JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. S j\o 3211. 31me année. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Y près, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRII DE I/.AIIO VliEWEXT, par frlme»tre9 Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n* i5. I.e Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne). 8 Juillet. Les élections pour le conseil proviucial sont fixées, on le sait, a mercredi prochain. Nous invitons les électeurs bien se pénétrer des conseils que nous nous sommes permis de leur soumettre dans notre avant dernier numéro. Que tous répondent l'appel et que les culti vateurs, les industriels, les commerçants, exercent dans l'accomplissement des devoirs électoraux la part d'influence qui leur appartient et qu'ils De sauraient négliger sans nuire a leur dignité et a leurs intérêts. Les électeurs, en généraldoivent se tenir en garde contre les intrigues d'une association qui se dit libérale tout en affichant les prétentions les plus exclusives. C'est abdiquer sa qualité de citoyen, sa participation aux droits électoraux, que de subir aveuglément les arrêts de ces quelques meneurs qui se partagent imperturbablement toutes les fonctions déférées par l'intermédiaire du scrutin. Ceux-là seuls sont dignes de l'avantage que la loi leur accorde, qui savent repousser toutes espèces de manœuvres, et qui ne consultent que leurs pro pres lumières, ou leur propre conscience. Que si uelques électeurs se réunissent pour se concerter, ils doivent le faire librement, sans enchaîner d'a vance leur vote aux caprices d'une minorité qui s'impose par surprise ou par violence. L'électeur doit surtout être inaccessible la calomnie, qu'une médiocrité jalouse répand tou jours et partout sur l'homme de méiile. C'est la calomnie qui a écarté M. Jules Malou, en se jetant sur lui au dernier moment, au moment où toute réponse était impossible. Nous réfuterons, l'un ou l'autre jour, ces arguments de la lâcheté, de la peur, de la bassesse, que l'on a dirigé avec achar nement contre un citoyen honorable, non qu'il ait besoin de notre défense, mais parce que nous vou lons confondre ses pitoyables ennemis. Encore une fois donc, Electeurs, méfiez-vous de la calomnie; méfiez vous, en particulier, des diatri bes de l'organe de VAssociation libérale, de ce journal qui lance des pierres h quiconque déplaît a ses nobles et ambitieux patrons. Pour notre canton, il est possible et il est con venable de réélire deux des anciens titulaires; ce sont MM. le Baron Vanderstichele de Maubus, Bourgmestre, et Donny-Vandaele, négociant. En remplacement de M. Vanderghote, le canton d'Elverdinghe, récemment adjoint a ceux d'Ypres, on désire porter au conseil provincial, M. Comyn, notaire a Langemarck: ce choix nous paraît très-heureux. A l'effet de succéder a M. Ch. De Patin, pro cureur du Roi Ypres, nous espérons que les électeurs des cantons réunis arrêteront leur choix sur ud négociant, ou sur un candidat qui possède des connaissances industrielles pratiques. A Poperinghe, il y aura lutte entre MM. Bertcn, notaire, et Vrambout, avocat. Dès que M. Vanrenynghe fut élu Représentant, au mois de juin 1847, les électeurs les plus in fluents offrirent la candidature a M. Berten. Aussi modeste qu'il est instruit et zélé, M. Berten ac cepta sans précipitation vaniteuse, mais avec le plus sincère et le plus sympathique dévouement. Longtemps après, et tout récemment, M. Vram bout s'avisa d'opposer sa candidature celle de M. Berten. Il appartient aux électeurs de Poperinghe de fixer leurs préférences et leur choix. Pour notre part, nous croyons que M. Berten a trois avantages sur M. Vrambout d'abord M. Vrambout a quitté Poperinghe pour s'établir avoué au tribunal de 1" instance d'Ypres, M. Berten au contraire a toujours résidé et continuera nécessai rement, par la nature de ses fonctions, résider dans le chef-lieu du canton; ensuite, si M. Vram bout est avocat, M. Berten est notaire or nous croyons que, par le cootact plus immédiat et plus journalier du notaire avec toutes espèces de pro fessions, il est plus apte h réprésenter les intérêts provinciaux; enfin M. Berten est plus âgé que M. Vrambout, il a donc plus d'expérience, il a plus longtemps observé les hommes et les choses, il a plus de connaissances pratiques. Quoi qu'il en arrive, nous sommes convaincus que M. Berten triompherait sans orgueil, et que, s'il succombait, il ne devrait en éprouver aucune confusion. Pour lui, le mandat serait une charge autant qu'un honneur, parce qu'il est ponctuel et ardent au travail pour lui uu échec n'aurait rien de mortifiant parce que, sous tous les rapports, il vaut au moins son concurrent, s'il ne lui est pas