franchement dans le système de la loi sur la matière, abandonnèrent complètement le système des odieuses investigations qu'entraînent les déclarations l'avance des quantités entonner, et la perception des droits l'entonnement avec toutes leurs conséquences si opposées la loi, et afin de parer aux pertes éventuelles pour le trésor des villes, introduisirent presque partout, comme le mode qui se présentait le plus facilement conciliable avec la loi et son esprit, le système des retenues sur les exportations, système que les brasseurs d'ici ont plusieurs reprises proposé d'in troduire pour cette ville, et, qui, au moyen de quelques bonnes mesures aurait satis fait aux intérêts du trésor de la ville, en même temps qu'il aurait fait droit aux justes prétentions du fabricant. Suivant le Progrès, il faudrait en admet tant le système des retenues, faire de plus fortes restitutions l'un brasseur qu'à l'autre, et il n'y aurait pas d'égalité. Tout en remerciant le journal des soucis qu'il veut bien prendre pour les intérêts des brasseurs, on peut lui faire l'observation que ces industriels ayant tous signé la pétition, cette fois-ci, comme en 1840, ils connaissaient parfaitement la conséquence de leur proposition, et témoignaient ainsi tous de vouloir s'y conformer, pourvu ce pendant que la retenue faire fût équila- blement fixée. L'inégalité que le journal parait crain dre de voir s'introduire par le système des retenues, existe au contraire de fait présent, et existe en vertu ou par suite du règlement actuel de la ville, de telle manière que l'un brasseur paie 15 20 plus de droits que l'autre, et c'est préci sément l'un des motifs déterminants qui en font demander l'abrogation. Voici d'où cela provient: Le règlement en exi- geantladéclaration àl'avancedes quantités enlonner au-dessus de la conienance de la cuve-matière,chaque fabricantapu faire ces déclarations suivant sa manière de tra vailler, et ces déclarations ont par consé quent varié, ont été plus ou moins élevées et l'un a payé plus de droits que l'autre. Tout le monde peut s'assurer l'octroi de l'exactitude de cette allégation, que l'on produit ici sans vouloir faire suspecter la bonne foi de personne, chacun travaillant comme il l'entend; mais quand un règle ment présente un pareil résultat, est-ce une recommandation pour le maintenir? Il est d'ailleurs une observation très- essentielle faire, qui ressort des chiffres fournis par Mr lechevin Vanden Peereboom la séance du conseil communal du 15 octobre courant. Il a été exporté, dit-il pendant dix ans le nombre dehect. 91,803. Et pendant la même période il a été déclaré su pplémentai rement le nombre dehect. 21,158. Comme les quantités déclarées en supplément sont déduites des quantités exportées pour faire la restitution des droits, la ville a restitué sur le nombre de hect. 70,665. Donc en opérant une retenue dans la proportion de 21 91 (on néglige ie chiffre secondaire) et en forçant au profit de la ville, on arrive 25 De cette manière la ville aurait exac tement mis en caisse en dix ans la même somme qu'elle y a mise présent, sans avoir recours aux déclarations supplé mentaires, et toutes les gênes qu'elles engendrent. Oui, dira-l-on peut être, mais si l'entonnement n'est pas surveillé, on entonnera davantage, on fraudera. C'est là une mauvaise supposition, et un très-mauvais raisonnement, car en sur veillant parfaitement, de concert avec l'administration des accises, les opérations de la cuve-matière, comme les brasseurs l'ont sollicité expressément par leur pé tition au conseil communal du 28 Novem bre 1840, croit on de bonne foi qu'il soit possible d'extraire d'une quantité donnée de matière-première une quantité illimitée de bière? C'est une vraie plaisanterie que de le prétendre. Dès lors on ne conçoit pas le calcul qui conduirait une retenue de 70 °/o puisqu'évidemment pour la géné ralité des brasseurs elle ne va qu'à 25 et en la portant pr Ex. 30 la ville au rait fait un bénéfice évident. D'après les chiffres et le calcul qui pré cèdent on est amené faire encore le rai sonnement suivant Ou bien le règlement, appuyé dans son exécution par une surveillance exacte et sévère, durant un si grand nombre d'an nées, a produit pendant les dix dernières, tout ce qu'il a pu faire produire de décla rations supplémentaires, et l'on vient de voir que dans ce cas la retenue opérer, en restant dans le vrai, pour faire rentrer au trésor de la ville la même somme pro portionnelle, ne s'élèverait pas 25 °/0et comme ce résultat est facile atteindre sans recourir des mesures contraires la loi, le règlement peut être aboli sans préjudice pour