JOURNAL DYPRES ET DE L ARRONDISSEMENT. >o 3169. 31me aimée Ql'I A TORT? QUI A RAISON? Rien n'est plus aveugle et plus perni cieux que l'exclusivisme. La politique ancienne donnait des au mônes et préparait des travaux. L'opposition méconnaissait Jes efforts déployés pour aider et relever l'industrie linière et pour faciliter l'introduction d'in dustries étrangères; elle soutenait avec aplomb et virulence que l'aumône encou rage la paresse, qu'elle démoralise et dé grade la population ouvrière. La politique nouvelle s'installe au pou voir. Elle se trouve en facedecirconstances moins affreuses, car la crise alimentaire a disparu; il ne lui reste combattre que la crise industrielle. Elle veut rester con séquente avec ses déclamations antérieu res, ne fut-ce que pour sauver son amour propre; elle s'occupera donc de l'organi sation de certains travaux publics, elle conviera les travailleurs des occupations qui ne leur sont point famillières; mais des aumônes, elle n'en répartira point. Qu'en résulte-l-il? Arriver l'exécution de travaux publics, dont les frais seront immenses pour le tré sor et dont les profits seront minimes poul ies pauvres et les malheureux; réaliser la vogue d'industries qui contrarient les ha bitudes enracinées de nos classes inférieu res, sont des résultats qu'il n'est point pos sible d'atteindre sans une longue et persé vérante patience. En attendant, la misère augmente et s'étend, elle engendre des maladies; elle produit une mortalité effrayante. N'importe, c'est un parti pris, c'est un système arrêté, le gouvernement n'allouera point d'aumône. La Flandre Occidentale compte 250,000 pauvres et les ministres allouent celte province une somme de 175,000 francs employer en salaires! Ce n'est pas 75 cen times par tête! Pareil subside est doublement dérisoire, et parce qu'il est insuffisant, et parce que la plupart des pauvres sont incapables de mériter un salaire. Comment veut-on faire travailler des gens qui sont exténués de faim et de ma ladie? Comment veut-on secourir 250,000 personnes qui meurent d'inanition et du typhus au moyen d'un ridicule secours de 175,000 francs. Heureusement la charité privée supplée la charité officielle des souscriptions s'ouvrent Anvers, Gand, partout, en faveur de ces infortunés que la famine et les fièvres moissonnent. Et si les Flandres peuvent être sauvées, elles le seront par des compatriotes animés de saintes et nobles inspirations, et non par ces ministres égoïstes et philosophes, qui ont complètement failli des engage ments solennels et sacrés. Ainsi, les évé nements le prouvent, ils avaient raison, ceux qui voulaient commencer par l'au mône et continuer par le travail; ils ont tort, mille fois tort, ceux qui ont voulu supprimer l'aumône, et imposer des tra vaux impossibles. Le Ministère Delheux était éclairé par la raison et des sentiments d'humanités, le Ministère Rogier est frappé de vertige par l'esprit de parti. On s'abonne Tpres, rue de I.illc, u» 10, près la Grand'place, et cbe* les Percepteurs des Postes du Royaume t*KI\ DE l'IBOWEtlEV'i par trlmeslre, Pour Y prèsfr. 4 Pour les autres localités 4-S® Prix d'un numéro. Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur rue de Lille, 10, Ypres. Le Propa gateur parait le SAMEDI et le HEHtREDI de chaque semaine. PRIX DES IVSERTKIA* 4 S centimes par ligue. Les ré clames, ti centimes la ligue. VÉRITÉ ET JUSTICE. 