JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Ko .32.36.
32me année.
Voici un dialogue entre un maître de
l'école communale et un pauvre père de
famille, dont nous garantissons l'authen
ticité
Le maître. Votre fils a 12 ans; il peut
apprendre un metier; il ne sera plus reçu
l'école.
Le père de famille. Mais l'école a des
jeunes gens de 15 et 16 ans; mon 61s n'est
pas instruit; je vous conjure de le garder
encore
Le maître. Non, c'est impossible.
Le père de famille. Vous renvoyez mon
fils parce qu'il fréquente la congrégation!
Le maître. Non, ce n'est point cause
de la congrégation; c'est parce qu'il a 12
ans et qu'il peut apprendre un métier.
Le père de famille. Je suis malheureux;
je n'ai pas les moyens de faire apprendre
lire et écrire mon fils... Tenez, je le reti
rerai de la congrégation; voulez-yous enlin
qu'il reste l'école?
Le maître. Eh bien, qu'il reste!...!...
Il est donc avéré qu'on persécute encore
de pauvres pères de famille, et de pauvres
enfants, parcequ'ilsvontà lacongrégation!
Il est donc bien certain encore que l'on
rougit des mesquines persécutions que l'on
exerce sur des hommes sans defense! Il
est donc évident que l'on unit encore la
méchanceté l'hypocrisie! II est permis
d'aller la Loge, d'être franc-maçon, car-
bonari, sans-culotte mais aller la con
grégation, c'est un crime irrémissible. Voilà
l'impartialité, la justice et la tolérance de
la coterie qui pèse ici sur tout le monde.
Un religieux hollandais prêche en ce
moment l'octave du Rosaire S'-Jacques
avec autant d'onction que de talent. La
piété des Yprois se réveille toujours la
solennité du S'-Rosaire: il serait cependant
désirer que les sacrements fussent fré
quentés par un plus grand nombre. La
présence d'un orateur sacré de distinction
ne contribuera sans doute pas peu ob
tenir ce résultat. C'est la sainte table, en
y voyant toutes les conditions, toutes les
dignités, tous les costumes, tous les uni
formes confondus, qu'on reconnaît la phy
sionomie vraiment chrétienne. Les ser
mons ont lieu le matin six heures, le soir
la brune. Les amateurs du beau langage
néerlandais ne voudront en manquer au
cun. On devrait y conduire parfois les
élèves des deux collèges c'est, coté de
l'avantage religieux, une occasion de per
fectionnement pour la langue flamande
généralement si estropiée au barreau et
dans les autres professions civiles.
Avant-hier, lundi, les élèves de l'école
communale, se sont rendus S'-.Martin,
musique en tête. Après avoir entendu la
Messe ils ont fait la promenade dans plu
sieurs rues, en sortant de la rue de Lille,
l'officier de la grand'garde a fait arrêter
les tambours qui ne peuvent battre sans
permission de l'autorité militaire. Il paraît
que c'est la seconde fois que cela arrive.
Les chefs de l'école devraient agir avec
plus de prévoyance, les commandants mi
litaires ne pouvant par aucune considé
ration particulière déroger aux exigences
de la discipline.
VLIII1L ET JUSTICE.
On s'abonne Yp"*. rue d* Lille, 10, près la Grande
Place et cher les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DR CARDA SERRAT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3-5o. Un n* 15.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertion. 13 centime* la ligne).
TPP.2S, 4 Octobre.
LA. TYRANNIE ET LOPPRESSIOT.
Dimanche, vers une heure de relevée, le glas
funèbre des cloches de la calhédrale a annoncé aux
habitants de la ville que Mgr l'évêque de Bruges
venait de rendre son dernier soupir.
On sait que depuis deux ans déjà le vénérable
prélat était eu proie aux souffrances d'une maladie
cruelle.
François-René Boussen est né Fumes le 2
décembre 1774; il touchait donc sa soixante-
quatorzième année.
Nommé la fin de i83î évêque de Ptolemaïs
in partibua infidelium, Mgr Bcussen fut sacré
Bruges par Mgr l'archevêque actuel de Matines le
27 Janvier i833. Enfin le diocèse de Bruges ayant
été définitivement érigé le 23 juin i834, il fut
installé solennellement comme évêque du nouveau
diocèse le 23 juillet de la même année.
