JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N° 3214. 31me anoée. 7??.ïG, 19 Juillet. Un ancien élève du collège de S'-Yincent de Paul, M. Hennion d'Ypres, qui continue actuellement ses études l'Université ca tholique de Louvain vient de subir avec mention honorable l'épreuve préparatoire de philosophie devant le jury de Bruxelles. Deux frères, l'un de quatorze ans, l'autre de huit ans, se sont noyés samedi soir dans lecanal. Lundi dernier, troisenfantsélaient assis sur un chariot qui traversait l'Espla nade. En badinant, l'un d'eux en tomba, une roue lui passa sur le corps. On le re leva ne donnant presque plus aucun signe de vie. Cependant il n'a été constaté de grave que la fracture du bras. Ces exem ples rappellent quels soins constants et quelle vigilance exige l'enfance de la part de ceux qui elle est confiée. Un incendie a éclaté Dimanche dernier dans la nuit Poperinghe, l'auberge du Damier. Une chandelle était restée allumée dans l'écurie où étaient les chevaux de M. Colombier-Avrillion, directeur du cirque. Un cheval l'a renversée il n'en a pas fallu davantage pour causer cet accident. Quatre des plus beaux chevaux sont mis hors de service par suite de leurs blessures. Les élections dans les compagnies de la garde civique auront lieu, dans tout le royaume, le 31 de ce mois, 9 heures du malin. On assure que M. le Ministre de l'inté rieur va saisir les conseils provinciaux des deux Flandres, de la question du paupé risme dans ses rapports avec la crise in dustrielle dont cette partie de la Belgique souffre particulièrement. Celte nouvelle, que nous avons lieu de croire exacte, sem blerait prouver que le gouvernement n'a pas de vues arrêtées sur les moyens de soulager les Flandres, et qu'il en est encore les étudier théoriquement. Nous regret terions beaucoup qu'il en fût ainsi, et nous sommes étonnés que les travaux de la commission nommée l'an dernier n'aient pas eu des résultats sérieux. A vrai dire, c'est l'histoire de toutes les commissions. On a trop abusé de ce moyen d'éclairer ou plutôt d'ajourner les affaires. On annonce que les Chambres ne seront convoquées qu'à la fin du mois d'octobre. Nous espérons que cette nouvelle est er- ronnée. Si la session commençait si tard, il y aurait presqu'impossibilité ce que les budgets fussent votés avant le 51 décembre, cequi seraità notre sens un très-grand mal. Il importe que les Chambres soient réu nies et constituées dès le commencement d'octobre, et que les budgets soient immé diatement présentés. Il faut, quoiqu'il ar rive, qu'on sorte du provisoire, et que la loi de comptabilité ne soit plus une lettre morte. Pour cela il faut que les Chambres soient convoquées le plus tôt possible et sai sies immédiatement des propositions qui établiront la politique du cabinet.(Poliliq'.) Monsieur le Rédacteur, Samedi soir, deux enfants de 14 et de 8 ans se sont noyés accidentellement près des bains publics. Les vêlements, dit-on, déposés sur le bord de l'eau, ont fait dé couvrir les cadavres. C'étaient deux élèves de l'école primaire communale. Tout en déplorant un aussi terrible malheur, nous ne pouvons dissimuler notre étonnement de ce que les deux morts ont été enterrés avec un certain éclat, musique en tète, enfin avec toute la pompe que l'on aurait pu accorder des sujets distingués qui au raient le mieux mérité de l'établissement. Passé un an, des honneurs beaucoup moin dres furent rendus l'un des plus jeunes maîtres, M. Eugène Lamerand, dont un zèle ardent avait peut-être compromis la santé, et qui avait d'autant plus de titres la gratitude de tous, que tout en suivant la carrière du notariat, il consacrait ses mo ments de loisir l'instruction des enfants pauvres, sans recevoir aucune rétribution de la ville. Là quelque faste aurait pu-ètre étalé sans critique, pour appeler l'attention