JOURNAL DYPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
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31me aimée
Ql'I A TORT? QUI A RAISON?
Rien n'est plus aveugle et plus perni
cieux que l'exclusivisme.
La politique ancienne donnait des au
mônes et préparait des travaux.
L'opposition méconnaissait Jes efforts
déployés pour aider et relever l'industrie
linière et pour faciliter l'introduction d'in
dustries étrangères; elle soutenait avec
aplomb et virulence que l'aumône encou
rage la paresse, qu'elle démoralise et dé
grade la population ouvrière.
La politique nouvelle s'installe au pou
voir. Elle se trouve en facedecirconstances
moins affreuses, car la crise alimentaire
a disparu; il ne lui reste combattre que
la crise industrielle. Elle veut rester con
séquente avec ses déclamations antérieu
res, ne fut-ce que pour sauver son amour
propre; elle s'occupera donc de l'organi
sation de certains travaux publics, elle
conviera les travailleurs des occupations
qui ne leur sont point famillières; mais des
aumônes, elle n'en répartira point.
Qu'en résulte-l-il?
Arriver l'exécution de travaux publics,
dont les frais seront immenses pour le tré
sor et dont les profits seront minimes poul
ies pauvres et les malheureux; réaliser la
vogue d'industries qui contrarient les ha
bitudes enracinées de nos classes inférieu
res, sont des résultats qu'il n'est point pos
sible d'atteindre sans une longue et persé
vérante patience.
En attendant, la misère augmente et
s'étend, elle engendre des maladies; elle
produit une mortalité effrayante.
N'importe, c'est un parti pris, c'est un
système arrêté, le gouvernement n'allouera
point d'aumône.
La Flandre Occidentale compte 250,000
pauvres et les ministres allouent celte
province une somme de 175,000 francs
employer en salaires! Ce n'est pas 75 cen
times par tête!
Pareil subside est doublement dérisoire,
et parce qu'il est insuffisant, et parce que
la plupart des pauvres sont incapables de
mériter un salaire.
Comment veut-on faire travailler des
gens qui sont exténués de faim et de ma
ladie? Comment veut-on secourir 250,000
personnes qui meurent d'inanition et du
typhus au moyen d'un ridicule secours de
175,000 francs.
Heureusement la charité privée supplée
la charité officielle des souscriptions
s'ouvrent Anvers, Gand, partout, en
faveur de ces infortunés que la famine et
les fièvres moissonnent.
Et si les Flandres peuvent être sauvées,
elles le seront par des compatriotes animés
de saintes et nobles inspirations, et non
par ces ministres égoïstes et philosophes,
qui ont complètement failli des engage
ments solennels et sacrés. Ainsi, les évé
nements le prouvent, ils avaient raison,
ceux qui voulaient commencer par l'au
mône et continuer par le travail; ils ont
tort, mille fois tort, ceux qui ont voulu
supprimer l'aumône, et imposer des tra
vaux impossibles.
Le Ministère Delheux était éclairé par
la raison et des sentiments d'humanités,
le Ministère Rogier est frappé de vertige
par l'esprit de parti.
On s'abonne Tpres, rue de
I.illc, u» 10, près la Grand'place, et
cbe* les Percepteurs des Postes du
Royaume
t*KI\ DE l'IBOWEtlEV'i
par trlmeslre,
Pour Y prèsfr. 4
Pour les autres localités 4-S®
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur rue
de Lille, 10, Ypres. Le Propa
gateur parait le SAMEDI et le
HEHtREDI de chaque semaine.
PRIX DES IVSERTKIA*
4 S centimes par ligue. Les ré
clames, ti centimes la ligue.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
7??,SS, 12 Février.
UNE EXPOSITION A CLERCKEN.