Le clergé de tout son diocèse éploré rend de lui,
par le deuil général qui a éclaté au moment du
danger, le plus glorieux témoignage qu'un évêque
puisse ambitionner; témoin pendant quinze ans,
de l'émiueute et caudide piété du prélat, de sa
sollicitude pour le bien-être public et privé, de
son affection pour la jeunesse et l'enfance, dont il
présidait les solennités nonobstant le fardeau des
affaires de l'épiscopat, de l'amour dont il puisait
des consolations pour toutes les misères des per
sonnes qui s'adressaient lui, la ville de Bruges
sent profondément qu'elle perd en lui un père
dont l'absence sera pleuré longtemps. Peu de pré
lats ont eu, comme lui, le bonheur de rallier eux
tous les esprits il n'avait pas d'ennemis, pas même
parmi ceux dont les opinions n'étaient du reste
guère favorables au clergé et la religion il avait
d'innombrables amis dans tous les rangs de la
société, et il était vénéré et aimé de tous- La Bel
gique perd dans l'évêque de Bruges uu prélat dont
la sainteté, la bienfaisance, et la vie patriarchale
resteront parmi nous un sujet d'édification.
(Patrie.)
Les funérailles de feu Mgr l'évêque ont été
célébrées dans l'église cathédrale aujourd'hui mer
credi, dix heures du matin.
C'est lui, avec le concours persévérant de la
population que la ville d'Ypres doit l'excellent
collège de S'-Vincent de Paul, en faveur duquel
il a fait de grands sacrifices, et qui était l'objet
constant d'une vive sollicitude de sa part. Aussi
l'institution y a—I—elle jusqu'à ce jour complète
ment répondu. Mais malgré la satisfaction que le
saint évêque pouvait éprouver de ce côté, il n'y a
pas le moindre doute qu'il ne fût considéré comme
infiniment plus récompensé de son zèle pastoral,
s'il avait pu mettre uu terme la situation anor
male du collège communal,soitparun arrangement
avec la Régence dans l'intérêt des garanties reli
gieuses, soit par la fusion économique des deux
établissements. Nous devons espérer qu'à l'occasion
de la rénovatiou de leur mandat, nos magistrats
voudront mener cette affaire bon port, alléger
ainsi les charges de leurs administrés, rendre l'en
seignement uniforme et sûr, mettre fin aux embar
ras de beaucoup de pères de famille, et consacrer
une marque de vénération la mémoire du noble
prélat dont l'humble piété et la profonde sagesse
glorifiaient même l'étranger l'épiscopat de notre
patrie catholique.
Le Moniteur publie aujourd'hui l'arrêté royal
qui nomme M. le prince de Ligne ambassadeur
près le Saint-Siège. Le journal officiel donne,
l'occasion de cette nomination, les explicatioi s
suivantes
La nomination du représentant de la Belgique
la cour de Rome, nomination publiée dans la
partie officielle du Moniteur de ce jour, termine
d'une manière définitive l'incident qui s'était pro
duit, il y a un an, au sujet de la désignation d'un
envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire
belge près le Saint-Siège apostolique.
Dès le mois d'avril dernier, la cour de Rome
avait fait connaître que le choix de M. Declercq
était agréé. Cette agre'ation était conçue dans les
ternies les plus bienveillants pour l'honorable ma
gistrat. Le gouvernement s'empressa de demander
M. Leclercq de se rendre au poste auquel il était
appelé mais M. Declercq persista décliner l'hon
neur de représenter la Belgique Rome, déclarant,
dans une lettre adressée M. le ministre des affaires
étrangères, le 9 avril, qu'il s'agissait ainsi, non
par souvenir de ce qui s'était passé, mais parce que
les événements politiques qui remuaient l'Europe
étaient d'une nature trop grave pour qu'il put se
décider s'éloigner de son pays d'aussi grandes
dislances.
En présence de cette résolution deM. Declercq,
il ne restait au gouvernement qu'à confier le soiu
des intérêts belges en Italie un autre de nos con
citoyens également digne de cette haute mission.
C'est ce qu'il a fait, en nommant M. le prince de
Ligne ambassadeur Rome. M. le prince de Ligne
sera, en même temps, accrédité près les autres
cours d'Italie.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Par suite du renouvellement intégral des con
seils communaux, le Roi, par arrêtés du 5o sep
tembre, a nommés bourgmestres et échevins dans
les villes désignées ci-après