Rogier a lancé dans le public, la rumeur
d'un emprunt. Aussitôt les financiers ont
réuni leurs ressources pour profiler des
chances de bénéfice qu'offrent ces opéra
tions,et par contre coup le petit commerce,
qui avait déjà de la peine se procurer de
l'argent, a éprouvé une gêne plus pénible.
Voilà un premier mal qui a frappé presque
toutes les industries la fois.
A la suite de celte maladresse, on en
a vu poindre une seconde, une trosième,
une quatrième, qui toutes ont jeté l'alarme
dans le commerce. Ne sachant de quel bois
faire Hèche, quoiqu'il eut promis monts et
merveilles, le ministère clubiste a com
mencé par menacer les brasseurs Tous les
brasseurs du pays ont vivement réclamé
contre les rigueurs dont on les menaçait,
après deux années de souffrance. Les
représentants de celte industrie ont dû se
réunir, et faire les réclamations les plus
vives pour échapper un désastre immi
nent. Ensuite est arrivé le tour des distil
lateurs ceux ci avaient vu chômer leurs
usines, cause de la cherté des grains
peine remis de la secousse de Cannée der
nière, par l'abondance de la récolle, voilà
la main de la poliliquenouvelle,qui prétend
pénétrer dans leur coffre-fort, et s'appro
prier leurs bénéfices.
On se rappelle avec quelle énergie et
quel succès noire représentant M. J. Malou,
a défendu la culture et l'industrie du tabac,
contre les projets désastreux de M. Mercier.
Eh bien, la politique nouvelle menace de
nouveau les tabacs, et Dieu sait, si M. Ma
lou, que certaines gens insultent, parce-
qu'ils ne le valent pas, ne sera pas obligé de
descendre une seconde fois dans l'arène,
pour défendre notre arrondissement contre
les projets fiscaux de M. Rogier. Ce qui est
certain, c'est que nos industries menacées
n'ont rien attendre de nos clubisles, qui
admirent d'avance toutes les conceptions
de M. Rogier. Témoin celte loi vexaloire
des successions; témoin ce sermenlodieux
d'origine hollandaise, que le journal mi
nistériel de celte ville a défendu avec un
dévouement vraiment ridicule.
Qui donc aura gagné celte politique
nouvelle? Quelques secrétaires clubistes,
qui ont obtenu des places longtemps con
voitées. Qui aura perdu cette politique?
Toutes les industries qu'on frappera, et
même toutes celles qu'on menace. En vérité
la politique nouvelle ne vaudra jamais ce
qu'elle nous coûte.
formelle d'exercer un culte quelconque, d'exercer leur culte
ancien, national, protestant, réformé.
OU! n'en doutez pas. Mes ieursj'ai là bien des lettres que
je ne venx pas vous lire pour épargner votre temps, et qui me
sont écrites par des pasteurs protestants, me disaut qu'ils en
sout où les protestants en étaient en France une époque de
funeste mémoire que j'éprouve comme vous. Voilà, Messieurs,
voilà où l'ou en est dans un pays qu'on dit uu pays de liberté.
(Mouvement divers.) Ce n'est pas aux jésuites qu'eu veulent
les radicaux suisses, c'est l'Église tout entière, c'est la
religion.
Mais la religion n'est pas seule menacée; toutes les libertés
le sont également. La liberté de la presse? on l'a étoufféeet
ou a été josqu'à interdire les nouvelles contraires aux vues du
gouvernement. On a bâillonné le droit de pétitionla liberté
des élections a été violée de la manière la plus Hagraute. On
n'a plus résulté la propriété.
On a rétabli la confiscation, cette mesure odieuse qui n'existe
plus, que je sache, que dans deux pays, la Russie et la Suisse.
I.e droit des Cosaques, le servage, a été établi vos frontières
de l'autre côté du Jura. Trouvez-vous que cela soit un progrès
de la civilisation (Marques d'approbation.)
Savez-vous ce qui se fait en Suisse Uu homme arrive dans
une localité; il se rend sur la place publique, il y monte sur
une chaise, réunit autour de lui deux ou trois cents mauvais
sujets et leur demande s'ils sont d'avis de faire payer uue
amende aux riches. Nous comprenons que leur réponse ne
saurait être douteuse. Voilà ce qui s'est passé Lucerne et
ailleurs: je défie qu'on le conteste et je pourrais indiquer les
dates.
