JOURNAL 1) APRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
No 3151.
31me aimée.
7PP.2S, 11 Décembre.
S'il est vrai que le Progrès ne raisonne
jamais, il est vrai aussi qu'il déraisonne
toujours. Deux lignes, pas plus, de noire
avant dernier numéro, nous valent trois
articles et cinq colonnes de platitudes et
d'injures. Comme il nous croit sur ses bri
sées pour capter les faveurs du conseil
communal, celte idée seule le met en furie,
et lui fait crier sur les toits que nous avons
dans le cœur une haine implacable contre
l'autorité communale. Nous l'aurions du
moins dans le cœur cette haine, si nous
avions un cœur; mais d'après le Progrès,
cet organe vital nous manque. Et comme
propos de toute discussion, il faut, au
sens du confrère, que le clergé intervienne,
et que le mépris soit déversé sur luion ne
manque pas de nous représenter d'abord
comme aveuglés, troublés (Tesprit, inconsé
quents, hargneux, rancuneux, menteurs,pour
suivant une tâche honteuse, un système de
personnalitésensuite et surtout comme re
présentant le clergé.
Libre la Régence de considérer si elle
ne compromet point sa dignité en adop
tant le Progrès pour organe, et ses basses
adulations pour des manifestations des
sympathies publiques: quant nous, nous
n'avons pas l'honneur d'être les interprètes
du clergé, nous n'avons aucune mission
cet effet. Nous l'avons repété mainte fois
indépendants, nous suivons l'impulsion de
convictions libres et sincères. Les appella
tions de sainte et de beàte feuille nous font
hausser les épaules comme au public.
Loin de nourrir un dépit quelconque en
vers l'administration communale, nous
professons l'égard de celle autorité et
l'égard de toutes les autorités légitimes un
dévouement et un respect qui n'excluent
pas la franchise, l'appréciation et s'il le
faut la critique de leurs actes. La consti
tution nous donne ce droit, qui est l'apa
nage de la presse; un journal ne peut l'a
bandonner sans s'avilir. Avec cette raideur
de principes, nous comptons acquérir plus
de litres la considération de la magis
trature municipale, qu'un plat flagorneur,
qu'un pourfendeur de fantômes, ne rap
portant que poussière, vent, sueur et fumée
pour trophées de ses chimériques victoires.
Nous avons dit fort innocemment que le
déficit communal est le revers de la mé
daille.
N'y a-t-il point de déficit? Fictivement
non, car se fesanl une illusion exagérée des
prévisions de recettes, on peut combler
sur le papier un "manquant quelconque, et
doubler toujours l'équilibre. En réalitéoui,
parce qu'en récolant les données budgé
taires, il n'est personne qui ne s'aperçoive
que nos mandataires communaux ont es
sayé un peu de ce que le ministère actuel
reproche tort ses dévanciers.
Nous ne nous sommes point opposé ce
que la médaille d'Août fut décernée, nous
avons même passé par dessus toute hési
tation pour approuver cet hommage, mais
nous ignorions vrai dire l'issue, le résul
tat final des opérations qui avaient motivé
la manifestation de la gratitude publique,
et nous avouons sans détour, nous comme
bien d'autres, que nous ne nous attendions
guère ce qui arrive aujourd'hui. La cou
ronne civique récompense les actions d'é
clat, et l'on vient pallier le déficit par
l'exemple de Bruges. Mais Bruges il y a
22,000 pauvres sur une population double,
Bruges il y a une population moins pai
sible et moins de ressources d'établisse
ments charitables richement dotés. A Bru
ges on a acheté du blé comme ici; mais
ni Bruges ni ailleurs, on n'a vu dans
l'achat de froment et la revente en pain un
trait héroïque dont le burin doit léguer le
souvenir la postérité. A de grandes dis
tinctions, nous avons donc pu supposer
des causes sérieuses, et l'étonnemenl n'est
pas défendu quand les combinaisons trans
cendantes du libéralisme viennent se résu-
ineren un humble déficit, timidement caché
sous un équilibre simulé.
