JOURNAL D APRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
31 me année.
On «'abonne ïpre»roe de
I-ilIe, n* 10, près la Grand'place, et
cbea les Percepteurs des Postes du
Royaume.
mil DE L°«RO\>EME!*T,
par trimestre,
Pour Ypresfr.
Pour les autres localités
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé i l'Éditeur rse
de Lille, 10, Ypres. Le Propa
gateur paraît le SAMEDI et le
M1.Itt HI.Dl de chaque semaine.
PIIIX DES ItlIERTIOtS.
19 centimes par ligne. Les ré
clames, *5 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
7PS.33S, 2 Février,
l'impôt de succession
in i m.u: BiaecTR.
deuxième article. (l)
Dans un de nos précédents numéros
nous avonssousunedesfaces, fait ressortir
les inconvénients gravesdu malencontreux
projet de loi destiné imposer un nouveau
droit liscal sur les successions en ligne
directe. Nous avons démontré l'immense
immoralité de ce projet, en ce qu'il blesse
celte honorable tradition de piété filiale,
caractéristique du peuple belge, qui porte
les enfants de famille laisser en commnn
le fruit de leur travail et de leur industrie
pour accroître la fortune reposant sur la
tète du père. Aucune contradiction sérieuse
n'est venue infirmer nos assertions, pas
même de la part du Progrès.
Aujourd'hui considérons la question sous
un autre point de vue, palpitant d'actualité
dans les temps où nous vivons, celui de
l'intérêt individuel. Rien ne saurait paraître
plus digne d'attention la plupart des gens.
La loi frappera les successions qui dé
passent dix mille francs. Ainsi,elle frappera
inégalement. L'enfant unique recueillera
dix mille francs sans rien payer. Dix en
fants recueillantchacun la modiquesomme
de onze cents francs payeront. Mais là n'est
pasencorele mal quenousvoulonssignaler.
Dans la classe moyenne et inférieure de
(i) Voir le Propagateur du 29 décembre dr.
FEUILLETON.
On a fait dernièrement a Paris plusieurs expé
riences de la lumière électrique. On est parvenu a
donner a l'étincelle électrique une continuité d'éclat
qui permet de l'employer pour l'éclairage des pla
ces publiques, des théâtres et des grands ateliers.
Au moyen d'un tuyau émané du nouvel appareil,
ou a pu lire une affiche placé a un kilomètre de dis
tance. Une étincelle, dirigée sur la scène du Palais-
Royal au dernier tableau d'une des dernières pièces
qu'on y représentait, produit une lumière compa
rable a celle du jour, par laquelle les feux de la
rampe sont complètement effacés. On ne doute pas
que de grands résultats ne soient obtenus de cette
découverte, lorsqu'on en aura complètement réglé
l'emploi.
Une mendiaDte de Bruxelles comparaissait sa
medi devant le tribunal correctionnel.
La prévenue (tombant h genoux et les mains
jointes). Ochmon bon Monsieur du bon Dieu,
pardonnez-moi pour l'amour de la Vierge et de
la bourgeoisie, dans ce tiers état qui est la
base et la force de la société moderne, dans
cette classe d'honnêtes artisans, cultiva
teurs, industriels, boutiquiers et marchands
qui n'a contracté ni les vices de l'aristocra
tie, ni l'abrutissement et l'ignorance aux
quels expose la misère, il y a une infinité
de familles qui se soulienneut, aidées par
lecrédit, avec un capital en réalité inférieur
celui qu'accuse leur position apparente.
Il n'est point question ici de chevaliers
d'industrie, vivant "aux dépens de leurs
dupes. Nous avons en vue cette utile com
binaison du travail courageux, de ressour
ces faibles, et du crédit, résultat d'une
longue probité ces gens sont au-dessus de
leurs affaires, moins cependant qu'on 11e
le croirait en jugeant par la confiance dont
ils sont investis. Il n'y a pas de danger
qu'ils abusent de celte confiance car c'est
leur droiture, et non pas leur bien, qui l'a
créée. La loi nouvelle, si les Chambres
l'adoptent, ne tend rien moins qu'à ren
verser ces existences, jeter le trouble
parmi elles,ainsi porter une forte secousse
chez une portion notable et honorable de
la population. D'autres s'en ressentiraient
bien encorer: car c'est la classe moyenne
qui surtout fait travailler l'ouvrier, qui
prend de son nécessaire pour secourir le
pauvre,qui dépense utilement son superflu
quand la prudence le permet. Or comment
le droit de succession en ligne directe nui
rait-il au tiers état, entamerait-il son juste
crédit? En le forçant de mettre nu tous
tous les saints. Je prierai pour vous, demain tout
de suite, si vous voulez. Au nom du Pèredu Fils
du Saint
M. le Président. Asseyez-vouset répondez a
mes questions.
