NOUVELLES DIVERSES.
On remarquera la diffe'rence frappante qu'offre
le langage tenu par M. de Lamartine dans son
dernier discours avec celui qui régnait dans le
rapport qu'il a fait l'Assemblée nationale en
qualité de ministre des affaires étrangères. Le dis
cours est beaucoup plus pacifique que le rapport.
Quelle est la cause de cette différence? Nous l'avons
déjk indiquée d'avance, le lendemain même du i5
mai, aujourd'hui, le parti démagogique tombé,
M. de Lamartine est libre d'exprimer ses véritables
sentimens, et il se prononce ouvertement pour le
maiutieu de la paix.
Auparavant, il tenait un langage plus ou moins
factice, il était forcé de faire des concessions un
parti extrême, et ses discours respiraient la guerre.
D'après cela le discours du 23 mai a beaucoup
plus de portée que le rapport diplomatique, et
l'apparente contradiction qu'offrent ces deux do
cuments est expliquée. {La Pairie.)
Dans la séance du 24, l'Assemblée nationale a
entendu la lecture d'une protestation des ducs de
Nemours et d'Aumale, ainsi que du prince de Join-
ville, contre le projet de décret qui les bannit de
la France. Cette lecture ne paraît pas avoir produit
une vive sensation daus l'Assemblée. La discussion
du décret lui-même doit avoir lieu dans la séance
de demain et son adoption a une immense majorité
n'est pas douteuse. Indépendance
Les lettres adressées, par les princes français, k
l'Assemblée nationale, sont ainsi conçues:
M. le président,
Les journaux nous rapportent un décret ten
dant a nous fermer les portes de la France. Les
sentiments que ce projet nous inspire, nous arra
chent h la réserve que, jusqu'ici nous nous étions
imposé. Nous avions espéré que celte réserve
toute patriotique, serait comprise. L'Assemblée
était réunie, elle allait dans son indépendance et
sa souveraineté, voter la nouvelle Constitution;
nous ne voulons pas jeter au milieu de ses délibé
rations l'expression d'un vœu ou la préoccuper de
personnes.
Nous avons lieu de penser d'ailleurs qu'en
quittant Alger au premier appel fait a notre
patriotisme, nous avons fourni au pays une preuve
patente de notre ferme intention de ne pas chercher
a désunir la France comme nous avions témoigné
du respect avec lequel nous acceptions l'appel fait
a la nation.
Nous nous flattions aussi que le pays ne
pourrait songer a nous repousser, nous qui l'avions
toujours loyalement et fidèlement servi dans nos
professions de marins et de soldats.
Le projet de décret indique qu'on en a jugé
autrement, et ce moment choisi pour le produire
constitue d'ailleurs une assimilation que nous ne
saurions accepter.
Exemps de toute ambition personnelle, nous
protestons devant les représentants de la nation,
contre une mesure dont nos antécédents et nos
sentiments devaient nous garantir.
Veuillez, Monsieur le président, porter cette
lettre la connaissance de l'Assemblée nationale,
et recevez l'assurance de notre haute considération.
Signé: François d'Orléans,
Henri d'Ori.éans.
i5 mai i848.
Seconde lettre.
Claremont, 20 mai i848.
Monsieur le président,
Absent au moment où est parvenue ici la nou
velle qu'un projet de décret était proposé pour
bannir notre famille du territoire français, je n'ai
pu joindre ma signature a la lettre que mes frères
vous ont adressée hier 19 courant; mais je m'eiK-
presse de vous déclarer que j'y adhère entièrement,
et je vous prie de vculoir bien le faire connaître a
l'Assemblée nationale.
Recevez, Monsieur le président, l'assurance
de ma haute considération.
Signé Louis d'Orléans.
Sur le projet de décret tendant h interdire le
territoire de la France au Roi Louis-Philippe et
sa famille, M. le général Lebreton a proposé l'amen
dement suivant qui sera discuté aujourd'hui
Je demande que, dans aucun cas, le décret
relatif a Louis-Philippe et sa famille ne puisse
être appliqué aux membres de cette famille, qui,
absents de Paris, an mois de février dernier, sont
restés notoirement étrangers k tous les actes qui ont
amené l'expulsion de la branche cadette.
L'Assemblée électorale de Courtrai a tenu, lundi,
une séance pour compléter son bureau définitif. A
la séance précédente, trois membres seulement
avaient obtenu la majorité; ce sont MM. B. Dan-
neel, Goethals-Delvigne et Vercrnysse-Bracq; sur
193 votants M. Buyse Vanysselsteen a obtenu i85
voix, et M. Ch. Deneulie 182. Ils complètent donc
le bureau définitif.
On lit dans le Messager de Gand, sous la
date du 24 Les ouvriers sans ouvrage s'occu
paient depuis quelques jours d'un pétitionnement
tendant a obtenir du travail du gouvernement et
de la régence. Leurs réclamations ont été trans
mises aux autorités respectives qui ont promis de
s'occuper de leur sort.
Hier, dans la journée, un fort rassemblement
s'est porté vers l'établissement de la société de la
Lys pour demander l'expulsion des étrangers. Sur
la réponse qui a été faite aux ouvriers attroupés
que l'établissement n'occupait point d'étrangers,
ils se sont retirés paisiblementse dirigeant vers la
fabrique de M. Storyoù la bande a renouvelé son
injonction et obtenu une réponse identique.
