même de dix ans. M. de Corraenin a demandé qu'ils
fussent interrogés avant tous les autres. Il a émis en
outre l'avis qu'on joignît, comme juges suppléants,
aux juges chargés de l'instruction judiciaire, des
officiers de la garde nationale, choisis plus parti
culièrement parmi les avocats et les avoués.
Le désintéressement des membres de la Com
mission exécutive avait réduit, assure-t-on, MM.
Marie et de Lamartine a un tel état financierque
M. F. Arago dut partager avec ses deux collègues,
le juin; une somme de deux mille francs.
Le corps de garde où le général Bréa et son
aide-de-camp ont été assassinés, a la barrière de
Fontainebleau, commune de Maison-Blancheest
voisin de la chapelle en planches qui sert d'église
h cette paroisse. Les habitants de la localité, pour
protester contre l'horrible crime commis sans leur
participation par des malfaiteurs qui avaient en
vahi leur commune, se proposent de construire uue
église sur cet emplacement, comme monument ex
piatoire. Ils signent en ce moment une pétition au
gouvernement pour en obtenir un secours qui sup
plée a l'insuffisance des souscriptions volontaires
et des fonds qui doit voler la commune.
M. Adolphe Roger, peintre distingué, qui
l'on doit la belle chapelle du baptême, a l'église
N.-D. de Lorelte, a reçu deux coups de feu au bras
gauche, et l'on craint qu'il faille lui faire l'am
putation.
On continue d'arrêter un grand nombre
d'insurgés fugitif dans les environs de Paris. A
Saint-Cloud, la garde nationale en a arrêté une
soixantaine, sur lesquels on a trouvé des armes et
des munitions.
Un arrêté du maire de Paris, publié hier,
enjoint a tous les habitants d'illuminer chaque soir
leur maison.
Une lettre particulière annonce que 12 ou
i,5oo insurgés armés viennent de se réunir entre
Dreux etEvreux, dans les environs de Saînt-André.
Des troupes ont été dirigées vers les points menacés.
On assure que l'ordre a été envoyé par le télé
graphe de faire fermer les clubs des départements.
Un détenu, dont l'interrogatoire a été confié
aux soins de M. le juge d'instruction Broussais,
appelait particulièrement l'attention des magistrats
et des officiers rapporteurs.
M. le commandant rapporteur du premier con
seil de guerre a prescrit son égard les mesures de
précaution les plus sévères. C'est le nommé Robert.
Cet homme, d'une physionomie sinistre, ayant une
longue et épaisse barbe, aurait été vu se livrant h
des actes de barbarie; il était au nombre des in
surgés qui ont coupé les poignets des gardes
nationaux.
Toutes les Sœurs de charité des départements
voisins sont arrivées a Paris pour donner tous leurs
soins aux blessés. Ces saintes filles qui ont quitté le
monde pour se vouer au soulagement des misères
humaines, s'en acquittent avec un dévoûnient au
dessus de tout éloge. Ne conviendrait-il pas que
des Sœurs belges offrissent leurs services? Ne pour
rait-on pas aussi faire utilement des envois de
charpie
Hier des habitants de la rue Saint-Jacques
ont reconnu dans les rangs de la garde nationale de
leur quartier qui faisait patrouille, uue grande
partie des hommes que pendant deux jours ils
avaient vu combattre derrière les barricades.
On estime que quarante mille individus ont
concouru h l'insurrection des quatre jours. Cin
quante mille hommes de la garde nationale de
Paris et des départements, et trente mille hommes
de la ligne ont pris part au combat sous les dra
peaux de l'ordre et de la liberté, mots désormais
inséparables. Cinquante mille citoyens armés ont
en outre fait la police militaire des quartiers restés
au pouvoir de l'autorité.
L'avant-dernière nuit encore, rue Pigale, un
factionnaire a été blessé d'un coup de feu. Aujour
d'hui, sur la place de la Concorde, en plein jour,
un officier de chasseurs a été tué d'un coup de pis
tolet. L'assassin, saisi en flagrant délit, a déclaré
qu'il avait juré de tuer deux officiers. Ou l'a
iusillé aussitôt.
Le maire de Paris vient, par un arrêté récent,
de décider qu'une statue serait élevé a Mgr. l'ar
chevêque de Paris, et qu'elle serait placée dans la
cour des Quinze-vingts. Pourquoi pas sur la place
de l'événement.
