ANGLETERRE. Londres, 18 septembre. ALLEMAGNE. d'enseignement. L'oratenr n'a pas rencontre' l'As- semble'e nationale cette politesse laquelle l'avait accoutumé l'auditoire voltairien de la Chambre des Pairs. Des murmnres grossiers l'ont fréquemment in terrompu, non-seulement sur les bancs de la Mon tagne, où siègent l'intolérance et la brutalité, mais aussi sur les bancs des ex-conservateurs. Ils n'ont pas pu écouter de sang-froid, lorsque M. de Mon- talembert leur a prouvé, h l'aide de documents officiels émanés des chefs de l'Université, de MM. Villeraaio et Salvandy, de M. Jules Simonet de l'Académie des sciences morales et politiques, que l'enseignement a dégénéré pour la quantité et la qualité en France; que l'instruction donnée par le monopole n'était point une digue aux passions, aux crimes, aux doctrines anti-sociales; que l'état moral qui en est sorti peut s'exprimer par ces deux mots jouir et mépriser, tandis qu'il n'y a de salut pour la société que dans un retour h la doctrine religieuse que résument très-bien ceux-ci s'abste nir et respecter. La grève des corroyeurs, rue Mouffetard, Paris, a attiré sérieusement aujourd'hui l'attention de la police. On menaçait dans les groupes de brûler la fabrique de M. Deshaies. On compte en ce moment dix pièces de canon et autant de caissons dans la cour des Tuileries. Le pont Saint-Michel est le bazar aux pom mes de terre; elles s'y trouvent crues et cuites, rôties ou bouillies, en habit nankin ou en robe de chambre. Ces dernières sont vendues un sou la livre par un gros homme qui se tient debout auprès d'une barrique fumante; il en a qui auraient pu lutter en grosseur avec la tête de Parmentier. Sa clientèle est bizarre. Les grands habitués de la misère ou les fantaisistes en légumes l'abordent sans façon, se font servir et s'en vont. Mais les gens qni se trou vent réellement pauvres pour la première fois et qni ne possèdent juste que de quoi payer une ou deux livres de ces aliments, jouent une douloureuse comédie auprès ou loin du gros homme. J'ai vu une dame en robe de soie s'arrêter h quelques pas de la barrique, le regarder et pleurer. Cette même dame, en s'approchant du marchand, s'est prise a rire comme une coquette capricieuse. Elle a emporté sa part pour un sou, et, en s'échappant, elle sanglottait. J'ai vu un ancien avoué, ruiné comme un poète classique, flanquer son lorgnon sur son œil, et, après avoir fait de ces pommes de terre l'objet apparent d'une analyse causitique, en acheter pour étudier leur qualité, disait-il c'était pour ne pas mourir de faim. Lugubre comédie Événement I! y a eu le t5 septembre des rassemblements Metz pour protester contre une augmentation dans le prix du pain. Une partie de ces rassemble ments s'est opposée au départ d'un chargement de grains. Le curé de Notre-Dame a la Guillotière, fau bourg de Lyoo, après avoir quitté sa paroisse dans les temps de trouble a cru pouvoir y revenir, mais son retour a causé uoe émeute. Grâce l'interven tion de la police, il n'y a pas eu de sang répandu, mais invasion et dévastation complète du pres bytère. On lit dans le Courrier de la Gironde (Bor deaux, 16 septembre: Avant-hier, vers deux heures de l'après-midi, tin homme d'un certain âge est tombé mort,comme frappé d'un coup de foudre, au moment où il tra- traversait la place Royale; lorsqu'on a voulu lui porter les premiers soins, on s'est aperçu qu'une rupture de vaisseaux avait eu lieu dans les bron ches. On a dû renoncer tout espoir de le sauver on l'a transporté la morgue, où il a été réconnu le lendemain matin pour le sieur André Bellisle, commis, né l'Isle d'Espaignac (Charent) et do micilié Bordeaux, rue Fondaudége, i42. Cet accident a donné lieu une scène qui ne serait pas dédaignée de nos grands faiseurs drama tiques. Le cadavre de cet infortuné était b peine la inorgue depuis quelques minutes, qu'un jeune homme, donnant les