LE BUDGET DE LA TILLE.
A quoi servent les budgets? L'expérience
et la raison nous dictent une facile réponse.
En ce qui concerne une ville, aussi bien
que pour les provinces et pour l'étatles
budgets, croyons-nous, doivent assurer
sérieusement l'équilibre entre les revenus
probables et les dépenses prévues d'un
exercice. En pourvoyant aux besoins jour
naliers du service, aux frais divers, il faut
toujours qu'il sache se ret.fermer dans les
limites tracées par les chiffres des recettes.
Si des circonstances anormales, des événe
ments extraordinaires viennent, au milieu
d'un exercice, troubler l'économie d'un
budget, au suivant incombe la régularisa
tion des charges accidentelles. Qu'une né
cessité reconnue, inévitable, la perspective
sûre d'importants avantages, en exigeant
la confection de grands travaux, provo
quent un surcroît de dépenses; que des
temps calamiteux imposent des sacrifices
au-dessus de nos ressources habituelles et
qu'il faille recourir l'ei. prunt, encore
est-ce aux budgets servir les intérêts et
l'amortissement des capitaux empruntés.
En un mot, un budget régulier doit four
nir la mesure exacte d'une situation finan
cière. Nous aimons trouver dans la
combinaison sage et prévoyante de ses
différents articles, dans l'équilibre sincère
entre les produits et les dépenses, un élé
ment principal, une preuve de bonne ad
ministration.
Sous ce rapport nous avons été péni
blement surpris la lecture des projets
budgétaires pour 1848, faits par le collège
échevinal de notre ville, et présentaient
un déficit d'audelà fr. 15,000. 11 est vrai
que le conseil s'est efforcé de rétablir la
b dance. Mais il nous semble s'y être pris
d'une façon assez étrange, dont nous ne
pouvons guère attendre une issue très-
satisfaisante. Augmenter plaisir sur le
papier, comme cela a été fait, quelques
chiffres de recette afin d'avoir l'équilibre
dans les finances, c'est simplement couvrir
le mal sans le déraciner. S'il est au pouvoir
de nos édiles de restreindre les dépenses
en proportion des receltes, au contraire
il leur est sérieusement impossible de faire
qu'à conditions égales, telle branche de nos
revenus soit plus productive cette année
que les précédentes. Le seul changement
des chiffres n'implique point l'accroisse
ment des recettes. Un résultat obtenu par
ce procédé assurément fort nouveau offre
quelque chose de dérisoire et nous regret
tons que dans cet embarras notre conseil
ait pris là son recours.
Une réduction réelle a été opérée au
budget par le retranchement d'une somme
de 4,000 fr. au Bureau de Bienfaisance.
C'est là une économie qui atteint directe
ment le pauvre déjà si éprouvé notre
époque; aussi eut-il été mille fois préféra
ble, d'après nous, de la faire porter sur
d'autres articles. Le collège échevinal lui-
même a reculé devant la proposition de
ce moyen de combler le déficit. Il aura
compris sans doute qu'abandonner l'indi
gence des privations nouvelles, c'eut été
au moins inopportun et de plus faire
injure la Médaille décernée aux magis
trats par des citoyens heureux d'avoir
échappé aux horreurs de la famine! Un ne
peutsedécideraussi lestement demander
aux malheureux de la ville un jeûne jus
qu'à concurrence de 4,000 fr. D'ailleurs, si
la faim devenait trop criante, on aura évi
demment recours au crédit supplémentai
re. Mais cette dernière ressource est encore
rendue précaire par l'exagéra lion au budget
des rectlteset l'improbabilité d'un excédant
sur lequel d'ordinaire ces crédits se pren
nent. Après loulil reste la dette, l'emprunt,
l'impôt. Mais sur celte voie dangereuse, on
On s'abonne Vpre», rue de
Lille, u° 10, près la Grand'place, et
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Royaume.
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