JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
A
Ko 3143.
31me année.
Le déclin continu de l'ancienne industrie
linière avait amené graduellement le gène
et la ruine cliez les populations ouvrières
des deux Flandres.
Avant que cet état de choses eut attiré
l'attention du pouvoir, des hommes d'in
telligence et de cœur s'étaient ingéniés
découvrir les moyens de conjurer les maux
que l'avenir semblait réserver leurs con
citoyens. Ces hommes n'étaient pas des clu-
bistcs, c'étaient des libéraux constitutionnels,
des catholiques, des prêtres.
Malgré ces efforts générenx, l'absence de
trois récoltes successives de pommes de
terre, deux années de récoltes insullisantes
en toutes espèces de denrées alimentaires,
l'excessive cherté des vivres, le manque de
travail, plongèrent les deux Flandres dans
la misère et dans la consternation.
Le Ministère De Theux se trouve face
face avec cette crise terrible.
Il ne lui était pas donné de la combattre
et de la vaincre, pas plus qu'il n'est possi
ble sans la persévérance et le temps, de
rappeler la vie une industrie éteinte, ou
d'imposer au sol rebelle une fécondité in
dispensable.
Ce qu'il pouvaitfaire.cequ'il devailfaire,
le Ministère De Theux le lit. 11 secourut les
victimes, car cela était son devoir; il eut
recours aux expédients, car il importait
de produire des effets immédiats, avant
que de passer aux mesures d'une efficacité
progressive et durable.
Lorsque M. De Theux proposa aux Cham
bres le crédit nécessaire, qu'il avait évalué
parcimonieusement, crainte sans doute
qu'il ne s'élevât des résistances parmi ses
adversaires quand même, qu'arriva-t-il?
Pensez-vous que le subside fut voté par
acclamation? La Chambre en masse lut-
elle entraînée par un sentiment naturel
d'humanité? Loin de là. Les clubistes eu
rent tout juste -assez de pudeur pour ne
point repousser la demande ils suspectè
rent les intentions du Ministre; ils censu
rèrent par avance l'usage qu'il ferait du
crédit; ils insinuèrent même qu'il fallait
abandonner les Flandres leur sort dé
plorable, que ces provinces croupiraient
dans la détresse tant qu'elles ne secoue
raient point le joug de ia religion et de ses
ministres, que leur misère procédait de
leur ignorance, qu'elles s'étaient plongées
elles-mêmes dans l'abaissement et qu'il
n'incombait personne de les en retirer.
Tel fut le langage de ces trailresau libéra
Lesubsideétantalloué par les Chambres,
le gouvernement assigna sa part chacune
des deux provinces, en lit la répartition
entre les arrondissements et la distribution
parmi les communes.
L'emploi des fonds fut indiqué par le
Ministère. Il serait inutile pour nos lec
teurs comme difficile pour nous de citer
toutes les circulaires émises dans ce but.
Le gouvernement recommandait la con
struction déroulés etdecanaux; il rappelait
les ressources qui résulteraient de l'exécu
tion de la loi sur les chemins vicinaux; il
donnait une impulsion nouvelle aux gran
des entreprises pour compte de l'Etat; il
usait de son influence pour faire accélérer
les travaux du chemin de fer de la Flandre
Occidentale.
Que pouvait-il davantage?
Non sans doute, les résultats n'ont point
répondu ses vœux. 11 a été loin de ren
contrer partout le concours empressé, ac
tif, auquel il avait droit de s'attendre. D'un
coté, le crédit public s'est affaibli, d'où la
conséquence que les sociétés, les grandes
maisons industrielles ont suspendu ou ra
lenti leurs opérations, et qu'un plus grand
nombre d'ouvriers sont demeurés sans tra
vail; d'un autre côté, les conseils commu
naux ont résisté aux loyales intentions du
Ministère; dans les campagnes, par ineptie,
dans les villes par d'injustes préventions
contre le gouvernement, on s'est abstenu
de tirer un fructueux parti du secours pé
cuniaire dévolu la population. Les uns
ne comprenaient pas, les autres ne vou
laient pas comprendre qu'une somme très-
faible en apparence,eu égard la multitude
des indigents, acquiert une importance re
lative lorsque l'on possède l'art de la mul
tiplier par la production de ceux qui elle
est destinée.
