nade, près de l'estaminet appelé Ma Campagne. En passant dans la rue du Pont-Neuf, ils ont jeté au col de M. Vraut, filatenr, une corde k nœud coulant, dont celui-ci s'est fort heureusement dé barrassé. La garde nationale, repoussée du côté de l'Es planade et dans la rue Française, et attaquée du côté de la rue Nationale, a pris le parti de croiser la baïonnette et de regagner la Grande-Place, en descendant la rue Nationale et poussant devant elle les rassemblements. Arrivés a la hauteur de la petite rue Croix-Sainte-Catherine, cent cinquante gardes nationaux se sont trouvés en face de mil liers d'ouvriers qui avaient été se pourvoir de pierres sur l'Esplanade, et les attaquaient sur trois points la fois. Ils ont alors essayé une charge a la baïonnette, où quelques personnes ont été bles sées de part et d'autre, et quelques arrestations faites. Quand on a reconduit chez eux les gardes nationaux grièvement atteints par les briques, ils étaient encore poursuivis par les huées et les me naces de ceux qui les avaient mis en cet état. Une barricade a été commencée au coin de la rue Française. Elle consistait en une charrette et deux ou trois tonneaux. On avait fait sauter quel ques mètres de pavé. M. Montigny-Champon ex-colonel de la garde nationale, est monté k l'as saut et a fait mine de vouloir tirer sur les émeuliers qui ont de suite évacué la rue. On nous apprend que cet honorable citoyen et très grièvement blessé. Le citoyen Edward Sauve, lieutenant, venait de faire croiser la baïonnette sur quelques groupes, qui l'avaient attaqué h coups de pierre et blessé, quand un des nouveaux gardes nationaux que M. Delescluze a fait armer et incorporer dans les compagnies, est sorti des rangs et a marché la baïonnette croisée sur son lieutenant. Celui-ci a été secouru k temps par les gardes nationaux, qui ont eu beaucoup de peine a arrêter et k désarmer son adversaire, doué d'une force athlétique. Il est maintenant k la citadelle. Un grand nombre de soldats citoyens ont été frappés; nous en avons vu qui avaient la tête en sanglantée d'autres avaient reçu des coups de poignard. Parmi les plus malheureux, on cite M. Montigny, MM. Debuire, Caron, Malhon et De- ruyelle. On a vu avec surprise que des individus arrêtés étaient relâchés même sans avoir été interrogés. M. le commissaire du gouvernement a dû recevoir a ce sujet des représentations très-sérieuses des officiers de la garde nationale. On a cru devoir aussi reprocher k M. Oubos, commissaire central, l'une des créatures de M. Delescluze, les propos fort peu rassurants qu'il avait tenus, son mauvais vouloir et son inertie dans la répression de l'é meute. On nous dit que ce fonctionnaire a donué sa démission. Mais on a cru devoir, par précaution, le retenir toute la journée a la mairie, et comme en surveillance. Malgré les menaces faites, Lille était calme (mardi) k onze heures. Quelques faibles groupes stationnaient sur l'Esplanade. Les mesures mili taires continuent k être prises avec beaucoup d'in telligence et d'énergie. Tout le monde est décidé a eu finir avec l'émeute si elle reparaît. Lille est aujourd'hui parfaitement tranquille; mais les troupes restent provisoirement consignées dans les casernes. L'effectif des troupes de toutes armes qui forment en ce moment la garnison de Paris s'élève a 46,ooo hommes. bourse de bruxelles du 26 mai 1848. Emprunt 1840 5 "je 66 P. Id. 184a 5 66 P. Id. 1844 4 '/3 60 lf FRANCE. Paris, 24 mai. La situation de la France est loin de s'améliorer. Le pouvoir exécutif est divisé. MM. Lamartine et Ledru-Rollin sont ensemble, dit-on c'est le parti du mouvement. MM. Arago, Garnier-Pagès et Marie constituent ce qu'on appelle le parti mo déré. On parle de démissions, de complots qui devaieot éclater dimanche et qui ne seraient qu'a journés. Tout cela est profondément triste et pré sage de nouveaux malheurs. On a eu enfin le courage de fermer les clubs Blanqui et Raspail. Une mesure semblable doit être prise pour les clubs Barbès et des Droits de l'Homme. Lesclubistes n'abandonneront pas néan moins leurs ténébreux projets. Seulement, au lieu de faire parade de leurs desseins anarchiques, ils se rejetteroot dans les sociétés secrètes, et devien dront peut-être plus dangereux que jamais. Le bruit de la démission du pouvoir exécutif s'accrédite de plus en plus. On ne peut guère dou ter k préseut qu'elle ne doive être renouvelée prochainement en tout ou en partie. Des noms de remplaçants sont déjà mis en avant et dans toutes les combinaisons, en tète même de la plupart d'entr'elles, on voit figurer le nom du général Cavaignac, dont on connaît la fermeté. La commission chargée d'examiner le projet de décret tendant k interdire le territoire de la France au roi Louis-Philippe et a sa famille, s'est prononcée pour l'adoption du projet du gouver nement. Voici un exemple déplorable de la démora lisation créé par le système de M. Louis Blanc. Un chapelier, ayant reçu une commande importante et imprévue, a