La prévenue. Oui, mon bon Monsieur; don
nez-moi... mon pardon je n'ai rien fait.
D. Vous avez mendié a tons les passants?
R. Pardon, pardon, jamais, c'était pas pour moi,
je sais gagner ma vie; mais je vous dire... (Elle
s'approche du président et lui parle 'a l'oreille.)
Le Président, riaut. Pour votre chat, dites-
vous
R. Oui, Monsieur, puisque vous le dites tout
liaut; j'avais pas de quoi nourrir la pauvre bête et
j'ai été demander des restes pour cette pauvre mi-
mine qui me chauffe et me tient compagnie.
Le tribunal, attendu que la prévenue paraît
avoir des moyens de subsistance, l'acquitte.
La prévenuetendant la main aux juges Och
Messieurs, une petite charité, je prierai la Vierge,
je n'ai pas mangé depuis ce matin.
Le Président. Eh bienvous mendiez encore
les mystères des familles, en manifestant
les charges dont elles sont grevées, en
détruisant ce prestige de confiance que
n'autorisait pas la vérité la consistance
réelle du bien, mais, que légitimaient, ce qui
est plus sûr, quoique le vulgaire en fasse
moins de cas, une justice toute épreuve
dans les affaires, une diligence incessante
dans le négoce, une intelligence féconde
dans l'industrie. Souvent des malheurs
particuliers, des pertes par faillite, l'en
tretien de parents infirmes, des maladies
graves, ont créé des charges que le labeur
amortit la longue, et qui dans l'intervalle
demeurent un secret pour le public pla
carder le détail de ses charges sur la porte
de chacun, ce sera souvent empêcher cet
amortissement, enlever un négoce établi
son activité, répandre le découragement,
entraver l'établissement convenable d'en
fants.
Qu'on ne nous objecte pas que l'on sera
dispensé du serment en ligne directe car
si l'on en dispense pour autoriser le men
songe, ce n'est qu'une immoralité de plus.
Encore, si l'on suppose que la classe'bour-
geoise exagérera la valeur de ses biens, ou
dissimulera ses charges pour sauver sou
crédit: n'est il pas évident que le doulou
reux sacrifice de droits payer sur des
biens qui n'existent pas profitera injuste
ment la classe riche qui n'a pas d'intérêts
semblables ménager? La classe riche en
sera avantagée en ce que l'impôt sera plus
lourd pour l'homme gènéque pour leriche:
danscemoment? R. Pardon,mon bon Monsieur,
la joie me faisait oublier. (On l'emmène.)
Pierre Verzaet est prévenu d'avoir chassé sur le
terrain d'autrui sans autorisation en temps de
neige et sans permis de port d'armes.
Le prévenu. M le procureur, je vous annonce
que je donne ma démission 'a dater d'aujourd'hui.
M. le Président. Cela ne vous excuse pas pour
le passé; il fallait le faire trois semaines plus tôt.
R. Un peu plus tôt ou un peu plus tardca ne
fait rien h l'affaire; plus jamais je ne prendrai un
lièvre, ni une bécassine, quand même ils viendraient
brouter a mes jambes ou manger dans mes oreilles
comme mon pigeon. Je donne ma démission, je la
donne en double si vous voulez.
D. Vous reconnaissez avoir chassé sur le terrain
d'autrui? R. Oui, Monsieur, oui, mais je vous
assure que je donne ma démission.
D. 11 y avait de la neige? R. Oui, beaucon
de neige; on pouvait prendre les lièvres la neui,
tuais qu'ils soient tranquilles, car je donne ma d
mission.