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ANGLETERRE. Londres, 7 mars.
ALLEMAGNE.
rr
Ils désirent, en outre, que les opéras en cinq
actes soient réduits deux.
De leur côté, les garçons de café vont s'assembler
demain.
Il doit être arrêté dans cette réunion que les
tasses de café qui, déjà sous la monarchie n'étaient
que des demi-lasses, seront réduites de moitié.
En même temps, les musiciens demandent que
les quadrilles finissent la pastourelle.
A leur tour, les cochers de fiacre exigent qu'on
porte quatre francs la course qui n'était que de
quarante sons, sous l'ancien régime.
Ils veulent positivement que la course ne soit
que de moitié;de façon que si vous prenez un
cabriolet la barrière du Trône pour aller la
Madeleine, on vous descendra l'Hôtel de Ville.
Quant au peuple, qui donne tant de temps la
lecture des papiers publics, il demande que les ar
ticles de journaux soientcomme toute chose,
réduits de moitié. Ce ne sera pas l'a la pire des
réformes.
P. S. On annonce l'instant que les bottiers ne
veulent faire qu'une botte. Ils ne savent pas encore
si c'est la botte gauche ou la botte droite. [Corsaire.)
Du 8.Les ambassadeurs des différents Etats
de l'Italie ont eu une longue entrevue avec M. de
Lamartine. Rien n'a encore transpiré sur le résul
tats de cette conférence.
On annonce que le chargé d'affaires d'Es
pagne Paris, a reçu de nos gouvernement l'ordre
de réclamer les diamanis de la duchesse de Moih
pensier qui étaient la propriété personnelle de cette
princesse.
M. Pleyel, facteur de pianos, occupait 3oo
ouvriers dans ses ateliers. Il les a réunis pour les
prévenir qu'il ne pourrait conserver que la moitié
de ce nombre. D'un commun accord, ils se sont
entendus pour ne faire qu'une demi journée chacun.
De cette façon, tous resteront. Ce fait prouve eu
faveur du maître et des ouvriers.
Des lettres de Toulon parvenues le 8 annon
cent que M. le prince de Joinville et M. le duc
d'Aumale sont arrivés d'Alger en vue de ce port.
Ils ont communiqué avec l'amiral Baudiu, com
mandant l'escadre de la Méditerrannée, et ont
demandé entrer en rade. L'amiral, après avoir
accédé cette demande, s'est ravisé et a demandé
par le télégraphe des instructions au gouvernement.
On assure que les deux princes, abdiquant leur
qualité, ont offert de prendre du service en qualité
de simples citoyens.
Le 9, le Moniteur publie l'arrêté qui orga
nise un comptoir d'escompte Paris, au capital de
20 millions. C'est le haut commerce qui a pris les
devauts en cette circonstance; le commerce moyen
n'a pu s'entendre sur les propositions divergentes
que faisaient différents comités pris dans son sein.
Les bailleurs de fonds du comptoir institué hier
sont MM. Fould, Thurnessen, etc. Une commission
composée de MM. Pereire, Guilbert (des villes de
France), Schayé, Agréé, Esnée, notaire, et Senac,
pour accomplir un vain devoir de politesse, qui ne
m'eut pas semblé un motif suffisant pour être in
discret; mais on m'adit que vous vousétiez exprimé
sur mon compte avec intérêt, et j'ai cru de mon
honneur de venir révéler la cause de l'isolement
danslequel jesuis laissé par mes compagnons d'exil.
Je connais cette cause, général, repondit-je,
et je vous dirai, sans détour, qu'elle m'avait inspiré
des résolutions qui sont bien ébranlées par la noble
franchise de votre démarche. Vous aurait-on ca
lomnié
On ne m'a pas calomnié, si l'on vous a dit
que j ai fait périr mou frère mais on l'a fait, si
1 on n a pas ajouté que, depuis ce jour, il n'y a pas
eu un seul instant de repos pour moi.
Je 1 ai pensé sans qu'il fût besoin demele dire.
Je vous en remercie, jeune homme, reprit le
général avec émotion. Je ne viens pas ici pour faire
1 apologie d un acte que j'ai regardé comme un
devoir quand j'étais soldat, mais que j'ai pleuré
comme un crime depuis que je suis proscrit et si
je^l'avoue, c'est que je trouve plus honorable de
m exposer la haine des hommes que d'usurper
leur estime. Pour être continué.)
du ministère du commerce, s'occupe en ce moment
des statuts de la oouvelle banque.