redemandé ses ouvriers a l'atelier national qui les entretient a ne rien faire. Ils n'ont consenti a travailler qu'au prix absurde de i4 fr. par jour, et la commande a été faite en Angleterre. On s'est enfin décidé k faire mettre en vente les chevaux de l'ancienne liste civile. Jusqu'à pré sent ces animaux, mis en une sorte de fourrière au profit de l'État, avaient eu l'honneur de voiturer certains ministres et membres du gouvernement provisoire. Le nombre des chevaux a vendre est de i3o. On a dit hier k la Bourse, suivant une dépê che de Toulon, qu'après une lutte assez vive la troupe avait repris possession de l'arsenal de Tou lon, et que les ouvriers étaient rentrés dans le devoir. La presse résume ainsi la situation de la France Quels fruits a portés la réforme sociale tentée par M. Louis Blanc? Quels fruits a portés la réforme politique accomplie par les écrivains des deux feuilles radicales? La liberté est compromise; L'autorité est détruite; Le crédit est expirant; Le travail est désorganisé; Le commerce est ruiné; Le trésor public est épuisé l'impôt est aggravé? La misère, enfin, a descendu plus bas et monté plus haut. Par arrêté de la commission du pouvoir exécutif, en date du 23 mai i848, le citoyen Bel- locq est nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de la République près S. M. le Roi des Belges. Nous lisons dans le Républicain de Vau- cluze, du 18 mai, l'incroyable circulaire que voici, émanée de la préfecture préfecture de vaucluze. Aviguon, le 5 mai 1848. Citoyen maire, Je vous prie de me faire connaître le plus tôt possible le nom du desservant de votre commune, sa moralité, ses opinions politiques, s'il est com promis par ses actes sous le régime déchu, enfin s'il jouit ou non de l'estime puplique. Salut et fraternité, Le commissaire du gouvernement, Alph. Gbnt. Un nouvel attentat contre la liberté d'en seignement vient d'être commis en France. Le comité exécutif de Lyon, fidèle k l'exemple de M. Em. Arago, a ordonné la fermeture des écoles des Frères de la Doctrine chrétienne. Mgr. le cardinal de Bonald a aussitôt protesté contre cet acte inqua lifiable, digne du plus brutal despotisme. ALLEMAGNE. On écrit de Mayence, le 22 mai Nous avons été ce matin mis tout k coup en état de siège. Cette situation est due k un vif combat qui a eu lieu hier soir entre les troupes prussiennes et la garde bourgeoise. Plusieurs hommes ont été tués des deux côtés, et il y en a eu un grand nombre de blessés. Une profonde consternation règne k Mayence. ANGLETERRE. Londres, 22 mai. Le conflit que l'on craignait a Dublin pour sa medin'a heureusement pas eu lieu; il y a eu seulement quelques rassemblements qui ont été dispersés par la police. Soixante-cinq individus ont été arrêtés, mais après un interrogatoire som maire devant les magistrats de police, ils ont été relâchés. Le procès de M. John Milchell a com mencé ce jour-la sans que l'action de la justice ait été interrompue ou troublée par aucune démonstra tion hostile du dehors. L'évêque anglican de Cork (Irlande) vient de mourir. Un grand nombre de concurrents se dis putent déjà sa riche succession. Bien que ce diocèse compte a peine quelques milliers de protestants, le salaire attaché au poste d'évêque de ce siège s'élève k près de 110,000 fr. par an ESPAGNE. Madrid, 19 mai. Le dissentiment qui existait entre le gouverne ment espagnol et le représentant de la Grande- Bretagne a acquis un caractère de la plus haute gravité; les choses se sont venues k ce point que M. le duc de Sotomayor a renvoyé les passe-ports k M. Bulwer avec ordre de quitter Madrid dans les quarante-huit heures. Une imputation des plus sérieuses est dirigée contre M. Bulwer; il est accusé d'avoir fermenté les troubles qui ont éclaté k Sëville et qui ont obligé le duc et la duchesse de Mont- peusier a quitter momentanément leur retraite. La tranquillité est parfaite, niais cependant on est encore sur le qui vive, parce qu'il y a encore des menaces d'émeute; on disait hier soir que des troubles devaient éclater heureusement il n'en a rien été. AUTRICHE. Vienne, 19 mai. La réaction contre l'anarchie est aujourd'hui complète a Vienne. Le départ de l'Empereur a jeté la terreur dans les esprits, et tout le monde comprend que l'unique moyen de prévenir d'af freuses catastrophes, c'est de se serrer étroitement autour du Trône. La fuite de la famille impériale, qui semblait au premier abord devoir compromettre gravement le sort de la monarchie, l'aura, au con traire, puissamment fortifiée, et l'on peut affirmer dès aujourd'hui qu'elle est sauvée pour longtemps. La Gazette d?Augsbourg annonce que l'Empereur et l'Impératrice d'Autriche sont arri vés a Inspruck le ig mai k 10 heures du soir. ITALIE. On écrit de Venise, en date du i3 mai Un grand combat a eu lieu vers la Piave. Udine a été repris par les Italiens; les portes de Trévise sont fermées, et personne n'entre ni ne sort. I

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 3