Des attroupements ont eu lieu plus tard a la
place d'Armes et au marché du Vendredimais
aucun excès n'a été commis. Tous les ouvriers ne
paraissaient animés que d'un seul désir, celui d'ob-
teuirde l'occupation et de pouvoir se procurer des
moyens d'existencequels qu'ils fussent.
On lit dans l'Organe du 25 Hier dans
l'après-dînée, douze gendarmes cheval ont quitté
notre ville, se dirigeant en toute hâte sur Nevele,
où des désordres ont eu lieu parmi les ouvriers
travaillant au canal de Deynze Schipdonck.
On dit que le bourgmestre de Nevele a été
grièvement maltraité. Nous ne connaissons encore
rien d'exact ce sujet.
P. S. La gendarmerie vient de rentrer. Les dé
sordres sont apaisés et les ouvriers ont repris leurs
travaux.
On écrit de Gand, 25 mai
On s'entretient beaucoup en cette ville d'un
empoisonnement involontaire qui aurait eu lieu
hier. Une pauvre familledemeurant rue de l'In
cendie, recevait depuis environ quatre ans la
nourriture de généreux particuliers de la ville.
Hier après avoir mangé de la soupe, obtenue chez
ces derniers, toutes les membres de cette famille se
sont trouvés indisposés, et il paraît reconnu tous
les symptômes de l'empoisonnement. De prompts
secours ont été donnés aux maladeset jusqu'ici
aucun d'eux n'a succombé.
On lit dans le Journal de Tournai du 25
De nouveaux troubles ont éclaté a Antoing,
mais il nous a été impossible de savoir au juste leur
importance. Toujours est-il que la gendarmerie et
un détachement de la ligne y ont été envoyé en
toute hâte.
On nous assure a l'instant qne tont est rentré
dans l'ordre.
Le duc de Brabant et le comte de Flandre res
tent Bruxelles pour prendre part régulièrement
chaque maliu aux exercices et aux manœuvres de
la garnison.
Hier soir,la police de Schaerbeék est parvenu
arrêter l'individu qui déjk depuis quelques
semaines émettait de la fausse monnaie, dans les
environs de Bruxelles et notamment a Etterbeék.
C'est le nommé Timmermans, menuisier et
chef d'atelier la station du Luxembourg. Au
moment de son arrestation, opérée la barrière
chez Van Campenhout, il avait sur lui 10 pièces
de 5 fr. fausses. Ce matin cet individu a été conduit
au parquet de Bruxelles.
On est généralement étonné du retard que
met l'administration sttpérieureâ organiser la garde
civique conformément aux dispositions de la loi
récente. Cependant outre la considération d'ordre
public, il n'y a pas de temps perdre pour que les
12,000 hommes composant la milice citoyenne, de
Bruxelles et des faubourgs, puissent être équipés
et exercés de façon paraître dignement lors de la
rentrée des chambres, qui aura sans doute lieu au
mois de juillet prochain.
Un courrier du cabinet espagnol a passé lundi
par Bruxelles portant k l'ambassadeur espagnol a
Londres l'ordre de demander ses passeports et de
quitter sans retard l'Angleterre.
AGITATION DES OUVRIERS MINEURS A LIÈGE.
Mercredi malin, les ouvriers des diverses houil
lères d'Ougrée, excités par quelques meneurs, sont
arrivés k Seraing, au nombre de quatre a cinq
cents, pour demander que les travailleurs étrangers
k la localité fussent renvoyés des travaux.
Déjà, malgré les chefs de l'une des exploitations,
deux des perturbateurs étaient descendus dans les
galeries d'extraction et en avaient fait remonter les
ouvriers qui y étaient occupés, les maoaçant, s'ils
n'obtempéraient pas k leurs exigences, de couper
la corde du cnffat.
Cinq individus ont été arrêtés et mis sons man
dat de dépôt; plusieurs mandats d'amener ont en
outre été lancés.
M. le procureur du Roi, et M. le commissaire
d'arrondissement, qui s'étaient rendus sur les lieux,
craignant qu'il n'arrivât d'autres désordres dans la
nuit et que la gendarmerie ne fût impuissante k les
réprimer, avaient requis l'envoi de quelques com
pagnies de troupes de la garnison de Liège, mais
lorsque le détachement est arrivé, tout était rentré
dans l'ordre depuis plusieurs heures.
Cependant, par mesure de précaution, le déta
chement a passé la nuit k Tilleur et k Sclessin;
mais la tranquillité n'a plus été troublée.
{Journal de Liège.)
TROUBLES A LILLE.
De graves désordres ont éclaté k Lille, nous en
empruntons le récit suivant a VEcho du Nord
Lundi dernier, vers neuf heures, une masse
d'hommes en blouse, dont le noyau s'était formé
d'ouvriers du collège, se sont tout h coup mis
en route vers les fabriques de Lille, pour forcer
les ouvriers qui travaillaient, k quitter les ateliers
et a les suivre dans la rue. L'une des premières
maisons visitées a été celle d'un filateur, rue des
Céiestines, et d'un autre, rue des Pénitentes. Les
ouvriers de la fabrique ont essayé, mais en vain,
de défendre la porte; l'un d'eux a été violemment
frappé par des hommes du rassemblement. Après
une demi-heure de pourparlers en pure perte, les
émeutiers, armés de bâtons, et portant avec eux
des cordes, se sont dirigés en partie vers le quar
tier Saint-André, puis se sont rabattus sur l'Espla-