On croit qu'un autre comptoir pourra être or
ganisé si le moyen et le petit commerce s'entendent
sur les bases adopter pour cette institution.
C'est M. Adolphe d'Houdetot, receveur par
ticulier des fiuances au Hâvre et frère d'un aide de
camp de Louis-Philippe, M. le général Frauce
d'Houdetot, qui a ménagé l'ex-Roi et la Reine
Amélie, les moyens de passer en Angleterre. Aussi
tôt que les augustes émigrants ont été en sûreté,
M. Ad. d'Houdetot a rendu compte de sa conduite
au commissaire du gouvernement, Rouen, et le
gouvernement lui a fait témoigner tonte l'estime
que lui avait inspirée une telle manière d'agir.
Les troubles qui ont eu lieu hier sur la place de
Trafalgar se sont renouvelés aujourd'hui, et an
moment où je vous écris (8 heures du soir) un
rassemblement parcourt les rues en poussant de
grandes clameurs. Les magasins de jouailliers et
tous ceux qui renferment des objets de prix sout
fermés. Le commissaire de police eu chef a publié
une proclamation portant que tout attroupement
de cette nature sera dispersé par la force. Cepen
dant, cette manifestation n'a absolument aucun
caractère inquiétant, et rien n'indique que la po
pulation soit le moins du monde disposée enfrein
dre les lois.
On a eu aujourd'hui Londres que des troubles
beaucoup plus graves ont eu lieu Glasgow dans
la journée d'hier, la suite d'un meeting. Un ras
semblement chartiste a pillé plusieurs boutiques
d'armurieurs et s'est emparé des armes qu'il y a
trouvées et qu'il brandit en poussant des cris féro
ces de A bas la ReineLe nombre des pertur
bateurs va sans cesse augmentant. Un de leurs
premiers actes a été d'enlever les rails sur les lignes
des chemins de fer de Paisley et d'Airdrie. Ils se
sont rendus ensuite la municipalité, ou ils ont
réclamé du pain et du travail.
Les magistrats leur ont répondu qu'on allait leur
distribuer des vivres. Sans attendre l'accomplisse
ment de cette promesse, ils ont mis au pillage plu
sieurs boutiques de boulangers, en brisant les vitres
et les réverbères dans les rues qu'ils traversaient.
Parmi les cris qui se sont fait entendre on remar
quait ceux de Du pain ou la révolution Five
la République Il est douteux que les émeutiers
comprissent eux mêmes le sens de ces derniers mots
vociférés en mauvais français. La police ne s'est
montrée nulle part. Ce n'est que vers le soir que la
troupe est sortie de ses casernes. Le Riot actaété
lu et la force armée a fait évacuer les rues qu'elle
a traversées. Cependant, le désordre continuait et
la foule des émeutiers, augmentée d'un grand
nombre de marins, allait toujours grossissant. Jus
qu'à présent le but des perturbateurs paraît n'être
que le pillage mais si le mouvement se commu
niquait aux autres grands centres de population,
de fatales conséquences pourraient en résulter. En
France, les révolutions partent de la capitale; en
Angleterrre, c'est dans les provinces que les grands
mouvements commencent.
Mm* la duchesse d'Orléans est arrivée le 3 mars
Berlin.
On écrit de Coblentz, le 6 mars, la Ga
zelle de Cologne. La duchesse d'Orléans vit
Ems très-retirée. Le comte de Paris et le duc de
Chartres accompagnés de leur gouverneur, ont
fait hier une promenade jusqu'à Ehreubreitstein,
mais sans entrer Coblentz.
Le Roi de Bavière a reconnu la République
française, et l'envoyé français ici a été confirmé
comme ambassadeur de la République française
la cour de Bavière. Le ministre d'État de Vollz a
reçu le portefeuille de l'intérieur la place de M.
de Berks, qui est en voyage pour cause de santé.
Des troubles ont eu lieu le 5 mars au soir
Munich. Déjà l'après-midi, il avait été question de
donner un charivari au ministre de Berks, partisan
de la comtesse de Landsfeld. Beaucoup de jeunes
gens se rendirent vers 8 heures, piès de la maison
de M. de Berks, où, en poussant des vociférations
ils brisèrent plusieurs fenêtres coups de pierre.
