JOURNAL D YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT. >0 3132. 31me année. On s'abonne Tpre». rue de Lilleu° to, prés la Grand'place, et che* les Percepteurs des Postes du linyaume. K I Y IIS*. ItBOtWint, par trimestre, Pour Y prèsfr. 4 Pour les autres localités 4 Prix d'un numéro. Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur rue de Lille, io, X'pres. Le Propa gateur paraît le SAMEDI et le .MERCREDI de chaque semaine. PRIA DES ÎWSERTIOAS. 4 centimes par ligue. Les ré clames, tS centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. - - - .itJ, 6 OCTOURE, DU LIBRE ÉCHANGE. Il y a déjà plusieurs jours que Bruxelles a vu se réunir dans son sein un congrès d'éconoinisles, composé en grande partie de membres étrangers. On y remarquait beaucoup d'Anglais et de Fran çais, des Italiens, des Allemands, un représentant de l'Ohio et quelques Belges. Les ministres de l'in térieur, de la justice, des finances et des travaux publics ont assisté a quelques séances. Les doctrines du libre échange y ont trouvé de nombreux partisans, tandis que très peu d'orateurs ont défendu la cause de la protection a accorder au travail national. Quelles conséquences faut-il tirer de l'absence des uns, de la multitude des autres? L'opinion la plus générale des hommes compétents et experts a-t-elle voulu se prononcer pour la plia- lange des libres échangistes contre les défenseurs du protectionismeLe supposer, serait, nous pa rait-il, tomber dans une erreur très grande. Quel ques reflexions conduisent a des conclusions toutes différentes. Si les défenseurs du libre échange, comme l'a fait remarquer M. Duebateau, peuvent prendre la parole partout, puisqu'ils parlent au nom de la fraternité universelle, il n'en est pas ainsi des défenseurs du système protecteur, qui, parlant au nom d'intérêts nationaux, ne peuvent point aller prendre la parole au delà des fron- tières. D'ailleurs puisque, de l'aveu implicite de ses plus chaleureux disciples, les théories du free-trade ne sont pas réalisables, la question re lative a leur exécution pratique n'ayant pu obtenir une solution quelconque, est-il étonnant que peu d'hommes se soient attachés combattre des idées plus ou moins chimériques. Maintenant que veulent les libres échangistes? Pour l'apprendre jetons un coup d'oeil rapide sur les débats qui ont eu lieu. Le but des libres échangistes, c'est M. De Brouckere, président du congrès, qui s'efforce de l'établir, est la fraternité entre tous les peuples. Pour la première fois, dit-il en s'adressant l'assemblée, vous verrez chercher a mettre en pratique le précepte de Dieu aimez vous les uns les autres. Mais est-on bien assuré d'atteindre le but humanitaire que l'on croit aper cevoir et d'obtenir, pour résultat, une égalité plus complète entre les nations différentes, en brisant les barrières qui ont toujours protégé dans de justes mesures, les droits des faibles contre les empiétements des plus forts. Dans l'état d'inégalité ou les siècles passés, les événements politiques ont distribué eu Europe les ressources, les connais sances industrielles, les moyens de produire, la Belgique, par exemple, peut-elle avec avantage, faire du libre échange avec l'Angleterre. Cette observation fut présentée par un journal de Brux elles. Ce n'est pas y répondre par un argument solide que d'opposer, avec M. Faider secrétaire du congrès, aux ennemis de la liberté commerciale, la libre production et le libre écoulement. Car pour nous servir du raisonnement qu'a fait valoir M. Rissinghausen,tel peuple comme tel Individu, possède des facultés que son voisin ne pos- sède pas... De la vient l'inégalité industrielle comme l'inégalité individuelle— Et la libre concurrence entre pays amène les mêmes ré- sultats qu'entre individus, le plus riche et surtout le plus habile ruinera les autres. L'au torité d'un partisan du système nouveau confirme encore ce qui vient d'être exposé. Avec le libre échange, disait M. Ramon, le plus habile l'emportera et entre les habiles, le peuple soumis une aristocratie financière l'emportera a sou tour. Ainsi une nation dont l'esprit créateur serait plus puissant ou qui se verrait placée dans des conditions plus favorables parviendra a placer ses produits dans les autres pays au détriment des industries nationales encore trop peu vivaces et incapables, si elles ne trouvent d'abord quelque appui hors d'elles-mêmes, de soutenir la lutte avec les