D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT. 3141. 31me année. PR|\ il F 7FF.2S, 6 Novembre. AVANT ET APRÈS. Le rapprochement entre la conduite ac tuelle des Clubisies et leur conduite anté rieure offre un objet d'étude fort curieuse et en même temps très-utile pour ceux qui cherchent pénétrer la nature et le carac tère d'un parti politique. A l'état d'opposition, les Clubisies adres saient au pouvoir des reproches gratuits d'incapacité, d'impuissance, de mauvaise foi; il se vantaient de leurs propres lu mières, de leur fermeté, de leur loyauté. Arrivés au limon des affaires, ils inau gurent la politique nouvelle en substituant àdes fonctionnairesactifset expérimentés, des hommes incapables, novices, habi tués au désœuvrement; ils repoussent avec ostentation leur influence imaginaire, et plient honteusement sous des prétentions réelles, insolentes et tumultueuses. Quand la majorité appartenait la mo dération et la sagesse, les Clubisies in ventaient des chimères pour égarer l'esprit public; la dîine, la main-morte, l'inquisi tion, n'ont occupé que des imaginations en délire qui cherchaient par les moyens les plus infâmes inspirer des défiances l'égard des Constitutionnels; on accusait ceux-ci de s'arroger le monopole de l'en seignement, d'abuser du droit d'association et des droits électoraux, de s'approprier exclusivement le domaine des fonctions publiques. Depuis que la majorité sem ble pencher vers les Clubisies, ils veulent bien ne plus tant parler des envahissements cléricaux, mais en revanche, ils exigent que l'enseignement relève des associations libéràtres; que le prêtre sacrifie ses préro gatives de citoyen et se borne l'accom plissement, pour ainsi dire matériel, des actes de son ministère sacerdotal; que tout catholique sincèrement attaché la reli gion de ses pères, qu'il regarde aussi com me la sienne, reste étranger l'honneur aux bénéfices qui découlent des places dont le Gouvernement dispose. Si les Clubisies se sont plaints faussement qu'un billet de confession fût requis de quiconque faisait valoir des droits, nous pouvons assurer que désormais l'accomplissement ponctuel des devoirs religieux sera un obstacle aux distinctions ministérielles. Le doute n'est pas possible quand on considère qu'une simple administration communale procla me par son journal que les jeunes gens dont l'éducation est l'abri de la débauche et du libertinage, sont exclus des emplois Que le collège échevinal confère. Sous le Ministère Detheux les Clubistes criaient au gaspillage des deniers publics; les étourderies de M. Malou avaient jeté la perturbation dans les finances, et con duit l'Etat au voisinage de la banqueroute. M. Malou n'a pas eu la moindre peine se justifier. Mais sous le Ministère Rogier on voit delapider le trésor en parades et pensions militaires. Malgré tous les efforts déployés par un ministère laborieux et dont le dévouement aux Flandres était garanti par la présence d'un flamand dans le Conseil, on accusait le gouvernement de croiser les bras devant les misères de nos deux provinces, on lui imputait même une partie des maux qui nous affligent. Et lorsque nous voyons au pouvoir des hommes qui se vantaient de connaître un arcane pour arracher les Flandres leur agonie, nous attendons vainement que l'on trouve nos popula tions affamées quelque travail pendant l'hiver qui s'ouvre devant elles; que disons- nous, ces ministres, qui pour la plupart sont étrangers, non seulement aux Flan dres, mais encore au pays, anéantissent littéralement une industrie importante, la construction des navires, qui, dans la pro vince d'Anvers du moins, employait des bras nombreux et pourvoyait aux besoins de bien des familles. Avant le 8 juin, les Clubistes écrivaient sans désemparer que la majorité était fac tice, qu'elle était l'œuvre des intrigues cléricales que le prêtre compromettait la dignité du sacerdoce, que l'obscurantisme avait envahi