Fresque partout le subside fut absorbé
par l'aumône elle était impérieusement
réclamée dans certains cas, dans d'autres,
il convenait de n'accorder qu'un salaire
après l'accomplissement d'une tâche im
posée. Les détracteurs du libéralisme con
stitutionnel en prirent texte pour décrier
l'aumône et préconiser le travail. On pou
vait se passer de leurs leçons quant au
dernier point; et leurs déclamations contre
la charité n'ont convaincu personne. Dire
au pauvre travaillez, lorsque nulle paî t il
ne trouve occuper ses bras; dire l'hom
me qui se meurt allez demander du travail
c'est outrager la nature, c'est blasphémer
Dieu.
Nous attendons l'œuvre le Ministère
Rogier sur le terrain désintérêts matériels.
Puisse-t-il faire autant que ses devanciers!
Puisse-t-il être mieux apprécié dans ses in
tentions, mieux apprécié dans ses actes!
D'ici là, les conseils communaux en gé
néral, et celui d'Ypres en particulier, pour
raient préparer et faciliter la besogne, soit
en activant les améliorations introduire
dans l'ancienne industrie linière. soit en
implantant des industries nouvelles.
Aujourd'hui que l'école primaire est or
ganisée, il serait très-utile d'ériger un ate
lier modèle, un atelier de charité, comme
il en existe Gand et Anvers, dont les
produits viennent de figurer l'Exposition
de l'industrie nationale.
Si notre administration communale en
tre dans cette voie pour aider nos industries
sortir de l'état de marasme où elles lan
guissent, elle aura sérieusement mérité
l'approbation et la gratitude de tous les
habitants de la ville et de l'arrondissement,
même de ceux qui ne sont pas Clubistes.
On s'abonne l'pre». rue de
Lille, u® 10, prés la Grand'place, et
clan les Percepteur» de» Postes du
Royaume.
flll* m: L'IMMUUT,
par trimestre,
Pour Ypres fr. 4
Pour les autres localité» 4 S*
Prix d'un numéro. tv
Tout oe qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, 10, a Ypre*. Le Propa
gateur paraît le SAtlEDI et le
MEHCRKDI de Chaque semaine.
I>KI* BEN liMERTIBt».
11 centimes par ligue. Les ré
clames, *i centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
7??.3G, 15 Novembre.
PAUPÉRISME, AUMONE, TRAVAIL.
lisme qui repelèrent jusqu'à la chute du
Ministère De Theux qu'il n'avait rien en
trepris de nature sauver les Flandres,
qu'il s'était montré incapable et impuis
sant de s'élever jusqu'à la hauteur des cir
constances; tel fut le langage de ces radi
caux inhumains qui refusèrent de mettre
au jour de prétendus panacées pour ne les
prescrire que lorsqu'ils parviendraient
supplanter leurs adversaires. Où sont-ils
maintenant? Qu'onl-ils fait? Que vont-ils
faire? Ne les voyez vous pas s'adresser
humblement aux Malou, aux Kervyn. Ils
avouent déjà que le Ministère De Tbeux
n'était ni impuissant, ni incapable; ils at
ténuent les épilhètes antérieurement em
ployées :1e Ministère De Theux était simple
ment impopulaire et par suite insuffisant.
Dès lors ce qui rend M. Rogier suffisant
c'est sa popularité. La popularité! Quel pi
toyable élément de suffisance! Quelle déri
soire garantie de capacité!
On sait de quelle manière la presse soi-disant
libérale a constamment apprécié les affaires de
Suisse. Pleine de sympathie pour les corps-francs,
toujours prête justifier les mesures les plus ini
ques, pourvu qu'elles fussent dirigées contre les
catholiques et contre les Jésuites, elle a lentement
préparé, par la propagation de ses doctrines anar-
chiques, la guerre affreuse où le radicalisme vient
d'entraîner l'un des plus beaux pays de 1'
L'opinion que nous exprimons ici est si v
journal, juge exempt de toute passion loci
du libéralisme français le plus avancé
écrit sous l'inspiration de Georges Sand
Leroux, YÊelaireur de l'Indre, n'a pu s
de la tnanifesler a diverses reprises. Il vaut
de citer quelques-unes de ses paroles
Nous persistons a dire la presse libérale
qu'elle a été aussi fuueste et hostile a la Suissa