La commune de Clerckenle Clergé et l'Ad
ministration Communale ainsi que le Bureau de
Bienfaisance en lêle, ne néglige aucun moyen pour
venir en aide a la population indigente dissiminée
dans les huttes qui couvrent en si grand nombre
son vaste territoire. Plusieurs motifs doivent en
gager les âmes généreuses, qui heureusement ne
font encore défaut aucune bonne œuvre, se
conder ces louables efforts non seulement il s'agit
de soulager les souffrances de nos frères au triple
titre de Catholiques, de Belges et de Flamands;
mais aussi, indépendamment des considérations
d'humanité, de devoir moral et de charité, il y a
un intérêt pour les villes et le plat pays qui envi
ronnent cette bourgade populeuse, a la retenir et
la fixer dans son assiette par une assistance sur
les lieux, et prévenir ainsi l'émigration dans la
localités voisines, et l'importunité des mendiants
toptes les portes, tous les jours et toutes les
heures. Déjà comparativement l'année dernière,
une amélioration notable existe sous ce rapport, et
il faut le dire, les courses des malheureux affamés,
exténués de misère, ont été généralement inofien-
sives. Mais la vue continuelle de ces haillons, de
ces femmes et de ces enfants déguenilléstransis
de froid, ces supplications et ces lamentations in
cessantes dans les rues, attristent l'œil et déchireut
le cœur; d'ailleurs ces habitudes de vie errante
engendrent la fainéantise ensorte que les mêmes
aumônes, mises en commun sous une direction
vigilante, et fécondées par le travail, peuvent être
d'une utilité beancoup plus grande et dans les
lieux d'où elles viennent, et dans la localité a
laquelle elles sont destinées.
Les notables de Clercken ne se sont pas bornés
ériger un comité sous le patronage de M. le Sé
nateur Cassieus-Df.fatin pour la fabrication de
toile de fil la main. Non contents d'occuper en
viron mille bras dans cette branche de l'industrie,
ils viennent de se résoudre ouvrir une Exposition
philanthropique, qui sera suivie d'une loterie. Dès
présent les objets qu'on destinerait l'exposition
de Clercken peuvent être déposés chez M. Van-
dermeersch-Deneckere, négociant en vins,
Grand' Place, ou chez M. l'abbé Deman vicaire
de S'-Jacques, ou notre bureau. C'est tout le
inonde que s'adresse cette invitation aux Daines
qui ne peuvent entendre le cri de détresse sans se
sentir au fond de l'âme émues par une sensibilité
irrésistible; aux prêtres qui ontapprisau chevet de
paille de l'infortune ce que c'est que de mourir de
la mort lente de l'inanition; aux prêtres et aux
médecins, qui s'exposant la contagion avec un
vertueux héroïsme, tiennent peu la possession de
quelques objets dont il est possible de se passer;
aux magistrats de toutes les villes, de tous les
bourgs et villages, car ils ontà-donner l'exemple
du dévouement dans les temps difficiles; aux chefs
des familles au milieu des quelles le sacrifice d'un
meuble, d'un tableau, ou de quelque superfluité,
laissera un souvenir beaucoup plus agréable dans
l'avenir, que leur conservation. Ces appels la
bienfaisance lasseraient en beaucoup de pays,
prouvons qu'il n'en est pas de même ici nous
avons l'occasion de graver un trait honorable de
plus au caractère belge dans l'histoire la face des
nations; profilons-en. Que de sacrifices ne dut
point coûter autrefois aux Grecs la défense de la
liberté contre les Perses? Ne soyons pas inférieurs,
pour un ecause plus noble et plus facile, un peuple
payen. Si l'invasion étrangère ravageait nos fron
tièresla patrie aurait droit d'enlever tous les
hommes valides lèur gain et leurs travaux pour
les faire courir aux armes; si la persécution sévis
sait, la foi aurait droit notre sang, et elle l'aurait
ne nous laissons pas abattre par le paupérisme ou
le typhus, et ne nous lassous pas d'attaquer ces
ennemis intérieurs sans relâche par les armes aux
mille reflets de la charité chrétienne.
La Société fraternelle et philanthropique des
anciens frères d'armes de l'Empire, établie Y près,
vient encore de perdre un de ses membres dans la
personne de Jean Verhaest né Ypres le 7 octobre
1782 et y décédé le 10 fév rier i848. Il fut