Un insurgé, pris les armes la main samedi
dernier, disait Tous les propriétaires sont des
voleurs, voila mon opinion. Je ne me suis pas battu
pour autre chose.
Une exécution militaire a eu lieu après la
prise de la barricade de l'Estrapade, où un bataillon
de ligne et la garde nationale ont perdu tant de
monde; c'est celle du sieur Cornet, ancien maire
du douzième arrondissement, médecin et ami de
Barbés, placé par son influence la tète de l'ad
ministration, quelques jours après l'avénement du
gouvernement provisoire de février dernier. C'est
le sieur Gornet qui avait constitué la douzième
légionqui avait présidé son armement et h ses
élections,aidé du sieur Bocquet, détenu a Vincennes
depuis le )5 mai.
On a découvert a Reims, dit-on, une rami
fication du complot du 25 juin. Des factieux s'é
taient proposé d'incendier la ville, si les nouvelles
de Paris annonçaient le triomphe de l'insurrection.
Cette nuit, un garde national a été assassiné
rue Blanche; on a tiré sur lui d'une fenêtre; le
poste est accouru, la maison a été cernée, le meur
trier pris et passé par les armes immédiatement.
A la revue passée par l'Assemblée nationale,
on voyait une foule de curés de campagne qui sui
vaient les rangs de la garde nationale.
Paris, 1 juin.
En France, le fait le plus saillant est l'intention
où parait être une grande partie de l'Assemblée de
conférer au général Cavaignac la présidence de la
République pour quinze mois.
Le général Cavaignac et tout le ministère avaient
fait de la nomination de M. Marie la présidence
de l'Assemblée une question de cabinet.
L'Etat de siège durera au moins encore jusqu'au
6 de ce mois. Peut-être même ne sera—t—il pas levé
avant douze ou quinze jours.
Le ministère de M. le général Cavaignac est déjà
l'objet de nombreuses critiques. L'Assemblée n'a
pas acceuilli avec une égale faveur les uoms de tous
les membres appelés le composer.
On attendait généralement du nouveau chef du
pouvoir exécutif un détachement plus complet des
souvenirs qui pouvaient l'attacher aux hommes de
l'ancien National.
Les trois généraux ministres sont presque tons
trois orateurs. M. le général Bedeau a paru très
heureusement a la tribune dans la dernière des
discussions importantes, et M. le général Lainori-
cière a, dans la fin du même débat, révélé une
grande facilité d'élocution, en même temps qu'un
esprit piquant et élevé. M. le général Cavaignac
n'est peut-être pas un parleur facile, mais il a
quelque chose de convainquant et de pénétrant,
qui donne une véritable autorité ses paroles, et il
faut reconnaître que ce prestige qui existait déjà
un certain point avant les dernières circonstances,
s'est puissamment accru aujourd'hui de toute l'in
fluence que donne sa parole le souvenir des ser
vices qu'il vient de rendre, et que l'esprit d'oppo
sition n'a pas encore eu le temps de contester ou
de méconnaître.
M. le général de brigade Bourgon a succombé
vendredi deux heures, aux blessures qu'il avait
reçues b la barricade de la barrière de La Chapelle
Saint-Denis.
Paris continue avoir l'aspect d'un camp.
On a dressé dans la cour du Carronssel, sur les
boulevards et aux Champs Elisées des teutes pour
abriter les bivouacs.
La Société des Droits de l'Homme prétend
être restée étrangère l'insurrection de ces jours
derniers. Cette société évalue son effectif b trente-
cinq raille hommes et se réverve l'avenir.
(Bien public.)
Le corps de M. l'archevêque de Paris est
exposé provisoirement l'archevêché, île Saint-
Louis, où le prélat a succombé. La foule se presse
pour visiter la chapelle ardente où le corps de l'ar
chevêque est déposé sur un lit de parade.
L'église Saint-Séverin n'a point été violée ni
assiégée comme on l'avait cru un instant les in
surgés s'emparèrent du clocher pour sonner le
tocsin, mais ils sortirent bientôt, et l'église n'a subi
aucune atteinte. Nous pouvons en dire autant de
Saint-Élienne-du-Mont, de Saint-Médard et de
l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas.