la ville. Ou bien, le règlement quoiqu'appuyé par une surveillance forte et continuelle, n'a pas fait produire toutes les déclarations supplémentaires que la ville se croit en droit d'obtenir, comme semblent le pré tendre quelques personnes, et alors le règlement, malgré ses rigueurs, est im puissant sauvegarder le trésor de la ville, et ne peut avoir d'autre but et d'autre résultat que d'occasionner au fabricant des gênes inutiles, comme on l'a dit depuis longtemps, et dans ce cas encore, il faut l'abolir. Une autre conséquence bien contraire l'équité résulte du règlement, en ce qui regarde les exportations de vinaigre de bière. Yoici pourquoi. Il est d'usage dans cette contrée d'ex poser le vinaigre brassé, aux ardeurs du soleil, pendant une grande partie de l'été, et tout le monde comprend qu'un liquide ainsi exposé subit une diminution consi dérable, avant d'être livré la consom mation, et par conséquent l'on comprend aussi que le droit d'octroi étant paié inté gralement l'entonnement, l'administra tion devrait en toute justice tenir compte aux brasseurs de l'énorme diminution su bie, et cependant on n'en fait rien, et l'exportation le droit paié est seul restitué. Il y a encore là pour les brasseurs une perle d'au moins 20 °/0- Ajoutez cela que l'on paie en ville un droit d'octroi sur les charbons, droit qui n'est pas paié la campagne, et que l'on juge s'il est facile dans ces conditions, de soutenir la con currence avec les brasseurs des communes environnantes. Par une application sage du système des retenues, on pourrait avoir égard ces cir constances et redresser les inconvénients qui en sont la suite. Du reste si le système des retenues ne convient pas la rédaction du Progrès, il paraît que le système suivi Louvain, pré conisé par M'le Ministre de l'intérieur ne trouve pas non plus grâce devant ses con naissances administratives. Soit; il n'entre pas dans nos vues de l'examiner ici. Le Progrès trouve exagérés les termes de la pétition des brasseurs, mais celui qui appréciera bien les conséquences vicieuses du règlement trouvera sans doute que les pétionnaires n'ont pas eu tort de dire qu'ils étaient fatigués outre mesure de se voir soumis quant leur industrie, leurs moyens d'existance un règlement élu dant complètement la loi, contraire ce qui est en usage presque partout ailleurs, et qui porte une grave atteinte une des plus précieuses libertés de l'homme, la li berté de son industrie, qui lui était donnée par une loi. Que dire ensuite de la comparaison plei ne d'équité, de sens et de goût, faite en pleine séance, suivant le Progrès, par un membre du conseil communal, qui assi mile les brasseurs réclamant que la loi sur leur industrie ne soit pas annihilée par un règlement, des voleurs qui deman deraient la suppression des gendarmes? mais la réponse est sur toutes les lèvres, n'en disons rien. Que si Ton voulait absolumeut raison ner par comparaison, on aurait pu de mander ce que penseraient les riches hé ritiers d'ici ou d'ailleurs, si sous prétexte d'alimenter le trésor de la ville ou de l'état, une administration communale ou autre, s'avisait (soi-disant pour exécuter la loi sur les successions), de faire un règlement qui établît le droit d'exiger des déclarations supplémentaires positives, et que pour s'assurer de leur exactitude on vînt fouil ler armoires et coffres forts? non pas que nous pensions que jamais quelqu'un ait commis la moindre fraude dans ce genre de déclarations, mais ne fût-ce que pour s'assurer qu'il n'y a eu rien d'oublié. Alors apparemment on solliciterait aussi que la loi seule soit observée, et qu'elle ne soit pour aucun motif faussée dans son esprit, par des dispositions régle mentaires. Sans doute, on aime le croire, le con seil communal dans son ensemble, n'a maintenu jusqu'à présent le règlement dont les brasseurs se plaignent, que parce que ses membres ne s'étaient pas rendu un compte bien exact des fâcheuses consé quences, ou comme le dit Mr le Ministre de l'intérieur, des désagréments qu'il trai- ne sa suite, qui sont tels néanmoins que toute personne qui désire la bonne entente entre administrateurs et adminilrés, doit ardemment désirer de les voir disparaître. Un nouvel examen approfondi, impartial ne peut qu'amener ce résultat. Aussi que les brasseurs ne désespèrent pas, le bon droit finit toujours par triompher. Communiqué. ^3^ Cet article nous a été remis trop tard, pour être publié avec le journal. Y près, Imprimerie* Librairie de Désiré Lambin-VI or (1er, éditai ^propriétaire, rue de Lille, 10, près la Grand'Place.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1848 | | pagina 6