JOLRNAL D YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
No 3136.
31me année.
7?F.3S, 20 Octobre.
On s'abonne l'pre», rue de
Lille, u® 10, près la Grand'place, et
chex les Percepteurs des Postes du
Royaume.
i»uiut: i/iho
par trimestre,
Pour Ypres fr. 4O®
Pour, les autres localités 4 5®
Prix d'un numéro. t®
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, io, Ypres. Le Propa
gateur paraît le SAMEDI et le
MERCREDI de chaque semaine.
PRIA DES HSERTIOIS.
4 centimes par ligue. Les ré
clames, 4 5 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
CARACTÈRE DE I.Iltl.lt tEISi.ME CI.CUIMTE.
Parmi les caractères qui distinguent le libéralis
me clubiste, il d'en est point qui ressortent davan
tage que sa duplicité et son égoïsme.
Agissant derrière le masque de l'hypocrisie, on
voit que ses actes sont d'ordinaire en désaccord
avec ses paroles et la crainte qu'on ne s'aperçoive
de sa duplicité, lui fait imputer ses adversaires
une conduite qui n'est rien que la sienne. C'est
ainsi qu'en criant a l'influence occulte et l'em
piétement clérical, on le voit élargir sa propre
influence, étendre les limites de son pouvoir et
mettre le pied sur un terrain qui ne lui appartient
sous aucun rapport (1); qu'en se targuant d'avoir
du respect pour le culte de nos pères, il l'exclue
de ses établissements, importune les parents qui
placent leurs enfants dans des institutionsauxquel-
les président la religion et la morale, et crie
tort et a travers contre les congréganistes qu'il
voudrait voir traiter en parias.
L'égoïsrae de nos libéraux clubistes ne perce pas
moins que leur duplicité; et l'axiome Ote-toi de
là que je m'y metteest évidemment la base de
toutes leurs déclamations. Quand le manque de
travail et la cherté des vivres plongeaient la classe
ouvrière des Flandres dans une misère affreuse, et
que le trésor, sans les dons des particuliers et sur
tout sans l'active coopération du clergé, était im
puissant a subvenir a des besoins aussi pressants
que multipliés, les coryphées du libéralisme refu
sèrent de communiquer le secret du remède dont
ils se disaient dépositaires, et qui devait sauver nos
provinces; mais en revanche leur presse poussa
l'impudence jusqu'à accuser le ministère Dethenx-
Malou de vouloir décimer les populations flaman
des, et rendre le clergé, et notamment les évêques,
responsables des maux qu'ils tâchaient de soulager
avec tant de sollicitude. Et quelles étaient leurs
vues? Ils les ont avouées eux-mêmes; c'est parce
qu'ils n'étaient pas au pouvoir, et afin de forcer
leurs adversaires la retraite.
Ces intrigues séduisirent bien des personnes, et
le 8 juin fit pencher la balance du côté des clu
bistes. En effet le 12 août les rênes du gouverne
ment furent confiés en leurs mains. Mais voyons
ce qu'ont fait depuis leur entrée au ministère ces
prétendus sauveurs de nos provinces. Ah! au lieu
de songer a nos Flandres, ils se sont occupés
(1) On raconte d'un certain nouveau commissaire d'arron
dissement, qu'en faisant une tournée libérale il s'est donné le
rôle d inspecteur d'écoles et de cabarets, et aurait recommandé,
dit-on, aux insliteurs communaux l'obéissance parfaite au
bourgmestre, l'exclusion du curé et même des inspecteurs
légaux; et aux cabaretiers la besogne de procurer au public
tout genre de besogne et principalement la danse.
destituer les anciens fonctionnaires qui n'avaient
pas le bonheur de leur plaire, et mettre la re
traite bien d'autres, pour ouvrir des places leurs
amis, ce qui grossira tant soit peu les budgets de
l'Etat au lieu de donner du pain aux indigents
qui en demandent, ils ont dépensé peut-être un
demi million afin de voir manœuvrer les troupes
Linthout, où quelques soldats sont tombés vic
times du divertissement ministériel bref, au lieu
de relever l'agriculture et l'industrie linière, ou de
procurer du travail tant de bras inoccupés, ils se
sont arrêtés une exposition agricole; ce qui em
pêchera les pauvres flamands de se plaindre doré
navant, vu que la terre de Belgique peut envoyer
Bruxelles des produits si riches et si abondants.
En voilà assez, ce semble, pour faire toucher au
doigt la duplicité et l'égoïsme de nos faiseurs clu
bistes. Ils ont su faire grand nombre de dupes;
mais une partie déjà commence se désillusionner.
Dans son numéro de dimanche, le Progrès nous
accuse d'avoir commis un délit bien odieux. Selon
luinous avons fait preuve d'une insigne mauvaise
foi lorsque nous avons prétendu qu'à l'endroit de
la Congrégation il montre non seulement beaucoup
de méchant, mais en outre une crasse ignorance.