Le prince Charles, le prince de Wallerstein et le
ministre de Beisler parurent pied cet endroit.
Les gendarmes ne se montrèrent pas. Trois pa
trouilles qu'on reçut avec des vivats, ne purent
parvenir rétablir la tranquillité. Plus tard, des
fenêtres et des laoternes furent également brisées
au ministère de l'intérieur, la police et dans plu
sieurs rues. Les cuirassiers envoyés sur les lieux ne
parvinrent pas se frayer un passage, parce qu'on
avait barricadé les rues avec des voitures.
D'après un autre journal, les fenêtres auraient
même été brisées au palais du Roi et la maison
des Etats, et on y aurait fait les plus déplorables
démonstrations. A 9 heures et demie, on battit la
générale la troupe de ligne et la garde bourgeoise
envoyèrent des patrouilles et firent évacuer lek
rues; vers une heure, la tranquillité était rétablie.
J.e plus grand nombre de bourgeois désapprouvent
cet événement. On fait circuler uue adresse au
Roi, dans laquelle on le prie surtout de convoquer
les États.
Le Frankfurter journal donne entendre
que quelques désordres ont eu lieu Francfort
dans la soirée du 4, mais il ne donne aucun détail
sur la nature et la gravité de ces désordres.
A son retour Wiesbaden, le duc de Nassau
a confirmé les promesses faites en son absence par
ses ministres.
A Mayence, le 2 mars, on a brisé les fenêtres
des fonctionnaires impopulaires. L'ordre n'a été
rétabli qu'avec peine par l'emploi de la force mi
litaire. Le lendemain a eu lieu une nouvelle réu
nion de la bourgeoisie, dans laquelle a été voté une
nouvelle adresse qui sera portée aujourd'hui
Darmstadt par 4oo bourgeois de la ville.
A Leipsick, une députalion est partie le 2
mars pour Dresde, afin de présenter au Roi l'a
dresse votée la veille par les autorités municipales.
La députalion était de retour le 4 a Leipsick, où
l'attendait une foule immense. Lorsque la popu
lation a su que le Roi avait refusé d'accéder, quant
présent,aux demandes de réformesqui lui avaient
été adressées, une grande agitation s'est manifestée
parmi la foule, et elle ne s'est calmée que sur la
déclaration de Blum, que les autorités municipales
se réuniraient et proposeraient le renvoi immédiat
du ministère. La foule est allée briser quelques
fenêtres du député Brockhaus, qui s'est rendu
très-impopulaire dans cette affaire en ne prenant
aucune part aux délibérations du conseil.
On écrit de Neuchâtelle 1" mars, au
Frankfurter Journal
Ce matin, le gouvernement a donné sa dé
mission sous réserve de l'assentiment du Roi de
Prusse. Le soir, 1,800 montagnards sont entrés
dans la ville et ont occupé le château et les antres
édifices publics. La garde de sûreté avait déjà été
congédiée par le gouvernement. Les habitants de
Val-Travers sont également entrésà Neuchâtel. Le
gouvernement provisoire a proclamée sa Consti
tution, et deux commissaires fédéraux sont partis
de Berne pour Neuchâtel avec ordre d'ouvrir les
relations officielles avec le gouvernement provi
soire.
Le chancelier Favarger, rédacteur du Consti
tutionnel neuchdlelois, a traversé Bâle se rendant
Berlin pour réclamer l'intervention delà Prusse.»
Une lettre de Vienne citée par la Gazette de
Rreslau dit que la nouvelle des événements de
Paris a causé, la cour et dans le public, une stu
peur générale. On redoute la réaction de la pro
clamation de la République française dans la Lom-
bardie et dans le Piémont sur le secours duquel les
Milanais paraissent compter. Les ministres se sont
rassemblés d'urgence et des courriers ont été ex
pédiés dans toutes les directions.
A la Bourse les cours ont été purement nomi
naux et les affaires entièrement nulles.
Le 6 mars, Darmstadt était au comble de la
joie. Le grand duc hériditaire venait d'être procla
mé co-régent. M. le baron Henri de Gagern était
nommé ministre en remplacement de M. du Thil,
qui avait obtenu sa démission.
L'armée wurtembergeoise va être mise com
plètement sur le pied de guerre. L'assemblée des
Etatt, ajournée il y a peu de jours, va être convo
quée immédiatement. La bourgeoisie est animée du
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