signes du plus violent déses poir, se précipitait dans la salle où reposait le corps, et se jetait sur lui en faisant entendre des sons inarticulés. Il est impossible de décrire l'état de ce malheu reux jeune homme il avait pris entre ses mains la tète du cadavre, la couvrait de ses baisers et ne s'interrompait que pour s'écrier au milieu des sanglots: Mon père J'ai perdu mon père 1 On a relevé cet infortuné tout couvert de sang, et on l'a enfin décidé retourner chez lui. Quel n'a pas été son étonnnement et sa joie, en rentrant dans son domicile, de trouver son père conforta blement assis, au milieu de sa famille, devant une table bien servie! Une fatale ressemblance avait donué lieu b la méprise dont ce jeune hoinme veuait d'être victime. On écrit de Baguères-de-Bigorre, le 12 sep tembre Hier au soir, nous avons éprouvé un tremblement de terre très—violeut et qui a forte ment secoué tous les meubles dans les appartements; les vitres même ont fortement résonné. Tous les habitants ont été très-effrayés. Paris, 21 septembre. Les élections commencent déjà porter leurs fruits Paris. L'agitation grandit a vue d'oeil pu parle d'une tentative ayant pour but d'enlever les membres de la réunion des Poitiers. Des rassemble ments se forment; les ouvriers s'agitent sur tous les points de la capitale. Et c'est ce moment que choisit le chef du pouvoir exécutif pour envoyer dans les départements des commissaires qui ne feront que jouer dans les cartes des montagnards, car le géné ral Cavaignac en est revenu au projet qui a excité une si vive répulsion dans l'Assemblée nationale. Mais voici que le ministère se dissout, et qu'on ne sait comment s'y prendre pour empêcher le prince Napoléon d'arriver a la présidence de la Répu blique. Le comité des cultes a discuté ce malin un rapport très-remarquable de M. Besnard sur une pétition où l'on demande le mariage des prêtres. La sous-commission a conclu l'ordre du jour, en s'apptiyant sur les articles du Concordat, des lois organiques et des arrêts de la cour de cassation. M. Isainbert et Mgr. l'évêque d'Orléans ont traité la question l'un au point de vue civil, et l'autre au point de vue religieux. Le premier a dit qu'il ne voyait pas d'empêchement dans le Code civil, le second a combattu vivement cette opinion. La discussion n'est pas terminée. Il paraît que sur 10,000 gardes mobiles votans, 8,4oo ont voté pour Louis Bonaparte, Raspail et Thoré. Un fait très-remarquable et qui produit une certaine sensation 'a Paris, c'est l'ordonnance de non-lieu, rendu par la chambre des mises en ac cusation de la cour d'appel au sujet de l'instruction commencée, après la révolution de février, contre les anciens ministres de Louis-Philippe. On lit dans l'Echo du Nord: Voici1 le résultat des scrutins qui nous sont par venus jusqu'ici; ce soir, nous connaîtrons officiel lement la nomination du représentant de peuple. Tout fait présager que M. Négrier l'emportera. Total général des votes connus: M. Négrier, 17,018; M. I .ouïs-Napoléon, i5,o48; M. De Genoude, 10,511 Jeudi dernier la Reine, le prince Albert et les jeunes princes se sont rendus b Iuvercauld, au cen tre des Highlands d'Ecosse, où a eu lieu en l'hon neur de S. M. une réunion des clans des environs. Les Highlanders se sont livrés, en présence des augustes personnages, aux exercices d'adresse et de force pour lesquels ils sont si renommés. On lit dans/' United Service Gazette: «Nous apprenons que lord Palmerston négocie en ce mo ment un nouveau traité avec le gouvernement bré silien pour la répression plus efficace de la traité des esclaves. TROUBLES GRAVES A FRANCFORT. Une assemblée populaire, tenue le 17 a la Pfingst- weide et laquelle assistaient des bandes arrivées des localités environnantes, de Hanau, d'Offenbach, de Mayence, etc., se composait de 4 a 5,000 per- sonnes. MM. le Dr Reinganum, le Dr Zilz, Bruns, d» Holstein, Wagner, d'Offeubach, y