Cequi frappesurloutdans leministère
des six Frères, c'est l'inaction et l'impuis
sance. Voilà bientôt six mois que la poli
tique nouvelle est inaugurée, et on peut
dire que le ministère n'a encore rien fait.
Quelle loi imporlanlea-t-il fait voler? Quel le
mesure d'intérêt général a-l-il prise? Quel
soulagement a-l-il procuré aux Flandres?
A entendre les criailleries des clubistes
clérophobes, anti-cléricaux, etc. le minis
tère Rogier devait nous ramener l'âge d'or
et changer la Belgique en pays de Cocagne.
L'abondance devait renaître, le commerce
devait fleurir, tout devait marcher sou
hait. Que voyons-nous, maintenant que la
recolle a été abondante, et que la Provi
dence, qui d'après les journaux ministériels
est au service de la politique nouvelle, a
tout arrangé pour le mieux? Nous voyons
la misère menacer nos populations, et les
décimer avec plus de fureur que l'année
dernière.
Loin de nous la pensée d'emprunter
au cluhisme l'impudent mensonge dont il
abusait l'année dernière, lorsqu'il disait
que M. De Theux affamait les Flandres par
calcul... Jamais nous ne salirons notre
plume de pareilles infamies jamais nous
n'accuserons le ministère des six Frères
d'entretenir la misère de nos provinces,
par intérêt ou par calcul... Mais ce que
nous avons droit de dire, c'est que les mi
nistres qui ont annoncé la panacée uni
verselle, ont trompé le public, et que tous
les clubistes en extase devant le ministère
oisif, incapable, impuissant, veulent le
tromper encore.
Le Mariage a été célébré ce matin
l'Église de S'-Jacques entre M'"* Aline
Malou sœur de l'ancien Ministre des fi
nances et M' Eugène Vandenpeereboom
Substitut du procureur du Roi. Bruges,
une grande distribution de pain a suivi la
cérémonie. Hier soir une brillante illu
mination et une sérénade par la musique
des Pompiers a donné le signal des ré
jouissances. C'est Mr le Chanoine Malou
professeur l'université catholique, égale
ment frère de la fiancée, qui a conféré la
bénédiction nuptiale.
Pendant l'année 1847 il y a en, a Ypres, 4g5
naissances et 645 décès; ou 5 naissances de moins
et 151 décès de plus qu'en i846. Le nombre des
mariages est tombé de 1 t5 98.
La Société de Saint-Sébastien, de Poperinghe,
Ou a dit que l'on venait de voir, en Suisse, toute notre
révolutiou moins l'échafaud. Mais, Messieurs, ce que notre
révolution n'avait pas inventé, c'est la responsabilité pécu
niaire des votes politiques appliquée des assemblés entières.
Nos journauxqui sont tous gagés la cause suisse, ne uous
disent pas tout dernièrementdes membres d'un graud con
seil ont été condamués payer 1,300,000 flancs pour leurs
votes antérieurs.
Ainsisi les amis des corps francs dans notre pays venaient
triompher dans notre pays, ils vous feraient payer vous,
vos votes politiques. (Hilaiité généiale). Voilà les faits Je
défie qui que ce soit de rue démentir.
11 ne faut pas flatter les passions, et je ne le ferai pas, moi
qui n'ai ja mais flatté les rois.
Prenons garde, le radicalisme tuera la liberté; le radica
lisme, c'est l'antipode de la liberté, c'est l'exagéialion du
despotisme.
M. Mole. Très-bien! très-bien!
M. De Montalembert. La liberté c'est le respect de l'homme;
le radicalisme, c'est le mépris de l'homme, le mépris le plus
arrogant.
Je me crois le droit, plus que personne, de parler en favour
de la libeité. M. le ministre des affaires étrangères disait hier
que j'étais exclusivement dévoué la liberté religieuse; nou
je suis dévoué a la liberté tout entière! (Approbation.)
La situation actuelle ne peut se résumer: le drapeau que
vous avez vaincu Lyon en 183a eu 1834 vient de se re
lever de l'autre côté du Jura, sur les frontières les plus libé
rales de la Fianceet avec l'appui de l'Angleterre. El ta
a donné jeudi une fête dans laquelle les pauvres
n'ont pas été oubliés. Une quête abondante a été
recueillie, et le lendemain environ huit cents pains
ont pu être distribués aux familles nécessiteuses.
Depuis le i" jusqu'au 2t de ce mois, il y a eu
a Poperinghe 22 naissances et 37 décès.