Comme nous tenons notre réputation d'hon
nête homme, nous avons voulu, pour cette fois,
insérer dans nos colonnes dans son entier le fac-
tum du confrère, dans lequel celui-ci nous répond
avec cette exquise urbanité qu'on lui connaît.
Voici cette pièce curieuse
Le Journal des Baziles revient dans son dernier n°, sur ce
que nous avons dit concernant la congrégation, dans un de nos
derniers arlioles. C'est en torturant les idées que nous avons
émises, que le béat journal se met épiloguer sur une pré
tendue ignorance dont, d'après lui, nous aurions fait l'aveu.
Quand un est de mauvaise foi, rien n'est plus simple que
d'extraire de quelques phrases, des idées qui ne s'y trouvent
pas. Quand nous avons dit qu'il y avait un doute a éclaircir
c'était du public que nous voulions parler, car il pouvait dou
ter entre nos assertions et les dénégations intéressées du Jour
nal des Baziles. Pour nous, dans la congrégation, il n'y a ni
doute, ni mystère. Noqs savons très-bien ce que c'est et quoi
on prétend la faire servir. De morale et de religionou n'en
parle tout juste assez, que pour donner une couleur l'afli-
liation jésuitique.
Du reste, les congrégations existent dans tous les collèges
des Jésuites et les pensionnats du Sacré-Cœur. De l'aveu des
jeunes gens qui y ont été et qui out refusé l'emploi de con-
grégauiste, il ne consiste que dans la plus vile délation. C'est
une initiation jésuitique procédant de la disposition discipli
naire en usage dans les maisons de l'ordre, qui ne permet la
promenade et la conversation, que lorsqu'on est trois personnes
réunies, afin que la délation puisse s'exercer sans qu'on puisse
savoir au juste qui s'en prendre. Cela est si bien connu de
la part des jeunes geus qui reçoivent leur instruction dans les
maisons dirigées par des jésuites, que parmi ceux qui ont
conservé, malgré leur éducatiou, des sentiments nobles, pres
que tous repousseut avec indignation le rôle qu'on veut leur
faire jouer vis-à-vis de leurs camarades de collège.
Eh bien! Que vous en semble, ami lecteur?
Est -ce que le Progrès n'est pas blanc comme
neige, et le Propagateur n'est-il pas noir comme
le diable? Nous proclamons donc la face de la
Belgique tout entière que notre journal a eu tort
et que le Progrès est le plus instruit dans toutes
sortes de mystères comme le plus véridique des
journaux de l'Europe et des dix autres parties du
globe terrestre, si jamais on en de'couvre autant.
Oserions-nous pourtant alle'guerune petite
excuse? La voici Le public la prendra pour ce
qu'elle vaut. Lorsque le Propagateur essaie
de justifier les congrégations, il a l'habitude de
prendre préalablement des informations précises
auprès des personnes qui ont été congréganistes ou
qui le sont encore. Pour le Progrèsc'est autre
chose. Il connaît lui parfaitement la nature et le
but de ces institutions après avoir entendu Y aveu
de jeunes gens qui ont refusé /'emploi de con-
gréganiste. Manière toute nouvelle, on en con
viendra, de se mettre au fait de ce qu'on ignorait
auparavant, et qui sans doute découle de la poli
tique nouvelle dont le Progrès raffole. L'emploi
de congréganiste doit certainement sortir de la
même souche.Les congréganistes sont des em
ployés, presque des douaniers!!! Farceur de Pro
grèsva
Dans l'un de ses derniers numéros, le Progrès
formule contre l'administration précédente, l'ac
cusation de s'être laissé guider par une rancune
politique et électorale, en appelant sons les armes
le nommé Desmadryl de la commune de Brielen.
Ce jeune homme au dire du journal, était exempt
de par la loi du service militaire. Les autorités qui
ont poursuivi son incorporation auraient donc pris
une mesure illégale, se seraient rendues coupables
d'une injustice d'autant plus criante, qu'elle était
dictée par un esprit de basse vengeance, et que son
exécution avait été entourée d'un appareil odieux.
Fort heureusement le général Chazal est venu
remplacer le général Prisse au département de la
guerre. Le nouveau ministre n'a rien eu de plus
empressé que d'examiner la question et de redres
ser un acte contraire l'équité, en accordant Des
madryl un congé illimité. Tel est le sens des ré
criminations du Progrès contre ^administration
antérieure au 12 août, et de ses éloges décernées
au ministre actuel de la guerre. Si l'auteur de l'ar
ticle dont nous nous occupons eut pris des rensei
gnements certains au sujet du fait qu'il allègue, s'il
eut jeté les regards sur les dispositions législatives
en matière de milice, il aurait pu éviter une erreur
très grande. Il est vrai qu'en obtenant des données
plus sûres, le Progrès n'aurait pu se servir de son
arme favorite la calotnuie devenant impossible eu
face de la lumière qui ressort des faits exposés dans
leur vrai jour. L'intérêt de la vérité nous engage
exposer notre tour l'état réel de cette affaire