JOURNAL D ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. >0 3IS7. 31me année. f 7 centimes par ligue. Les ré clames, 25 centimes la ligne. Nous ne voulons pas la république, parce que, dans notre monarchie constitution nelle, nous avons tous les avantages de la démocratie, sans en avoir les inconvé nients. Les vœux du peuple peuvent mon ter aujourd'hui des rangs les plus bas de la société, jusqu'aux sommités du pouvoir sans rencontrer d'obstacles. Les déposi taires du pouvoir sont les mandataires du peuple. Toutes les classes concourent l'action du pouvoir par les élections; tous les intérêts sont représentés, protégés, dé fendus par le pouvoir. L'arbitraire est im possible, comme la tyrannie. Les actes de l'autorité sont soumis la censure de l'o pinion publique. Les abus ont toujours redouter la lumière de la publicité. Nous avons tous les avantages d'une république sagement constituée; c'est-à-dire le gou vernement de tous, dans l'intérêt de tous. Mais nous n'avons pas les inconvénients de la république. La discorde devient pour la société un mal incurable, lorsque les partis ne trouvent pas audessus d'eux un pouvoir censé infaillible, qui prononce en dernier ressort, et qui exerce une magis trature de conciliation et de paix, que tous les partis respectent. Or celle magistrature suprême, que l'on appelle la royauté, man que la république, et de là vient que la guerre civile, l'anarchie et le despotisme y trouvent chaque heure des éléments. La liberté de tous n'a pas de garantie plus solide, que l'autorité d'un roi constitu tionnel, dont l'hérédité assure la stabilité des institutions, qui concentre en lui tou tes les espérances de la nation, et qui la préserve dans les temps difficiles et de la malveillance de l'étranger, et des germes de discorde l'intérieur. Nous avons un autre motif de ne pas vouloir la République. Nous savons tous qu'elle coûte trop cher. A Paris le grand et le petit commerce sont la torture; la confiance nécessaire aux transactions com merciales a disparu; les capitaux se res serrent; l'argent manque; l'ouvrier reste sans ouvrage; le fabricant n'ose risquer aucune entreprise; une ruine complète menace ce pays jadis si prospère.... Le gou vernement provisoire a dépensé en six se maines le budget d'une année. D'où lui viendront, pendant les mois qui vont sui vre, les ressources dont il aura besoin?... Tout cela n'est pas de nature faire désirer la république aux peuples, qui jouissent de la paix, sous le régime constitutionnel. Il est possible que la république leur paraisse une belle chose; mais en dernière analyse ils n'en veulent pas, parce qu'elle coûte évidemment trop cher. L'horizon s'éclaircit, l'avenir devient plus rassurant. L'extérieur et l'intérieur con courent consolider la situation que la commotion européenne mettait en péril. Si comme avec l'appui de la divine Provi dence, il est permis désormais d'y avoir pleine foi, nos institutions sortent triom phantes et intactes de l'épreuve que la crise actuelle leur fait subir, la constitution, le trône et le peuple de Belgique seront un sujet de respect et d'admiration, une preuve de la force d'un régime de liberté chez une nation loyale et modérée. Les intentions du gouvernement provi soire français, qui pouvaient paraître nua geuses entre ses franches déclarations et certains faits, ne permettent plus de doute. Il ne pouvait en être autrement, lasincérilé de nos voisins, leur dignité en eut souffert. -Une légation officielle vient d'être réguliè rement accréditée près la cour de Bruxelles. Les chefs des bandits qui cherchaient fo menter des troubles en Belgique, ont eu s'expliquer la justice en France même. Blervacq et Jaspin ne rencontrent pas plus de sympathie en France qu'en Belgique. Le commissaire du gouvernementqui par une complaisance condamnable avait laissé soustraire des armes de la République dé posées dans un arsenal de l'Etat pour favo riser un attentat contre le droit des gens, a été appelé Paris, où une réprimande sévère, lui aura inspiré plus de circon spection et de bonne foi pour le futur. La France a prouvé suffisamment sa valeur guerrière, elle n'a pas besoin de solder avec hypocrisie et sous main des brigands, pour satisfaire les ressentiments qu'elle peut nourrir. Un décret récent place les travailleurs étrangers sous la sauve garde des ouvriers français. C'est une manière adroite de reprocher aux classes inférieures l'absence de fraternité, et de faire cesser, de réparer insensiblement les ignobles et cruelles expulsions qu'un égoïsme incon sidéré a fait commettre. Les sauveurs de Savoie n'ont pas eu plus de succès au midi que les nôtres au nord. Cependant il y a une utile comparaison a faire des deux ex péditions. La vigilance des troupes natio nales a préversé le pays des déprédations dont un seul jour de succès a montré le hideux spectacle Chambery. La noble conduite des soldats belges de Risquons-Tout a produit par tout le pays une sensation, un élan patriotique im mense, dont la revue de Bruxelles a été l'expression vraie, positive, spontanée. Devant la nécessité de maintenir nos insti tutions par tous les efforts, par tous les sacrifices, par toutes les charges, plus de divisions, plus de partis. La Belgique ren ferme plus de quatre cent mille hommes en état de porter les armes. 11 n'y a pas d'autre moyen pour l'étranger, quel qu'il soit, de renverser le trône, d'asservir le sol de la patrie, de la livrer l'anarchie, que de commencer contre cette brave po pulation une boucherie d'extermination, sauf se rappeler que la victoire n'est pas toujours acquise l'injustice, et qu'un bras tout-puissant pèse aussi dans les destinées humaines. L'attitude calme, courageuse, décidée, bienveillante envers tous, de la Belgique, fera de plus en plus grandir sa force, et resserrera entr'autres les liens d'amitié, que tant de souvenirs, tant d'in térêts communs doivent cimenter avec la nation française. Malgré trois années de crise alimentaire et industrielle, les classes ouvrières con servent une attitude patiente etcourageuse en face de la gène continue que détermi nent les événements politiques, et sont par conséquent dignes en tous points, de tout l'intérêt que peuvent et doivent leur porter et ceux qui sont favorisés par la fortune et ceux qui sont chargés par leurs fonctions de veiller aux soulagementdes malheureux comme au maintien de l'ordre et de la sé curité publique. Déjà le travail faisait défaut dans notre ville et depuis la révolution parisienre l'industrie dentellière, la seule pour ainsi dire qui nous restait encore, a reçu uhe rude atteinte. Il importe la généralité de On s'abonne Ypres, rue de I.ille, n° 10, près la Grand'placeet cbex les Percepteurs des Postes du Boyau me. l*RI\ I»l L'iMI^eiFlT, par triiueMlre. Ponr Ypresfr. Pour les autres localités -I<50 Prix d'un numéro. 2© Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé h l'Éditeur rue de Lille, 10, l'pres. Le Propa gateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PllIA DES llf&ERTIOM. VÉRITÉ ET JUSTICE. lo Avril. POURQUOI NE VOULONS-NOUS PAS LA RÉPUBLIQUE?

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 1