prirent la parole. L'assemblée décréta que les membres de la ma jorité de l'Assemblée uationale doivent être regar dés comme traîtres au peuple allemand, b cause de la résolution du 16 septembre au sujet de l'armis tice qu'en outre la résolution de cette assemblée populairl serait publié dans toute l'Allemagne et communiquée a l'Assemblée nationale par une dé putation,dans sa séance d'aujourd'hui. L'Assemblée nationale a voté l'adoption de l'armistice de Mal- moë par 257 contre 256 suffrages. Environ 2,000 hommes de troupes fédérales prussiennes et autrichiennes arrivèrent pendant la nuit par le chemin de far du Taunus, et occupèrent, le 18 au matin, la place Saint-Paul et les alentours. La foule irritée construisit alors des barricades, principalement dans le voisinage du Romer. Vers 1 heure de relevée, la troupe avait déjà pris plusieurs barricades sans rencontrer de résistance. Vers 3 heures ou en vint b une lutte violente, qui dura jusqu'à près de 5 heures, où l'on s'entendit sur un armistice, qui durait encore b 7 heures. 7 172 heures.Le prince Lychnowsky, atteint de cinq balles, est tombé mort dans la Pfingstgasse M. d'Auerswald est grièvement blessé. Le combat vient de recommencer. Le canon se fait entendre du Zeil. La cavalerie hessoise, qui est entrée dans la ville, déblaie les rues. Voici la version de la Nouvelle Gazette rhénane sur les troubles de Francfort. Nous rappelons que cette feuille est républicaine Francfort, le 18 septembre. 11 heures du matin.Toutes les rues avoisi- nant l'église S'-Paul sontemcombrées. La cavalerie bavaroise arrive en ce moment. La Bourse est gar nie de soldats- Le peuple, en grande partie armé, parcourt les rues. Les habitants de Sachsenhausen passent devant les troupes prussiennes. Les bour geois de Hanau sont aux portes. 2 heures de relevée. La ville presque entière est barricadée. 20 personnes ont été blessées dans une attaque des Prussiens. Les habitants de Hanau ont pris les armes et viennent b notre secours. 2 heures 5j'2. Une barricade vient d'être prise d'assaut. Un régiment d'Autrichiens slaves a fait feu le premier. On tire des fenêtres, 1,000 hommes de troupes prussiennes arrivent encore, et une députation de la gauche se rend auprès du Vicaire de l'empire pour lui demander l'éloigne- ment de la troupe. Une immense barricade est élevée b la porte de Friedberg, c'est là que se trouve le quartier-général du peuple. On porte devant moi des Prussiens blessés. Une partie des Autri chiens sont désarmés. 5 heures i/4. Il a été conclu une trêve jus qu'à 5 heures 172. Le Vicaire de l'empire voulait retirer les troupes mais il n'y a pas de Ministre présent pour contresigner l'ordre. Beaucoup de sang a déjà coulé des deux côtés. 6 heures. Des pièces d'artillerie traversent la ville. Nouvelle députation au Vicaire de l'empire pour lui soumettre les conditions du peuple. Ce soir, 10,000 hommes de troupes seront réu nis dans notre ville. On lit dans le Journal de Francfort du 19: Dans ce moment, la tranquillité est entière ment rétablie. Le nombre des troupes de l'empire qui se trouvent dans notre ville s'élève près de 12,000 hommes. Ce sont des Autrichiens, des Prussiens, des Wurtembergeois et des Hessois de Hesse grand-ducale dans ce chiffre sont comprises deux batteries d'artillerie wurtembergeoise et une autre du grand-duché de Hesse. On lit dans la Gazette de Cologne Toutes les barricades sont enlevées. Des deux côtés on a combattus avec acharnement et le nombre des tués est considérable. Aune demi lieue de la porte Aller- heiligen, se trouvaient 1,600 bourgeois de Hanau armés, qui ont fait savoiraux habitants deFrancfort que, s'ils voulaient proclamer la République, ils étaient prêts prendre part au combat. On ne sait encore ce qu'est devenu M. John, qui a été attaqué hier Bockenheim, et n'a pas été

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 2