7??,SS, 12 Février. UNE EXPOSITION A CLERCKEN. La commune de Clerckenle Clergé et l'Ad ministration Communale ainsi que le Bureau de Bienfaisance en lêle, ne néglige aucun moyen pour venir en aide a la population indigente dissiminée dans les huttes qui couvrent en si grand nombre son vaste territoire. Plusieurs motifs doivent en gager les âmes généreuses, qui heureusement ne font encore défaut aucune bonne œuvre, se conder ces louables efforts non seulement il s'agit de soulager les souffrances de nos frères au triple titre de Catholiques, de Belges et de Flamands; mais aussi, indépendamment des considérations d'humanité, de devoir moral et de charité, il y a un intérêt pour les villes et le plat pays qui envi ronnent cette bourgade populeuse, a la retenir et la fixer dans son assiette par une assistance sur les lieux, et prévenir ainsi l'émigration dans la localités voisines, et l'importunité des mendiants toptes les portes, tous les jours et toutes les heures. Déjà comparativement l'année dernière, une amélioration notable existe sous ce rapport, et il faut le dire, les courses des malheureux affamés, exténués de misère, ont été généralement inofien- sives. Mais la vue continuelle de ces haillons, de ces femmes et de ces enfants déguenilléstransis de froid, ces supplications et ces lamentations in cessantes dans les rues, attristent l'œil et déchireut le cœur; d'ailleurs ces habitudes de vie errante engendrent la fainéantise ensorte que les mêmes aumônes, mises en commun sous une direction vigilante, et fécondées par le travail, peuvent être d'une utilité beancoup plus grande et dans les lieux d'où elles viennent, et dans la localité a laquelle elles sont destinées. Les notables de Clercken ne se sont pas bornés ériger un comité sous le patronage de M. le Sé nateur Cassieus-Df.fatin pour la fabrication de toile de fil la main. Non contents d'occuper en viron mille bras dans cette branche de l'industrie, ils viennent de se résoudre ouvrir une Exposition philanthropique, qui sera suivie d'une loterie. Dès présent les objets qu'on destinerait l'exposition de Clercken peuvent être déposés chez M. Van- dermeersch-Deneckere, négociant en vins, Grand' Place, ou chez M. l'abbé Deman vicaire de S'-Jacques, ou notre bureau. C'est tout le inonde que s'adresse cette invitation aux Daines qui ne peuvent entendre le cri de détresse sans se sentir au fond de l'âme émues par une sensibilité irrésistible; aux prêtres qui ontapprisau chevet de paille de l'infortune ce que c'est que de mourir de la mort lente de l'inanition; aux prêtres et aux médecins, qui s'exposant la contagion avec un vertueux héroïsme, tiennent peu la possession de quelques objets dont il est possible de se passer; aux magistrats de toutes les villes, de tous les bourgs et villages, car ils ontà-donner l'exemple du dévouement dans les temps difficiles; aux chefs des familles au milieu des quelles le sacrifice d'un meuble, d'un tableau, ou de quelque superfluité, laissera un souvenir beaucoup plus agréable dans l'avenir, que leur conservation. Ces appels la bienfaisance lasseraient en beaucoup de pays, prouvons qu'il n'en est pas de même ici nous avons l'occasion de graver un trait honorable de plus au caractère belge dans l'histoire la face des nations; profilons-en. Que de sacrifices ne dut point coûter autrefois aux Grecs la défense de la liberté contre les Perses? Ne soyons pas inférieurs, pour un ecause plus noble et plus facile, un peuple payen. Si l'invasion étrangère ravageait nos fron tièresla patrie aurait droit d'enlever tous les hommes valides lèur gain et leurs travaux pour les faire courir aux armes; si la persécution sévis sait, la foi aurait droit notre sang, et elle l'aurait ne nous laissons pas abattre par le paupérisme ou le typhus, et ne nous lassous pas d'attaquer ces ennemis intérieurs sans relâche par les armes aux mille reflets de la charité chrétienne. La Société fraternelle et philanthropique des anciens frères d'armes de l'Empire, établie Y près, vient encore de perdre un de ses membres dans la personne de Jean Verhaest né Ypres le 7 octobre 1782 et y décédé le 10 fév rier i848. Il fut

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 1