Diverses lettres que lions ont écrites presqn'en
même temps des abonnés, habitant des localités
différentes, nous signalent un fait que rions n'hé
sitons pas a déférer an jugement du pays. Voici de
quoi il s'agit
Il arrive souveDt que des bureaux de bienfai
sance, ou des personnes charitables, sollicitent de
M. le Ministre des travaux publics une réduction
sur le piix du transport, par le chemin de fer, de
certains objets de consommation destinés aux pau
vres. Ces demandes concernent presque toujours le
charbon de terre, les pois secs, les farines, etc.,
toutes denrées dont le transport occasionne des
frais considérables. Il y aurait lien, ce semble, de
faire droit des requêtes de cette nature, aujour
d'hui surtout que la misère sévit si cruellement
dans uue foule de communes. C'est ainsi que les
précédents Ministres des travaux publics avaient
compris leurs devoirs. M. Frère, lui, pense autre
ment. Partisan en toutes choses de la politique
nouvelle, il rejette sans scrupule les pétitions qui
lui sont adressées dans un but de chaiilé. C'est
ainsi qu'il a procédé dans les cas dont parlent nos
correspondants, et nous n'avons aucun motif de
supposer qu'il n'agisse pas de même chaque oc-
casiou. Il serait fort étrange, en effet, qu'il accordât
l'un une faveur qu'il refuse a l'autre, alors qu'il
lui est démontré que cette faveur est a l'avantage
de la classe indigente.
On croit apparemment que c'est l'intérêt du
trésor qui détermine, dans ces circonstances, la
conduite de M. le Ministre des travaux publics. Eh
bien! non. Tandis qu'il exige le paiement intégral
du transport des denrées alimentaires achetées au
profit des pauvres, il octroie aux troupes de comé
diens, qui vont d'une ville l'autre par le chemin
de fer, une remise de 5o p. c. sur le tarif ordinaire.
El les voyages de cette espèce ne sout pas rares.
Les acteurs d'Anvers se rendent chaque semaine
MaIi 11 es ou h Louvain. Une troupe de Bruxelles va,
sinon tous les huit jours, au moins très-souvent a
Charleroy et ailleurs. Même chose se passe a Gand.
C'est la, du reste, un fait généralement connu et
dont une foule de personnes sont constamment
témoins.
Nous ne dirons rien des pertes que le privilège,
dont jouissent les troupes de nos théâtres, occasionne
au fisc. Mais nous demanderons M. le Ministre des
travaux publics pourquoi il ne met pas les bureaux
de bienfaisance stçr la tuème ligne que des histrions,
pourquoi il traite si durement les premiers, tandis
qu'il montre tant decondescenceenvers les seconds.
Frauce vous avez de plus qu'eu i83a et 1834 ^es sympathies
patentesavouées ]>our la Convention et la Montagne.
Ne laissons pas aux méchants le mouopole de l'éuergie que
les houuéle.s geus défendent l'ordre au-dedaus et au-dehors,
eu témoiguaut leur horreur profonde pour tout ce qui ras
semble 93 et 93 que ce soit là le principe de l'alliance de
tous les hommes qui veulent la même chose, l'union de la li
berté avec l'ordre et la paix; appreuous, par cequi s'est passé
au delà du Jura, combien il est dangereux de 11e pas tolérer
la liberté chez ceux-là mêmes qui ne pensent pas comme
nous. N'oublions pas que cette liberté vient d'être immolée,
trahie, et que la France doit, en être le drapeau et la sauve
garde! (Marques vives et nombreuses d'approbation L'ora
teur, en descendant de la tribune, reçoit de beaucoup de ses
collègues des félicitations empressées.)
M. Guizot se lève de sa place. (Le silence se rétablit.) Mes
sieurs, je ne preudrai pas la parole eu ce moment. Je ne par
tage pas toutes les idées de l'honorable préopinant; je n'accepte
pas les reproches qu'il a adressés au gouvernement. Mais il a
dit trop de graudes et nobles vérités, dans un langage si élevé,
si noble, pour que je veuille élever un débat quelconque aveo
luini placer, eu face des grandes questions qu'il a soulevées
une question puremeut politique, et eu quelque sorte person
nelle.
J'attendrai que le débat ait pris un autre tour, et que je ne
sois pas dans la nécessité de répondre M. de Montalembert.
(Très bien très-bieu
(La séance n-ste suspendue pendant un quart d'heure).
A quatre heures et demie la séance est reprise.
M. le Comte Alexis de Saint-Priest. Je demande que l'im-