. Le 2" jour de Pâques nous entreprimes un voyage vers les 8 heures du matin. Nous fîmes route vers Rufisque, lorsque arrivésà Thieraré, nous apper- çumes les noirs courir avec grand empressement et coopération constante que vous n'avez cessé de me prêter dans la gestion des affaires administra tives de ce ressort. Je me sépare de vous, Messieurs, avec des regrets d'autant plus vifs que vous aviez su com prendre que tous mes efforts tendaient amener le bien être et la prospérité de l'arrondissement auqueldepuis environ onze années, soit comme membre de la Dépntation permanente, soit comme commissaire d'arrondissementj'avais voué toutes mes sympathies. Je me réjouis d'avoir soutenu les droits des Communes et d'avoir constamment pris cœur la défense de leurs intérêts avec justice, avec impar tialité. J'ai la conviction d'avoir courageusement rem pli mes devoirs avec énergie tant en qualité de fonctionnaire du Gouvernement qu'en celle de tuteur légal des intérêts des Communes qui m'é taient confiées. Les relations nombreuses et journalières, qu'une loyauté réciproque et une confianceillimitéeavaient rendues si douces si agréables, seront pour moi un souvenir heureux et je ne cesserai de former des vœux pour la prospérité des Communes que nous avons respectivement dirigées. L'espoir que vous saurez apprécier ces senti- mens, sera pour moi la plus douce récompense, j'acquerrai la preuve que vous avez ratifié la voix de ma conscience par le souvenir bienveillant que vous daignerez ni'accorder dans la vie privée. Votre estime sera, pour moi, le témoignage le plus certain et le plus rassurant que j'ai bien mé rité de mes administrés, du Roi et de la Patrie. Veuillez agréer, Messieurs, l'expression de mes sentimeus d'affection et de considération. prendre leur pirogue eu s'écriant Canot toubabe! En effet le canot d'un navire espagnolquelque distance du rivage coulait fond. M. Arragon ac courut bien vite et je ne sais s'il arriva temps, enfin trois furent noyés et deux furent sauvés, qui 11e tardaient pas de suite rendre action de grâce Dieu d'avoir survécu au péril. Ils ne manquèrent point d'embrasser de suite leur scapulaire de la TrèsS" Vierge qu'ils portaient sur eux. L'un d'eux saisit mon crucifix et l'embrassa sans cesse pendant un bon quart d'heuresans pouvoir proférer une parole. Sur les noyés je n'ai remarqué aucun signe de religion. Après avoir consolé les survivants au tant qu'il nous était possible, nous avons continué notre route et nous sommes arrivé Rufisque un peu avant le coucher du soleil. Dès que les mara bouts aperçurent M. Arragon, ils vinrent sa ren contre pour le prier de prêcher. Le bon père Ar ragon ne demandait pas mienx. Pour être continué.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1847 | | pagina 2