les régions politiques et ad ministratives; que, si cet état de choses venait cesser, la religion serait entourée de plus d'amour et de respect, que les li bertés et les droits constitutionnels ne re cevraient aucune atteinte; que les lumières apporteraient la plus large tolérance pour toutes les opinions. Depuis le 12 Août, nous n'avons eu signaler que destitutions et passe-droits; aucune promesse n'a été tenue: les unes sont reléguées dans l'oubli, les autres sont foulées aux pieds; aux mi nistres de la religion et aux catholiques en masse, on ose dire nous n'abattrons pas les croix de vos Eglises, nous ne fermerons pas vos temples; les prêtres feront la messe et les catholiques prieront, c'est quoi ils doivent se résigner; nous les affaires du monde, c'est-à-dire, renseignement, les élections, et ce qui vaut mieux, les dignités et les charges publiques. Que l'on réfléchisse ces rapports entre la tactique employée pour s'emparer des issues du pouvoir, et le plan suivi pour se maintenir après l'installation, on ne tar dera point comprendre où se trouvent la loyauté, la franchise, le libéralisme. L'OPINION PUBLIQUE ET LE CABINET DU 12 AOUT. Le nouveau ministère perd de jour en jour dans l'opinion on ne peut expliquer le repos et l'inaction des hommes chargés de l'avenir de la patrie, après tant de bel les promesses, en présences de si urgents besoins; et quelque partisan que l'on puisse être du nouvel ordre des choses, quelque respect que l'on professe pour l'opinion libérale, qui est élevée au pouvoir, il n'est personne qui puisse s'empêcher de désap prouver la conduite que le ministère a te nue jusqu'à ce jour, et les moyens qu'il a employés pour satisfaire aux exigences des ennemis de noire liberté. Quand la nation a remis nos hommes d'état, les rênes du gouvernement, elle leur a confié en même temps les soins de son honneur et de sa prospérité; et l'honneur et la prospérité de la patrie ne sont jusqu'ici, que de vains mois, jetés en pâture au peuple plein de confiance, mais qui se voyant joué, finit par dénigrer ceux-là qu'auparavant,il avait exaltés. Néanmoins, un gouvernement pour être fort, doit pouvoir s'appuyer sur l'opi nion publique; il faut qu'il trouve sa sanc tion, non pas dans les clubs, mais dans la conscience de tout bon citoyen. Or, tout le monde doit en convenir, il ne saura jamais acquérir l'estime publique en prêtant son appui aux agitateurs ambitieux qui veulent bouleverser le pays, ni en jetant tort et travers les emplois les plus élevés la tète de personnes sans capacités, sans ex périence et sans titres; en un mot en se laissant garotter et bâillonner par les clu bistes. Le ministère est donc obligé de prendre un parti ferme et décisif, pour mettre fin cette situation embarrassante, qui paralyse les efforts tendant mettre eu mouvement les mobiles de sa prospérité générale. 11 est temps qu'il s'arrête, car la pente deviendra de plus en plus glissante, et une plus longue faiblesse et condescen dance, pourrait nous conduire jusqu'au précipice où la Suisse vient de tomber. Et, Dieu sait ce que deviendrait la Belgique abandonnée aux orangistes, aux républi cains, aux communistes, et tant d'autres ennemis qui se tiennent derrière le rideau du vrai libéralisme. L'histoire étonnée dirait, ce que serait devenue notre patrie, avec ses ressources, son enthousiasme, sa vieille renommée militaire et sa gloire. On verrait alors, mais trop tard, notre révo- On s'abonne Ypreu, rue de Ijlle, o" 10, près la Grand'place, et cbei les Percepteurs des Postes du Royaume. par trimestre, Pour Ypresfr. 4 Pour les autres localités 4 3© Prix d'un numéro. 29 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur rue de Lille, 10, %'pres. Le Propa gateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IXSERTIOXS. 1 2 centimes par ligne. Les ré clames, *5 centimes la ligne. vérité et justice.

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