Pendant la journée du 25, deux coups de feu
étant partis du troisième étage d'une maison de la
rue Saint-Antoine, quelques gardes mobiles y ré
pondirent mais, au lieu d'atteindre leur but, les
balles frappèrent au deuxième étage de la même
maison, uu vieillard que son étal complet de sur
dité et l'affaiblissement de sa vue mettaient dans
l'impuissance de se rendre compte de ce qu'il pas
sait autour de lui. Cet homme, qui était octogé
naire, est mort sur-le-champ. Quelques secondes
après, son petit-fils, jeune homme de vingt-sept
ans, qui venait de quitter le service, entre dans la
chambre, aperçoit le cadavre du vieillard, saisit
son fusil, s'élance dans la rue, tire a droite et a
gauche comme un désespéré, et tombe enfin criblé
de balles.
La disposition de la blessure de M. l'arche
vêque de Paris avait fait penser que la blessure
avait été faite par un insurgé placé a une fenêtre,
puisque la balle était entrée de haut eu bas.
Aujourd'hui le doute ne serait plus permis a cet
égardpuisqu'une lettre publiée dans quelques
journaux parlent d'un insurgé qui se serait vanté
de ce crime qu'il n'aurait d'ailleurs commis qu'à
cause de l'ennui d'entendre les sermons de l'arche
vêque. Ce fait serait attesté par divers témoins et
la justice en est saisie. (Messager.)
M. le comte de Fouchicourt habitant le n° 7
de la rue Saint-Anastase, près la rue Saint-Louis,
secondé par son fils, âgé de 2 1 ans, avait été, pen
dant les journées de samedi et dimanche, l'âme de
la résistance et lechefdes barricades deson quartier.
Remarqué par M. Isambert, lieutenant dans la
9e légion, il fut, dans la soirée de dimanche, arrêté
chez lui par cet officier, assisté de quelques cama
rades des gardes nationales sédentaires et mobiles,
après avoir inutilement tenté d'opposer quelque
résistance. C'est vrai, a dit M. de Fouchicourt, je
me suis battu, mais je me suis battu au nom de
l'ordre car, l'ordre selon moi, ne peut pas s'établir
en France sans le rétablissement de la'rnyauté lé
gitime. M. de Fouchicourt plantait un drapeau
blanc sur les barricades dont il prenait le comman
dement.
Le National termine en ces termes un article
dans lequel il constate la décroissance survenue
depuis le 24 février, dans le mouvement commer
cial de la France
Ainsi, d'une part, la France exporte peu de
l'antre, elle importe encore moins telles sont ses
relations avec l'étranger. Quant ce qu'elle fait
sur son propre terrain, ce n'est pas plus satisfaisant
encore. Malgré le petit nombre des importations,
en effet, les entrepôts regorgent d'approvisionne
ments. Il n'en est pas un seul dont l'effectif ue soit
plus considérable b cette heure qu'il ne l'était il y a
un ou deux ans aux mêmes époques, ce qui prouve,
ce que nous disions aussi tout b l'heure, que le con
sommateur se restreint, que le débouché intérieur
se ferme en même temps que les débouchés exté
rieurs, que le malaise b pénétré partout.
De tout ceci que conclure deux choses. La
première c'est qu'il ne faut pas que gouvernants et
gouvernés s'abusent sur la situation; nous ne l'avons
pas dissimulée, elle est grave: C'est que chacun doit
venir en aide a la restauration de notre commerce,
qui peut se relever en quelques jours avec la con
fiance. La seconde: c'est que les contribuables ne
doivent plus s'étonner des charges qu'on leur im
pose et qui sont destinées h combler le déficit que
nous signalons. L'état ne se comporte pas, ne peut
pas se comporter comme un simple particulier. Au
lieu de restreindre ses dépenses en temps de crise,
il est obligé de les augmenter au contraire, pour
pourvoir au soulagement de misères plus grandes,
pour parer des nécessisites plus nombres.
Eu conséquence, que le pouvoir appelle la ré
prise des affaires par des mesures exceptionnelles,
si elles sont nécessaires; qu'il favorise les liquida
tions du passé, les spéculations de l'avenir qu'en
revanche tout bon citoyen entre franchement dans
la voie qui lui sera ouverte; qu'il acquitte aux
dépens de son bien être même sa contribution,