sur un beau dévouement, et provoquer la jeunesse des bureaux une imitation qui serait aussi louable qu'utile. Les deux jeunes défunts de samedi, vic times de leur imprudence, sont morts, il faut bien le reconnaître, la suite d'une infraction la discipline de l'école. Avec toute l'indulgence possible pour les fai blesses et les légèretés du jeune âge, en core faut-il que dans une bonne maison la règle soit strictement maintenue. Dès qu'il y a apparence de transgression, l'autorité doit montrer qu'elle n'y est pas indifférente. Dès lors, il ne fallait ici qu'une douleur concentrée dans le cœur, des prières pour les âmes, des supplications l'autel, mais pas d'éclat. Que s'il n'y avait pas eu d'in fraction la discipline, nous ne saurions que dire d'une semblable imprévoyance, qui serait de nature émouvoir la morale publique. Des explications sont évidem ment nécessaires; leur absence porterait une atteinte grave la considération des écoles communales, donnerait des sujets d'inquiétude aux parents qui y confient leurs enfants. Agréez, etc. un yprois. VÉRITÉ ET JCSTICE. Oo s'abonne Yprès, rue de Lilley 10, près la Grande Place t et chez les Percepteurs des Portes du Royaume. PRIX DE LVtHO\\rwi:\T, par trirorstre Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° i5. Le Propagateur parait le Htm lit et le MERCREDI de chaque semaine Insertion* 19 centimes la ligne). -1|Q8Q' 9 juillet «949. FAITES DES TUNIQUES On nous rapporte un bien joli mot de M. Rogier, qu'il serait malheureux de laisser tomber dans l'oubli. Il y a huit jours, des ouvriers sans travail, qui regarderaient comme un grand bonheur, de pou voir vivre des miettes qui tombent de la table de Y Indépendance, allaient pre'senter une humble supplique au visir de l'intérieur, en le priant de vouloir bien aviser 2) leur donner un peu de cette prospérité dont M. Rogier a gratifié la Belgique, dans les colonnes de son journal gascon. La députation des ouvriers chargée de remettre au ministre l'expression des misères et des espé rances de leurs collègues, se composait de litho graphes, de compositeurs, de menuisiers et de serruriers. L'orateur, après avoir exposé simplement la situation douloureuse des classes ouvrières, livrées h tous les dangers de l'oisiveté et de la misère, de manda au minist.re quelle réponse il devait porter a ses mandataires. Le grand homme se campa sur la hanche gauche, passa ses pouces dans les entournures de son gilet et répondit en ces termes Messieurs, je suis douloureusement affecté d'apprendre que la stagnation du travail soit aussi générale. D'après ce que j'avais lu dans Ylndê- pendance, il me semblait que les bras manquaient au travail, p'.utôt que le travail aux bras. Cepen dant puisqrie vous m'affirmer le contraire, je ne veux pas vous contrarier. Toutefois, il me paraît que l'organisation de la garde civique a dû amé liorer la condition des ouvriers. Et comment cela, monsieur? hasarda un des ouvr iers. La garde civique va changer ses habits contre des tuniques; or, six mille tuniques pour Bruxelles seulement, cela demande des bras. Mais, monsieur, nous sommes lithographes, ébénistes, serruriers, etc. Bah hah c'est l'affaire de quinze jours il n'est pas plus difficile de faire des tuniques, après avoir fait des canapés et des espagnolettes, que de faire des projets de loi, après avoir fait des tuniques, Le tout est d'essayer et de ne pas douter de soi. Allez donc, messieurs, et faites des tuniques Les ouvriers se retirèrent tout abasourdis, et l'un d'eux, en tirant la porte de l'hôtel derrière lui, dit a son compagnon M. Rogier a beau dire, mais je trouve moi, qu'il est plus difficile de faire des tuniques après avoir fait des serrures, que de faire des projets de loi, après avoir fait des tuniques. {Patrie.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 1