supérieur comme nous croyons l'avoir démontré. Dans le canton d'Hariughe; les candidats sont M. le Baron Mazeman de Coulhove, et M. Joye, bourgmestre h Watou. A Messines, se trouvent sur les rangs MM. Bebague, bourgmestre Warnèton, De- neckere, bourgmestre Messines, et Tertzweil, secrétaire communal de Voorinezeele. Nous avons parlé de Passchendaeleoù M. Iweins- Fonteyne est porté en concours avec MM. Chris- tiaen, notaire, et Comyn, docteur, et nous croyons qu'à Wervicq et Hooglede les anciens conseillers provinciaux seront réélus sans contestation. Tout est proportionné dans la nature l'insecte éphémère gagne rapidement le développement auquel il peut atteindre, l'homme au contraire a besoin de soins longs, multipliés; l'éducation de l'intelligence marche encore plus lentement que celle du corps. Une trop longue attente est nuisible comme une précipitation inconsidérée: l'inaction et des secousses trop fortes doivent être également évitées. 11 n'en est pas autrement l'égard des nations entières. Destinés une longue vie, plusieurs siècles d'existence, les peuples ont besoin d'avoir con stamment l'œil ouvert sur la conservation de leurs institutions, ils doivent s'appliquer avec ardeur les consolider sans cesse c'est en leur donnant de la force et de la vigueur qu'ils leur font produire successivement des fruits plus abondants de pros périté et de gloire. Chaque peuple a son génie particulier, ses habi tudes, ses mœurs, ses intérêts spéciaux. De la avant tout pour chaque pays le besoin d'existence lui, d indépendance. L'étranger qui domine rend tou jours malheureux le pays subjugué. Ses intérêts propres ne tardent pas froisser ceux de la nation asservie, l'orgueil des vainqueurs attriste, écrase, désespère bientôt les vaincus. Qui dans le monde l'a plus expérimenté que les Belges? C'est ce poids qu'il faut apprécier la valeur des conquêtes de i83o, et c'est ce qui fait comprendre combien sont dangereux les utopistes, qui par des change ments politiques, appelleraient sur nous de nou veaux orages. Laissons fonctionner les institutions monarchiques et libérales si noblement obtenues, elles ont coûté le sang de nos frères, dix-sept ans ont peine suffi pour les asseoir sur leurs bases, ne nous plaignons pas prématurément deleur stérilité. Elles nous oDt déjà procuré bien des avantages, que l'on apprécie moins quand on en jouit, mais dont la privation ferait bientôt naître d'universels regrets. La continuation d'une attitude calme au milieu des tempêtes qui désolent l'Europe est pour la Belgique d'un heureux augure si le présent lui pèse, l'avenir est brillant devant elle. Déjà, loin de nos frontières, le nom belge est cité avec honneur. On connait peu, la vérité, notre détresse inté rieure; mais ces souffrances même, supportées avec un tranquille et confiant courage, rehaussent le caractère national. Elles commandent aussi plus fortement le maintien de l'ordre, et aux chambres, d'inexorables économies, même dans l'enseigne ment, nous n'hésitons pas le dire avec M. Dele- haye, dussions nous déplaire M. Rogier. Le désir, le vœu, la volonté, la nécessité d'économiser est le cri général que rendent tous les échos. Les RR. PP. Schoofs et Pladeau poursuivent avec autant de talent que de succès une neuvaine de prédication S'-Nicolas. A cinq heures et demie et dix heures et demie du matin comme sept heures du soir, un auditoire nombreux s'empresse tous les jours de les entendre. La Chambre dans sa séance du 5 a rejeté la presque unanimité un amendement qui demandait en termes sérieux des économies sérieuses. En apprenant le résultat de ce vote, la Chambre s'est mise rire aux éclats. Excellente Chambre! Le pays que ne peut il rire comme elle Dans la même séance, l'amendement de M. Si- navequi promettait quelque soulagement aux misères des Flandres, a été également rejeté une majorité considérable. Ainsi les maux des Flandres ne sont pas men tionnés dans le discours de la Couronne. Ils ue seront pas mentionnés davantage dans l'adresse. Dans les régions officielles, ces maux sont re gardés comme non avenus, ou plutôt comme guéris. Ministres et législateurs trouvent qu'il est su perflu désormais d'y appliquer un remède quel conque. Dans cet état de choses, nous ne pouvons que souhaiter aux Flandres un redoublement de pa tience et un surcroit de résignation. Aux ministres et la majorité législative, nous souhaitons que rieu ne trouble leur sécurité, rien, pas même le souvenir de ces incommodes paroles jetées du haut de la tribune nationale par une bouche vraiment flamande Le jour où la révolte commençerait, toute rannée suffirait peine pour la dompter. (Patrie.)

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 1