industries étrangères, rivales et plus fortes. Loin de faire régner une égalité plus parfaite entre tous les peuples, comme les free-traders le font entre voir, le système de laisser faire et de laisser passer amènerait pour dernière conséquence, l'anéantis sement du travail national dans les pays d'une force industrielle inférieure et par suite la diminution ou la ruine du bien être de la classe ouvrière. Le libre échange, s'est écrié le docteur anglais Bowring, ne tue aucune grande industrie, aucune industrie normale.))Eh bien soit, admettons le pour un moment. Mais des circonstances peuvent se pré senter où il deviendrait nécessaire ou éminemment utile d'opposer a une industrie étrangère et pleine de vigueur une industrie du même genre, nationale, nouvelle. Tel serait le cas, si un peuple était tombé, pour l'usage et la consommation de certains pro duits sous la sujétion onéreuse d'autres peuples. En théorie, la libre production étant admise, on ne prévoit pas de difficultés sérieuses. Il en est tout autrement dans la pratique. L'industrie croissante exigera de plus grands sacrifices, l'emploi d'im portants capitaux et par ce motif le prix de revient de ses produits devra être plus élevé. Or, si les avantages que peut lui procurer une protection sage et éclairée ne viennent alors la soutenir, au moins jusqu'à ce qu'elle ait atteint un état normal, elle ne pourra lutter d'aucuue façon, non seule ment elle sera incapable de prendre des dévelop pements, mais la supériorité de sa rivale l'écrasera son origine. Les principes d'une liberté absolue serviront ainsi déguiser le joug d'un monopole dont il sera impossible de s'affranchir. Dans sa troisième et dernière séance le congrès a agité une question fort importante; celle de l'in fluence du libre échange sur les classes laborieuses de la société. La discussion en a été longue. Nous nous bornerons a rapporter textuellement les pa roles d'un adversaire déclaré du régime prolecteur. Son opinion, formulée avec une netteté et une franchise peu favorables a la cause qu'il voulait défendre, en sera d'autant moins suspecte. Elle en acquerra une autorifé plus grande. Je pense, a dit M. Debehr, que les ouvriers seront aussi malheureux sous le système du libre échange qu'ils le sont aujourd'hui, car la concurrence de- )i venant plus grande amènera plus encore qu'au- jourd'hui la réduction des salaires. Le nombre des machines deviendra plus grand. Ce seront toujours les ouvriers qui seront victimes... Si le libre échange est établi, on fera tout pour dimi- nuer le prix de revient et les ouvriers s'en res- sentiront. Malgré ces paroles concluantes et fondées sur une expérience déjà longue, la majorité des libres échangistes a fini par résoudre la question dans un sens affirmatif. Après avoir rappelé les faits qui ont été ex posés, les arguments que l'on a fait valoir dans le cours de ces discussions, demandons nous quelles seraient les conséquences du libre échange, pour ce qui concerne notre pays. Nous devons convenir avec M. David, de Copenhague, libre échangiste, qu'une crise et une grosse crise serait le résultat immédiat de l'application du libre échange a l'industrie linière. Pour nous qui avons dù voir, depuis quelques années déjà, le triste spectacle des effets désolants que l'affaiblissement de cette in dustrie autrefois prospère a amenés dans les deux Flandres, nous reculons devant un régime qui em pirerait encore cette situation déplorable. L'avan tage que nous offre la production de la matière première n'empêche pas les Anglais d'arriver au milieu de nous avec leurs produits. Nous paierions la toile fabriquée en Angleterre un peu moins cher que celle qui se travaille aujourd'hui dans les Flandres; comme on en fait la remarque, les libres échangistes s'en applaudiraient, mais quelle compensation les libres échangistes ont-ils a offrir a notre population de la Flandre. Que les Anglais viennent nous dire avec M. Bowring que si le monde ne veut pas de ce qu'il nomme le progrès commercial, V Angleterre le veut pour elle elle dira au monde tant pis pour vous. Libre a l'économiste anglais de proclamer que pour les nations comme pour les individus le temps est venu où ils verront leur bonheur dans la pros périté dhautrui... Qu'il espère pouvoir dire au parlement anglais et au peuple qu'il a vu

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Le Propagateur (1818-1871) | 1847 | | pagina 1